Le Lymphome primaire du système nerveux central (LPSNC) est une forme de lymphome non-Hodgkinien, affectant le SNC. Il peut être responsable de troubles cognitivo-comportementaux, avec parfois un ...retard diagnostique.
Décrire les modalités de diagnostic d’une série de patients avec démence rapidement progressive DRP (1 à 2 ans du début de la plainte cognitive aux troubles cognitifs) diagnostiqués comme LPSNC.
Les patients avec une DRP et diagnostic final de LPSNC ont été identifiés rétrospectivement dans la base de données du service de neurologie des Hôpitaux Civils de Colmar. La présentation clinique, l’imagerie et les analyses de LCR ont été relevées dans les dossiers. Les concentrations d’interleukines (IL) 6 et 10 ont été mesurées par cytométrie en flux (technique CBA : « cytometric bead array » ; BD Biosciences, limite de détection 2,5pg/mL).
Neuf sur 53 patients avec LPSNC (4 hommes, 3 femmes) présentaient une DRP. L’âge médian était de 70 ans, avec délai médian diagnostique de 3 mois. Tous présentaient une atteinte cognitive, avec troubles comportementaux chez 8/9. Les IRM cérébrales objectivaient des lésions chez 7/9 patients. La PL réalisée chez 7 patients trouvait une hypercellularité chez 6/7, dont 5 avec méningite lymphomateuse. Le taux d’IL10 était élevé chez chaque patient, avec ratio IL10/IL6>1 pour 6 patients.
Une DRP doit faire rechercher une cause curable de démence, dont le LPSNC fait partie, d’autant que le délai diagnostic impacte cette curabilité. Une IRM cérébrale injectée doit être réalisée. L’analyse du LCR aide au diagnostic de LPSNC par la cytologie ou la cytométrie en flux. IL10 et le ratio IL10/IL6, plus accessibles, peuvent aider à orienter la démarche diagnostique.
Le LPSNC doit être évoqué devant une DRP afin de ne pas méconnaître une cause curable. L’IRM cérébrale et l’analyse du LCR avec notamment le dosage des IL10 et 6 aident au diagnostic
Les sujets âgés constituent le groupe le plus vulnérable au SARS-Cov2, avec une mortalité élevée. Les troubles neurocognitifs sont une comorbidité fréquente chez les patients âgés. Néanmoins, les ...spécificités de la COVID-19 chez ces patients restent mal connues.
Notre étude a visé à décrire les caractéristiques cliniques et le pronostic de l’infection à SARS-Cov2 ainsi qu’à élucider les défis de prise en charge chez des patients souffrant de troubles neurocognitifs admis dans un service de neuropsychogériatrie.
Nous avons réalisé une étude prospective observationnelle entre mars et mai 2020 dans le service de neuropsychogériatrie de l’hôpital Leopold-Bellan. Les patients présentant des troubles cognitifs, pour lesquels une infection à SARS-Cov2 (PCR ou TDM thoracique) a été confirmée, ont été systématiquement inclus. Les données démographiques, cliniques et paracliniques ont été collectées sur toute la durée de l’hospitalisation.
Trente-six patients (âge médian : 86 ans, 62–98) ont été inclus. L’infection à SARS-Cov2 n’était pas toujours le motif d’hospitalisation. Les symptômes les plus fréquents étaient l’asthénie et la fièvre, la confusion et les chutes. Les complications notées : un état dépressif dans 42 % des cas, un comportement de déambulation (42 %), la survenue d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë (28 %), la survenue d’AVC (4 patients) et de crises convulsives (3 patients). La mortalité intra-hospitalière à la phase aiguë était de 27,8 %, secondaire aux complications respiratoires.
La fréquence des évènements neuropsychiatriques à la phase aiguë du COVID-19 dans notre cohorte est significative. Les troubles cognitifs et la déambulation dans le cadre de l’isolement ont été un défi à relever dans la prise en charge. La prise en charge thérapeutique et le consentement aux protocoles ont soulevé des questionnements éthiques importants.
Les personnes âgées souffrant de troubles cognitifs et contractant le SARS-COV2 présentent un double défi de prise en charge, sur le plan de la COVID-19 et des troubles psychocomportementaux en lien avec leur pathologie et les mesures sanitaires imposées.
L’angiopathie amyloïde cérébrale (AAC) est une cause majeure d’hémorragie intracérébrale. Sa fréquence et son évolution chez les patients non-hémorragique reste cependant mal connue.
