S'intéresser aujourd'hui aux infections sexuellement transmissibles (IST) tropicales, c'est appréhender les risques de demain. L'arrivée de la variole du singe, à l’été 2022, a confirmé le risque ...d'exportation, par les voyageurs, d'IST aussi tropicales que l'infection VIH/sida a pu l’être à son origine. Certains dangers sont déjà bien identifiés. Les IST classiques restent nombreuses sous les tropiques et rien n'indique qu'elles sont en décroissance. La résistance aux antibiotiques est croissante pour le gonocoque, déjà bien installée pour
Mycoplasma genitalium,
et en devenir (incertain) pour la syphilis. Certaines viroses tropicales (Zika, Ebola, variole du singe) peuvent aussi être sexuellement transmissibles, et parfois des mois après la guérison (Ebola). Dans ce contexte, l’élargissement des indications de la PrEP aux migrants, et sa diffusion en Afrique méritent d’être discutés au-delà des cercles traditionnels.
Face à une prévalence toujours élevée du VIH dans certaines populations, des moyens innovants de prévention biomédicale ont récemment été mis en place remettant ainsi au cœur du débat la question de ...l’accompagnement dans la gestion de l’adhésion au traitement. Ce qui distingue ces approches par rapport aux travaux classiques sur ces thématiques renvoie au fait que les populations concernées ne sont pas malades. L’objectif de cette étude est donc d’évaluer la satisfaction liée à l’accompagnement médical et communautaire mis en place dans l’essai ANRS-IPERGAY. Dans le cadre de cet essai, des entretiens individuels ont été conduit auprès des médecins de l’essai et des participants à la recherche. Des entretiens collectifs ainsi que des focus groups ont également été menés auprès des participants. Une analyse thématique de contenu a été réalisée sur les deux corpus avec pour objectif d’investiguer les discours relatifs à l’accompagnement proposé dans l’essai. L’analyse du discours des différents acteurs souligne les points forts de l’évaluation de l’accompagnement à la fois du point de vue des participants ainsi que des médecins. L’interprétation des résultats est faite en lien avec les nouvelles formes d’éducation du patient, nécessaire au déploiement de la prévention médicalisée.
The recent implementation of innovative biomedical preventive approaches to combat the continued high prevalence of HIV among certain populations, has refocused attention on the question of support in the management of treatment adherence. What distinguishes these approaches from classic research on similar themes is that the populations concerned are not HIV positive. The objective of this study was to assess participant and physician satisfaction with medical and community support provided in the ANRS-IPERGAY trial. As part of this trial, individual interviews were conducted with physicians and with HIV-negative participants involved in the trial. Collective interviews and focus groups were also conducted with the participants. A content thematic analysis was performed on the full two corpuses’ data, with the aim of investigating discourse themes regarding the support offered as part of the trial. The discourse analysis of the HIV-negative participants and physicians underlined their satisfaction with many aspects of the medical and community support provided during the trial. The results were interpreted with respect to new forms of patient education necessary for the implementation of the medicalized prevention.
Le groupe Facebook PrEP’Dial est une arène semi-publique de discussion et d’échange d’informations et d’expériences sur un nouvel outil de prévention du VIH/sida, la prophylaxie pré-exposition au VIH ...(PrEP). PrEP’Dial a été créé par l’association AIDES en 2015, qui en anime le contenu et en cadre les interactions. Cette contribution propose d’éclairer les enjeux de l’institutionnalisation de PrEP’Dial sur la participation aux discussions. À partir d’une ethnographie inspirée de méthodes d’analyse du web, on s’attache à caractériser l’arène semi-publique qu’est PrEP’Dial et à en analyser la gestion et le fonctionnement. On montre qu’au fil du temps et des transformations de la prévention du VIH/sida, la participation au sein de PrEP’Dial évolue : le rôle de AIDES s’apparente davantage à un service de prévention, le débat se fait de plus en plus rare, laissant une place plus importante au support entre les membres du groupe.
Les personnes les plus informées des modes de prévention à l’égard de la contamination par le VIH, les hommes ayant une sexualité avec d’autres hommes (HSH), restent en France la population ayant le ...plus grand nombre de nouvelles déclarations de contaminations au VIH.
Comprendre en quoi ces individus sont spécifiques dans leurs dispositions à s’engager dans des comportements sexuels les exposant au VIH et aux IST.
Analyse qualitative des entretiens recueillis auprès 16 hommes informés et investis dans la lutte contre le VIH témoignant de leur contamination dans le cadre de leur activité sexuelle avec d’autres hommes.
