En France, la part des populations nées en Afrique subsaharienne parmi les personnes ayant une hépatite B chronique ou vivant avec le VIH est importante. L’objectif de cette étude était d’analyser ...les caractéristiques des relations médecins-patients pour ces pathologies lorsque le patient est un migrant subsaharien, selon les objectifs des médecins, les attentes des patients, le contexte de la prise en charge de ces pathologies.Une étude qualitative par entretiens semi-directifs et observations de consultations a été menée dans quatre services hospitaliers d’Île-de-France. Soixante-treize patients subsahariens ayant une hépatite B chronique ou le VIH et 13 médecins ont été interrogés.L’étude souligne la centralité de la relation médecin-patient dans l’adéquation entre les attentes des patients et leur prise en charge. Les caractéristiques de cette relation sont distinctes pour les deux pathologies. Pour l’hépatite B, on observe une inadéquation entre les objectifs des médecins, centrés sur les aspects médicaux de la prise en charge, et les attentes des patients (informations sur la maladie et les traitements, soutien dans la vie avec l’infection et les démarches administratives) dans un contexte de méconnaissance et de perception négative de l’hépatite B. Pour le VIH, objectifs des médecins et attentes des patients concordent davantage, car la prise en charge des difficultés personnelles, sociales, administratives des patients est intégrée à celle de la maladie. La prise en charge des problèmes sexuels et des obstacles juridiques au regroupement familial reste incertaine.Des études similaires auprès de populations nées en France seraient nécessaires afin de compléter ces résultats.
Face à un flux croissant de migrants, la petite île italienne de Lampedusa a été dotée, au cours des années, d'un système complexe de gestion des frontières, se composant d'une multitude d'acteurs ...militaires et humanitaires. Leurs pratiques et leurs comportements ont fait l'objet d'une observation participante et ont été mis en relation avec les orientations principales dans la narration médiatique de l'immigration – souvent bâtie sur la médiatisation des débarquements à Lampedusa – ainsi que dans les mesures politiques. On a pu noter une certaine correspondance entre ces dimensions : d'un côté, entre la manière dont les migrants sont traités aux frontières et celle dont ils sont représentés par les médias ; de l'autre, entre le récit médiatique sur la migration et les principales politiques visant à sa gestion. Le migrant n'est pas seulement représenté, mais aussi traité selon une image stéréotypée.
Les « Subsahariens » qui ont franchi les frontières géographiques pour arriver au Maroc avant d’entreprendre un passage vers l’Europe découvrent qu’ils sont porteurs d’une frontière tout aussi ...difficile à franchir. Ces personnes deviennent « noires » sur les routes migratoires et font l’expérience du racisme. Elles essaient, tant bien que mal, de s’adapter à ce qui est un obstacle supplémentaire, et non des moindres, sur leur parcours : elles se découvrent les représentantes d’une altérité radicale inscrite dans leur corps. Leur expérience nous montre que le racisme est multiforme. Il convoque les idéologies esclavagistes, coloniales, suprémacistes et les articule avec une image contemporaine de l’Africain noir débarquant sur les plages espagnoles, italiennes, grecques, en provenance des côtes libyennes, marocaines, ou tunisiennes. À l’intersection de la figure coloniale et esclavagiste du Noir et des migrants africains actuels, les « Subsahariens » subissent une double altérisation : raciale et sociale.
Résumé
L'auteure étudie l'effet de la migration interne sur l'accès au premier emploi à partir d'un exemple ougandais, en comparant la durée de transition vers un premier emploi entre migrants et ...non‐migrants. Avec des modèles de Cox à hasards proportionnels, elle montre que l'insertion des migrants est plus rapide, à l'exception de la transition de l'école à l'emploi ou lorsque les individus ayant commencé à travailler enfants sont exclus. Un exercice de décomposition montre qu'il faut tenir compte de l'hétérogénéité parmi les migrants et met en évidence le rôle considérable de facteurs, observables ou non, relatifs à la région d'origine, au sexe et au niveau d'études.
