A la fin du XVIIIe siècle, la population de la région stéphanoise est caractérisée par sa maîtrise des processus industriels, une culture spécifique du corps, influencée par les rituels ...carnavalesques, le mouvement convulsionnaire janséniste, puis le magnétisme animal. L'industrie dépend alors des corps des ouvriers, des Sublimes. Les critiques des élites face à un système industriel passent des discours à une lente immixtion dans la chair des ouvriers qu'il faut enfermer, contrôler et rationaliser. La disqualification des corps ouvriers commence par un déclassement esthétique, qui débouche sur une racialisation, confortée par les théories de la dégénérescence. La rationalisation, la morale hygiéniste et l'éducation physique participent de cette prise de contrôle de la chair. Les nombreuses résistances des ouvriers face à une industrialisation rationalisée et mécanisée aliénante se caractérisent par une contre-culture ouvrière tenace, le maintien de la petite industrie qui maintient des espaces de liberté, et des violences, qui passe par l'anarchisme violent la grève, fracassée par une répression d'Etat.
At the end of the eighteenth century, the population of the Stephan region was characterized by its mastery of industrial processes, a specific culture of the body, influenced by carnival rituals, the Jansenist convulsion movement, and then animal magnetism. lndustry then depends on the bodies of the workers, the Sublimes. The criticisms of the elites in the face of an industrial system pass !rom speeches to a slow interference in the workers' flesh, which must be locked up, controlled and rationalized. The disqualification of the workers' bodies begins with an aesthetic downgrading, which leads to racialization, reinforced by theories of degeneration. Rationalization, hygienic morality and physical education are part of this takeover of the flesh. The many resistance of the workers to an alienating mechanized and rationalized industrialization are characterized by a tenacious working-class counter-culture, the maintenance of small industry which maintains areas of freedom and violence, which passes through anarchism violate the strike, Shattered by a state repression.
The ancient area of Villa Roma, in Nîmes (Gard), widely excavated in 1991-1992, revealed several domus and an original place where several pottery kilns succeed one another or coexist all along the ...1st c. AD. However, one cluster of three kilns, in use during the years 20 to 40 AD, can be connected to a ceramic production, where we could distinguish two different fabrics whose dominant feature is limestone, and 20 vessels types. Most of them can be found in a domestic context, but a few have some features, supported by several comparisons, that engage to link them with an utilization in cult context. An overview of the global evolution of the urban area, with chronological arguments, allows us an estimation of its uniqueness – here, the residential function seems almost absent – then follows a precise description of the workshop and the vessels it produced. This example finally allows us an assessment of our knowledge on pottery craft at the scale of the town of Nemausus, the Arecomici civitas-capital.
Le quartier antique de Villa Roma à Nîmes (Gard), largement fouillé en 1991-1992, a révélé plusieurs domus ainsi qu’une unité originale (zone 12), au sein de laquelle plusieurs fours de potiers se succèdent ou coexistent tout au long du Ier s. ap. J. ‑C. Seul un groupe de trois fours, utilisé dans les années 20‑40, peut cependant être sûrement associé à une production de céramiques, au sein de laquelle deux pâtes distinctes mais à dominante calcaire ainsi que vingt types de vases ont pu être distingués. La plupart se retrouvent en contexte domestique, mais certains présentent des caractéristiques, étayées par plusieurs comparaisons, qui incitent à les associer à des utilisations en contexte cultuel. Une présentation de l’évolution générale de la parcelle urbaine, avec argumentaires chronologiques, permet d’en mesurer la singularité – la fonction résidentielle semble ici peu présente –, à la suite de quoi est proposée une description précise de l’atelier et des vases produits. Cet exemple permet enfin de dresser un bilan des connaissances sur l’artisanat de la céramique à l’échelle de la ville de Nîmes, chef-lieu de la cité des Volques arécomiques.
Qu’est-ce qu’un costume de femme en Grèce ancienne ? Un costume de séduction ? Un costume rituel ? Quel est son statut ? Le vêtement fait-il la femme et quelle femme ? L’étoffe de tissu en raison de ...sa qualité (texture, couleur, richesse) et de son agencement est un prolongement du corps et un marqueur visible d’identité. L’article s’interroge dès lors sur les valeurs attachées aux costumes féminins en fonction de l’âge, des contextes (domestique, érotique, rituel, politique) et du rang dans la société, sur les façons dont ceux-ci qualifient les femmes et leurs comportements, et disent finalement la condition féminine comme masculine dans le discours poétique, au théâtre, chez les historiens, dans les lois cultuelles et en images. Le vêtement propose un discours sur soi, sur l’autre, et est source de discours. Doté d’un pouvoir agissant, il énonce aussi bien le kosmos, ornement et ordre, autrement dit la beauté des femmes et du monde, l’eukosmia, que le désordre et le chaos politiques dans les cités grecques durant l’Antiquité.
