This article focuses on an epistemological analysis, Bachelardian and Saussurean, of the problematics of biosemiotics. This discipline is first characterized in its general features, and in contrast ...with biolinguistics – a characterization that allows us to see its foundation on the traditional definition of the sign. Then, the Saussurean break with this traditional definition is explained, and with it the theorization which is constitutive of the Saussurean concept of language (la langue), explaining the given: the idioms. Biosemiotics appears in this “recurrent light” as a scientific ideology in the sense of Georges Canguilhem. It is a counterpart of structuralism, another scientific ideology, which emphasized the notion of structure, whereas this time it is the sound/sense relationship that is at the heart of the elaboration. Its commonality of problematics with and its singularity in relation to biolinguistics appear at the same time: if biolinguistics and biosemiotics both ignore the heterogeneity and the discontinuity constitutive of language, the reductionism of biosemiotics takes the form of a dissolution instead of the organicism underlying biolinguistics.
Il apparaît que l’histoire du saussurisme tout entière, depuis la première publication des idées de Saussure sur la linguistique générale jusqu’au récent et contemporain néo-saussurisme, est marquée ...par la même lecture idiomologique de Saussure. Le Cours de linguistique générale, bien que critiquable, apparaît ainsi comme un maillon –le premier– d’une histoire qui le dépasse: celle du recouvrement de la rupture saussurienne, et il est à cet égard très remarquable qu’il soit finalement le moins opacifiant de tous. Un siècle après le Cours de linguistique générale, on ne peut donc qu’appeler à un «retour à Saussure», à partir de tous les textes disponibles et du travail philologique auquel s’appliquent de nombreux saussuriens, et qui substitue la réflexion épistémologique à la vénération de l’autographe et à la problématique de l’histoire des idées, dans laquelle le terme d’histoire conserve un sens regrettablement empirique. Que nous enseigne, sur la langue et sur la linguistique, ce singulier destin de l’œuvre saussurienne de linguistique générale ?
Cet ouvrage s'attache, au moyen d'une analyse épistémologique minutieuse d'une part significative du corpus benvenistien, à mettre en évidence une spécificité remarquable de la linguistique ...benvenistienne, qui rend l'impasse à laquelle elle conduit tout particulièrement digne de réflexion: d'être tout à la fois présaussurienne lorsqu'il s'agit de linguistique générale et éminemment saussurienne dans son versant idiomologique. This study undertakes a detailed epistemological analysis of a large section of Benveniste's writings in order to illustrate some remarkable features of his linguistic work which is at the same time pre-Saussurean, inasmuch as it constitutes a theory in general linguistics, and decidedly Saussurean because of its idiomological elements
Nous nous efforçons, dans cet article, de faire paraître le rôle joué par l’obstacle épistémologique de l’idiome dans la « grammaire nationale » de Damourette et Pichon. Nous montrons ainsi ...successivement la dépendance de la définition tout à la fois raciale et linguistique qu’ils donnent de la nation à l’égard d’une représentation de la langue en termes d’entité, et l’inscription de leur appréhension de la langue comme « pensée-langage » dans la problématique des rapports son/sens qui est corrélative de la définition traditionnelle du signe. Cette critique de l’élaboration linguistique de Damourette et Pichon est rendue possible par la comparaison avec l’élaboration saussurienne. Elle vise par ailleurs à faire paraître le caractère protéiforme de l’obstacle épistémologique de l’idiome, dont les enjeux sont cruciaux pour la linguistique et les sciences du langage contemporaines.
Damourette and Pichon’s « national grammar » : idiomology and ideology
. In this paper we aim at highlighting the role played by the epistemological obstacle (
obstacle épistémologique
) of the idiom in the Damourette and Pichon’s « national grammar ». We thus show, first, that the racial and linguistic definition that they give for the nation depends on a representation of language as an entity. Second, we demonstrate that their conception of language as « thought-language » («
pensée-langage
») is internal to sound-meaning relationship problematics, which is a correlate of the traditional definition of the sign. This critical examination of Damourette and Pichon’s linguistic work is made possible by the comparison with Saussurean linguistics. Furthermore, its aim is to highlight the proteiform character of the epistemological obstacle of the idiom, whose stakes are crucial for contemporary linguistics and language sciences.
Cet ouvrage collectif est un hommage rendu à Franck Neveu, éminent spécialiste et professeur de sciences du langage, dont l'originalité de la pensée et la richesse de l'apport scientifique marqueront ...durablement les recherches actuelles en linguistique.En linguistique et/ou en sciences du langage, car c’est là un débat ancien et toujours renouvelé. C’est en faveur de la deuxième dénomination que s’est résolument prononcé Franck Neveu, qui se positionne néanmoins, tout aussi résolument, comme linguiste. Ce volume collectif entend rendre hommage à cette ouverture d’esprit en réunissant des contributions d’auteurs de renom proches du dédicataire, qui explorent non seulement ses champs de spécialité comme la syntaxe, la sémantique et l’épistémologie des sciences du langage, mais également des disciplines avoisinantes comme la dialectologie ou la génétique des textes. Il trouve son unité autour des travaux de Franck Neveu et se veut être une contribution au rayonnement de la linguistique française que celui-ci défend et illustre.Avec ses contributions représentatives des recherches actuelles, cet ouvrage intéressera autant un public spécialisé qu’un public curieux de découvrir les sciences du langage.
Cet article s'efforce de caractériser la problématique dans laquelle s'inscrit la notion structuraliste de Gesamtbedeutung, à travers une analyse comparée de textes de Hjelmslev, Jakobson et ...Benveniste. Tandis que les élaborations des deux premiers sont fondamentalement comparables, l'élaboration benvenistienne est dotée d'une remarquable singularité. Cette différence, qui rompt l'unité du structuralisme européen, pourtant caractérisé par sa commune mécompréhension de la théorie saussurienne, soulève deux questions importantes et remarquablement corrélatives : celle de la signification et celle du métalangage, qui sont ensuite envisagées à la lumière de la théorisation saussurienne de la langue.