Les connaissances en santé n’interagissent pas directement avec les comportements sexuels qui suivent principalement des motivations de recherche du plaisir. Les connaissances en santé sont suivies et mises en acte si elles apparaissent rationnellement en accord avec la recherche du plaisir.
Les connaissances en matière de prévention des maladies sexuellement transmissibles ne suffisent pas au déploiement de conduites sexuelles favorisant la protection de la santé. Nos analyses plaideraient pour l’intégration des subjectivités, des répertoires érotiques et du plaisir sexuel présents dans les vies sexuelles, dans les approches de prévention du VIH et plus globalement de santé sexuelle.
Men who have sex with men (MSM), most informed about how to prevent HIV infection, remains in France the population with the highest incidence of new HIV infection reports.
To understand how these individuals are specific in their willingness to engage in sexual behaviors that expose them to HIV and STIs?
Qualitative analysis of biographical interviews with 16 informed men involved in the fight against HIV who reported being infected through their sexual activity with other men.
Health knowledge does not directly interact with sexual behaviors that mainly follow pleasure-seeking motivations. Health knowledge is monitored and acted upon if it appears rationally in accordance with the pursuit of pleasure.
Knowledge about the prevention of sexually transmitted diseases is not sufficient to develop sexual behaviors that promote health protection. Our analyses would argue for the integration of subjectivities, sexual pleasure and erotic repertoires present in sexual lives in HIV prevention and sexual health approaches.
Séropo super héros Ohayon, M.
Sexologies : European journal of sexology,
July-September 2019, 2019-07-00, Letnik:
28, Številka:
3
Journal Article
Recenzirano
L’évolution du pronostic de l’infection par le VIH et l’impact des stratégies biomédicales sur la prévention de la transmission ont renforcé la singularité de la situation des hommes vivant avec le ...VIH à l’intérieur des minorités homosexuelles. Au fur et à mesure que la question des devoirs, centrés sur la prévention, glissait vers celle du pouvoir, le séropositif, héros martyr des années 1980–1990 est devenu celui qui s’est affranchi de la peur du sida. La charge virale indétectable, standard du traitement, rend l’individu lui-même indétectable voire invisible. Au sein d’un groupe profondément marqué par l’histoire du sida, il s’agit là de superpouvoirs. Le séropo est donc devenu un superhéros. La clinique sexologique des gays vivant avec le VIH dit autre chose. Au-delà des adaptations bien connues de la sexualité, qu’il s’agisse d’une abstinence imposée, d’une modification des rôles sexuels, d’une limitation des relations à des partenaires de même statut ou de la constitution de couples parfois à tout prix, les gays séropositifs semblent aujourd’hui devoir négocier avec cette image qu’on leur a imposée, dans un contexte où la rencontre sexuelle adopte de plus en plus un modèle néolibéral. Injonction à jouir, à ne pas avoir de problème, à être satisfait de ces superpouvoirs acquis malgré soi, dans un contexte où l’invisibilité est exigée, n’aident pas les séropos à réparer les conséquences de leur infection sur leur sexualité. En adoptant les comportements qui leurs sont attribués, certains exercent leurs superpouvoirs et transgressent tous les interdits (pratiques sexuelles, drogues) pour pouvoir, enfin, ressentir à nouveau quelque chose. Il est probable que nos superhéros ne le sont que dans le regard des autres. La prise de distance des gays avec l’épidémie qu’on peut attendre, dans le futur, du développement de la PrEP, permettra-t-il de mettre fin à cette fabrication d’un fantasme qui colle à la peau des gays séropositifs et nourrit largement la clinique sexologique ?
Improvements in the prognosis for HIV infection and the impact of biomedical strategies for the prevention of transmission have created very specific situations for men who live with HIV within the homosexual minorities. Originally focused on their duty in preventing transmission, the issue at stake gradually moved towards one of power, with the HIV-infected person, the hero/martyr of the 1980s and 90s, becoming the hero who has vanquished the fear of Aids. Undetectable viral load, the standard of current treatment, makes the individual himself undetectable, invisible. In a population so profoundly affected by the history of Aids, these are superpowers. The HIV-positive guy has become a superhero. The clinical situation for gay men living with HIV says otherwise. In addition to the modifications they have had to make to their sex-lives, be it compulsory abstinence, a change in sexual roles, limiting sexual partners to those who are also HIV-positive or forming a couple at all costs, gay HIV-positive men today seem forced to negotiate with this image that has been forced upon them, in a context where sexual encounters increasingly adopt a neoliberal model. A command to climax, to avoid any problems, to be satisfied with these superpowers even if they didn’t want them in the first place, in a context where invisibility is demanded. None of this helps HIV-positives to repair the consequences of the infection on their sexuality. By adopting the behaviours that have been assigned to them, some of them use their superpowers and transgress all the interdicts (sexual practices, drugs) simply to feel something again. It is probable that our superheros are only superheroes in the eyes of others. In the future, we can expect gays to distance themselves from the epidemic with the development of PrEP; but will that put an end to this fabricated fantasy that gets under the skin of HIV-positive gay men and provides ample opportunity for sexological clinical repercussions.
