Résumé Cet article porte sur le patrimoine immobilier du chapitre de la basilique Saint-Pierre de Rome, étudié pour les XIVe-XVesiècles à partir des registres des censuali conservés à la Bibliothèque ...Apostolique Vaticane. Cette série documentaire permet de montrer comment un des plus puissants propriétaires ecclésiastiques de Rome gère les quelque 300 logements qu’il détient dans une ville qui connaît, au cours du XVesiècle, une très forte croissance démographique et économique. Les résultats de cette analyse mettent en lumière la pluralité des modalités de gestion de ce patrimoine immobilier hérité : si une petite fraction de cet ensemble de logements forme un « marché hors le marché », administré selon des logiques clientélaires ou charitables, le chapitre de Saint-Pierre se comporte pour le reste comme n’importe quel acteur privé du marché immobilier romain, visant à optimiser la rentabilité de son patrimoine, comme en témoignent l’inflation des loyers et les investissements spéculatifs qu’il pratique. Cette étude éclaire aussi les mécanismes de la formation des prix, en l’occurrence des loyers, qui apparaissent comme l’expression de l’interaction entre propriétaire et locataire et comme le fruit d’une négociation.
Abstract This contribution examines the real estate holdings of the Vatican’s Chapter of St. Peter in Rome during the 14th-15th centuries, based on the censuali preserved in the Vatican Apostolic Library. Through this collection of records, we gain insight into how one of Rome’s most powerful ecclesiastical owners managed a portfolio composed of over 300 houses and apartments in a city that underwent strong demographic and economic growth during this period. This analysis highlights the Chapter’s multifaceted approach to property management: if a slight portion of the houses constitute a “market outside the market”, run according to principles of charity or clientelism, regarding the rest of them the Chapter of St. Peter behaved like any other private actor in the Roman real estate market. Their aim to optimize rentability was visible in rising rents and the pursuit of speculative investments. Furthermore, this study sheds light on the mechanisms of price formation, in this case rent setting, which appear to result from interactions and negotiations between landlord and tenant.
Cet article a pour objet de montrer comment des élites urbaines peuvent faire évoluer leurs manières d’investir l’espace urbain afin de s’adapter à un changement de conjoncture politique et ...économique. L’étude de la Rome du XVe siècle permet de mettre en évidence la diversification des modalités d’investissement de la ville au moment où, à la faveur de la croissance économique impulsée par le retour de la papauté, le marché immobilier devient un secteur particulièrement rentable. La rupture avec le modèle du tènement urbain caractéristique du XIVe siècle romain est très nette, car la noblesse citadine s’en affranchit pour investir de nouveaux quartiers : les patrimoines immobiliers se dessinent désormais à l’échelle de la ville et non plus du micro-quartier, et les mobilités résidentielles répondent aux impératifs de “visibilité” propres à une ville de cour dans laquelle la proximité avec les lieux de pouvoir (ici, le Vatican) est cruciale pour maintenir son rang.
Une charité de proximité Troadec, Cécile
Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen âge,
12/2019
Journal Article
Peer reviewed
Open access
Cet article s’intéresse à deux confréries qui viennent en aide aux étrangers dans la Rome du XVe siècle : une confrérie nationale, San Giovanni dei Fiorentini, et une institution charitable dédiée ...aux condamnés à mort, San Giovanni Decollato. Ces deux associations, fondées par des Florentins, sont représentatives de la diversité des politiques laïques d’accueil dans une ville dont la croissance démographique repose principalement sur les flux migratoires. Si la première se présente comme une structure d’entraide très élitiste, la seconde est en revanche plus populaire. Leur coexistence fait signe vers une discrimination verticale au sein de la « communauté » des Florentins de Rome. En outre, puisque les condamnés à mort sont en majorité étrangers, la lecture de leurs testaments éclaire notre compréhension de l’intégration des étrangers dans la société romaine à la fin du XVe siècle.
This article focuses on two confraternities dedicated to helping immigrants who settled in Rome in the fifteenth century : a national confraternity, San Giovanni dei Fiorentini, and a charitable ...organization devoted to prisoners sentenced to death, San Giovanni Decollato. These institutions, both created by Florentines, are a perfect example of the secular practices of charity in a city whose demographic growth was based mainly on migratory movements. Whereas the former is a rather elitist organization of mutual assistance, the latter is more popular in scope. The coexistence of these two confraternities points to a vertical discrimination within the Florentine « community » of Rome. Furthermore, since most people who were executed appear to be foreigners, reading their wills may enlighten our understanding of the integration of foreigners in Roman society at the end of the fifteenth century.
Cet article s’intéresse à deux confréries qui viennent en aide aux étrangers dans la Rome du XVe siècle : une confrérie nationale, San Giovanni dei Fiorentini, et une institution charitable dédiée aux condamnés à mort, San Giovanni Decollato. Ces deux associations, fondées par des Florentins, sont représentatives de la diversité des politiques laïques d’accueil dans une ville dont la croissance démographique repose principalement sur les flux migratoires. Si la première se présente comme une structure d’entraide très élitiste, la seconde est en revanche plus populaire. Leur coexistence fait signe vers une discrimination verticale au sein de la « communauté » des Florentins de Rome. En outre, puisque les condamnés à mort sont en majorité étrangers, la lecture de leurs testaments éclaire notre compréhension de l’intégration des étrangers dans la société romaine à la fin du XVe siècle.
L’article se propose d’étudier une famille de la noblesse municipale romaine au XVe siècle, les Margani. En l’absence d’archives familiales, cette enquête prosopographique repose sur les actes ...notariés, qui permettent de reconstituer un « Archivio Margani » virtuel. Confrontés aux nouveaux défis liés à l’émergence de Rome comme capitale, les Margani mettent en œuvre des logiques économiques inédites, en diversifiant leurs secteurs d’investissement : ils transfèrent des capitaux investis au XIVe siècle dans les casali de la Campagne romaine, dans des secteurs urbains dynamiques, en particulier le marché immobilier. Leurs stratégies économiques, mais aussi la composition de leur patrimoine et leurs pratiques matrimoniales, révèlent des inégalités de niveau de richesse au sein même de la famille : seule la branche issue de Pietro Margani connaît un processus d’ascension sociale. Alors que l’union et l’entraide étaient au fondement de la cohésion du groupe de la noblesse municipale romaine au XIVe siècle, l’étude du conflit qui oppose Francesco Margani à ses frères témoigne d’une rupture des solidarités familiales dans la Rome de la seconde moitié du XVe siècle.
Dans le prolongement des colloques organisés à Albi sur les cités épiscopales du Midi puis sur la justice dans les cités épiscopales, le Centre toulousain d’histoire du droit et des idées politiques ...et le Groupe de recherche et d’études juridiques d’Albi ont organisé en association avec l’Université nationale et capodistrienne d’Athènes un nouveau temps d’échange sur les pouvoirs dans les villes européennes au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime. Les actes de ce colloque réunissent les contributions d’archéologues, historiens, historiens de l’art et historiens du droit et des institutions qui témoignent de divers modes d’expression du pouvoir à partir de plusieurs exemples européens. Protéiforme, le pouvoir au sein des villes s’incarne tout d’abord dans différentes autorités, laïques et ecclésiastiques entre lesquelles des rivalités ne manquent pas de naître. Il s’exprime ensuite dans le fonctionnement des institutions et dans leurs choix politiques, économiques et culturels. Très souvent mécènes, les autorités urbaines ont enfin durablement marqué les villes de leur empreinte comme le prouvent aujourd’hui encore nombre d’oeuvres architecturales et artistiques.