Cet ouvrage est consacré aux villes méditerranéennes à l’époque médiévale, de Cordoue jusqu’à Famagouste en passant par Pechina, Aix, Marseille, Avignon, Naples, Palerme, Thessalonique, ...Constantinople et Fustat. Ces villes, qui ont le plus souvent hérité d’un long passé enraciné dans l’Antiquité, sont parfois des créations de l’époque médiévale. Certaines ont bénéficié de leur situation au croisement des routes maritimes, d’autres se sont hissées au rang de capitale royale ou impériale, d’autres encore se sont épanouies grâce à l’afflux de populations réfugiées, d’autres, enfin, ont eu un rayonnement religieux inégalé - à moins qu’elles aient connu l’ensemble de ces faveurs. Multiples facettes d’un monde méditerranéen urbain souvent troublé mais qui présente des caractères communs au-delà de la diversité : capitales où résident les souverains ; villes qui ébauchent un système communal ou jouissent d’une organisation municipale développée ; cités où le passé gréco-romain s’estompe dans le tracé urbain au fil des constructions médiévales et du développement de l’urbanisation ; ports où les marchands s’affairent, où des populations d’origines diverses se croisent, où l’industrie et la construction se développent au rythme des échanges ; villes en effervescence culturelle et artistique alimentée par le mouvement continu des voyageurs, ambassadeurs et missionnaires entre l’Orient et l’Occident ; villes en devenir ou en passe d’être frappées par les armes ; villes dynamiques parfois secouées par des crises violentes dues à un essor trop rapide, à l’inégalité sociale, l’angoisse des populations à l’aube de l’un des plus grands bouleversements géopolitiques de l’histoire méditerranéenne… Telles sont les villes que nous font découvrir les vingt-deux contributions de cet ouvrage.
La civilisation byzantine a marqué durablement de son empreinte les hommes et les sociétés du Sud-Est de l’Europe. Après la chute de Constantinople en 1453, cette civilisation fut dissociée de l’État ...qui lui avait servi de cadre pendant plus d’un millénaire, l’Empire byzantin. Contraints par un nouveau pouvoir substitué à l’ancien, celui de l’Empire ottoman, les héritages de Byzance n’en disparurent pas pour autant. Ils cheminèrent dans les mémoires et les coutumes, dans l’histoire et la foi, dans des institutions formelles ou informelles. Et quand les peuples anciennement soumis à l’Empire byzantin ou sujets à son influence s’affirmèrent comme nations, quand ils entreprirent d’écrire leur passé et de se projeter dans un avenir européen – à partir des Lumières et plus encore aux XIXeet XXe siècles –, Byzance fut naturellement repensée, réévaluée, réinventée. L’ambition de ce volume collectif est d’étudier, de façon comparée et grâce à des études de chercheurs de tous pays, l’histoire de la mémoire de Byzance dans les sociétés sud-est européennes. Une conclusion s’en dégage : plus qu’une nostalgie et mieux qu’une curiosité, Byzance apparaît comme l’un des fondements de notre Europe contemporaine.
Nous tentons une approche de la ville de Thessalonique dans la seconde moitié du xive siècle, à travers l’exemple d’un bâtiment religieux l’église du Prophète Élie. Ce monument, qui a déjà fait ...l’objet de nombreuses recherches quant à sa datation et son identification, permet de nous livrer à des interprétations précises, tant au niveau symbolique et politique qu’au niveau de la morphologie dynamique et de l’urbanisme de la ville. L’église, bâtiment de la fin du xive siècle, est probablement le fait d’une donation impériale – d’après nous, de Manuel II Paléologue –, dont on sait que le parcours politique est associé à Thessalonique, de 1370 à 1387. Dans le narthex la représentation du Massacre des Innocents, thème sans rapport avec le reste du programme iconographique et peu répandu dans l’art byzantin, peut être interprété comme une représentation des événements politiques et historiques de cette période difficile et si cruciale. Enfin, la confrontation avec les sources historiques et littéraires offre un ensemble d’éléments nouveaux, qui nous confortent dans l’opinion que la datation du monument doit être révisée (1380-1384 ou au plus tard de 1387).
En Grèce dans l’entre-deux-guerres, un regain d’intérêt pour l’histoire nationale a conduit à reconsidérer l’architecture byzantine. Ce phénomène s’accompagne de l’émergence du style néobyzantin. Son ...développement ne fut pas aussi considérable que celui du style néoclassique. Toutefois, on trouve des exemples dans des domaines aussi divers que surprenants : établissements scolaires, banques, pavillons internationaux… Cet essor est lié aux courants intellectuels de l’époque et en rapport étroit avec le « retour aux sources » de la culture grecque, qu’on a aussi appelé la « grécité ». Cette question occupa les architectes, en particulier Aristotélis Zachos (1872-1939), qui s’appuie sur une étude solide de l’héritage architectural de Byzance. D’autres intellectuels suivront les traces de Zachos dans les années 1920-1930. Des exemples d’architecture néobyzantine apparaissent aussi bien dans l’architecture religieuse que dans l’architecture civile, et dans certaines villes où ses principes semblent appliqués à l’échelle du plan et de l’unité urbaine.