The article first focuses on the measurement o f "thwarted orientation" to university, i.e. the neo-Baccalaureate students who wanted to join another training course f irs t. We distinguish three ...profiles of students thanks to two distinct variables (one is the rank o f the choice o f course accepted on Admission Post-Bac, the other is declarative on March o f the f irs t year of study). Students "likely disappointed", "possibly satisfied" or "certainly thwarted" dif fer significantly, both socially and academically. The nature o f the information collected in order to understand the thwarted orientation is therefore far from neutral. As a result, they are subject to different study paths, whether in terms of reorientations or perseverance in the course. If having experienced a thwarted orientation remains negatively associated with the fa ct of pursuing in the same training, the boundary between desired orientation and undergone orientation, if it exists, appears more than blurred. This is due to the processual nature of orientation.
L'article s'intéresse tout d'abord à la mesure de l'orientation contrariée à l'université, à savoir les étudiants de licence 1 qui, lors de la première année d'études, ne sont pas inscrits dans la formation souhaitée. En utilisant deux variables distinctes (rang du voeu de la formation acceptée sur Admission Post-Bac et déclaratif au 1er mars de la première année d'études), trois profils d'étudiants ayant connu une telle orientation peuvent être distingués, présentant des différences à la fois sociales et scolaires : les « probables déçus », les « possibles satisfaits » et les « contrariés certains ». La nature de l'information collectée afin d'appréhender l'orientation contrariée est par conséquent loin d'être neutre sur la mesure de cette dernière. Dès lors, ces étudiants connaissent des débuts de parcours d'études inégaux, qu'il s'agisse des réorientations ou de la persévérance dans la formation. Si avoir connu une orientation contrariée reste négativement associé au fait de rester étudier dans la formation, la frontière entre une orientation qui serait souhaitée et une orientation qui serait subie apparaît plus que poreuse, du fait du caractère processuel de l'orientation.
The article first focuses on the measurement of “thwarted orientation” to university, i.e. the neo- Baccalaureate students who wanted to join another training course first. We distinguish three ...profiles of students thanks to two distinct variables (one is the rank of the choice of course accepted on Admission Post-Bac, the other is declarative on March of the first year of study). Students “likely disappointed”, “possibly satisfied” or “certainly thwarted” differ significantly, both socially and academically. The nature of the information collected in order to understand the thwarted orientation is therefore far from neutral. As a result, they are subject to different study paths, whether in terms of reorientations or perseverance in the course. If having experienced a thwarted orientation remains negatively associated with the fact of pursuing in the same training, the boundary between desired orientation and undergone orientation, if it exists, appears more than blurred. This is due to the processual nature of orientation.
L’article s’intéresse tout d’abord à la mesure de l’orientation contrariée à l’université, à savoir les étudiants de licence 1 qui, lors de la première année d’études, ne sont pas inscrits dans la formation souhaitée. En utilisant deux variables distinctes (rang du vœu de la formation acceptée sur Admission Post-Bac et déclaratif au 1er mars de la première année d’études), trois profils d’étudiants ayant connu une telle orientation peuvent être distingués, présentant des différences à la fois sociales et scolaires : les « probables déçus », les « possibles satisfaits » et les « contrariés certains ». La nature de l’information collectée afin d’appréhender l’orientation contrariée est par conséquent loin d’être neutre sur la mesure de cette dernière. Dès lors, ces étudiants connaissent des débuts de parcours d’études inégaux, qu’il s’agisse des réorientations ou de la persévérance dans la formation. Si avoir connu une orientation contrariée reste négativement associé au fait de rester étudier dans la formation, la frontière entre une orientation qui serait souhaitée et une orientation qui serait subie apparaît plus que poreuse, du fait du caractère processuel de l’orientation.
Les « taux d’échecs » observés en licence font de la sélection à l’entrée à l’université un instrument tentant pour essayer d’y remédier. À travers l’exemple des licences sélectives en humanités (en ...arts, lettres, langues, sciences humaines), on montre que la sélection engendre une diversification des publics admis du point de vue de l’origine sociale, mais également en termes de profil scolaire. Davantage qu’un effet « sélection », c’est surtout cette différence de recrutement sur le plan scolaire qui explique que les étudiants admis en licences sélectives persévèrent plus dans leur discipline d’admission et atteignent plus fréquemment le niveau L3 que ceux admis dans une licence non sélective.
Les « taux d'échecs » observés en licence font de la sélection à l'entrée à l'université un instrument tentant pour essayer d'y remédier. À travers l'exemple des licences sélectives en humanités (en ...arts, lettres, langues, sciences humaines), on montre que la sélection engendre une diversification des publics admis du point de vue de l'origine sociale, mais également en termes de profil scolaire. Davantage qu'un effet « sélection », c'est surtout cette différence de recrutement sur le plan scolaire qui explique que les étudiants admis en licences sélectives persévèrent plus dans leur discipline d'admission et atteignent plus fréquemment le niveau L3 que ceux admis dans une licence non sélective.