Cette étude vise ...à (1) caractériser la fréquence de l’AAC chez des participants se présentant avec une plainte cognitive au sein de la cohorte MEMENTO ; (2) quantifier le risque de démence sur 5 ans.
Seuls les individus âgés de 55 ans ou plus, présentant une plainte cognitive et un score CDR≤0,5 ont été inclus. Les microsaignements cérébraux et la sidérose corticale superficielle ont été analysés à partir des séquences T2* initiales afin de classer les participants en 4 groupes : AAC probable, AAC possible, maladie profonde/mixte des petits vaisseaux (small vessel disease) ou pas de SVD (groupe de référence). Des modèles à risques proportionnels de Cox ont permis de comparer le risque de démence incidente entre les groupes.
Sur 2052 participants (72,1 ans±7,2), 144 (7 %) ont été classés AAC probable, 345 (16,8 %) CAA possible, 157 (7,7 %) SVD profonde/mixte, et 1406 (68,5 %) sans SVD. Après 5 ans de suivi (IQR : 3,1–5,1 ; 8343 personnes-années), 305 participants ont développé une démence. Le taux d’incidence de la démence (pour 100 personnes-années) était de 7,4 (IC95 % : 5,2–10,1) chez les patients atteints d’un AAC probable contre 3,2 (IC95 % : 2,8–3,7) chez les patients non-SVD (rapport de risque ajusté : 1,55, IC95 % : 1,07–2,24).
L’AAC est fréquente chez les patients présentant des symptômes cognitifs légers et s’associe à un risque accru de démence.
Cette étude souligne l’importance de la détection et du suivi des marqueurs IRM de l’AAC.
En Afrique subsaharienne (ASS), la certitude diagnostique clinique et évolutive de la démence du SIDA est facile à établir en raison de la sous-médicalisation et des retards de consultation.
...D’évaluer du point de vue clinique et évolutive. Ces observations illustrent bien la démence du SIDA et la difficulté diagnostique qu’elle comporte avec les autres démences sous-corticales en milieu tropical.
Nous avons réalisé une étude rétrospective de 196 patients hospitalisés pour syndrome démentiel entre 2016 et 2021 dans le service de neurologie du centre hospitalo-universitaire de Conakry. Les critères d’inclusion ont été les suivantes : patients présentant un syndrome démentiel à partir des critères retenus par le DSM-IV (critères diagnostiques et généraux de la démence du DSM-IV et la classification de l’American Academy of Neurology AAN). Élaborée conformément avec l’OMS.
L’étiologie VIH à été retenue chez 36 patients âgés de 45 à 66 ans (17 femmes et 19 hommes). Le diagnostic a reposé sur la positivité des réactions neurologiques avec recherche d’anticorps – VIH1 et 2 par technique Elisa et Western blot et la présence dans le LCR d’une hyper discrète hypercellularité. Il apparaît dans l’ensemble de notre série que le tableau infectieux fièvre, diarrhée chronique et bronchopneumopathies a été répertorié chez 22 patients (84,6 %).
Le tableau clinique stéréotype dominé par des troubles cognitifs plus ou moins sévères : ralentissement de l’idéation, troubles de la concentration, trouble de la mémoire, motricité réduite associée au changement de la personnalité avec troubles dysphoriques nécessitant un diagnostic différentiel avec les autres démences infectieuses. Ces résultats sont importants pour la discussion thérapeutiques et pronostiques de la démence du SIDA.
Cette étude montre la présence et la persistance de la démence à VIH et nécessite une ténacité dans la prévention de cette pathologie malgré l’émergence d’autres virus.
L’amélioration de l’espérance de vie des populations et l’explosion des facteurs de risque cérébro-vasculaire vont exposer les systèmes de santé en Afrique à la problématique de la prise en charge ...des démences.
Déterminer la prévalence hospitalière et décrire les caractéristiques de la démence à l’Hôpital Général de Douala (HGD).
Il s’agissait d’une étude transversale portant sur les dossiers des patients suivis de 2010 à 2016 à l’Unité de Neurologie de l’HGD. Étaient inclus tout dossier de patient ayant un âge supérieur ou égal à 21 ans suivi pour démence selon les critères du DSM-IV. Les dossiers des patients présentant un déficit cognitif limité à une fonction supérieure, une confusion mentale et des dossiers médicaux incomplets étaient exclus. L’enquête étiologique reposait sur les données cliniques, de l’imagerie cérébrale et de la biologie.