« Pour les immigrés, disent les uns, Akka Ghazzi est le symbole de la dignité retrouvée. D'autres notent que Ghazzi a emprunté un raccourci syndical saisissant en passant en un an de la CSL à la CGT. ...Akka Ghazzi serait-il un pion de la CGT ou serait-il l'ayatollah d'Aulnay, une sorte de chef d'orchestre clandestin de cet intégrisme musulman dont certains ont cru déceler l'influence chez les travailleurs immigrés ? » La présence musulmane en France liée aux migrations a, depuis le début du xxe siècle, fait l'objet de discours et de pratiques, de la part de l'État ou des entreprises. Pour autant, si l'identité musulmane des migrants a été l'objet de telles attentions, et si des catégories coloniales ont pu être importées en Métropole (De Barros 2005), les ouvriers venus du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne pendant les Trente Glorieuses ont été essentiellement considérés comme une main d'œuvre dont les caractéristiques religieuses ne faisaient pas vraiment question. Pourtant au début des années 1980, lors d'importantes grèves dans l'automobile, différents acteurs voient la marque d'un « problème musulman », voire d'un intégrisme plus ou moins latent, permettant d'expliquer le changement de comportement des ouvriers immigrés et leur investissement dans les conflits sociaux. Ni le moment de cette controverse, alors que s'amorce un changement d'orientation du gouvernement d'union de la gauche, ni l'industrie en question ne sont anodins. L'automobile a tout au long du xxe siècle été un des secteurs industriels où ont été scrutées les transformations du monde du travail, ainsi qu'un des lieux où depuis les années 1930, et plus encore dans la seconde moitié du siècle, l'immigration a occupé une place importante, notamment à travers le rôle des travailleurs immigrés dans les conflits sociaux (Gallissot, Boumaza et Clément 1994 ; Tripier 1990)…
Cette chronique bibliographique est la seconde partie d'une revue d'ouvrages en études africaines publiés ces dernières années (dont la première partie a paru dans le n° 233 des Cahiers d'Études ...africaines). Cette seconde partie de la chronique présente des ouvrages en français qui vont de la lecture hégélienne de l'Afrique aux banlieues françaises et à l'état actuel des études africanistes vues depuis la France un demi-siècle après les Indépendances (A. Adler, M. Agier & R. Bazenguissa-Ganga, M. Burawoy & K. von Holdt, J.-P. Dozon, M. Lafay, F. LeGuennec-Coppens & E. Coulibaly, A. Mbembe & R. Bazenguissa-Ganga, L. Miano, L. Wacquant…). Cette suite fait contrepoint à la première partie où sont analysés les ouvrages d'une trentaine de contributeurs d'origine africaine portant sur le paradigme de « l'Afrique-Monde » ainsi que sur l'état de l'université et de la recherche en sciences sociales en Afrique francophone.
One of the two goals of this study is to consider the different strategies recommended in French language teaching and learning for adult migrants, in the institutional framework programs of France, ...Switzerland and Quebec. The second goal of this study is to examine their implementation. Various aspects are tackled: the development of didactic material, the training of language teaching instructors, processes of language skills evaluation during training and legal procedures relating to immigration and nationality.