L’idée d’une orientation « par défaut » à l’université reste forte, notamment en ce qui concerne les licences en humanités, parmi les principaux réceptacles de la seconde massification scolaire. À ...travers l’exploitation de la base APB 2016, nous revenons sur cette orientation par « défaut » en licence d’arts, lettres, langues et sciences humaines pour montrer que celle-ci est loin d’être majoritaire : bien souvent, la licence d’admission constitue un premier choix pour les néo-bacheliers. Ce sont alors d’abord les étudiants disposant d’un moindre niveau scolaire et non issus des séries générales qui sont les plus concernés par une admission dans une formation différente de leur premier voeu. Toutefois, pour une part non négligeable des étudiants, la licence en humanités où ils ont été admis présente des affinités disciplinaires importantes avec la formation dont ils ont été recalés : l’admission en licence d’arts, lettres, langues et sciences humaines leur permet alors d’entamer des études en lien avec leurs centres d’intérêt. Dès lors, il nous semble préférable de parler d’orientation « contrariée » plutôt que d’orientation « par défaut ».
Cet article s’intéresse aux évolutions récentes de la stratification socio-scolaires des formations supérieures. À travers la comparaison du profil des admis·es dans les formations franciliennes en ...droit et en histoire entre 2016 et 2019, nous montrons que le recrutement reste d’abord structuré par une opposition entre licences sélectives et non-sélectives. En droit, la possibilité offerte aux formations de classer l’ensemble des candidat·es, associée à la croissance de la population étudiante, conduit à une sélection scolaire accrue dans l’ensemble des formations non-sélectives. Pour certaines, le public admis se rapproche de celui des licences pratiquant officiellement la sélection. En histoire, les résultats montrent surtout une polarisation des formations selon l’académie.
This article discusses the social and academic evolutions in the stratification of French higher education institutions. Through a comparison of students admitted in law and history courses in the ...Ile-de-France region between 2016 and 2019 (the Parcoursup platform replaced Admission Post-Bac in 2018), we show that differences between higher education institutions remain primarily structured by the opposition between selective and non-selective degrees. In law faculties, all non-selective programs are now allowed to rank applicants, which leads, together with demographic growth, to an increased academic selection. For some programs, the public is approximately the same as in selective Parisian law faculties. In history, we observe above all a polarization of courses according to the district. Keywords: stratification, selection, Paris urban region, access to higher education, inequalities, assignment by Parcoursup.
Este artículo examina los cambios recientes en la estratificación socio escolar de la educación superior en Francia. A través de una comparación del perfil de las admisiones a los programas de Derecho e Historia en la región de Île-de-France entre 2016 y 2019, mostramos que el reclutamiento sigue estando estructurado por la oposición entre licenciaturas selectivas y no selectivas. En derecho, la posibilidad ofrecida a los programas de clasificar a todos los candidatos, combinada con el crecimiento demográfico, conduce a un aumento de la selección académica en todos los programas no selectivos. Para algunos, el público admiso se acerca al de las titulaciones oficialmente selectivas. En historia, los resultados muestran sobre todo una polarización de los cursos según la academia.
Cet article s’intéresse aux évolutions récentes de la stratification socio-scolaires des formations supérieures. À travers la comparaison du profil des admis·es dans les formations franciliennes en droit et en histoire entre 2016 et 2019, nous montrons que le recrutement reste d’abord structuré par une opposition entre licences sélectives et non-sélectives. En droit, la possibilité offerte aux formations de classer l’ensemble des candidat·es, associée à la croissance de la population étudiante, conduit à une sélection scolaire accrue dans l’ensemble des formations non-sélectives. Pour certaines, le public admis se rapproche de celui des licences pratiquant officiellement la sélection. En histoire, les résultats montrent surtout une polarisation des formations selon l’académie.
Cet article revient sur l’expression « nouveaux publics étudiants », popularisée dans le contexte français à la suite de la seconde massification scolaire (1985-1995) pour caractériser l’apparition ...d’une population étudiante moins dotée à la fois socialement et scolairement. Or, cette expression est utilisée depuis plusieurs décennies maintenant pour évoquer ces publics inscrits à l’université française, sans pour autant être remise en question. À travers une recherche articulant les recensions de cette notion dans la presse, les discours institutionnels, la littérature grise et les travaux scientifiques, avec des analyses sur plusieurs bases de données (enquête Conditions de vie de l’OVE, bases Admission Post-Bac 2016 et Parcoursup 2019), nous montrons tout d’abord que l’expression est fréquemment utilisée, notamment en période de réformes, pour désigner les étudiant·es non titulaires d’un baccalauréat général. Dans un second temps, le recours aux données permet de mettre en évidence une augmentation importante des effectifs étudiants depuis le début des années 2010, conséquence de l’accroissement du nombre de bachelier·es professionnel·les conjugué au boom démographique du début des années 2000 : il paraît alors pertinent de parler de troisième massification scolaire. Ces étudiant·es s’inscrivent par ailleurs davantage dans les licences de sciences, par rapport à celles de lettres et sciences humaines. L’analyse des caractéristiques sociales et scolaires des publics permet de montrer que cette augmentation des néo-entrant·es dans l’enseignement supérieur ne s’accompagne pas d’une plus grande diversité sociale. En revanche, la comparaison de la répartition des publics étudiants au sein des universités franciliennes en 2016 et en 2019 met en évidence une segmentation scolaire accrue entre les établissements de premier cycle, laquelle creuse les inégalités déjà présentes dans l’enseignement supérieur.