Sur les 9640 cas, la prévalence de la démence était de 2,07 % (n=200). L’âge moyen des patients était de 66,26±11,61 ans. Les étiologies de démences étaient dégénératives (45 %), non dégénératives (34 %,) et mixtes dans 21 %. Les causes non dégénératives étaient dominées par la démence vasculaire (24 %), la démence liée au VIH (5,5 %), l’hydrocéphalie chronique de l’adulte (2 %), démence secondaire à une tumeur cérébrale (1,5 %) et autres (1 %).
Au Burkina-Faso, Napon et al. ont rapporté une prévalence hospitalière de 0,455 % dans un contexte de prévalence faible d’infection au VIH 1. Kengne et al. ont estimé la prévalence de la démence dégénérative à 3,9 % au Cameroun 2. Utilisant le HIV/AIDS Dementia Scale, Njamnshi et al. trouvent que les sujets VIH+ avaient une prévalence des démences de 21,1 % contre 2,5 % chez VIH 3.
Bien que la prévalence de la démence soit faible dans notre contexte, elle rappelle la place importante de la prévention primaire de celle-ci.
La démence du sujet jeune est définie par une démence débutant avant l’âge de 65 ans Elle est reconnue comme une cause importante d’handicap médical, social et professionnel.
Cette étude vise à ...déterminer la fréquence et les causes de démence du sujet jeune chez des patients suivis en consultation mémoire, durant les 10 dernières années.
Nous rapportons une étude observationnelle, de 99 patients déments (54 femmes et 45 hommes), suivis à la consultation mémoire de l’hôpital Mustapha - Alger Centre, entre 2009 et 2019. Le diagnostic de démence était basé sur les critères du DSM IV. Tous les patients avaient des déficits dans deux ou plusieurs domaines de la cognition suffisants pour altérer leur fonctionnement social ou professionnel.
La maladie d’Alzheimer (MA) était la principale étiologie (43 cas), suivie de la démence vasculaire (DV) (23 cas) et de la démence fronto-temporale (DFT) (17 cas). Les autres cas, étaient répartis en 5 cas d’aphasie progressive primaire, 2 cas de démence mixte, 1 cas d’encéphalopathie d’Hashimoto, 1 cas d’atrophie corticale postérieure, 1 cas de démence à corps de Lewy et 6 cas avec autres types de démence.
La MA était l’étiologie la plus fréquente de démence du sujet jeune (43,43 %), suivie par la DV (23,23 %) et la DFT (17,17 %), rejoignant ce qui a été rapporté dans la littérature. La démence à corps de Lewy a été retrouvée uniquement dans 1 cas., les patients atteints de Parkinson et mouvements anormaux n’ont pas été référés à notre consultation.
La démence, souvent perçue comme une maladie du vieillissement, peut se manifester avant 65 ans. Même chez les sujets jeunes, la démence dégénérative reste la cause la plus courante.
L’anosognosie est décrite dans la maladie d’Alzheimer (MA) et la démence fronto-temporale (DFT) avec toutefois de possibles différences d’intensité et de mécanismes qui ont été peu étudiées.
...Quantifier et caractériser l’anosognosie dans la MA et la DFT en comparant des scores obtenus à partir d’échelles cliniques et en étudiant les corrélations de l’anosognosie avec des scores cognitifs et le volume cortical.
Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique. Les patients inclus avaient un diagnostic de MA définie par des critères clinico-biologiques et de DFT sur des critères cliniques, métaboliques (TEP au FDG) et biologiques (négativité des biomarqueurs du LCS). L’anosognosie a été évaluée par le questionnaire de plainte mnésique de Mc Nair et l’échelle de Cambridge, renseignées séparément par le patient et un membre de sa famille, la différence de scores entre les deux (aidant–patient) constituant le reflet de l’anosognosie.
Cent cinquante-cinq patients ont été inclus (n=96 MA, n=59 DFT). Des scores d’anosognosie plus élevés dans le groupe DFT que dans le groupe MA sont observés. Dans le groupe MA, l’anosognosie est associé à la sévérité du déficit en mémoire épisodique, et dans la DFT à la sévérité de l’atteinte des fonctions exécutives (score du TMT-B). En IRM nous observons dans la MA (n=26) une corrélation sur cerveau entier entre le score d’anosognosie et le volume du cortex temporo-pariétal droit.
La mesure de l’anosognosie rencontre des défis méthodologiques, apprécier ses différentes composantes (anosognosie des troubles mnésiques, psychosociaux, de l’autonomie) et sa mesure quantitative. Cela semble être un symptôme hétérogène dans sa sévérité et sous-tendu par des mécanismes cognitifs distincts dans la MA et la DFT. Dans la MA, si les régions corticales associées sont diverses, l’implication de l’hémisphère droit semble constante.
