En examinant "Un cas de conscience: dossier de la correspondance", documents qui forment une partie du legs Blish à la Bibliothèque bodléienne, on peut voir comment Blish a gonflé sa nouvelle de 1953 ...pour en faire le livre de 1958. Ces données permettent de conclure, avec l'aide des deux versions publiées du récit, que Blish n'endosse pas totalement l'interprétation à laquelle aboutit son héros le Père Ruiz-Sanchez, à savoir que les extraterrestres lithiens et leur planète constituent un piège satanique (catégorie hérétique qui vient s'ajouter aux trois thèses établies par les Jésuites en ce qui touche aux êtres d'un autre monde par rapport au Christianisme). L'ambiguité est clairement voulue par Blish qui montre l'inadéquation des efforts visant à exonérer les Lithiens ou à lire le roman en termes pleinement chrétiens (ce, en dépit des nombreuses images chrétiennes éparses dans le récit), ou encore par l'équation établie dès le premier chapitre entre la conscience et un ornement amissible. Diverses images correlées de l'emballage et du conteneur qui à la fois protègent et isolent, traversent le roman. Si la conscience est une forme d'écran sociétal, elle n'offre pas de critérium certain, dès lors, pour juger du cas de Lithia et y distinguer l'apparence et la réalité, la surface qui dissimule et la vérité dissimulée. En fin de compte le savoir apparaît comme confondu avec l'acte de foi et l'intention de l'auteur, confondue avec le jeu déconstructif du langage.