Comment lire Rousseau ? La réponse à une telle question exige que l'on passe outre à certaines pudeurs, en tout cas que l'on rompe certains silences qui arrangent assurément tout le monde mais qui ...font offense à la vérité. Rousseau lui-même tient à nous faire savoir qu'il se risque en terrain scabreux. Il forme, dit-il, une entreprise « qui n'eut jamais d'exemple ». Non qu'avant lui personne ne se soit raconté. Mais personne n'avait osé dévoiler cet irracontable que chacun pourtant héberge en soi, noyau de notre « je » en même temps que clé du « moi universel ». À cet égard, sa tentative entend instaurer un nouveau type de rapport humain, débarrassé de la pesanteur de la norme, exclusivement fondé sur la confession de la singularité. Confession surtout d'une solitude qu'il devient enfin possible d'assumer, dans la mesure où elle se révèle comme le seul point de rencontre authentique avec autrui.
Dans l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron, dernier texte publié de son vivant, Diderot dresse un portrait élogieux du philosophe Sénèque, dont l'action et les préceptes devraient être, selon ...son apologiste, l'objet d'une égale admiration. Exploitant l'opinion des uns, contestant les parti-pris des autres, le défenseur du sage stoïcien tente de donner de l'éclat à l'action du philosophe et de pousser le lecteur à partager son enthousiasme. Toutefois, l'univocité du discours ne peut cacher une interrogation de Diderot sur la réussite du programme qu'il s'est fixé. Cette étude sur l'apologie de Sénèque s'efforce de montrer que ce questionnement est en bien des points comparable à celui qui hante Rousseau dans ses Dialogues. Inquiets de voir certains préjugés prendre la forme de vérités incontestées, Diderot et Jean-Jacques veulent fixer pour la postérité une image favorable, presque idéale de l'homme qu'ils défendent. Dans le sillage d'un auteur dont l'objectif principal est de démontrer son innocence absolue, le défenseur de Sénèque ne se résout pas à ne pas avoir le dernier mot, révélant, au-delà de l'importance d'un enjeu qui dépasse le cadre de l'Antiquité romaine, une facette étrange et inattendue de son personnage.
Le don qui, dépouillé de nos idées de négoce ou de commerce, est bien le « sacrifice inutile », le pari sur l’impossible, l’avenir – le don du rien. La meilleure part de l’homme. Jean Duvignaud, Le ...don du rien La charité est encore blessante pour celui qui l’accepte, et tout l’effort de notre morale tend à supprimer le patronage inconscient et injurieux du riche « aumônier ». Marcel Mauss, Essai sur le don La problématique du don est un thème rémanent dans l’ensemble des écrits de Jean-Jacque...
This article aims to analyse the topic of the journey in Lionel Duroy's autobiographical novels and to find out the connections between these novels and Jean-Jacques Rousseau's Confessions. In order ...to do it, three aspects on this topic are chosen. Firstly, the journey as an initiation rite will be studied in both authors. Secondly, the journey will be associated with the idea of escaping far from life's troubles. Finally, the topic of the journey will be analysed as a way of recovering personal origins and searching for a place to live in. These three aspects illustrate the value of Jean-Jacques Rousseau's legacy, not only regarding the life's transformation into narrative, but also in relation to its ability to question readers artistically.
On chercherait en vain, dans la "Lettre à d’Alembert," une ontologie de l’image telle qu’a pu en établir Platon, dont on sait pourtant qu’il fut une des sources d’inspiration de Rousseau. Celui-ci ...fait à la fois moins et beaucoup plus : il ne s’intéresse pas à l’image en tant que telle, mais à l’image prodiguée par le spectacle et à sa fonction sociale. La "Lettre" représente, à l’évidence, l’aboutissement de la critique des arts, du commerce et du luxe qu’initiait le premier "Discours." On a beaucoup écrit sur la "Lettre"; il nous semble pourtant qu’on a tu l’essentiel. Nous ne prétendrons pas épuiser le contenu de la "Lettre," mais en dégager le noyau théorique en la confrontant avec les quelques lettres de "La nouvelle Héloïse" consacrées au théâtre et à la vie mondaine. Il pourrait être résumé comme ceci: la représentation théâtrale a pour fonction de justifier l’idéologie bourgeoise en l’objectivant.
Jean-Jacques Rousseau écrivain polémique analyse le rôle, la force et le retentissement des conflits autour des oeuvres et de la personne de Jean-Jacques Rousseau. L'examen de ces querelles révèle un ...autre Rousseau : un écrivain polémique, auteur de différends. Jean-Jacques Rousseau écrivain polémique analyzes the ways in which Rousseau's career was constructed in a constant engagement with the practice of polemics and refutation in the fields of politics, religion, and philosophy.
Le paradoxe de Maistre Fiorentino, Francesco
Revue italienne d'études françaises,
12/2013, Volume:
3
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Bien qu’employé, dans la tradition occidentale, par de grands philosophes (surtout des Grecs) et hommes de lettres (de Cicéron jusqu’à Érasme), le paradoxe, à la fin du xviiie siècle, est une forme ...logique et d’argumentation que l’on considère avec précaution, sinon avec méfiance. D’un côté, on en dénonce la parenté avec ce que les logiciens appelaient un « sofisme », soit un raisonnement qui « trompe par des choses fausses, ou par des paradoxes, ou par des solécismes, ou par la tautologie » ...
Si le nom de Jean Starobinski reste invariablement attaché à celui de Genève, une brève parenthèse vient faire exception dans sa biographie. En effet, c’est en 1953, à l’invitation de Georges Poulet, ...qu’il va enseigner durant trois ans au Romance Languages Department de l’Université Johns Hopkins à Baltimore, en qualité d’instructor d’abord, puis d’assistant professor. « Écart fécond » s’il en est, c’est lors de ce court séjour aux Etats-Unis que, nouant littérature, médecine et histoire des idées, il rédige sa thèse sur Rousseau et rencontre des personnalités capitales pour son orientation critique.
C'est un lieu commun de la critique dix-huitiémiste d'opposer les partisans d'Athènes à ceux de Sparte. Cet article préfère se concentrer sur les dissensions au sein du "camp" philospartiate à ...travers trois de ses principales figures (Mably, Rousseau, Helvétius). Le "modèle" spartiate était en réalité très fluide, car il s'agissait d'un enjeu théorique et polémique majeur. Cette brève étude montre que le modèle historique ne peut se subordonner à la philosophie politique. Si l'on refuse de considérer la réflexion sur Sparte comme un discours second, il devient possible de révéler les rapports souvent occultés entre modèle politique et modèle sexuel.