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  • Avtobiografija otroštva [Elektronski vir] : Otroštvo Nathalie Sarraute in Otroške stvari Lojzeta Kovačiča = Autobiographie d'enfance : Enfance de Nathalie Sarraute et Otroške stvari de Lojze Kovačič : diplomsko delo
    Čebulj, Živa
    L'enfance est une période de vie commune à tous et, en même temps, une expérience toute particulière pour chacun dont témoignent de nombreux récits plus ou moins littéraires. Comme les études que ... nous tâchons d'achever avec le présent mémoire sont bipartites nous avons décidé que notre mémoire lui aussi répondrait à cette structure, c'est pourquoi nous nous concentrerons sur deux romans sur l'enfance : Enfance de lʼécrivain français Nathalie Sarraute et Otroške stvari (Les Choses d'enfance) de lʼécrivain slovène Lojze Kovačič. Les deux auteurs sont manifestement biculturels : Nathalie Sarraute est née en 1900 de parents russes qui immigrent séparément en France ; son enfance est donc constituée de va-et-vient entre la France et la Russie ; Kovačič, de son côté, est née en Suisse dʼune mère allemande et dʼun père slovène et ne rencontre la langue paternelle qu'à l'âge de dix ans, lors de l'exil des étrangers résidant en Suisse en 1938. En plus, les deux enfances décrites appartiennent à une époque agitée, la première partie du XXe siècle, ce qui ne figure pas essentiellement dans leurs récits mais forme plutôt un certain "décor" assez discret. De surcroît, les deux oeuvres ont été écrites pendant les périodes créatrices tardives des écrivains, ce qui permet à lʼun de saisir "des petits bouts de quelque chose d'encore vivant" (Enfance, 9) et à lʼautre de rassembler des morceaux de la première partie de sa vie, comme le suggère le sous-titre Post skriptum I (Post-scriptum I). Enfance, de même que Otroške stvari, est un roman autobiographique sur lʼenfance. De ce fait, notre outil méthodologique pour lʼanalyse comparative de ces deux romans repose sur la brève définition de lʼautobiographie proposée par Jean-Philippe Miraux. La définition décompose le terme "autobiographie" en trois dimensions qui lui sont inhérentes : lʼesthétique de lʼécriture (graphie), la phénoménologie de lʼexistence (bio) et lʼontologie du moi (auto). Le terme est assez problématique et figure lʼobjet de recherches de plusieurs chercheurs, entre autres, P. Lejeune et P. de Man. Dans Le Pacte autobiographique, Lejeune propose un pacte entre lʼauteur et le lecteur : au cas où les conditions inventoriées sont accomplies, le lecteur peut être conscient de lire une autobiographie (Lejeune 1975, 14). En revanche, de Man observe que lʼautobiographie est une figure de lecture et dʼinterprétation, il est ainsi possible de lire tous les romans en tant que tels (voire aucun) (de Man 1979, 921- 61 922). Lʼautobiographie exige donc une triple grille de lecture : esthétique, phénoménologique et ontologique. Malgré le caractère tardif du roman Enfance, Sarraute reste fidèle à la technique construite dans son premier ouvrage, Tropismes, écrit en 1939. Cʼest un recueil de 24 "morceaux" en prose où elle décrit des tropismes : des mouvements intérieurs, imperceptibles pour autrui, incommunicables et même paradoxaux (Gosselin 1996, 69). Les tropismes sont des forces intérieures éphémères indéfinissables qui poussent à la parole, au dialogue, à lʼaction, qui existent avant la parole elle-même et qui "sont à lʼorigine de nos gestes, nos paroles, des sentiments que nous croyons éprouver et quʼil est possible de définir" (LʼÈre du soupçon, 8). Une sorte de conscience ouverte lʼintéresse au point dʼomettre la caractérisation du sujet : souvent, il apparaît sans âge ou autre contexte social, voire sans sexe. Dans Enfance, Sarraute emprunte la même technique du tropisme quoique un peu adapté : sont connus lʼâge et le sexe du sujet ainsi que son contexte social. Kovačič, par