La Guyane Française est le département français le plus touché par l’infection par le VIH avec un taux d’incidence 11 fois plus élevé qu’au niveau national. Plusieurs essais cliniques ont montré une efficacité de la PREP dans la réduction de l’incidence du VIH dans les populations les plus exposées. Cette étude a pour but d’analyser la mise en place d’une consultation PREP dans une zone de forte prévalence telle que la Guyane en partenariat avec l’association Entr’aides. Étude descriptive prospective monocentrique, du 01/02/2017 au 31/01/2019 au centre hospitalier de Cayenne. Les critères d’inclusions sont :≥16 ans et répondant aux critères de mise sous traitement par PREP (Homme ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), travailleur(euse) du sexe (TDS), usager de drogues, toute personne en vulnérabilité vis-à-vis du VIH). Pour chacun, après signature d’un consentement, des questionnaires standardisés initiaux et de suivis étaient renseignés. Parmi les 61 patients inclus : 72 % sont des femmes (n=44), 25 % des hommes (n=15) et 3 % de transgenres (n=2). L’âge moyen est de 34,4 ans (de 17 à 65 ans). Les patients sont nés : en République dominicaine pour 67 % (n=41), en France pour 20 % (n=12), au Brésil pour 5 % (n=3), au Guyana pour 5 % (n=3), et 3 % (n=2) dans un autre pays. Au sein des patients inclus : 80 % sont des TDS (n=49), 21 % des HSH (n=13), 5 % des usagers de drogues (n=3). À la première consultation, 57 % (n=35) n’ont pas de droits sociaux, 7 % (n=4) ont une AME et 36 % (n=22) sont couverts par la sécurité sociale. Les patients déclarent à 93 %(n=57) un antécédent de prise de risque : 62 % rupture de préservatif (RP), 11 % rapport vaginal non protégé, 18 % fellation non protégée et 18 % rapport anal non protégé. Au sein des TDS, 88 % (n=43) déclarent une prise de risque antérieure dont 86 % (n=37) sont des RP, 22 % (n=11) avoir eu plus de 6 risques au cours de l’année, 12 %(n=6) ont été victimes de viol. Au cours du suivi, 43 %(n=21) signalent une nouvelle RP. Enfin, 7 % des patients déclarent un antécédent d’infection sexuellement transmissible (IST) et 13 % (n=8) ont présenté une IST au cours du suivi (5 syphilis, 2 infections à chlamydiae et 1 à gonocoque). Le profil de la population accédant à la consultation PREP à Cayenne est singulier : majoritairement des femmes migrantes TDS. La mise en place de la PREP auprès de ces populations en état de vulnérabilité que ce soit de par les pratiques à risque ou par la précarité des populations migrantes est un enjeu de santé publique dans la lutte contre l’épidémie. Bien que le nombre de personne sous PREP reste encore limité, cette expérience est encourageante et prouve qu’un partenariat associatif permet d’accompagner vers la PREP un public classiquement décrit comme difficile à atteindre et victime d’inégalité d’accès aux soins.