Bien souvent dans la vision médiévale le monde des morts mérite à peine le nom d’Au-delà que nous lui donnons habituellement, tant sont perméables les frontières qui le séparent des vivants. C’est ...autour de cette évidence que sont ici rassemblées dix-huit articles qui nous offrent chacun à sa manière une transfiguration du temps, dans tous les sens de cette expression. En voici quelques exemples : le cadavre qui saigne en présence de son meurtrier fait entendre la Voix du sang ; sur le châtiment des parricides condamnés à l’errance perpétuelle flotte le syndrome de Caïn ; au fond des historiettes de Thomas de Cantimpré gît ce grand secret que tout a un sens, mais combien cette lumière est équivoque ! Dans les Regrets de la comtesse d’Alençon (+ 1292) la mourante triomphe de l’angoisse en lançant son cri : « Avec vous, Sire, droit comme ligne ! » Etc., etc. Et l’on aboutit ainsi à la conclusion d’Aaron J. Gourevich dans son livre L’image du monde chez l’homme médiéval (1980) (De cette manière) « la vie perd son caractère hasardeux et passager. Elle est insérée dans l’éternité et obtient par là un sens plus élevé... Le passé et l’avenir ont une valeur plus grande que le présent, ce temps éphémère ! ».
Bien souvent dans la vision médiévale le monde des morts mérite à peine le nom d’Au-delà que nous lui donnons habituellement, tant sont perméables les frontières qui le séparent des vivants. C’est ...autour de cette évidence que sont ici rassemblées dix-huit articles qui nous offrent chacun à sa manière une transfiguration du temps, dans tous les sens de cette expression. En voici quelques exemples : le cadavre qui saigne en présence de son meurtrier fait entendre la Voix du sang ; sur le châtiment des parricides condamnés à l’errance perpétuelle flotte le syndrome de Caïn ; au fond des historiettes de Thomas de Cantimpré gît ce grand secret que tout a un sens, mais combien cette lumière est équivoque ! Dans les Regrets de la comtesse d’Alençon (+ 1292) la mourante triomphe de l’angoisse en lançant son cri : « Avec vous, Sire, droit comme ligne ! » Etc., etc. Et l’on aboutit ainsi à la conclusion d’Aaron J. Gourevich dans son livre L’image du monde chez l’homme médiéval (1980) (De cette manière) « la vie perd son caractère hasardeux et passager. Elle est insérée dans l’éternité et obtient par là un sens plus élevé... Le passé et l’avenir ont une valeur plus grande que le présent, ce temps éphémère ! ».
Vrai journal, tenu par un vrai curé de campagne, ce document nous vient d’un village situé sur la frontière belge, dans l’ancien Tournésis, Rumegies (Nord, arrondissement de Valenciennes, commune de ...Saint-Amand-les-Eaux). Là, vécut, au tournant des xviie et xviiie siècles, le curé Alexandre Dubois, qui dirigea sa paroisse pendant 53 ans (1686-1739), partageant en tout les joies et les épreuves de son troupeau, dans une région où des guerres atroces achevaient de fixer les limites de la France. Dans le Journal qu’il tint pendant environ 25 ans, on voit revivre avec une extrême précision un de ces petits groupes humains qui échappent généralement aux prises de la science et qui pourtant constituent la substance même du passé. On lie connaissance avec un prêtre droit, rigide même et pourtant plein de passions et de préjugés. On découvre dans un cadre restreint les contrecoups parfois tragiques des malheurs et des controverses de ce temps. Le lecteur ne pourra plus oublier certains cris de douleur devant des excès de misère : « On était las d’être au monde » (1694) ou « Le Jugement dernier sera-t-il plus effroyable ? » (1709). Aux historiens d’utiliser cette riche matière. Ce document saisissant méritait une nouvelle édition, les deux premières qui datent de 1965 (Paris, Le Cerf) et 1997 aux Presses Universitaires du Septentrion étant tout à fait épuisées.