Cet article s’attache à l’examen de la distinction martinettienne entre forme et substance, afin d’en faire apparaître la nature d’obstacle épistémologique. Après un rapide examen de la critique ...martinettienne de Hjelmslev sur cette question des rapports entre forme et substance, qui permet d’opposer problématiques saussurienne –théorique, définitoire de la langue comme un fonctionnement dont son et sens, en tant que linguistiques, sont les effets – et structuraliste – problématique empirique de construction de la langue comme un existant formel –, il s’efforce ainsi de montrer le caractère contradictoire du fonctionnement de cette distinction dans l’élaboration martinettienne. Cette distinction détermine la construction d’une structure tout à la fois formelle et substantielle, et en réalité doublement déterminée, par la problématique des rapports forme/substance et par celle des rapports son/sens. La problématique des rapports son/sens détermine pour sa part la construction d’une structure orientée du son vers le sens, dont l’examen révèle l’asymétrie, asymétrie qui nous reconduit à la dualité de détermination de la construction martinettienne de la langue comme structure, et qui témoigne de l’insistance du problème de la théorisation du rapport son/sens. A cet égard, l’élaboration martinettienne apparaît tout à la fois radicalement différente de celle de Saussure, et significativement différente de celle de Hjelmslev, dont elle met en valeur le caractère de pendant objectal de la théorisation saussurienne de la langue, ainsi que d’autres élaborations structuralistes. Elle est ainsi tout particulièrement propre à faire apparaître la nécessité d’une réflexion sur la problématique de la linguistique contemporaine. This article studies the Martinettian distinction between form and substance, in order to show how it can be seen as an obstacle épistémologique (Bachelard). It analyzes first the Martinettian criticism of Hjelmslev’s theory, concerning this question of the relationship between form and substance. Saussurean and structuralist problematics are thus contrasted: the first is theoretical and defines language (la langue) as a functioning of which sound and meaning, qua linguistic, are effects; the latter is an empirical problematics which constructs language as a formal object. We thus bring to light the contradictory functioning of the form/substance distinction in Martinettian thought: this leads to the construction of a structure that is at the same time formal and substantial, and which is in fact determined equally by the problematics of the form/substance relationships, and by that of the sound/meaning relationships. As for the problematics of the sound/meaning relationships, this leads to the construction of a sound to meaning oriented structure, whose study reveals an asymmetry. This asymmetry is again symptomatic of the twofold determination of the Martinettian structure, and demonstrates the need of a theorization of the sound/meaning relationship. From this point of view, Martinettian theory appears both radically different to the Saussurean approach, and significantly distinct from Hjelmslevian thought, whose nature of objectal counterpart of the Saussurean theorization of language is thus brought to light, and from others structuralists’s elaborations. It is consequently appropriate to highlight the necessity to think about the problematics of contemporary linguistics.
Cet article s’attache à l’examen des sémiotiques jakobsonienne, benvenistienne et hjelmslevienne qui, bien que singulières et différentes les unes des autres, ont deux traits caractéristiques en ...commun: leur incapacité à rendre compte du caractère fondamental du langage, par ailleurs unanimement reconnu, et la dualité de perspective qu’elles manifestent, entre démarche de spécification et construction du caractère fondamental du langage, dualité qui fait figure de circularité. Cette dualité est en effet d’autant plus remarquable qu’elle n’est pas sans évoquer la contradiction constitutive de la sémiologie saussurienne, consistant à inscrire la linguistique dans la sémiologie tout en faisant de la première le «patron» de la seconde. Or, la sémiologie saussurienne se distingue précisément de la sémiotique structuraliste par la définition du signe et de la langue qui en est corrélative, et qui permet quant à elle de rendre compte du caractère fondamental du langage parmi les autres systèmes de signes. Reste cependant, sur cette base, à élaborer une sémiotique, ce qui implique en premier lieu de redéfinir cette discipline.
Cette communication, qui s’attache à la comparaison des histoires jakobsonienne et saussurienne de la linguistique, s’efforce de montrer que ces deux horizons de rétrospection, que tout oppose ...(l’histoire jakobsonienne est continuiste et met en valeur l’ancienneté de la science du langage tandis que l’histoire saussurienne, outre qu’elle situe la naissance de la linguistique au dix-neuvième siècle, est au contraire faite de ruptures), impliquent deux constructions distinctes de l’objet de la linguistique, et s’opposent ainsi avant tout comme deux problématiques radicalement différentes. L’histoire jakobsonienne de la linguistique est une synthèse dialectique dont la possibilité se fonde sur un objet donné et totalisant, le langage, dont la définition n’est pas interrogée, et qui fédère également la diversité des linguistiques et des différentes disciplines ayant trait au langage. Saussure nous donne en revanche à lire la constitution progressive d’un objet, en rupture avec la connaissance commune : la langue, objet distinct du langage et objet propre de la linguistique, dont le postulat permet la théorisation du son et du sens comme objets linguistiques et l’étiologie des idiomes. Il apparaît ainsi que l’opposition jakobsonienne à Saussure témoigne avant tout de la résistance d'une problématique présaussurienne. Néanmoins, s’il s’agit là d’épistémologie, il s’agit par ailleurs, corrélativement, et quoi qu’il faille penser de l’histoire saussurienne de la linguistique, de deux mises en œuvre distinctes de l’histoire des sciences : l’une, empirique, celle de Jakobson, l’autre, épistémologique, celle de Saussure.