Les personnes nées en Afrique subsaharienne constituent en France l’une des populations les plus touchées par l’hépatite B et par l’infection VIH. Pour ajuster les stratégies de santé publique aux ...besoins propres de ces migrants, il est nécessaire de mieux comprendre ce qui accroît leur vulnérabilité face à ces infections, en particulier les expériences de précarité qui peuvent accompagner l’installation en France. Si la précarité des migrants est souvent évoquée, celle-ci est en réalité relativement mal mesurée ; en particulier la fréquence des précarités et leur place dans la trajectoire individuelle sont mal connues.Afin d’étudier comment les trajectoires de santé, les trajectoires sociales, familiales, migratoires et administratives s’entrecroisent et se construisent les unes par rapport aux autres parmi les Africains vivant en France, une enquête a été menée en 2012-2013 en Île-de-France, l’enquête Parcours pour « Parcours de vie, VIH et hépatite B chez les migrants subsahariens vivant en Île-de-France ». Cette enquête biographique, réalisée dans 70 services de santé, est la première en France à utiliser la méthode de collecte biographique démographique pour des recherches dans le champ de la santé, en impliquant des professionnels de santé.Nous présentons ici la méthodologie et la collecte de l’enquête Parcours et nous discutons des leçons tirées de cette expérience d’une enquête biographique en structures de santé et auprès de migrants. Puis nous présentons comment deux types de précarité vécues en France, la précarité résidentielle et la précarité administrative, ont été caractérisées sur l’ensemble des trajectoires biographiques. Enfin nous estimons le niveau de ces précarités lors de l’arrivée en France, leur évolution au long du séjour en France et leurs déterminants.
Les femmes et les hommes migrant‑e‑s d’Afrique subsaharienne sont très touchés par l’épidémie de VIH-SIDA en France. En mobilisant une enquête quantitative menée en 2005 auprès de 973 femmes et 901 ...hommes nés en Afrique subsaharienne et vivant en Île-de-France, cet article se propose de montrer que la ségrégation des réseaux sexuels et le multipartenariat contribuent à rendre compte de la diffusion de l’épidémie parmi ces migrant‑e‑s. La ségrégation des réseaux sexuels conduit à des relations entre des migrant‑e‑s originaires de pays à faible prévalence et à prévalence élevée. En outre, les hommes et les femmes de cette enquête n’ont pas les mêmes réseaux sexuels : les femmes ont plus souvent des partenaires d’Afrique subsaharienne et ont également plus souvent des partenaires sexuels ayant plus de partenaires qu’elles, ce qui peut entraîner des situations d’exposition au risque majorée pour les femmes. Quant aux hommes, ils sont engagés dans des relations simultanées de longue durée, ce qui peut constituer un contexte propice à la transmission.
Quelle que soit la méthode de mesure utilisée (taux d’entrée dans le SIDA avant la généralisation de la prescription des multithérapies anti-VIH, taux de découverte de séropositivité au VIH depuis ...2003), les niveaux observés pour les Africains subsahariens résidant en France dépassent très largement ce qui pourrait être attendu en se basant sur leur distribution selon la prévalence du VIH dans leurs pays d’origine. Il existe donc très vraisemblablement une vulnérabilité particulière des Africains subsahariens venus s’installer en France face à l’infection par le VIH, qui résulte de leur parcours migratoire et de leurs situations et comportements après la migration.Cette vulnérabilité face à l’exposition au VIH se combine avec un moindre recours au dépistage précoce de l’infection par le VIH, ce qui accroît les risques de contamination de leurs partenaires sexuels et réduit par ailleurs les marges d’optimisation des stratégies thérapeutiques au cours de l’infection. Ce recours plus tardif au dépistage répercute la situation des personnes infectées dans leur pays d’origine, pour lesquelles il y a plusieurs arguments pour considérer qu’elles attendent de se trouver en France pour y être testées. Il traduit aussi les parcours et les représentations des risques des migrants contaminés après leur départ d’Afrique subsaharienne.Enfin, on observe une évolution vers le stade SIDA, moins rare chez les Africains subsahariens dont la séropositivité au VIH a été découverte que chez les Français affrontant le même diagnostic. Cette moindre rareté des évolutions vers le stade SIDA résulte en partie de la réduction des marges d’optimisation des stratégies thérapeutiques liées à la plus faible fréquence des dépistages précoces précédemment décrite, mais elle se constate aussi à évolution de l’infection égale au moment de la découverte de la séropositivité au VIH. Là encore, on peut imaginer que cette plus grande vulnérabilité peut être rapprochée des conditions de vie des Africains subsahariens après leur migration.