"Gender norms and marriage in the novel: from Burney to Souza"The example of a tale by Marmontel allows the historian A. Verjus, to suggest the role played by the fiction at the end of the Old ...Regime, to operate a revolution of the manners and to impose a new model, resting on the unity of indivisible interest of the couple (The Good husband. A political history of men and women in the revolutionary era, Fayard, 2010). To measure the reaction of women to this model, I propose to study the almost diametrically opposed rewriting of a novel by Frances Burney, Camilla, published in 1796, by two women novelists in France and Switzerland: Isabelle de Gélieu (assisted by Isabelle de Charrière) in Louise et Albert ou le danger d'être trop exigeant (1803), and Adélaïde de Souza, in the more conformist Charles et Marie (1802). The former challenges the stereotype of the censorious lover, the embodiment of infallible reason, and overturns the gender logic presiding over narrative conventions. The second one adopts the male point of view to describe, in Marie, a female ideal of submission, which embodies the new model of conjugalism, in which "the conflicts are supposed to be soluble thanks to the authority of the one and the voluntary submission of the other" (ouvr. cit., p. 37).
L’exemple d’un conte de Marmontel permet à l’historienne A. Verjus, de suggérer le rôle joué par la fiction à la fin de l’Ancien Régime, pour opérer une révolution des moeurs et imposer un nouveau modèle, reposant sur l’unité d’intérêt indivisible du couple (Le Bon mari. Une histoire politique de hommes et des femmes à l’époque révolutionnaire, Fayard, 2010). Pour mesurer la réaction des femmes à ce modèle, je propose d’étudier la réécriture, presque diamétralement opposée, d’un roman de Fanny Burney, Camilla, publié en 1796, par deux romancières en France et en Suisse : Isabelle de Gélieu (aidée d’Isabelle de Charrière) dans Louise et Albert ou le danger d’être trop exigeant (1803), et Adélaïde de Souza, dans le plus conformiste Charles et Marie (1802). La première conteste le stéréotype de l’amant censeur, incarnation d’une raison infaillible, et bouscule la logique de genre présidant aux conventions narratives. La seconde adopte le point de vue masculin pour décrire, dans Marie, un idéal féminin de soumission, qui incarne le nouveau modèle du conjugalisme, dans lequel « les conflits sont supposés solubles grâce à l’autorité de l’un et à la soumission volontaire de l’autre » (ouvr. cit., p. 37).
L'exemple d'un conte de Marmontel permet à l'historienne Anne Verjus de suggérer le rôle joué par la fiction, à la fin de l'Ancien Régime, pour opérer une révolution des mœurs et imposer un nouveau ...modèle reposant sur l'unité d'intérêt indivisible du couple ( Le Bon mari. Une histoire politique des hommes et des femmes à l'époque révolutionnaire , Fayard, 2010). Pour mesurer la réaction de romancières à ce modèle, je propose d'étudier la réécriture, presque diamétralement opposée, d'un roman de Fanny Burney, Camilla , publié en 1796, par deux romancières en France et en Suisse : Isabelle de Gélieu (aidée d'Isabelle de Charrière) dans Louise et Albert ou le danger d'être trop exigeant (1803), et Adélaïde de Souza, dans le plus conformiste Charles et Marie (1802). La première conteste le stéréotype de l'amant censeur, incarnation d'une raison infaillible, et bouscule la logique de genre présidant aux conventions narratives. La seconde adopte le point de vue masculin pour décrire, dans Marie, un idéal féminin de soumission, qui incarne le nouveau modèle du conjugalisme, dans lequel « les conflits sont supposés solubles grâce à l'autorité de l'un et à la soumission volontaire de l'autre » (A. Verjus).
Vers une plus grande égalité Vanoflen, Laurence; Noûs, Camille
Dix-huitième siècle,
6/2021, Letnik:
n° 53, Številka:
1
Journal Article
Recenzirano
La romancière Isabelle de Charrière s’est montrée lucide vis-à-vis des normes sociales et de ce que les sociologues appellent la construction de genre. Son commentaire désabusé sur l’indignation ...suscitée par le Caleb Williams de Godwin, en 1798, l’atteste. En rendant visible la violence symbolique qui s’exerce sur les femmes, ses romans et comédies contestent sourdement dès 1784 les structures d’une domination. Dotant leurs héroïnes de nouvelles trajectoires, et d’une « agentivité », ils rétablissent une égalité de fait – et postulent un véritable universel au moment où le roman sentimental met en place des modèles genrés. Après avoir secoué les prescriptions de son milieu dans son existence, elle se montre critique lorsque l’égalité des citoyens laisse à l’écart les femmes.
Incredulity is not an easy or evident posture for a woman, even in the middle of the eighteenth century. This is what Isabelle de Charrière’s (1740-1805) correspondence and fiction suggest. Towards ...1764, the young woman, raised in Dutch aristocracy, tested the gender boundaries of intellectual freedom and the exercise of reason, in matter of religion. She preferred pyrrhonism to the reputation of an « esprit fort », be it with regards to the Puritain James Boswell, her fellow countryman Adolf van Pallandt, or Constant d’Hermenches. This is underlined by what we learned from the recent publication of inedits by Kees van Strien. She takes greater distance from protestant dogmas and religious convictions after 1784 when she became a novelist. While she does not quite rehabilitate the woman’s « esprit fort » in her novel Calista (1785), as C. Cazenobe asserts, her letters show how she is quite close to materialist views about human freedom, even though the lessons of experience can mitigate her « fatalism ».
Vers une plus grande égalité Vanoflen, Laurence; Noûs, Camille
Dix-huitième siècle,
2021, Letnik:
53, Številka:
1
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Recenzirano
La romancière Isabelle de Charrière s’est montrée lucide vis-à-vis des normes sociales et de ce que les sociologues appellent la construction de genre. Son commentaire désabusé sur l’indignation ...suscitée par le Caleb Williams de Godwin, en 1798, l’atteste. En rendant visible la violence symbolique qui s’exerce sur les femmes, ses romans et comédies contestent sourdement dès 1784 les structures d’une domination. Dotant leurs héroïnes de nouvelles trajectoires, et d’une « agentivité », ils rétablissent une égalité de fait – et postulent un véritable universel au moment où le roman sentimental met en place des modèles genrés. Après avoir secoué les prescriptions de son milieu dans son existence, elle se montre critique lorsque l’égalité des citoyens laisse à l’écart les femmes.