Le XVIIIе siècle a été une époque où les relations culturelles entre la France et la Russie étaient particulièrement vivantes. La Russie sous le règne de l'impératrice Catherine II s'ouvre à ...l'Occident et assimile les idées des Lumières françaises, portant attention tant aux questions politiques et sociales que philosophiques et littéraires. Parmi les questions qui ont suscité peut-être le plus d'intêret auprès du public russe se trouve le fameux débat philosophique entre Voltaire et Rousseau sur la Providence. Le présent article a pour objectif d'étudier l'impact de cette polémique sur la pensée russe et sa réception dans l'œuvre de Vasily Alekseevich Levshin, un des représentants des Lumières russes. Au centre du différend auquel Levshin aura à se rapporter se trouve le problème métaphysique du mal - inconciliable, selon Voltaire, avec la bonté de Dieu.
Imaginons donc qu'un agent possede - sans que l'on sache par quel heureux hasard - tous les Vermeer du monde dont il serait seul a jouir ; ou, pour se dispenser de toute référence a des ressources ...externes, imaginons qu'il soit pourvu d'un talent de chanteur dont il jouit sans en tirer aucune rémunération ; ou méme qu'il soit l'objet d'un amour dont il tire un bonheur que tous désirent. Des dotations inégales sont comprises comme une exploitation lorsqu'elles ont pour origine non pas un don mais une spoliation ou lorsqu'elles produisent une dépendance nécessaire de ceux qui sont désavantagés dans la distribution, de sorte qu'ils ne peuvent survivre sans faire appel a ceux qui sont bien pourvus, lesquels profitent de cette dépendance pour les extorquer. Si le terme d'exploitation désigne le caractere illégitime d'une appropriation des ressources, l'illégitimité étant toujours due a un écart a une norme de justice, l'interprétation des formes d'exploitation mise au jour par MF se révele ambigue, soit que le caractere social de l'injustice n'apparaisse pas de maniere évidente, soit qu'on puisse discerner, dans les jugements des agents économiques, des criteres de jugement - sur les prix pratiqués au regard de normes morales - difficilement compatibles avec les conditions d'équilibre économique. 2.Il est possible que la possession d'un don suffise a porter tort a autrui. Aussitôt que l'on prend l'habitude de se mesurer avec d'autres, et de se transporter hors de soi, pour s'assigner la premiere et meilleure place, il est impossible de ne pas prendre en aversion tout ce qui nous surpasse, tout ce qui nous rabaisse, tout ce qui nous comprime, tout ce qui étant quelque chose nous empeche d'etre tout Rousseau, 1959, p. 806.
Dans Rousseau et la Bible, Geneviève Di Rosa étudie la présence de la Bible dans l'oeuvre de Rousseau, son influence tant au niveau du style que des schèmes de penser. A travers le cas Rousseau, ...l'ouvrage vise à renouveler notre vision du siècle des Lumières. In Rousseau et la Bible, Geneviève Di Rosa interrogates the different representations of Jean-Jacques as a reader of the Bible, his rewritings of Biblical narratives and the presence of Christian and Christ-like ways of thinking throughout his work.
Herméneutique et phénoménologie Si les glissements subtils qui relient Accuser et séduire à La Transparence et l'obstacle et permettent de rapprocher ces deux moments de la compréhension de l'oeuvre ...de Jean-Jacques Rousseau pour finir par en déplacer le site, ne concernaient que l'histoire intérieure d'un exégète si profondément et si intimement attaché à une oeuvre qu'on pourrait imaginer Rousseau lui adresser le compliment que formulait Saint Jérôme à un de ses correspondants : un lecteur m'attendait et c'était vous, ils offriraient un chapitre, décisif, certes, mais de portée limitée, interne à l'aventure d'un critique immense qui restera comme l'un des rares à avoir signé sous la forme de l'essai une oeuvre critique2, transformant l'herméneutique en un véritable art de comprendre les textes, les arts et les institutions des hommes3. Il existe chez Rousseau un véritable lien d'essence entre anthropologie passionnelle et théorie de l'expression car s'il apparaÎt clairement pour Rousseau que l'origine du langage est précisément la passion amoureuse, on ne saurait négliger que la passion, à son tour, trouve son origine dans l'expression.
