L’allèle e4 du gène APOE est établi principal facteur de risque génétique de la maladie d’Alzheimer, mais son association avec d’autres types de démence et avec le « Mild cognitive impairment » (MCI) ...n’est pas évidente.
Déterminer les fréquences génotypiques et alléliques du gène APOE chez des patients atteints de démence et de MCI et étudier l’influence des allèles e2 et e4.
Au total, 118 participants ont été inclus : 62 témoins âgés cognitivement normaux et 56 patients répartis en 8 cas de MCI, 34 cas de maladie d’Alzheimer et 14 cas de démences non-Alzheimer. Le génotype APOE a été déterminé par la méthode PCR-RFLP.
L’allèle e4 était significativement associé au risque de la maladie d’Alzheimer (p=0,005 ; OR=20,175, IC95 % : 2,521–161,494) et des démences non-Alzheimer (p=0,003 ; OR=28,750, IC95 % : 3,189–259,188), mais pas avec le MCI. Cependant, nous n’avons retrouvé aucune association significative de l’allèle e2 ni avec le MCI, ni avec les démences.
L’allèle e4 étant un facteur de susceptibilité évident pour la MA et éventuel pour les autres démences, la prévention de la démence chez les individus à risque serait possible par l’action sur des facteurs de risque modifiables, environnementaux et liés au style de vie, dont certains auraient même un effet synergique avec l’allèle e4.
L’allèle e4 est un facteur de risque pour la maladie d’Alzheimer et les démences non-Alzheimer, mais il n’est pas associé avec le MCI. L’allèle e2 semble être protecteur de la survenue de démences, ces résultats nécessitent d’être vérifiés sur un échantillon plus large.
L’aducanumab est un AC monoclonal humain ciblant les formes agrégées d’Aβ (oligomères solubles et fibrilles insolubles). EMERGE et ENGAGE sont 2 études de phase III mondiales, randomisées, en double ...insu, contrôlées vs placebo, de 18 mois.
Ces études, aux méthodologies identiques, ont évalué l’efficacité et la sécurité d’emploi de l’aducanumab chez des patients de 50 à 85 ans avec une maladie d’Alzheimer (MA) débutante (troubles cognitifs légers dus à la MA ou démence légère liée à la MA).
Les critères d’inclusion comprenaient une TEP-amyloïde positive, un MMSE de 24 à 30, un score CDR Global de 0,5, et un score RBANS-DMI≤85. Pendant la période contrôlée vs placebo de 18 mois, les patients ont été randomisés 1/1/1 pour recevoir l’aducanumab à dose faible, l’aducanumab à dose élevée ou un placebo, administré en IV toutes les 4 semaines. Le critère de jugement principal était la variation du score CDR-SB à la sem 78. Les critères secondaires étaient la variation des scores MMSE, ADAS-Cog13 et ADCS-ADL-MCI.
Après l’analyse de futilité planifiée, une analyse réalisée suite au gel de base final a montré que EMERGE avait satisfait son critère de jugement principal, conformément au plan d’analyse statistique préspécifié. Les patients traités par aducanumab à dose élevée ont présenté une réduction significative du déclin clinique mesuré par les CDR-SB à la semaine 78 (22 % vs placebo, p=0,01).
ENGAGE n’a pas satisfait son critère de jugement principal. Cependant, les données des patients de l’étude ENGAGE qui avaient atteint une exposition suffisante à l’aducanumab à dose élevée ont corroboré les résultats d’EMERGE. Le profil de sécurité d’emploi et de tolérance de l’aducanumab dans les études EMERGE et ENGAGE concordait avec celui observé dans les études précédentes.
EMERGE a satisfait à son critère de jugement principal, conformément au plan d’analyse statistique préspécifié. Les données d’un sous-groupe de patients d’ENGAGE corroborent les résultats d’EMERGE.
Démence et criminalité Alem, Amani
Revue neurologique,
April 2021, 2021-04-00, Volume:
177
Journal Article
Peer reviewed
Les maladies neurovégétatives peuvent provoquer un dysfonctionnement des structures impliquées dans le jugement, les fonctions exécutives et la violence. Ces comportements classés comme criminels ...sont parfois la première manifestation d’une démence.
Notre objectif est de montrer que les lésions liées à la démence pourront être associées à un sous-type de comportement impulsif et agressif avec un risque accru de crime, et qui peuvent imposer un lourd fardeau social et judiciaire pour le patient ainsi que la société.
À travers les revues de la littérature :
– nous allons essayer de mettre le doigt sur les études qui ont porté sur l’état mental des criminels âgés et les aspects médico-légaux correspondants ;
– montrer qu’un comportement criminel d’apparition récente chez un adulte devrait susciter une recherche de maladie cérébrale ou de troubles liés à la démence.
