Since the 1990s, Indonesia has been confronted with the growing influence of a radical Islamist movement that challenges the state doctrine (Pancasila), which was adopted in 1945, and demands a ...greater place for Islam, which is the religion of nearly 90 per cent of the population. The hardline groups wish to call into question the Indonesian state’s pluralistic and inclusive religious identity, which they see as a conspiracy hatched by the Christian minority to deprive the Muslim majority of its ostensible rights. The Society of Jesus, which has been present in Java since the nineteenth century, is considered by Islamist critics as the main architect of this alleged plot. Furthermore, one of its members, Father Josephus Beek, is presented by Islamist radicals as one of the founders of the New Order (1966–1998), the regime led by General Suharto which was very hostile to political Islam in its early days. This article analyses how the Society of Jesus was able to integrate Catholicism into the Javanese spiritual landscape and explores the subsequent roles played by Jesuit leaders in the genesis and defence of Pancasila. It also sheds light on how Josephus Beek’s very real manoeuvres have provided fodder for militant Islamist circles seeking to delegitimate Indonesia’s secular status quo.
The Masyumi Party, which was active in Indonesia from 1945 to 1960, constitutes the boldest attempt to date at reconciling Islam and democracy. Masyumi proposed a vision of society and government ...which was not bound by a literalist application of Islamic doctrine but rather inspired by the values of Islam. It set out moderate policies which were tolerant towards other religious communities in Indonesia. Its achievements were nonetheless precarious: it was eventually outlawed in 1960. Many of its leaders then turned to integralism, a radical doctrine echoing certain characteristics of 19th-century Catholic integralism, which contributed to the advent of Muslim neo-fundamentalism in Indonesia. This book examines the Masyumi Party from its roots in early 20th-century Muslim reformism to its contemporary legacy.
La condamnation par un tribunal de Jakarta, en mai 2017, de Basuki Tjahaja Purnama, dit « Ahok », à deux ans de prison pour blasphème assortie de son incarcération immédiate eu un retentissement ...international et constitua un choc brutal pour une partie de l’opinion indonésienne. Gouverneur sortant de la capitale (et faisant donc fonction de maire), candidat malheureux à sa propre succession, ce chrétien d’origine chinoise, proche de Jokowi, incarnait pour ses partisans le renouveau politique indispensable à la poursuite de la Reformasi. En replaçant l’affaire Ahok dans l’histoire de la transition politique indonésienne et en s’attachant à dénouer l’écheveau des logiques à l’œuvre dans leur temporalité, cet article relève, aux côtés des indices témoignant de la progression d’un fondamentalisme mou, les signes de la poursuite d’une avancée démocratique.
Plus de cinquante ans après les faits, près de vingt ans après la chute de Suharto, la seule véritable démocratie d’Asie du Sud-Est et l’une des rares du monde musulman peine encore – c’est un ...euphémisme – à étudier sereinement le traumatisme de 1965. Longtemps empêché par la propagande d’un Ordre nouveau dont ces massacres constituaient le péché fondateur, le travail scientifique demeure aujourd’hui encore entravé par une instrumentalisation politique grossière qui hypothèque la tenue de la ...
This volume looks at the secular state in the context of contemporary Asia and investigates whether there existed before modernity antecedents to the condition of secularity, understood as the ...differentiation of the sphere of the religious from other spheres of social life. The chapters presented in this book examine this issue in national contexts by looking at the historical formation of lexicons that defined the "secular", the "secular state," and "secularism". This approach requires paying attention to modern vernacular languages and their precedents in written traditions with often a very long tradition. This book presents three interpretive frameworks: multiple modernities, variety of secularisms, and typologies of post-colonial secular states.