Introduction la réduction de l'incidence de nouvelles infections liées au VIH est un objectif de santé publique. L’objectif de l’étude était d’évaluer la connaissance et volonté de prescrire la PrEP ...à Kinshasa. Méthodes il s’agit d’une étude transversale à visée analytique auprès des prestataires de soins de 4 structures de prise en charge de VIH/SIDA de la ville de Kinshasa d’avril à octobre 2017. Les analyses univariées et multivariées par régression logistique ont été effectuées pour identifier les facteurs associés à la connaissance et la volonté de prescrire la PrEP. Résultats quatre-vingt-cinq prestataires ont répondu à l’enquête. Moins du quart des prestataires connaissaient la PrEP avant l’enquête et la moitié avait la volonté de la prescrire. La barrière à cet acte évoquée était la résistance (83%). Les facteurs associés à la connaissance de la PrEP étaient la spécialité d’infectiologie et l’expertise en VIH. Les facteurs associés à la volonté de prescrire la PrEP étaient l’âge supérieur à 40 ans, la spécialité d’infectiologie et l’expertise en VIH. Conclusion la connaissance de la PrEP à Kinshasa était faible et seule la moitié des prestataires était disposée à la prescrire. Etre médecin infectiologue et expert en VIH était associé à la connaissance et la volonté de prescrire. Les futurs programmes d'éducation devraient renforcer la connaissance sur la PrEP et aborder les préoccupations identifiées dont les barrières à la prescription.
Résumé: Le Bureau des experts de la rage du continent africain (AfroREB) s’est réuni pour la seconde fois, en mars 2009, pour poursuivre leur évaluation de la situation de la rage en Afrique et ...définir des plans d’action. Une quarantaine d’éminents spécialistes de la rage venant de 15 pays d’Afrique francophone se sont retrouvés à Dakar avec des représentants de l’Institut Pasteur de Paris, du réseau anglophone SEARG (groupe de spécialistes de la rage d’Afrique australe et orientale) et de l’Alliance mondiale contre la rage. En Afrique, de nombreux cas de rage ne sont ni identifiés ni rapportés. Alors que l’OMS estime à 25 000 le nombre de décès annuels dus à la rage sur ce continent (2 à 3,6 décès pour 100 000 habitants), les membres d’AfroREB ont comptabilisé, en tout et pour tout, en 2008, 146 cas pour leurs 15 pays, soit 0,07 cas pour 100 000 habitants. La priorité est de briser le cercle vicieux de l’indifférence et du manque d’information, afin de pouvoir lutter contre la rage humaine.
Abstract: As a follow-up to the first AfroREB (Africa Rabies Expert Bureau) meeting, held in Grand-Bassam (Côted’Ivoire) in March 2008, African rabies experts of the Afro-REB network met a second time to complete the evaluation of the rabies situation in Africa and define specific action plans. About forty French speaking rabies specialists from Northern, Western and Central Africa and Madagascar met in Dakar (Senegal), from March 16th to 19th, 2009. With the participation of delegates from Tunisia, who joined the AfroREB network this year, 15 French speaking African countries were represented. Experts from the Institut Pasteur in Paris, the Alliance for Rabies Control, and the Southern and Eastern African Rabies Group (SEARG, a network of rabies experts from 19 English speaking Southern and Eastern African countries) were in attendance, to participate in the discussion and share their experiences. AfroREB members documented 146 known human rabies cases in all represented countries combined for 2008, for a total population of 209.3 million, or an incidence of 0.07 cases per 100,000 people. Even admitting that the experts do not have access to all reported cases, this is far from the WHO estimation of 2 rabies deaths per 100,000 people in urban areas and 3.6 per 100,000 in rural Africa. It was unanimously agreed that the priority is to break the vicious cycle of indifference and lack of information which is the main barrier to human rabies prevention.