Ces résultats incitent à approfondir l’étude des substrats de l’anosognosie et de son profil évolutif au cours du temps en vue d’une meilleure prise en charge des patients et de leurs familles.
Environ 30 à 50 % des patients atteints de dégénérescence lobaire frontotemporale (DLFT) présentent au moins un antécédent neurologique familial, cette maladie a donc une forte composante génétique.
...Étudier l’architecture génétique des DLFT, établir les corrélations phénotype–génotype avec les différentes formes cliniques, antécédents familiaux, âges de début etc. et émettre de nouvelles recommandations françaises pour la stratégie diagnostique nationale.
Au total, 2109 cas index avec un diagnostic de DLFT établis par un neurologue expert ont été adressés à l’UF de neurogénétique de la Pitié-Salpêtrière entre 2017 et 2022 pour exploration moléculaire. Celle-ci se déroule en 3 étapes : (1) screening GRN ; (2) screening expansion C9orf72 (3) panel de 21 gènes si cas sporadique inférieur à 60 ans ou forme familiale. Les informations moléculaires et cliniques sont disponibles pour l’analyse.
Le rendement diagnostique global est de 12,2 %. Nous identifions que les 3 gènes majeurs, C9orf72, GRN, MAPT, représentent 91 % des diagnostics, les autres gènes ne semblant contribuer que faiblement à la DLFT (9 %). La probabilité d’identifier un diagnostic génétique est 5 fois plus élevée lorsqu’il existe un antécédent familial de DFT que dans une forme sporadique (31 % vs 6 %). Les formes comportementales sont plus pourvoyeuses d’un diagnostic génétique (13 %) que les formes langagières (9 %). Le rendement diagnostique du panel est de 5,4 %.
La puissance des études réalisées à ce jour était limitée, ne permettant qu’une estimation partielle du rendement diagnostique en fonction du phénotype (âge de début, sexe, forme familiale ou isolé, symptômes additionnels, etc.) — rendant approximatif les indications des analyses génétiques ciblées.
Nous profitons de la description de cette cohorte — la plus large à ce jour — pour proposer une adaptation de la stratégie diagnostique française entre panel et génome, rendue nécessaire par l’arrivée de la pré-indication « démence » dans le Plan France Médecine Génomique 2025.
Un phénotype parkinsonien isolé ressemblant à la maladie de Parkinson idiopathique (MPI) est une rare présentation des mutations de GRN et C9orf72, les principales causes génétiques de démence ...frontotemporale (DFT).
Nous visions à décrire les caractéristiques cliniques et les « drapeaux rouges » des porteurs de mutations DFT avec un phénotype de MPI, et fournir des preuves neuropathologiques de causalité des mutations.
Dans cette étude, nous avons inclus sept porteurs de mutations GRN ou C9orf72 avec un parkinsonisme isolé au début ressemblant à une MPI, identifiés grâce au séquençage à haut débit ciblé pour les gènes de DFT et MPI, ainsi que trois patients similaires rapportés en littérature. Afin de bien détailler leur phénotype, les caractéristiques de support, d’exclusion et les « drapeaux rouges » selon les critères de la Movement Disorders Society ont été analysés pour chaque cas.
Parmi les dix patients (5 GRN, 5 C9orf72), sept remplissaient les critères de MPI pendant toute la durée de maladie, tandis que des dysfonctionnements comportementaux, langagiers ou motoneuronaux apparaissaient plus tardivement chez trois. Les patients C9orf72 avaient une durée plus longue et une meilleure réponse à la L-dopa. Des caractéristiques motrices subtiles et des antécédents familiaux pouvaient suggérer le diagnostic génétique. L’examen neuropathologique d’un patient a révélé des inclusions TDP-43 en absence d’α-synucléine.
Cette étude démontre que les mutations GRN et C9orf72 peuvent se manifester par un parkinsonisme isolé remplissant les critères de MPI. Ces parkinsonismes peuvent se produire sans α-synucléinopathie sous-jacente, mettant en évidence le rôle causal des mutations de DFT. Dysfonctionnement cognitif précoce, troubles comportementaux et antécédents familiaux de DFT/sclérose latérale amyotrophique sont évocateurs de ces causes génétiques.
Les mutations de GRN et C9orf72 peuvent être retrouvées chez des patients avec un parkinsonisme isolé. Certains antécédents familiaux pourraient être inclus parmi les « drapeaux rouges » des critères de MPI.