Aux yeux de la plupart des observateurs – qu’ils soient indonésiens ou étrangers, journalistes ou universitaires – les élections présidentielles de 2014 en Indonésie, donnèrent lieu à un affrontement ...homérique opposant des candidats représentant deux versions radicalement différentes d’une même critique de l’évolution politique de l’Archipel. Parvenue au bout de ses contradictions – une démocratie institutionnellement irréprochable mais largement confisquée par un népotisme tout empreint de la culture politique du régime Suharto – la Reformasi semblait prête, en 2014, à s’abandonner aux vertiges du populisme rétrograde qu’incarnait Prabowo Subianto. Cependant, la croissance économique, les acquis de la liberté d’expression et surtout l’émergence, dans le cadre de la décentralisation, d’une génération capable de construire un nouveau lien avec le peuple offrirent, à point nommé, une alternative progressiste à cette désillusion. Joko Widodo dit Jokowi, gouverneur de Jakarta ancien maire de Solo et issu d’un milieu très populaire fut élu, en juillet 2014, septième président de la République d’Indonésie. L’immense espoir soulevé par cette élection a cependant été en partie déçu. Bousculant les habitudes d’une étroite élite politique, Jokowi a du affronter, jusqu’au sein de son propre parti, de puissantes résistances qui l’ont contraint à établir une hiérarchie délicate et contestée dans la mise en œuvre de son programme.
Au-delà de la grande variété et de l’enchevêtrement des registres religieux de la révolte, trois grandes phases successives peuvent être distinguées dans les rébellions islamiques d’Asie du Sud-Est. ...Les premières furent avant tout des mouvements de résistance à l’avancée de l’ordre colonial, au cours d’un long xixe siècle qui vit les prétentions européennes sur ces territoires se transformer en contrôle effectif. Elles mobilisèrent un référent religieux, au nom d’un ordre ancien considéré comme légitime et menacé. Les secondes, plus populaires et moins organisées, naquirent de l’échec des précédentes et articulèrent, autour de thèmes millénaristes, une contestation du ralliement des élites à cette domination européenne. À l’orée du xxe siècle, un nouveau type de rébellion vit le jour : il procédait d’un retournement des valeurs proclamées par l’Occident en faveur de l’émancipation des peuples dominés. Ce nationalisme fut nourri de diverses idéologies et le réformisme musulman, concordisme de combat, en constitua la déclinaison islamique. Aux révoltes armées succéda, après la Première Guerre mondiale, un mouvement politique, éducatif et social qui, pour l’essentiel, troqua une lutte armée trop inégale contre une résistance politique, intellectuelle et culturelle exploitant habilement les contradictions de l’associationnisme colonial.
Cet article explore la place de la tragédie de 1965 dans la mémoire collective indonésienne depuis la chute de l’Ordre nouveau en 1998. Malgré un renouveau historiographique considérable, l’Indonésie ...de la Reformasi peine à réécrire le récit officiel du « coup du 30 septembre » et à mettre à bas l’escroquerie mémorielle qui entoure, encore aujourd’hui, les massacres de 1965-66. Malgré la libération de la parole universitaire, l’ouverture de nouveaux fonds d’archives et le travail remarquable de diverses associations, la persistance de cette mémoire tronquée et la frilosité des autorités en la matière disent beaucoup des survivances de l’Ordre nouveau et du caractère inachevé de la transition politique indonésienne.
Au tournant du vingtième siècle, abandonnant les centres urbains de la colonie néerlandaise, une poignée de missonnaires jésuites s’installèrent dans l’arrière pays javanais. Sur ces terres réputées ...musulmanes, la Compagnie de Jésus fut à l’origine d’un étonnant succès. Marchant sur les traces des missionnaires protestants, ses représentants parvinrent, en quelques décennies, à implanter solidement leur religion en terre d’islam. De quelques centaines au début du siècle, le nombre de catholiques javanais atteignit près de 80 000 en 1939 (ils sont aujourd’hui près de deux millions), un cas sans équivalent à l’échelle du monde islamique. Cette implantation réussie du catholicisme à Java fut, bien sûr, le fruit de ce que les missionnaires jésuites « donnaient à croire » et que l’on peut appréhender au travers des nombreux écrits (lettres, souvenirs, articles de revues) qu’ils ont laissés. Mais, dans une société très peu alphabétisée où les barrières de langue demeuraient considérables, ce qu’ils « donnaient à voir » joua également un rôle majeur.