Les études révèlent que les comportements criminels sont plus fréquents dans le groupe de démence frontotemporale (20 %) et la variante sémantique de l’aphasie progressive (11 %) que chez ceux atteints de la maladie d’Alzheimer (4 %).
Si un crime est commis par une personne atteinte de démence ou autres troubles mentaux graves, la loi sur la procédure judiciaire permet au tribunal de s’abstenir de poursuites.
Le comportement criminel peut être la première manifestation des démences, les évaluations judiciaires de la criminalité pourraient leur attribuer de nouveaux critères, ces personnes devraient être traitées différemment par la loi.
Les dégénérescences lobaires frontotemporales (DLFT) sont un groupe de pathologies hétérogènes dont les présentations cliniques peuvent être similaires à celles de la maladie d’Alzheimer (MA), ce qui ...est source d’hésitation diagnostique.
Le but de cette étude est de déterminer les phénotypes cliniques ayant entraîné une hésitation entre un diagnostic de DLFT et de MA dans une population au diagnostic final certain (par analyse histologique ou confirmation génétique).
Les cas étudiés sont sélectionnés parmi les patients ayant consulté au centre mémoire de Lille ou de Bailleul entre 1993 et 2019 avec un diagnostic final certain de DLFT ou de MA. Ils sont répartis en quatre groupes : les groupes DLFT-MA et MA-DLFT (hésitation entre DLFT et MA avec respectivement diagnostic final certain de MA et de DLFT) et les groupes MA-MA et DLFT-DLFT (diagnostic sans hésitation respectivement de MA et de DLFT). Un phénotype clinique est attribué aux cas et les prévalences des différents phénotypes sont comparées.
Cent vingt-neuf patients ont été inclus dans cette étude. La prévalence des phénotypes « aphasie primaire progressive » et « présentation amnésique isolée » est significativement plus importante dans le groupe MA-DLFT (respectivement 33,3 % et 16,7 %) que dans le groupe DLFT-DLFT (respectivement 10,9 % et 0 %). La prévalence du phénotype « aphasie primaire progressive » est significativement plus importante dans le groupe DLFT-MA (47,1 %) que dans le groupe MA-MA (2,9 %).
Les présentations amnésiques isolées (et de manière plus large, les présentations comportementales avec troubles mnésiques associés) de DLFT sont source d’hésitation diagnostique avec la MA. Les présentations langagières, notamment quand le sous-type est indéterminé, peuvent également entraîner une hésitation entre DLFT et MA.
Dans certaines présentations cliniques, le diagnostic de DLFT et de MA reste difficile. Les prélèvements cérébraux post-mortem doivent ainsi être encouragés afin de pouvoir réaliser des études clinicopathologiques.
À l’approche de thérapies ciblées dans les formes génétiques de démence frontotemporale (DFT) et sclérose latérale amyotrophique (SLA), l’identification des biomarqueurs d’évolution présymptomatique ...et conversion clinique représente un enjeu majeur.
Nous souhaitions évaluer les niveaux plasmatiques de la chaîne légère des neurofilaments (NfL) afin d’en déterminer les principaux facteurs de variabilité et leur potentiel comme marqueur d’évolution de la maladie.
Au total, 358 sujets ont été inclus dans les protocoles PREV-DEMALS, Predict-PGRN, ou par le réseau national sur la DFT/DFT-SLA. La population comportait 101 patients (53 porteurs d’expansion C9orf72, 48 de mutation GRN), 87 porteurs présymptomatiques (49 C9orf72, 38 GRN) et 170 contrôles. Les participants avaient eu entre 1 à 6 prélèvements plasmatiques pendant un suivi moyen de 4 ans. Le dosage des NfL a été effectué avec la technique ELISA ultrasensible SIngle MOlecule Array (SIMOA).
Les valeurs de NfL étaient plus élevées chez les patients comparées aux contrôles et présymptomatiques, sans impact du sexe. Les valeurs des contrôles corrélaient avec l’âge au prélèvement, et le taux d’augmentation annualisé moyen était 3,9 %. Le génotype avait un impact chez les patients, avec des valeurs de base et une progression plus importantes associées aux mutations GRN. Les NfL chez les présymptomatiques, comparables aux contrôles à l’inclusion, augmentaient significativement dans un sous-groupe.
Le dosage plasmatique des NfL avec la technique SIMOA s’avère un marqueur utile pour tracer l’évolution de maladie chez les porteurs des mutations GRN et C9orf72, les principales causes génétiques de DFT et/ou SLA. Un suivi longitudinal approprié chez les porteurs présymptomatiques pourrait permettre de monitorer leur phase préclinique et d’identifier ceux proches de la phénoconversion.
Cette étude confirme la relation entre NfL et processus dégénératif dans le contexte des mutations GRN et C9orf72, et propose des seuils pathologiques adaptés en fonction de l’âge au prélèvement.
