Since Antiquity, there has been a keen interest in the historiography-tragedy relationship, but scant interest in the historiography-comedy relationship. As a matter of fact, if historiography is ...originally dependent on epos and tragedy, it is not so on comedy. Besides, historiography is a serious genre which leaves no room to comedy. That is particularly true of Polybius, who has a purely rational, scientific and didactic view of hitory. Howerver, some historians have been tempted to introduce comic elements into historiography, since traces of criticism of the comic strain in history are to be found in the Megalopolitan’s own work. Although he stands at the very opposite of the comedy, Polybius does not put the blame on such comic poets as Archedicos but on the historians who take inspiration from them, like Timaeus. According to him, the comic is not compatible with history, there is no possible comic history, because comedy does not care either for truth or decency. He even goes so far as to comdemn historic characters who produce comic shows, who somehow stage comedies. But the Megalopolitan scarcely bothers to be self-contradictory : in practice, he alternately uses each one of the comic devices he personally disapproves of.
On s’est beaucoup intéressé, depuis l’Antiquité, au rapport historiographie-tragédie, mais peu au rapport historiographie-comédie. De fait, si l’historiographie, à l’origine, est tributaire de ...l’épopée et de la tragédie, elle ne l’est pas de la comédie. En outre, l’historiographie est un genre sérieux, qui ne laisse pas de place au comique. C’est particulièrement vrai chez Polybe, qui a une conception purement rationnelle, scientifique et didactique de l’histoire. Quoi qu’il en soit, des historiens ont été tentés d’introduire des éléments comiques dans l’historiographie, car on trouve chez le Mégalopolitain les traces d’une critique du comique en histoire. Même s’il se situe aux antipodes de la comédie, Polybe ne s’en prend pas aux poètes comiques eux-mêmes – tel Archédicos –, mais aux historiens qui s’en inspirent – tel Timée. Selon lui, le comique n’est pas compatible avec l’histoire, il n’y a pas d’histoire comique possible, car la comédie ne se soucie ni de la vérité ni de la décence. Et il va même jusqu’à condamner les personnages historiques qui produisent des spectacles comiques, qui mettent en scène des comédies en quelque sorte. Mais le Mégalopolitain ne se soucie guère d’être en contradiction avec lui-même : dans la pratique, il utilise tour à tour chacun des procédés comiques réprouvés par lui.
De même que la dualité est existentielle chez Polybe — il a deux patries, l'une selon le sang, l'Achaïe, l'autre selon l'esprit, Rome; et il vit deux époques, celle d'avant et celle d'après la ...conquête romaine —, de même la dualité est au cœur de son historiographie, qui est à la fois universelle et pragmatique, dont le terminus post quem se dédouble et le terminus ante quern redoublé, qui représente un monde bipolaire. Or cette dualité se mue en unité, dans la mesure où l'auteur réussit à concilier ce qui apparaîtrait d'abord comme contradictoire. Le résultat en est un ouvrage historique original et même unique: 1°) l'histoire proprement universelle, qui ne date que de la symplokè (140e ol. = 220-216), est donc nécessairement pragmatique, c'està-dire récente et contemporaine, couvrant tous les lieux, mais non tous les temps; 2°) choisir un (bon) point de départ (220) ne suffit pas, il faut aussi retrouver une origine et même deux origines - l'une, double, du côté romain (264 et 387), l'autre, simple, du côté grec (281) -, qui permettent de comprendre le point de départ unique et de reconnaître sa validité; 3°) l'auteur, du fait d'une longévité remarquable, d'une part, de la marche inexorable de l'histoire, d'autre part, est amené à renouveler sa problématique, la question étant de savoir non plus seulement comment les Romains ont conquis et soumis le monde, mais en outre comment ils dominent actuellement le monde, et le premier point d'aboutissement (168) devient à son tour un deuxième point de départ, l'ouvrage se prolongeant jusqu'à un deuxième et dernier point d'aboutissement (146); 4°) Polybe représente un monde qui a deux centres, dont l'un (la Grèce ou plutôt l'Achaïe) est à l'image de l'autre (Rome). With Polybius, duality is existential -he has two mother countries, one according to the ties of blood, Achaia, the other according to the mind, Rome; and he lives at two moments in history, the one before and the one after the Roman conquest-, duality is likewise at the heart of his historiography, which is both universal and pragmatic, whose terminus post quern is dual, and the terminus ante quem is redoubled, in other words a bipolar world. Now, that duality becomes unity, in so far as the author manages to conciliate what at first glance might appear as contradictory. The result is an original historical, even unique work: 1°) History strictly speaking universal, which dates back only to the symplokè (140th ol. = 220-216), is therefore of necessity pragmatic, that is recent or contemporaneous, covering all places but not all times; 2°) selecting a (good) starting point (220) is not enough, an origin and even two origins have to be recaptured -one, twofold, on the Roman side (264 and 387), the other, single, on the Greek side (281)-, which enable one to understand the unique starting point and recognize its validity; 3°) the author, on account of a remarkable longevity on the one hand, and the inexorable march forward of history on the other hand, was led to refurbish his problematic, the question being not only how the Romans had conquered and subjugated the world, but how in addition to this they were at the moment ruling the world, and the first climactic point (168) becomes in its turn the second starting point, the work being continued up to a second and last climactic point (146); 4°) Polybius stands for a world with two centres, one of which (Greece, or rather Achaia) is in the image of the other (Rome).
Polybe critique les historiens qui, prisonniers de leurs mensonges et de leurs contradictions, représentent Hannibal comme un chef exceptionnel, inimitable, mais entreprenant inconsidérément la ...traversée des Alpes et ne trouvant son salut que dans l'intervention de quelque héros. La plupart des savants modernes ne se demandent même pas si une divinité spéciale se cache derrière le terme générique de « héros ». Quelques-uns quand même identifient le « héros » à l'Hercule punique. En fait, un réexamen de la question permet de conclure qu'il s'agit du Mercure Alètès punique. Polybius criticizes the historians who, prisoners of their lies and contradictions, represent Hannibal as an exceptional and inimitable chief, but undertaking thoughtlessly to cross the Alps and finding safety in some hero's intervention. Most of modern scholars do not even wonder whether a special divinity is hidden the generic term of « hero » or not. Some of them, nevertheless, identify the hero with the punic Hercules. In fact, by revisiting the question, it is permitted to conclude that the hero is the punic Mercury Aletes.
Corinne Bonnet : Il n’est pas facile de résumer en quelques phrases une carrière aussi brillante et foisonnante que celle de Laurent Pernot. Paraphrasant l’Éloge de Rome d’Ælius Aristide, je ...pourrais dire : « Tout ici n’est que force » (καὶ οὐδὲν ἀλλ᾽ ἢ ῥώμη τὰ τῇδε). Ce serait une façon élégante d’introduire une trop brève présentation de votre parcours. Vous êtes un ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé des lettres. Vous avez été pensionnaire de la Fondation Thiers et vous ...