Full text
Available for:
BFBNIB, NMLJ, NUK, PNG, UL, UM, UPUK
PRÉSENTATION: LES DISCOURS DU RITUEL DÉLÉAGE, Pierre
Journal de la Société des Américanistes de Paris,
01/2011, Volume:
97, Issue:
1
Journal Article
Peer reviewed
En 1949, à l’occasion d’un essai synthétique sur le chamanisme destiné au Handbook of South American Indians, Alfred Métraux (1949, p. 583) remarqua que si l’on savait depuis longtemps que toutes les ...cérémonies rituelles de la région comportaient des incantations et des chants, il n’existait cependant aucun moyen de les étudier, faute de publication. Métraux dut donc se contenter d’inférer, à partir de la lecture de récits mythiques amazoniens, les principes et les entités qui auraient pu correspondre à ce qu’on lui avait demandé de décrire, à savoir une « religion ». La mythologie des peuples d’Amazonie commençait alors depuis peu à être disponible dans les bibliothèques d’Europe et d’Amérique. Malgré cette abondance, très relative, de récits mythiques publiés, on reste aujourd’hui surpris par le nombre restreint des sources auxquelles Claude Lévi-Strauss fit appel lorsqu’il s’engagea dans une vaste exploration des mythes amazoniens, peu après que le Handbook fut complété. Et on comprend mieux la nécessité de sa stratégique transition aux cultures d’Amérique du Nord : il existait en effet dans cette région une longue et riche tradition de publication de mythes et de discours rituels.
Full text
Available for:
BFBNIB, NMLJ, NUK, PNG, UL, UM, UPUK
L'avancée et les ramifications des travaux portant sur le shugendō depuis sa « découverte » en tant qu'objet d'étude au XXe siècle font que ce courant du fait religieux japonais offre aux chercheurs ...en sciences humaines et sociales du XXIe siècle un vaste champ de recherche aux facettes paradoxales. Sa légitimité socioreligieuse s'appuyant à la fois sur une institutionnalisation forte, liée aux pouvoirs centraux, et sur une instrumentalisation des marges que sont les montagnes et leur univers, le shugendō se révèle en effet traversé de dynamiques contrastées qui, à chaque époque, font de son présent le creuset où tendances à l'extériorisation et à l'intériorisation participent conjointement à sa construction identitaire. De telles dynamiques montrent que ce que l'on nomme shugendō est un processus d'élaboration continue, dans lequel interfèrent constamment héritage et créativité. Abordé ici dans sa contemporanéité, le shugendō est envisagé, selon cette vision dynamique, sous l'angle de trois problématiques doubles : le shugendō, expérience intime et référence culturelle médiatique ; la « spectacularisation » du shugendō et son usage du secret ; la remise en cause de l'interdit frappant les femmes et la question de la survie du shugendō. Pour mettre en lumière les articulations de ces paires d'éléments apparemment antithétiques, les données de terrain actuelles sont replacées dans la double perspective de l'histoire et des débats, des conflits qui sont aujourd'hui au cœur de ces diverses facettes du shugendô. Dans cette optique, sont présentés les divers champs de tension dans lesquels se développent quelques éléments marquants de la culture shugen : dimension corporelle des pratiques d'ascèse, expérience intime et usage médiatique des parcours rituels (nyūbu 入峰 ou mineiri 峰入り); saitō goma 柴·採燈護摩 et contribution à la vie des communautés locales ; renouveau du regard sur les ritualités du shugendō et défense de l'environnement ; rite religieux d'intronisation du grand supérieur de Honzan et spectacle ludique; ondoiement de Jinzen (Jinzen kanjō 深仙灌頂) élaboré entre secret et parade; usage public du rituel secret du hashiramoto jinpihō 柱源神秘法 associé au rite du feu hashiramoto goma; 柱源護摩; interdit portant sur les femmes et promotion féminine dans le shugendō actuel. L'examen des composantes et des discours en cours aujourd'hui à l'intérieur et à l'extérieur des organisations shugen montre que ces bipolarités, au premier abord antinomiques, forment un tissu de tensions qui, loin d'être un moteur de désintégration du shugendō, sont en réalité au nombre des forces qui, parce qu'elles imposent la recherche de solutions et de prises de position adaptées aux divers problèmes du moment, alimentent sa vitalité.