contre, ne renonce pas à son sujet dont lʼâge, le sexe sont connus (sans quʼil leur attribue trop dʼimportance). Ce qui est compréhensible étant donné que le caractère de son écriture est surtout autobiographique. Même si le sujet ne varie pas, Kovačič écrit toute une panoplie de romans sur sa propre existence, dont chacun représente une entité en soi ; en revanche, un nombre de fragments se répète dans plusieurs oeuvres. La fragmentation est une caractéristique essentielle de la poétique de Kovačič, fondée sur la compréhension générale du monde de lʼauteur. Ce sont la beauté, la vérité, la vie, le moi qui sont fragmentés, et la littérature elle-même doit correspondre à une telle image de la réalité. Dans un fragment, on trouve donc un motif quelconque, arbitraire, un morceau du monde extérieur, dont lʼécrivain sʼefforce de dire tout : "Il faut dire tout de la chose décrite dans un fragment" (Delavnica, 220). La question qui se pose maintenant est celle du narrateur : qui est-ce qui choisit les fragments et en dit tout ? qui est-ce qui ressent et décrit les tropismes ? Le narrateur dans Enfance se présente sous forme de deux voix narratrices équivalentes : la première voix est celle qui raconte et sʼexprime à la première personne du féminin singulier (dʼoù le terme "la narratrice" quʼemploie K. Wei) tantôt au passé tantôt au présent. Reste au lecteur à reconnaître "que lʼaction est passée du dedans au-dehors" (LʼÈre du soupçon, 117). Ce changement presque imperceptible du "maintenant" présent au "maintenant" passé aide Sarraute à supprimer ou au moins affaiblir les limites entre la narratrice et le sujet. La deuxième voix narratrice, lʼinterlocuteur, en revanche, déséquilibre la fonction narratrice de la première voix par sa seule présence. Il joue le rôle dʼinterlocuteur, encourage la narratrice ou lui pose des questions, lʼaide à choisir les mots. Depuis la scène inaugurale, une certaine intimité entre les deux voix est établie ; qui plus est, il est évident que lʼinterlocuteur connaît les tropismes décrits aussi bien que la narratrice. Il est donc possible de constater que lʼinterlocuteur ressemble à une partie détachée de la conscience de la narratrice dont lʼécrivain se sert pour établir une fonction de lecteur idéal, de critique. Le roman nʼest donc pas organisé comme un récit au passé ; cʼest le dialogue "qui occupe tout lʼespace textuel et se substitue donc au récit" (Asso 1995, 75). Le roman Otroške stvari de Kovačič montre un tout autre narrateur qui est beaucoup plus proche du narrateur des romans personnels : le récit nous est raconté et lʼentourage décrit du point de vue du sujet principal. Il est tout de même impossible de mettre en parallèle le sujet principal et le narrateur. Dans plusieurs cas, le narrateur sʼéloigne du sujet et de son récit au passé, et se tourne vers le lecteur en utilisant soit le présent soit le passé avec des adverbes de temps désignant un passé ultérieur. Mais dans une plus grande partie du roman, le récit nous est narré du point de vue dʼun enfant depuis sa naissance jusquʼà lʼâge de dix ans. Le narrateur entreprend même de raconter sa propre naissance (du point de vue du naissant, du nouveau-né), ce qui le rapproche de la position du narrateur contestable (nezanesljivi pripovedovalec). On peut vérifier ses jugements à lʼaide dʼun concept dont la valeur éthique est incontestable (dans la société européenne de XXIe siècle) : Kovačič décrit lʼarrivée dʼune montgolfière avec le svastika du Parti national-socialiste, cʼest-à-dire un symbole dʼHitler. Le narrateur commente ce symbole sans dépasser lʼévaluation dʼun enfant qui forme ses valeurs à travers sa mère : il avait peur de lui parce quʼHitler "ne plaisait pas à [s]a mère" (Otroške stvari, 45). Le monde objectif ne lui pose donc aucun souci, il est prêt à le décrire comme bon lui semble. En revanche, il