Née dans un cadre scolaire, conçue à l’origine comme un instrument de formation et d’instruction de la jeunesse, la déclamation, qui n’était d’abord qu’un moyen, suscita un tel engouement qu'elle ...devint aussi très vite une fin en soi : si l’on déclamait au départ pour apprendre à parler, on déclamera bientôt pour le plaisir de déclamer ; le genre oscille donc entre instruction et distraction des élites. Par les jeux intertextuels et génériques qu'elle instaure avec d’autres productions littéraires, par les liens qu'elle tisse avec son contexte juridique, politique et social, la déclamation a été un élément essentiel de la vie culturelle antique, fonctionnant parfois comme une sorte de laboratoire des idées et des formes. Les textes ici réunis prennent en compte la déclamation antique, aussi bien grecque que latine, de Sénèque le Père jusqu’aux déclamateurs de la Troisième Sophistique, et au-delà, dans une perspective croisée permettant de mieux comprendre comment la déclamation a pu être – et rester – pendant près de deux millénaires la norme de toute culture supérieure, concourant à la transmission des valeurs, esthétiques, éthiques, juridiques, politiques, et à la fabrique des élites.
Sans sous-estimer la place de la poésie dans la société hellénisée du Haut-Empire, on ne peut nier que la littérature grecque d’époque impériale soit dominée par l’écriture de la prose. L’orateur ...prend de plus en plus nettement la place du poète, dans un rapport qui revendique tout à la fois la continuité et la rivalité. La prose s’impose en acte, par la production des œuvres elles-mêmes, mais aussi à travers une réflexion sur sa propre nature, ses valeurs et la place à laquelle elle aspire f...
Un examen attentif de la déclamation VII d’Ælius Aristide (Sur la paix avec les Lacédémoniens, discours qui est censé avoir été prononcé en 425‑424 av. J.‑C. par un Athénien devant l’Ecclésia), à ...travers la représentation du caractère (èthos) du peuple athénien, prouve que le rhéteur entend répondre au portrait des Athéniens que font les Corinthiens au livre I de Thucydide (I, 70) : les Athéniens de la déclamation historique ne sont plus ce peuple activiste et agressif, « vifs à concevoir et à réaliser en acte ce qu’ils ont décidé » (Thc. I, 70) ; ils sont désormais caractérisés par l’euboulia (la faculté de discernement, l’intelligence politique), trait que les Lacédémoniens de Thucydide revendiquent par la voix d’Archidamos et dont Appien, historien grec de Rome, fait une raison majeure du succès des Romains. En leur prêtant cette réflexion politique et en les incitant constamment à pratiquer l’epieikeia (bonté et douceur), parallèlement à un courage et une puissance qui ne sont plus à prouver, la déclamation déroule le programme de la bonne politique impériale, et se prête avant tout à une lecture romaine, qui se comprend dans le contexte contemporain de la Pax Romana. Cette analyse, qui devra être corroborée par l’étude des autres déclamations d’Aristide, prouve que ces textes, qui rompent avec la situation d’énonciation, ne doivent pas être cantonnés à une lecture « archaïsante », mais se révèlent comme un lieu possible pour une nouvelle histoire d’Athènes.
L'ouvrage rassemble seize contributions, judicieusement sollicitées par les deux éditeurs, E. Bowie et J. Elsner, pour constituer une introduction nourrie (trois articles) et éclairer tour à tour les ...six oeuvres attribuées (question sur laqueUe, raisonnablement, on ne revient pas) à PhUostrate (Vies des sophistes trois articles, Vie dApollonios de Tyane trois articles, Heroicos deux articles, Gymnasticos un article, Lettres un article, Imagines trois articles). Par sa conception et par l'économie bien équilibrée entre présentations de large empan et études focalisées sur une question particulière, l'ouvrage réussit une gageure : relier les multiples facettes de l'oeuvre de Philostrate pour imposer fortement des éléments de cohérence et montrer que son oeuvre est comme un prisme qui permet de mieux voir les débats et les tensions au sein de l'hellénis.me du me siècle, et, par ricochet, ceux des deux siècles précédents.
Nombreux sont les textes dans la littérature occidentale qui ombreux expriment admiration ou déception devant l’Acropole et le Parthénon, nombreux également les hommes de lettres voyageurs qui ont ...trouvé là l’occasion de méditer sur les effets du temps, qu’ils voient en ce lieu des ruines et des statues à terre, ou qu’ils soient éblouis devant les proportions de l’édifice. Il nous a semblé intéressant d’aller chercher plus haut dans la littérature quelques jalons de ce qui serait une histoir...
Ce numéro est entièrement consacré au dossier intitulé : Et si les Romains avaient inventé la Grèce ? Cette question souligne la perspective anthropologique dans laquelle les chercheurs se sont ...situés pour aborder la question de l’intererculturalité et de l’altérité incluse dans le monde gréco-romain. Il s’agit ici de comprendre la façon dont les Romains ont pu se définir en tant que tels en se référant à une Grèce imaginaire et idéale, culturellement définie. Les auteurs examinent, entre autres, les pratiques religieuses et cultuelles, le problème de l’identité romaine, les images et les arts grecs revisités par les Romains, le banquet et le « gymnase » à l’époque romaine par rapport aux usages grecs, voire la Grèce imaginaire des Romains. Ils s’interrogent aussi sur certaines cités (Rome, Alexandrie, Athènes), objets d’éloge dans les discours d’auteurs anciens, tels le Pseudo-Callisthène, Aelius Aristide ou Dion Cassius ; ou encore, sur le rôle assigné à une ville « grecque », comme Naples, dans la culture romaine.
Oudot Estelle. Une fête athénienne méconnue dans le Panathénaïque d’Ælius Aristide (§ 363 Lenz-Behr / § 308 Dindorf). In: Φιλολογία. Mélanges offerts à Michel Casevitz. Lyon : Maison de l'Orient et ...de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2006. pp. 269-276. (Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen ancien. Série littéraire et philosophique, 35)
Durant toute l’Antiquité, la question de l’origine des cités et des peuples n’a cessé d’être posée. Champ d’enquête privilégié pour les érudits anciens, elle a souvent joué aussi un rôle important ...dans la vie des communautés humaines, car pour une cité, le nom de son fondateur, les circonstances de sa fondation, ses relations de parenté avec d’autres cités étaient des éléments essentiels de l’image qu’elle voulait donner d’elle-même et qu’en avaient les autres. En outre, cette thématique des origines a toujours été porteuse d’implications politiques, diplomatiques ou religieuses, si bien qu’un grand nombre de légendes de fondation, loin d’être transmises sous une forme immuable, ont fait l’objet de remaniements, réinterprétations et réutilisations variables selon les époques et les circonstances. Tels sont les différents aspects que les communications rassemblées dans le présent recueil tentent d’aborder, dans le cadre d’une réflexion associant historiens, archéologues, philologues et spécialistes de littérature antique.
Ce livre est le résultat d'une longue quête scientifique. Plus de trente chercheurs, d'origine et de formation différentes ont scruté et analysé les témoignages des Anciens pour définir la nature et ...explorer les rouages du pouvoir dans l'antiquité classique. Au travers de deux notions qui sont apparues essentielles et indissociables, celle des fondements et celle de la crise, historiens et philologues se sont attachés à présenter une vision d'ensemble cohérente d'un des aspects majeurs du fonctionnement des sociétés antiques.