Full text
Available for:
BFBNIB, NMLJ, NUK, PNG, UL, UM, UPUK
Dans certaines sociétés d’Océanie, le kava est associé à toutes les grandes fêtes coutumières. Les hommes transforment les racines de la plante en un breuvage pour entrer en contact avec l’au-delà ou ...créer du lien social. Au Vanuatu, après plus de cinquante ans de prohibition religieuse, la pratique est réapparue aux détours des années soixante-dix dans le contexte de migration et de fixation en ville des gens des îles. L’accession de l’archipel à l’indépendance a généré une modernisation et une démocratisation progressive mais rapide de la pratique séculaire associées à un engouement sans précédent (périodicité, fréquentation, consommation, transformation des lieux traditionnels), témoignant des mutations profondes de la société.
Dans cet article, l'auteur suggère quelques directions nouvelles pour réfléchir à la façon dont le rituel et les pratiques divinatoires rassemblés sous le terme onmyōdō furent d'abord absorbés et ...transmis dans l'archipel japonais. Parce que l'on conçoit d'ordinaire l'onmyōdō comme ayant été, à l'origine, principalement contrôlé par des spécialistes religieux (onmyōji 陰陽師) qui avaient accès à des rites particuliers et à des textes philosophiques, la majorité des études récentes ont recherché ses racines les plus anciennes dans des institutions officielles telles que le Bureau du Yin et du Yang (Onmyōryō 陰陽寮). L'existence de pratique du Yin et du Yang répandeus dans les sources ultérieures et dans les études folkloriques a été expliquée en termes de diffusion, s'opérant des classes dirigeantes vers le peuple. Selon l'auteur, lorsqu'on conçoit l'onmyōdō en termes de pratiques technologiques et de discours rituels, on en vient à percevoir les gouvernants nonplus comme des producteurs mais comme des consommateurs de concepts et de pratiques onmyōdō qui étaient dans une large mesure contrôlés par des lignées de services immigrantes. L'auteur examine tout d'abord l'émergence des onmyōji dans la vie religieuse japonaise du point de vue du contexte social et matériel qui a fait des arts géomantiques, divinatoires et calendériques une partie intégrante et nécessaire de la vie quotidienne dans le Japon de l'époque de Heian. Il s'attarde sur les changements survenus dans les paysages écologique et culturel avec l'urbanisation de l'époque de Nara et du début de l'époque de Heian, changements qui engendrèrent, tant pour l'élite que pour les gens du peuple, de nouveaux espaces et motivations pour interagir avec et manipuler les esprits et les forces du Yin et du Yang. En second lieu, l'onmyōdō était un élément essentiel dans l'ensemble des croyances politiques et religieuses de l'ancien Japon, précisément parce qu'il ne s'agissait pas simplement de croyances, mais également de la mise en pratique de savoirs liés à la guérison, à l'astrologie, voire même à la technologie. Ces savoirs, bien que nécessaires à l'existence de la Cour, étaient contrôlés par des lignées de services (en majorité immigrantes). Parce que la connaissance de ces pratiques tendait à se transmettre au sein de lignées de génération en génération, ces groupes de services étaient idéalement positionnés pour former le vocabulaire conceptuel selon lequel étaient organisés puis affichés les systèmes de pouvoir et de savoir dont dépendait la Cour. L'auteur suggère que les pratiques religieuses qui avaient lieu, non pas dans les temples et les sanctuaires, mais plutôt dans les foyers et sur les routes du Japon, servirent de médiateurs avec des forces puissantes de contestation et de production, et contribuèrent à former les nouvelles conceptions de la pureté et des kami qui caractérisent cette époque. Un thème récurrent de cet essai est le rapport étroit qui existe entre l'urbanisation et la deforestation d'une part, et entre la nature chronique des famines et des épidémies de l'autre. L'auteur retrace les conséquences religieuses de ce rapport, en montrant tout d'abord que l'urbanisation et la centralisation politique furent rendues fondamentalement possibles par les technologies continentales de la géomancie et de l'ingénierie, elles-mêmes ancrées à leur tour dans les systèmes rituels et divinatoires qui étaient au centre des activités des onmyōji. À mesure que la déforestation, les famines et les épidémies produisaient des légions d'esprits courroucés et de cadavres abandonnés, le souci de la pureté et la demande de protection envers les esprits errants devinrent l'une des principales préoccupations religieuses de l'époque. Un second thème en relation avec le premier est celui des réponses rituelles des laïcs face aux multiples défis posés par cette dynamique. L'auteur pense que ces réponses étaient d'ordre éminemment stratégique ; dans certains cas, les maîtres de maison recherchaient l'aide de divinités domestiques de style chinois, chargées de protéger le foyer de toute intrusion des esprits malveillants, alors que dans d'autres cas, ils cherchaient à manipuler les espnts maraudeurs par des offrandes faites au bord des routes, dans l'espoir que ceux-ci les aident à réaliser leurs ambitions mondaines.
