La statue de Giordano Bruno dressée sur le Campo de Fiori, le procès de Galilée dont la mémoire est toujours présente à travers le théâtre ou les débats de l’Académie pontificale des sciences disent ...assez combien le destin de la Rome des XVIIe et XVIIIe siècles a été négativement associé à celui de la science moderne et de son avènement conflictuel. Les études réunies dans ce volume, résultat d’un programme collectif de recherche sur la genèse de la culture scientifique européenne, entendent apporter une nouvelle contribution non seulement au dossier de la révolution scientifique en milieu catholique, mais plus largement à celui des relations que chaque société entretient avec les acteurs et la production du savoir et de la science. La focale mise sur Rome, comme milieu social spécifique, comme capitale de la catholicité et comme centre d’une monarchie pontificale en profond renouvellement entre XVIe et XVIIIe siècle, permet de discuter les paradigmes classiques d’une historiographie qui a trop hâtivement relégué le milieu romain à la marge de toute forme d’innovation savante. Il s’agit aussi d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexions et de nouveaux chantiers sur les diverses configurations socio-intellectuelles au sein desquelles le travail savant a continué à faire de Rome un centre actif de travail et de production de savoirs.
Nous analysons les activités éditoriales de l’astronome danois de la fin du XVIe siècle Tycho Brahe, «prince de l’astronomie» célébré aussi pour sa maîtrise de l’imprimerie. L’analyse de sa ...correspondance et l’examen matériel des ouvrages imprimés par ses soins permettent de dresser un bilan de son engagement dans l’édition, en tenant compte des nombreuses contraintes : établissement de l’auteur sur une île, acquisition du papier, complexité technique de l’oeuvre à imprimer, immobilisations financières. Nous montrons aussi que les grands retards du programme éditorial sont en partie liés au perfectionnisme de l’auteur et à l’inaboutissement de ses thèses scientifiques, plusieurs fois remaniées. Ce bilan conduit à nuancer les interprétations des historiens qui ont invoqué Tycho Brahe dans le débat, encore ouvert aujourd’hui, sur l’importance de l’imprimerie comme facteur de rupture.
At the end of the sixteenth century the Bolognese scholar Ulisse Aldrovandi launched the series of publications in natural history which were to ensure him fame, compiling all knowledge available ...since ancient times on each species and type in the animal, plant and mineral worlds. The preparatory manuscripts of the Ornithology, the first volume of this vast humanist encyclopaedia, show kinds of scientific writing adapted to fit such a project. To effect a complete compilation of older works, Aldrovandi turned to secretaries who sought out and copied all passages pertaining to birds in the books of his substantial library. Indexes made up from pieces of paper stuck into large collective volumes allowed these references to be controlled ; at private expense the author also maintained painters and engravers, who prepared the illustrations to be inserted in his books. Published under the sole name of Aldrovandi, the Ornithology is in fact a work of widely collective origin, whose composition makes full use of the techniques of knowledge characteristic of the Renaissance.
A la fin du XVIe siècle, le Bolonais Ulisse Aldrovandi se lance dans l'entreprise éditoriale qui doit assurer sa gloire : une histoire naturelle qui réunirait toutes les connaissances disponibles depuis l'Antiquité sur chaque espèce d'animal, de plante ou de minéral. Les manuscrits préparatoires de l'Ornithologie, premier volume de cette vaste encyclopédie humaniste, montrent des formes d'écriture scientifique adaptées à un tel projet. Aldrovandi, qui compile intégralement des œuvres plus anciennes, emploie des secrétaires qui recherchent et recopient tous les passages sur les oiseaux des livres de sa grande bibliothèque. Des index, constitués à partir de fragments de papier collés dans des gros recueils, permettent de maîtriser ces références. L'auteur entretient également chez lui des peintres et des graveurs, qui préparent les images insérées dans ses livres. Sous le seul nom d'Aldrovandi, l'Ornithologie apparaît donc comme une œuvre largement collective, dont la rédaction illustre des techniques de connaissance caractéristiques de la Renaissance.
Alla fine del XVI secolo, il bolognese Ulisse AIdrovandi si lancia nell'impresa editoriale che gli assicurerà la gloria : una storia naturale che riunisca tutte le conoscenze possibili su ciascuna specie animale, di pianta o minerale, a partire dall'antichità. Il manoscritto preparatorio dell'Ornitologia, primo volume di questa vasta enciclopedia umanistica, mostra le forme di scrittura scientifica idonee a realizzare un tale progetto. Aldrovandi, che compila integralmente dalle opere più antiche, impiega dei segretari per cercare e ricopiare, tra i libri della sua biblioteca, tutti i passaggi che riguardano gli uccelli. Degli indici formati a partire dai frammenti dei pezzi incollati su grandi raccoglitori permettono di dominare questi riferimenti. Analogamente l'autore impiega pittori e incisori che preparano le immagini presenti nei libri. Sebbene sotto il solo nome di Aldrovandi, l'Ornitologia appare piuttosto come un'opera largamente collettiva la cui redazione illustra le tecniche di conoscenza caratteristiche del Rinascimento.
