Dans l’Europe du XVIIIe siècle, le lien consubstantiel entre diplomatie et monde du livre s’est reconfiguré à la faveur des missions de médiation culturelle assignées aux ambassadeurs, et de la ...bibliophilie militante de ces derniers. La formation des bibliothèques privées qui suivent les diplomates au gré de leurs séjours à l’étranger participent en même temps d’une logique de professionnalisation et d’attraction culturelle. Récemment redécouvertes, les archives privées et les collections d’œuvres d’art du cardinal de Bernis (1715-1794), ambassadeur de France à Venise et à Rome, mettent en évidence une société des diplomates au sein de laquelle les œuvres manuscrites et imprimées circulent abondamment, et qui participe activement à la construction de la figure aujourd’hui consacrée du diplomate écrivain.
À la fin de l’Ancien Régime, les mobilités diplomatiques sont touchées par certaines libertés prises sur les contraintes traditionnelles de la société de cour, allant dans le sens d’un reflux du ...cérémonial et d’un refuge vers une dimension plus intimiste des déplacements. L’article interroge les raisons d’être, les caractéristiques et les limites de ce phénomène, au prisme des deux missions diplomatiques qui ont conduit François de Bernis (1715-1794) à représenter le royaume de France auprès de la Sérénissime République de Venise et de l’État ecclésiastique. Renouvelée par la redécouverte récente des archives personnelles du diplomate, l’enquête est menée conjointement sous l’angle de l’histoire matérielle et de l’histoire des représentations.
À la fin de l’Ancien Régime, les mobilités diplomatiques sont touchées par certaines libertés prises sur les contraintes traditionnelles de la société de cour, allant dans le sens d’un reflux du ...cérémonial et d’un refuge vers une dimension plus intimiste des déplacements. L’article interroge les raisons d’être, les caractéristiques et les limites de ce phénomène, au prisme des deux missions diplomatiques qui ont conduit François de Bernis (1715-1794) à représenter le royaume de France auprès de la Sérénissime République de Venise et de l’État ecclésiastique. Renouvelée par la redécouverte récente des archives personnelles du diplomate, l’enquête est menée conjointement sous l’angle de l’histoire matérielle et de l’histoire des représentations.
At the end of the Ancien Régime, diplomatic mobilities are affected by some liberties taken with the traditional constraints of the court society, that led to a decline of the ceremonial and a retreat towards a more private dimension of travels. This article questions the reasons for such a phenomenon, its characteristics and its limits, through an analysis of the two diplomatic missions in which François de Bernis (1715-1794) represented the French kingdom at Venice and the States of the Church. Combining a history of representations and material history, this study benefits from the recent discovery of Bernis’s personal archives.
Les Rome nouvelles de l’époque moderne Andretta, Elisa; Di Bartolomeo, Daniele; Duhamelle, Christophe ...
Presses universitaires de Rennes eBooks,
10/2022
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« Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis », peut-on lire dans une tragédie de Corneille. Inversant le proverbe qui dit que tous les chemins mènent à Rome, cet ouvrage va révéler combien ...les voies partant de Rome conduisent vers d’insoupçonnables ailleurs. Du xvie au xviiie siècle, de nombreuses villes se sont réapproprié le mythe de Rome, dépositaire d’un idéal politique impérial et républicain, et capitale d’une religion à vocation universelle. Ces réappropriations, qui ne fonctionnent jamais par simple mimétisme vis-à-vis des réalités romaines, sont un véritable objet d’histoire politique et culturelle. Du Moscou des Romanov, à la Virginie de Jefferson, en passant par le Saint-Empire, l’Espagne ou la France, ce livre est un appel au voyage conduisant de Rome au reste de l’Europe et du monde. Ouvrant la voie à une histoire mondiale de Rome, qui reste à écrire, il offre divers modèles d’interprétation des liens qui se tissent entre les villes, dans la rugosité de leurs édifices comme la plasticité de leurs imaginaires.