L'historien, on le sait, peut trouver son bien dans les endroits les plus inattendus. C'est ainsi qu'un traité religieux et moral comme Le livre des abeilles de Thomas de Cantimpré (XIIIe siècle) ...peut fournir, grâce aux historiettes dont il est truffé (les exempla) de précieuses informations sur la société du temps et donc sur la vie rurale. On y découvre sans surprise, mais de manière très vivante, l'importance du moulin et de la forge, sources de richesse mais aussi de péché ; on voit dans la campagne le troupeau communal sous la garde d'un bouvier aux étranges pouvoirs, tandis qu'au jour de la dédicace (la « ducasse ») toute la population danse et chante etc.. La moisson (c'est bien le cas de le dire) pourrait être indéfiniment prolongée ; qu'on se reporte à la traduction qui vient d'en être proposée !
Taferelen uit het landleven uit het Liber de Apibus van Thomas de Cantimpré.
Een historicus vindt zijn stof soms op onverwachte plaatsen. Zo omvat een religieus en moreel tractaat als Liber de Apibus van Thomas de Cantimpré (13de eeuw), in de exempla (kleine verhalen) nuttige informatie over de maatschappij en het landleven. Men ziet er, niet verwonderlijk, maar zeer levendig, het belang van de molen en de smederij, bronnen van rijkdom en van zonde. Op het land is er gemeentelijke kudde bewaakt door een koeherder met vreemde macht, terwijl de dag van de kermis de hele bevolking danst en zingt. De oogst zou eeuwig kunnen duren ; kijk maar naar de voorliggende vertaling.
Scenes of Rural Life Through Thomas de Cantimpré's Liber de Apibus.
The historian can, as everybody knows, find his own in the most unexpected places. This is how a moral and religious treaty like Thomas de Cantimpré's Liber de Apibus (XIIIth century) can provide, thanks to the many stories it contains (the exempla) precious information about the society of the time and thus on rural life. One discovers there, with no surprise though in a very lively way, the importance of the mill and of the blacksmith's, sources of wealth but also of sin ; one sees in the country the communal herd under the guardianship of a cowherd endowed with surprising powers, while on dedication day (the « ducasse ») all the population dances and sings etc... That harvest (so to speak) could be endlessly carried on ; let us refer you to the translation that has just been proposed !
Platelle Henri. Une vision médiévale : les historiettes du Livre des abeilles de Thomas de Cantimpré (XIIIe siècle). In: Bulletin de la Classe des lettres et des sciences morales et politiques, tome ...10, n°1-6, 1999. pp. 13-46.
Qu'on n'attende pas ici une étude exhaustive d'un groupe social émietté et diversifié, tant par ses origines, sa formation intellectuelle que par les fonctions exercées par ses membres. Le rapport ...introductif en souligne les clivages, tout en notant quelques traits communs : la jouissance d'un statut apportant immunité judiciaire et fiscale, mais qui suscite plus de critiques que de considération, en raison de l'écart entre l'idéal évangélique, souvent recherché, et la conduite des clercs, trop souvent relâchée. Du royaume de France à la Scandinavie, de la péninsule ibérique à Constantinople. surgissent les images contrastées des clergeons de cathédrales, des prêtres-filleuls formant une véritable plèbe ecclésiastique, des curés ruraux mal instruits, des dignitaires de chapitres et des évêques qui s'efforcent, tant bien que mal, de veiller au bon fonctionnement des institutions, de contrôler les mœurs du clergé et de lui assurer une médiocre formation continue, afin qu'il puisse mieux répondre à l'idéal sacerdotal. Les diverses communications qui suivent cherchent donc à préciser l'image du clerc dans la société médiévale, le recrutement, la formation, le ministère pastoral, à comprendre aussi comment, par delà la diversité des fonctions et les distances sociales, les clercs séculiers forment un corps, le cœtus clericorum, qui se regroupe dans des confréries ou dans des quartiers urbains spécifiques, étudiés par notre regretté collègue, Jean-Charles Picard, dont ce fut l'une des dernières interventions parmi nous. Si un ouvrage d'ensemble sur le clergé séculier au Moyen Âge est encore prématuré, il faut souhaiter que les contributions ici réunies permettent au lecteur de mieux comprendre la vie foisonnante d'un groupe essentiel de la société médiévale, dans ses idéaux comme dans ses contradictions.
Platelle Henri. « Mirabilia » judiciaires sur le thème de la rigueur et du pardon (Valenciennes, XIVe siècle). In: Revue du Nord, tome 81, n°329, Janvier-mars 1999. p. 137.