En Afrique subsaharienne (ASS), la certitude diagnostique clinique et évolutive de la démence du SIDA est facile à établir en raison de la sous-médicalisation et des retards de consultation.
...D’évaluer du point de vue clinique et évolutive. Ces observations illustrent bien la démence du SIDA et la difficulté diagnostique qu’elle comporte avec les autres démences sous-corticales en milieu tropical.
Nous avons réalisé une étude rétrospective de 196 patients hospitalisés pour syndrome démentiel entre 2016 et 2021 dans le service de neurologie du centre hospitalo-universitaire de Conakry. Les critères d’inclusion ont été les suivantes : patients présentant un syndrome démentiel à partir des critères retenus par le DSM-IV (critères diagnostiques et généraux de la démence du DSM-IV et la classification de l’American Academy of Neurology AAN). Élaborée conformément avec l’OMS.
L’étiologie VIH à été retenue chez 36 patients âgés de 45 à 66 ans (17 femmes et 19 hommes). Le diagnostic a reposé sur la positivité des réactions neurologiques avec recherche d’anticorps – VIH1 et 2 par technique Elisa et Western blot et la présence dans le LCR d’une hyper discrète hypercellularité. Il apparaît dans l’ensemble de notre série que le tableau infectieux fièvre, diarrhée chronique et bronchopneumopathies a été répertorié chez 22 patients (84,6 %).
Le tableau clinique stéréotype dominé par des troubles cognitifs plus ou moins sévères : ralentissement de l’idéation, troubles de la concentration, trouble de la mémoire, motricité réduite associée au changement de la personnalité avec troubles dysphoriques nécessitant un diagnostic différentiel avec les autres démences infectieuses. Ces résultats sont importants pour la discussion thérapeutiques et pronostiques de la démence du SIDA.
Cette étude montre la présence et la persistance de la démence à VIH et nécessite une ténacité dans la prévention de cette pathologie malgré l’émergence d’autres virus.
L’angiopathie amyloïde cérébrale (AAC) est une cause majeure d’hémorragie intracérébrale. Sa fréquence et son évolution chez les patients non-hémorragique reste cependant mal connue.
Cette étude vise ...à (1) caractériser la fréquence de l’AAC chez des participants se présentant avec une plainte cognitive au sein de la cohorte MEMENTO ; (2) quantifier le risque de démence sur 5 ans.
Seuls les individus âgés de 55 ans ou plus, présentant une plainte cognitive et un score CDR≤0,5 ont été inclus. Les microsaignements cérébraux et la sidérose corticale superficielle ont été analysés à partir des séquences T2* initiales afin de classer les participants en 4 groupes : AAC probable, AAC possible, maladie profonde/mixte des petits vaisseaux (small vessel disease) ou pas de SVD (groupe de référence). Des modèles à risques proportionnels de Cox ont permis de comparer le risque de démence incidente entre les groupes.
Sur 2052 participants (72,1 ans±7,2), 144 (7 %) ont été classés AAC probable, 345 (16,8 %) CAA possible, 157 (7,7 %) SVD profonde/mixte, et 1406 (68,5 %) sans SVD. Après 5 ans de suivi (IQR : 3,1–5,1 ; 8343 personnes-années), 305 participants ont développé une démence. Le taux d’incidence de la démence (pour 100 personnes-années) était de 7,4 (IC95 % : 5,2–10,1) chez les patients atteints d’un AAC probable contre 3,2 (IC95 % : 2,8–3,7) chez les patients non-SVD (rapport de risque ajusté : 1,55, IC95 % : 1,07–2,24).
L’AAC est fréquente chez les patients présentant des symptômes cognitifs légers et s’associe à un risque accru de démence.
Cette étude souligne l’importance de la détection et du suivi des marqueurs IRM de l’AAC.
La démence du sujet jeune est définie par une démence débutant avant l’âge de 65 ans Elle est reconnue comme une cause importante d’handicap médical, social et professionnel.
Cette étude vise à ...déterminer la fréquence et les causes de démence du sujet jeune chez des patients suivis en consultation mémoire, durant les 10 dernières années.
Nous rapportons une étude observationnelle, de 99 patients déments (54 femmes et 45 hommes), suivis à la consultation mémoire de l’hôpital Mustapha - Alger Centre, entre 2009 et 2019. Le diagnostic de démence était basé sur les critères du DSM IV. Tous les patients avaient des déficits dans deux ou plusieurs domaines de la cognition suffisants pour altérer leur fonctionnement social ou professionnel.
La maladie d’Alzheimer (MA) était la principale étiologie (43 cas), suivie de la démence vasculaire (DV) (23 cas) et de la démence fronto-temporale (DFT) (17 cas). Les autres cas, étaient répartis en 5 cas d’aphasie progressive primaire, 2 cas de démence mixte, 1 cas d’encéphalopathie d’Hashimoto, 1 cas d’atrophie corticale postérieure, 1 cas de démence à corps de Lewy et 6 cas avec autres types de démence.