Full text
Available for:
BFBNIB, NMLJ, NUK, PNG, UL, UM, UPUK
On peut distinguer trois modes de représentations figuratives (figures humaines ou animalières) dans l'art de la Chine pré-impériale : hiératiques, ornementales et actives. Les découvertes de ...l'archéologie moderne montrent que ces trois modes existaient dès l'époque néolithique, mais on ne peut manquer d'observer, pendant certaines périodes et dans certaines régions, la prédominance de l'un ou de l'autre. Dans l'art exclusivement religieux de la Chine centrale, sous les Shang par exemple, c'est le mode hiératique qui prédomine, alors qu'à la périphérie du pays de culture Shang, il en va différemment. Les Zhou occidentaux héritent de ces préférences, mais le mode ornemental s'établit comme prédominant après ca. 850 av. J.-C. À partir de ce point d'articulation de l'histoire de l'art visuel chinois se développe très graduellement au sein de la tradition chinoise un art figuratif permettant la représentation de scènes d'action. En retraçant les précédents néolithiques de cette transformation, et ses parallèles dans les cultures voisines de celles des Shang et des Zhou, on peut démontrer que les innovations dans l'art visuel des Zhou orientaux ne sont nullement le résultat de « progrès » dans le domaine de la production artistique, mais la conséquence d'un affranchissement par rapport aux conventions visuelles antérieures, lié aux changements religieux et sociaux de l'époque.
Full text
Available for:
BFBNIB, NMLJ, NUK, PNG, UL, UM, UPUK
Cette étude vise à explorer le caractère acculturant de pratiques scolaires ordinaires utilisant la littérature de jeunesse en classe de cours préparatoire. Adossée à la recherche LireÉcrireCP, elle ...compare dans une démarche à la fois écologique et quantitative les pratiques de deux groupes de classes à l’efficacité contrastée. Trois pratiques sont étudiées dans ce travail : la lecture offerte, la séance de découverte de texte et l’implantation d’une bibliothèque de classe. Le corpus est composé des 15 classes qualifiées, par la recherche LireÉcrireCP, comme les plus efficaces et les 15 les moins efficaces. L’efficacité est mesurée en fonction de la progression des élèves, évalués en début et fin d’année, et attribuable uniquement à l’enseignant, ce qu’on peut nommer aussi l’effet-enseignant. Les résultats montrent que dans le groupe des classes les plus efficaces, et contrairement au deuxième groupe, les pratiques étudiées comportent une dimension qui cultive la lecture privée chez les élèves. L’acculturation est alors caractérisée par la mise en œuvre de situations rituelles mettant en scène la pratique culturelle de lecture pour soi dans ses trois composantes indissociables : subjective, sociale et cognitive. L’étude est prolongée par une analyse qualitative des pratiques des maitres du groupe le plus efficace. Elle montre que la modélisation de l’activité de l’élève est assurée par un étayage serré de l’enseignant et que celui-ci repose sur la mise en scène des corps, des réifications et sur la verbalisation. L’analyse de l’étayage langagier montre enfin que, dans ces classes, les oraux qui entourent les lectures de littérature de jeunesse sont particulièrement réflexifs et relèvent d’une compétence professionnelle particulière consistant à étayer la construction négociée d’un point de vue où la reformulation et la structuration du discours sont essentielles.
The purpose of this study is to explore the acculturating features of some teaching practices using youth literature in the 1st year. Reinforced by the research LireÉcrireCP, it compares the practices of two different groups of classes of different efficiency within a quantitative approach without impact on the teachers’ practices. Three different types of practice are studied in this research: the reading by the teacher for pupils, the lessons of text exploration, and the implementation of a library within the classroom. In our study, according to the LireÉcrireCP research, 15 classes are recognised as the most efficient ones, and 15 others as the less efficient ones. The efficiency is assessed according to the progression made by the pupils attributable only to the teacher, so-called the teacher’s effect. This progression is assessed at the beginning and at the end of the school year. In contrast with the less efficient group of classes, the results observed in the most efficient group of class show that the investigated practices help to develop and cultivate reading for personal purpose of pupils. The acculturation is therefore characterised by the implementation of rituals featuring the cultural practice of reading for personal purpose with its three indissociable components: subjective, sociable, and cognitive. The study is extended by an investigation of the teachers’ practices within the most efficient groups. It highlights that shaping of the pupils’ activity is ensured by a strong scaffolding of the pupils by the teacher. This scaffold must rest upon the acting, on the reification, and on the verbalisation. Lastly, the analysis of the language’s scaffold shows that in these classes, the oral activity that complements the reading of youth literature is particularly thinking demanding and depends on the supporting skills of the teacher for the construction of the point of view where reformulating and structuring the pupil’s speech are essential.