No final do século XVI, o bolonhês Ulisse Aldrovandi lançouse na empresa editorial a que deve a glória : uma história natural que reuniria todos os conhecimentos disponíveis desde a Antiguidade sobre cada espécie de animal, de planta ou de mineral. Os manuscritos preparatórios de Ornitología, primeiro volume dessa vasta enciclopédia humanista, revelam formas de escrita científica adaptadas a semelhante projecto. Aldrovandi, para compilar integralmente obras mais antigas, emprega secretários que pesquisam e copiam todas as passagens sobre aves nos livros da sua grande biblioteca. Índices constituídos por fragmentos de papel colados em grandes volumes mantêm em ordem todas essas referências. O autor contratou também pintores e gravadores, que prepararam as imagens inseridas nos seus livros. Embora apenas sob o nome de Aldrovandi, Ornitologia mostra ser uma obra claramente colectiva, cuja redacção recorre a todas as técnicas do conhecimento características do Renascimento.
A finales del siglo XVI, el bolonés Ulisse Aldrovandi se lanzaba en una empresa editorial que debía asegurar su gloria : una historia natural que reuniría todos los conocimientos disponibles desde la Antigüedad sobre cada especie de animal, planta o mineral. Los manuscritos preparatorios de La Ornitología, primer volumen de esta vasta enciclopedia humanista, revelan formas de escritura científica adaptadas a este tipo de proyecto. Aldrovandi, que compila íntegramente obras más antiguas, emplea secretarios que buscan y copian de los libros de su gran biblioteca, todos los pasajes que hablan de los pájaros. Un sistema de indexación, constituido a partir de pedazos de papel pegados en gruesos volúmenes, permiten controlar esas referencias. El autor mantiene igualmente en su casa pintores y grabadores que preparan las imágenes insertas en los libros. La Ornitología aparece así - aunque Aldrovandi asuma sólo la autoría - como una obra ampliamente colectiva, cuya redacción ilustra las técnicas de conocimiento características del Renacimiento.
Ende des 16. Jahrhunderts stürzt sich Ulisse Aldrovandi aus Bologna in ein Unternehmen, das ihm seinen Ruhm sichern sollte : ein Naturgeschichtswerk, das aile seit der Antike verfügbaren Kenntnisse über sämtliche Tier-, Pflanzen- und Mineralgattungen vereint. Die Handschriften zur Ornithologie, dem ersten Band dieser umfassenden humanistischen Enzyklopädie, weisen Schreibpraktiken auf, die einem solchen Projekt angemessen sind. Aldrovandi, der alles aus älteren Werken zusammenträgt, stellt Sekretäre ein, die aile Passagen über Vögel aus den Büchern seiner großen Bibliothek heraussuchen und abschreiben. Anhand von in dicke Ordner eingeklebten Collagen entstehen Register, mit deren Hilfe diese Angaben übersichtlich und verwendbar werden. Der Autor unterhält außerdem in seinem Haus einen Stab von Künstlern, die er mit dem Malen und Stechen der Bilder für seine Bücher betraut. Unter dem Autornamen Aldrovandi erweist sich also die Ornithologie als das Werk eines Kollektivs, dessen Entstehung charakteristische Erkenntnistechniken der Renaissance veranschaulicht.
Ces sept lettres d’Ippolito Salviani sont envoyées de Rome au bolonais Ulisse Aldrovandi entre avril 1557 et mai 1567. Elles montrent l’instauration d’un échange scientifique entre deux spécialistes ...d’histoire naturelle qui ne se rencontrent pas, mais célèbrent néanmoins avec enthousiasme leur amitié nouvelle. Un protocole élaboré de sociabilité, qui mobilise plusieurs intermédiaires, leur permet de se rendre mutuellement service. Les lettres montrent également les modalités concrètes de l’envoi d’échantillons naturels, plantes exotiques ou poissons séchés. Outre des informations inédites sur les conditions d’édition et de vente du célèbre livre de Salviani sur les poissons, et sur les relations qu’Aldrovandi entretient avec la capitale romaine, ces lettres apportent une belle illustration des pratiques d’échange savant au coeur de l’Europe humaniste.
De quels moyens disposons-nous pour appréhender la culture scientifique romaine dans son ensemble ? Comment la comparer avec celle d’autres espaces urbains de la période moderne ? Certains éléments ...de réponse sont déjà bien établis, grâce à une importante historiographie consacrée aux rapports entre science et religion, et renouvelée par des enquêtes récentes sur les caractères originaux de la culture scientifique romaine à la période moderne. D’autres interprétations restent plus hypothétiqu...
Une École révolutionnaire à Paris sous la Révolution. Il survient parfois un moment de l’histoire où les scientifiques, tous domaines confondus, s’imposent dans un même mouvement de faire le point ...des connaissances acquises et de tracer les routes à suivre. C’est à un tel moment que nous convient les leçons de l’an III, professées au premier semestre de 1795, retranscrites par le soin de sténographes et aussitôt publiées. Dernière tentative désespérée - d’offrir à un seul cerveau une connaissance encyclopédique ordonnancée par la raison analytique, ces leçons s’interrompront lors des journées de Prairial qui mettront un point (provisoirement) final à l’expérience si riche de l’École normale. Leçons de physique, de chimie, d’histoire naturelle. Pour les cours de sciences expérimentales, on fit appel aux plus grands : Haüy le physicien cristallographe, Berthollet le médecin chimiste, Daubenton le naturaliste anatomiste. En voici enfin la riche édition critique, qui apporte un éclairage original sur ces sciences dans une période charnière et décisive. Faisant suite à la publication des leçons de mathématiques et de sciences humaines, ce troisième volume sera suivi par celui des cours de littérature et par un volume d’introduction historique générale sur l’institution de l’École normale de l’an III - l’ensemble constituant, à l’instar de l’Encyclopédie mais dans un esprit différent, un témoignage unique sur l’état du savoir à la fin du siècle des Lumières.