sʼefforce de dire la vérité telle quʼelle lui apparaît, cʼest-à-dire dans toute son intégrité. Kovačič décrit la vérité comme un tapis dʼimages : "en haut, en bas, pêle-mêle, tous les objets à la fois et dans toutes les couleurs, tous les motifs mélangés" (Kovačič 1998, 258). Cette image révèle deux importantes caractéristiques de son rapport à la vérité : dʼabord, la vérité a pour lui une très grande valeur visuelle et, ensuite, il sʼapplique à dire tout, puisque la vérité nʼexiste que complètement intègre. Cʼest de là quʼon peut qualifier sa recherche de la vérité comme une honnêteté sans pitié, voire une poursuite euphorique de la vérité. De la même manière, Sarraute ne consacre pas trop dʼattention à la référence extra-linguistique et objective, car elle ne veut pas écrire une encyclopédie de son enfance. Dʼaprès Sarraute, ce qui est le plus réel, cʼest le mouvement, le sentiment interne que déclenche dans lʼenfant la réalité externe. Aussi, ce qui figure pour Kovačič la poursuite de la vérité, cʼest pour Sarraute une reconstitution dʼinstants quʼelle fait surgir (Enfance, 85) - et la poursuite ainsi que la reconstitution semblent un effort artistique pour les deux écrivains. La vérité dite objective, extra-linguistique, nʼa donc aucune valeur en elle-même ; ce nʼest que la vérité transformée par le sujet, observée de sa perspective, la vérité intra-linguistique en quelque sorte, qui gagne en valeur. Sarraute emprunte le même terrain intérieur pour la recherche, la formation du moi : la poursuite du moi se déroule à lʼintérieur du sujet. En plus, cette recherche du moi domine la fable de sorte que celle-ci semble être un squelette permettant la construction des relations et des mouvements internes (tropismes). Les idées de la petite Natacha sur sa mère constituent un moment fort pour la construction du moi. Ces idées semblent arriver du dehors et menacent dʼenvahir leur proie. Le retournement décisif se trouve au moment où Natacha devient capable de se révolter contre ces idées en formant de nouvelles pensées qui réfutent ou amollissent les idées parasites. Là survient la définition du moi : cʼest une "conscience ouverte" qui fluctue et se forme à travers la révolte, contre lʼautre et, surtout, dans lʼaction. La poursuite du moi chez Kovačič est, en revanche, assez dissimulée derrière lʼintérêt principal du sujet, car ce qui lʼintéressele plus, cʼest le monde extérieur. Et cʼest là quʼil cherche sa propre image, cʼest-à-dire, dans le monde visuel (où lʼon peut mettre une parallèle avec son image de la vérité qui est, elle aussi, visuelle). Cʼest pourquoi les miroirs, les vitrines et les autres reflets jouent un rôle aussi important dans ce roman de Kovačič. Ce qui reste le point commun aux deux auteurs, cʼest le moi indéfini et indéfinissable qui lutte contre toute définition de son identité tentée soit par les autres héros du récit soit par lʼauteur lui-même. Le moi et la vérité résonnent donc dans la poétique de Sarraute ainsi que dans celle de Kovačič, et cette poétique est la fragmentation ou bien lʼeffraction. Il se peut que ces morceaux fusionnent ou coïncident entre eux, mais ils ne peuvent pas former une image close et résolue. La triple question de lʼesthétique, de la phénoménologie et de lʼontologie nʼobtient pas une réponse close et définitive. Une telle question peut se résoudre exclusivement à travers un acte artistique qui est unique et inimitable, et dont les exemples sont les deux romans concernés, Enfance et Otroške stvari.
    Vrsta gradiva - diplomsko delo ; neleposlovje za odrasle
    Založništvo in izdelava - Ljubljana : [Ž. Čebulj], 2013
    Jezik - slovenski
    COBISS.SI-ID - 51228258

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FF, Osrednja humanistična knjižnica, Ljubljana Ljubljana FFLJ v čitalnico 2 izv.
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