Trente-cinq ans après son lancement, l'Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite n'a toujours pas atteint son but, originellement fixé à l'an 2000. Non seulement le virus sauvage de ...type 1 de la poliomyélite est toujours endémique dans deux pays, mais une nouvelle épidémie due à des virus dérivés du virus vivant atténué utilisé pour le vaccin oral se propage depuis 2016. Les Journées nationales de vaccination (JNV), au cours desquelles des équipes font du porte-à-porte, tout en vaccinant parfois également dans les rues, ont suscité de violentes oppositions particulièrement dans le nord du Nigéria et dans la zone Inde, Pakistan, Afghanistan. Dans les deux régions, la même rumeur s'est développée selon laquelle le vaccin contiendrait des produits stérilisants, pour limiter la population musulmane. Les organisateurs de la campagne ont multiplié en vain les JNV pensant finir par venir à bout des résistances, mais celles-ci ont laissé des poches de population insuffisamment vaccinée, ce qui a permis au virus sauvage de demeurer endémique et à la nouvelle épidémie de virus dérivés du vaccin de progresser. Nous pouvons nous poser la question de ce que la campagne serait devenue si ses organisateurs avaient pris le temps de la réflexion et réorienté leur stratégie pour s'appuyer sur la vaccination de routine du Programme élargi de vaccination, qui ne suscite pas de telles oppositions.
Launched in 1988, the Global Polio Eradication Initiative (GPEI) aims to eradicate polioviruses, which are the etiologic agents of poliomyelitis. Coordinated by the World Health Organization, this ...program relies on two pillars: mass vaccination campaigns that target children and active surveillance of the virus circulation. The GPEI has led to the eradication of two out of three serotypes of wild polioviruses and to the containment of the last serotype in two countries.Two polio vaccines exist: the injectable vaccine and the oral one. Both induce an efficient protection against poliomyelitis, but only the oral vaccine is able to stop poliovirus transmission chains. Therefore, the oral vaccine is essential to contain polioviruses and, finally, to eradicate them. In some contexts where the vaccine coverage is not sufficient, the attenuated strains contained in the oral vaccine can circulate for months and recover a pathogenic phenotype through genetic drift. In order to prevent this phenomenon, a new vaccine strain has been developed through genetic engineering: it has been designed to be as immunogenic as the historical vaccine strain, but more genetically stable to prevent the loss of its attenuation determinants. After being evaluated in vitro and through clinical trials, the novel strain has been rolled out in several African countries and in Tajikistan in 2021.
Lancé en 1988, le programme d’éradication de la poliomyélite vise à éradiquerles poliovirus, agents étiologiques de la maladie. Coordonné par l’Organisation mondialede la santé, le programme repose sur des campagnes de vaccination de routine ciblant lesenfants et sur la surveillance active de la circulation des virus. Il a permis l’éradication dedeux des trois sérotypes de poliovirus sauvages et a circonscrit la circulation du sérotyperestant à deux pays seulement.Deux vaccins antipoliomyélitiques existent : le vaccin injectable et le vaccin oral. Si les deuxvaccins offrent une protection similaire contre la maladie, seul le second est capable debloquer la transmission des poliovirus. Le vaccin oral est donc indispensable pour endiguerles poliovirus et, finalement, les éradiquer. Dans certains contextes où la couverturevaccinale est faible, les souches atténuées qui composent le vaccin oral peuvent circulerdurant des mois et recouvrer un phénotype pathogène par dérive génétique. Afin d’éviterce phénomène, une nouvelle souche vaccinale a été développée par génie génétique : elle aété conçue pour être aussi immunogène que la souche vaccinale historique mais beaucoupplus stable génétiquement afin d’éviter la perte des déterminants génétiques de sonatténuation. Après une phase d’évaluation in vitro et des essais cliniques visant à confirmerses propriétés, la nouvelle souche a été mise en oeuvre dans plusieurs pays africains et auTadjikistan en 2021.
Introduction : Le maintien, par la Côte d’Ivoire, du statut de pays libre de poliomyélite exige une haute qualité de la surveillance épidémiologique des paralysies flasques aiguës. Notre étude vise à ...déterminer la prévalence des entérovirus non poliovirus retrouvés dans le cadre de la surveillance des Paralysies Flasques Aiguës (PFA) en Côte d’Ivoire et d’étudier leur répartition selon les caractéristiques individuelles et les facteurs associés. Méthode : Nous avons conduit une étude exhaustive, rétrospective, transversale, descriptive et analytique sur 3 597 cas de paralysies flasques aiguës, notifiés dans le cadre de la surveillance des PFA, de 2007 à 2016, en Côte d’Ivoire. Résultats : En moyenne, le pourcentage d’entérovirus non poliovirus parmi les PFA était de 11,3 % sur la période de l’étude, avec des extrêmes de 9,2 % et 15,9 %. L’absence de fièvre au début de la maladie et le jeune âge étaient des facteurs associés à la survenue d’une paralysie flasque aiguë due à un entérovirus non poliovirus. Conclusion : Notre étude a permis de constater une tendance à la baisse du pourcentage d’entérovirus non poliovirus détectés dans le cadre de la surveillance des PFA en Côte d’Ivoire ; elle a aussi identifié l’absence de fièvre et l’âge du sujet comme étant les facteurs associés à leur survenue. Il est donc nécessaire de typer tous les cas d’entérovirus non poliovirus détectés dans la surveillance des PFA, afin d’évaluer les risques de survenue de poliovirus dérivés de souche vaccinale.
INTRODUCTION: La République Démocratique du Congo a été considérée comme un pays à circulation rétablie de poliovirus sauvage (PVS). Cet article décrit l'épidémie de PVS qui a sévit dans la province ...de Kinshasa de 2010 à 2011. METHODES: Les analyses ont porté sur les cas de paralysie flasque aigüe (PFA) enregistrés de décembre 2010 à décembre 2011, les données de surveillance des PFA, les données de couverture vaccinale et celles du monitorage indépendant des activités de vaccination supplémentaires. RESULTATS: Entre décembre 2010 à décembre 2011, 298 cas de PFA ont été enregistrés par les zones de santé parmi lesquels 34 cas de PVS confirmés. 58% des cas de PVS avaient plus de 15 ans avec plus d'hommes que de femmes. 10 passages d'activités de vaccination supplémentaires ont été mis en éuvre dont 4 avaient ciblé toute la population de Kinshasa. Il ny a plus eu de cas de PVS après le 3e passage. Le monitorage des activités de vaccination a montré une proportion de sujets non vaccinés allant de 4 à 13%. La performance du système de surveillance était globalement bonne. CONCLUSION: La prédominance des adultes parmi les cas notifiés traduit leur susceptibilité alors qu'ils ne sont généralement pas concernés lors des campagnes de vaccination supplémentaires. Ceci devrait engager les autorités sanitaires à envisager des activités vaccinales supplémentaires ciblant les adultes afin de casser plus rapidement la chaîne de transmission. Les faiblesses subsistant dans le système de surveillance pourraient être jugulées par le renforcement de la surveillance à base communautaire.