La statue de Giordano Bruno dressée sur le Campo de Fiori, le procès de Galilée dont la mémoire est toujours présente à travers le théâtre ou les débats de l’Académie pontificale des sciences disent ...assez combien le destin de la Rome des XVIIe et XVIIIe siècles a été négativement associé à celui de la science moderne et de son avènement conflictuel. Les études réunies dans ce volume, résultat d’un programme collectif de recherche sur la genèse de la culture scientifique européenne, entendent apporter une nouvelle contribution non seulement au dossier de la révolution scientifique en milieu catholique, mais plus largement à celui des relations que chaque société entretient avec les acteurs et la production du savoir et de la science. La focale mise sur Rome, comme milieu social spécifique, comme capitale de la catholicité et comme centre d’une monarchie pontificale en profond renouvellement entre XVIe et XVIIIe siècle, permet de discuter les paradigmes classiques d’une historiographie qui a trop hâtivement relégué le milieu romain à la marge de toute forme d’innovation savante. Il s’agit aussi d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexions et de nouveaux chantiers sur les diverses configurations socio-intellectuelles au sein desquelles le travail savant a continué à faire de Rome un centre actif de travail et de production de savoirs.
Souvent réduite à la figure de Benoît XIV, la politique de la cour de Rome en matière de science à l’époque des Lumières a connu d’importants développements dans la seconde moitié du siècle, au cours ...des pontificats de Clément XIV (1769-1774) et de Pie VI (1775-1799). La suppression de l’ordre des jésuites, imposée au Saint-Siège par les monarchies catholiques en 1773, engendra en effet une véritable recomposition de la politique pontificale en matière de science et de savoirs. Ce renouveau, confié à des prélats appelés à jouer un rôle croissant au sein de la Curie, impliqua des savants romains appartenant à divers ordres religieux, et bénéficia aux nombreux hommes de science étrangers de passage à Rome dans le cadre du Grand Tour.Dans le domaine des sciences mécaniques et astronomiques, le futur secrétaire d’état de Pie VI, François-Xavier Zelada, œuvra à la constitution d’un observatoire et d’un cabinet de physique expérimentale au Vatican, délibérément ouverts aux savants étrangers. Il permit ainsi à la ville de Rome de s’associer à la construction épistolaire du nouvel espace européen de relevés astronomiques engendré par la découverte de la planète Uranus. Zelada reprit également en main le Collegio Romano des anciens jésuites, appelant à y enseigner à des savants tels que le père minime François Jacquier, célèbre pour son commentaire latin des Principia de Newton. Dans le domaine médical, Pie VI créa à la Sapienza une nouvelle chaire d’obstétrique et de chirurgie, ce qui entraîna un accroissement du nombre des étudiants en médecine au sein de la célèbre université romaine. Le médecin du pape, Giuseppe Flajani, augmenta en outre les collections de cires anatomiques et multiplia les séances de dissection au sein l’hôpital Santo Spirito in Sassia, en les ouvrant au public des savants étrangers. Enfin, dans le domaine en voie de constitution des sciences de l’homme, Stefano Borgia mis à profit le réseau missionnaire pour former au sein du Collegio di Propaganda Fide et dans la ville de Velletri des collections anthropologiques touchant aux diverses civilisations du monde. Relevant davantage de l’encyclopédisme des Lumières que de l’éclectisme des cabinets de curiosités, ces collections attirèrent en nombre les savants issus des diverses académies des sciences européennes.Trouvant son pendant dans le domaine artistique avec la création du musée Pio-Clementino, cette politique de la science participe d’une vaste ambition de reconquête culturelle catholique. Tout en rejetant violemment les expressions les plus radicales de la culture des Lumières, comme le matérialisme et l’athéisme, la papauté cherche alors à s’en approprier les aspects les plus mesurés, en particulier dans le champ scientifique. Fondée sur l’exploitation des sources vaticanes, des archives des ordres religieux et des récits inédits de savants voyageurs, la communication se propose d’analyser la portée et les limites de ce consensus original entre culture catholique et culture scientifique.
La Rome pontificale de l’époque moderne doit elle-même être considérée comme une Rome nouvelle. Deux dates permettent de circonscrire au plus près les contours de cette réinvention. Celle d’abord du ...30 septembre 1420, correspondant à l’arrivée du pape Martin V dans la cité sainte. Cette Rome que le pape Colonna découvre en 1420 est une ville exsangue, marginalisée par le Grand Schisme d’Occident et l’exil avignonnais de ses prédécesseurs. Trois siècles et demi plus tard, le pape Pie VI est po...