La MA était l’étiologie la plus fréquente de démence du sujet jeune (43,43 %), suivie par la DV (23,23 %) et la DFT (17,17 %), rejoignant ce qui a été rapporté dans la littérature. La démence à corps de Lewy a été retrouvée uniquement dans 1 cas., les patients atteints de Parkinson et mouvements anormaux n’ont pas été référés à notre consultation.
La démence, souvent perçue comme une maladie du vieillissement, peut se manifester avant 65 ans. Même chez les sujets jeunes, la démence dégénérative reste la cause la plus courante.
L’amélioration de l’espérance de vie des populations et l’explosion des facteurs de risque cérébro-vasculaire vont exposer les systèmes de santé en Afrique à la problématique de la prise en charge ...des démences.
Déterminer la prévalence hospitalière et décrire les caractéristiques de la démence à l’Hôpital Général de Douala (HGD).
Il s’agissait d’une étude transversale portant sur les dossiers des patients suivis de 2010 à 2016 à l’Unité de Neurologie de l’HGD. Étaient inclus tout dossier de patient ayant un âge supérieur ou égal à 21 ans suivi pour démence selon les critères du DSM-IV. Les dossiers des patients présentant un déficit cognitif limité à une fonction supérieure, une confusion mentale et des dossiers médicaux incomplets étaient exclus. L’enquête étiologique reposait sur les données cliniques, de l’imagerie cérébrale et de la biologie.
Sur les 9640 cas, la prévalence de la démence était de 2,07 % (n=200). L’âge moyen des patients était de 66,26±11,61 ans. Les étiologies de démences étaient dégénératives (45 %), non dégénératives (34 %,) et mixtes dans 21 %. Les causes non dégénératives étaient dominées par la démence vasculaire (24 %), la démence liée au VIH (5,5 %), l’hydrocéphalie chronique de l’adulte (2 %), démence secondaire à une tumeur cérébrale (1,5 %) et autres (1 %).
Au Burkina-Faso, Napon et al. ont rapporté une prévalence hospitalière de 0,455 % dans un contexte de prévalence faible d’infection au VIH 1. Kengne et al. ont estimé la prévalence de la démence dégénérative à 3,9 % au Cameroun 2. Utilisant le HIV/AIDS Dementia Scale, Njamnshi et al. trouvent que les sujets VIH+ avaient une prévalence des démences de 21,1 % contre 2,5 % chez VIH 3.
Bien que la prévalence de la démence soit faible dans notre contexte, elle rappelle la place importante de la prévention primaire de celle-ci.
L’anosognosie est décrite dans la maladie d’Alzheimer (MA) et la démence fronto-temporale (DFT) avec toutefois de possibles différences d’intensité et de mécanismes qui ont été peu étudiées.
...Quantifier et caractériser l’anosognosie dans la MA et la DFT en comparant des scores obtenus à partir d’échelles cliniques et en étudiant les corrélations de l’anosognosie avec des scores cognitifs et le volume cortical.
Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique. Les patients inclus avaient un diagnostic de MA définie par des critères clinico-biologiques et de DFT sur des critères cliniques, métaboliques (TEP au FDG) et biologiques (négativité des biomarqueurs du LCS). L’anosognosie a été évaluée par le questionnaire de plainte mnésique de Mc Nair et l’échelle de Cambridge, renseignées séparément par le patient et un membre de sa famille, la différence de scores entre les deux (aidant–patient) constituant le reflet de l’anosognosie.
Cent cinquante-cinq patients ont été inclus (n=96 MA, n=59 DFT). Des scores d’anosognosie plus élevés dans le groupe DFT que dans le groupe MA sont observés. Dans le groupe MA, l’anosognosie est associé à la sévérité du déficit en mémoire épisodique, et dans la DFT à la sévérité de l’atteinte des fonctions exécutives (score du TMT-B). En IRM nous observons dans la MA (n=26) une corrélation sur cerveau entier entre le score d’anosognosie et le volume du cortex temporo-pariétal droit.
La mesure de l’anosognosie rencontre des défis méthodologiques, apprécier ses différentes composantes (anosognosie des troubles mnésiques, psychosociaux, de l’autonomie) et sa mesure quantitative. Cela semble être un symptôme hétérogène dans sa sévérité et sous-tendu par des mécanismes cognitifs distincts dans la MA et la DFT. Dans la MA, si les régions corticales associées sont diverses, l’implication de l’hémisphère droit semble constante.
Ces résultats incitent à approfondir l’étude des substrats de l’anosognosie et de son profil évolutif au cours du temps en vue d’une meilleure prise en charge des patients et de leurs familles.