Aussi l'ouvrage part-il d'un essai consacré au Discours sur les sciences et les arts, afin d'analyser ensuite le rapport entre Jean-Jacques et son public, expliqué avec précision dans l'introduction ...de l'ouvrage, *< L'indignation de la vertu ». De plus, tout au long du livre, Jean Starobinski est attentif à souligner les qualités de composition bien présentes derrière le flux apparemment désordonné de la parole de Diderot, ainsi que les multiples échos, formels aussi bien que thématiques, que l'on retrouve d'une oeuvre à une autre : par exemple, le chiasme s'avère être une figure essentielle aussi bien dans le Neveu que dans Jacques, et le mauvais goût des *< gros financiers », qui constitue un motif important du Neveu, reparaît comme repoussoir dans les Salons.
En règle générale, l’usage du mot “barbare” est régi par ceux qui l’énoncent. Au cours de l’histoire, le terme a souvent été employé en Occident pour désigner tous ceux qui n’appartenaient pas au ...monde hellénique, romain ou chrétien. Or, notre étude ne cherche pas à réitérer, après Edward Said, la dénonciation de la fausseté des représentations occidentales à l’égard de l’Orient. Elle tente plutôt de démontrer, en revanche, que ces représentations doivent être examinées dans un contexte transculturel plus vaste où les Orientaux ont leurs rôles à jouer. Pour mieux saisir cette transculturalité, la célèbre dispute qui oppose Voltaire et Rousseau sur l’histoire de la Chine nous semble constituer un exemple particulièrement intéressant. Dans un premier temps, nous nous proposons d’analyser la manière dont la Chine et la Tartarie sont représentées dans les écrits de Voltaire et Rousseau. L’un étant fondamentalement “sinophile” et l’autre farouchement “sinophobe,” les deux philosophes portent en effet des regards radicalement différents sur les conflits récurrents qui ont opposé, au cours de l’histoire, les dynasties chinoises aux peuples tartares avoisinants. Puis, à travers une enquête philologique, nous montrons que les points de vue si contrastés que les deux philosophes développent sur les Chinois et les Tartares sont largement déterminés par les sources auxquelles ils se réfèrent: les écrits des Pères Jésuites pour Voltaire, les écrits des explorateurs en ce qui concerne Rousseau; ces sources premières exercent une importante influence sur la façon dont Voltaire, d’une part, et Rousseau, d’autre part, conçoivent l’impact de la civilisation sur l’histoire des sociétés humaines. Enfin, nous montrons que les perspectives en miroir de Voltaire et Rousseau sur la Chine et la Tartarie ne relèvent pas uniquement d’un imaginaire européocentrique des Lumières.
À une certaine distance la célèbre déclaration de Lévi-Strauss dans "Tristes tropiques" : "Rousseau, notre maître, Rousseau, notre frère," réitérée sept ans plus tard, ne laisse de surprendre, au ...moins partiellement, le familier de Jean-Jacques. Certes nous constatons les affinités du premier avec le second : dans l’empathie pour les "simples," dans le programme "d’expier la Renaissance" et cet universalisme aussi étroit qu’arrogant et dominateur qui s’est malheureusement prolongé jusqu’aux doctrines évolutionnistes. Nous reconnaissons aussi, avec l’anthropologue français, la pertinence inédite et inaugurale de la méthode du Discours sur l’origine de l’inégalité qui permet d’éviter les pièges de l’exotisme, lequel soit animalise soit idéalise le primitif : une méthode que l’on peut considérer comme n’étant rien de moins que la fondation de l’ethnologie un siècle avant son essor. Ces deux aspects étant liés, Lévi-Strauss peut voir en Rousseau à la fois "un frère" qui partage des sentiments communs pour les autres hommes et "un maître" qui indique le moyen d’articuler ces sentiments avec une méthode de connaissance. Enfin, on peut voir ces convergences de l’un à l’autre se prolonger dans la compréhension de la dimension affective et combinatoire du langage et de la musique et l’intérêt commun pour la classification des espèces naturelles qui s’exprime chez Rousseau.
Les empiristes du XVIIIe siècle mettent en gardent contre l’essentialisme qui confond les notions abstraites créées par l’esprit avec les êtres véritables. Contre ce travers philosophique, ils ...inventent la « méthode analytique » qui retrace progressivement le développement des abstractions à partir d’une origine possible. Je montre comment Rousseau, redéfinissant les notions d’origine et de développement naturel, s’empare de cette méthode dans ses récits de genèses pour en faire, dans l’Émile et sa Julie, une manière de reformer son lectorat. L’article examine aussi la manière dont Rousseau fait usage de la fiction dans un projet philosophique qui naturellement la refuse