Vingt-cinq séminaires ont été organisés à l’UICN sur les usages et représentations du sauvage. La plupart d’entre eux a tenu à préciser soit les attitudes vis-à-vis du sauvage dans les campagnes qui ...s’ensauvagent, soit les problèmes de coexistence avec des animaux et végétaux sauvages. Il en résulte que les « gens du lieu » déplorent les friches et boisements spontanés comme autant de stigmates de la déprise agricole et pastorale, de la « désertification » du pays. Ils ne dévalorisent pas le sauvage en soi, mais ne l’apprécient que lorsqu’il n’interfère pas avec l’espace domestique, lorsqu’il ne nuit ni aux récoltes, ni au bétail (par la prédation ou la transmission de maladies). Or, parce qu’il est ingouvernable, le sauvage ne saurait rester à sa place : Les insectes ravagent les récoltes, … et les loups n’hésitent pas à se nourrir de brebis. Comment coexister avec ces sauvages non conviviaux ?
This paper explores and discusses the various meanings of the stewardship concept in the field of sustainability science. We highlight the increasing differences between alternative approaches to ...stewardship and propose a typology to enable scientists and practitioners to more precisely identify the basis and objectives of the concept of stewardship. We first present the two dimensions we used to map the diversity of stances concerning stewardship. Second, we analyse these positions in relation to the limits of the systemic approach, ideological manipulation, responsibility, and solidarity. In the final section we explain how the concept of ecological solidarity, a core principal in recent French law on biodiversity conservation and national park governance can contribute to the underpinning of a specific form of social-ecological stewardship.
Depuis quelques temps nous avions l’intention de poursuivre la réflexion sur les big data que nous avions entamée avec la conférence de Bruno Strasser. Plus précisément, nous voulions examiner en ...quoi le développement des grands programmes de prise en compte de la biodiversité modifie les pratiques de recherche en écologie. Le Global Biodiversity Information Facility issu du Forum Mégascience et l’International Geosphere-Biosphere Program (IGPB) permettent-ils de prendre la mesure de l’érosio...
Après une brève mise au point terminologique et sémantique sur le concept de libre évolution, proche de celui de naturalité, les éditeurs de ce numéro thématique en présentent les enjeux forestiers, ...la spécificité européenne et les attentes variées et parfois contradictoires des divers acteurs, gestionnaires en charge de la forêt et de l’environnement, scientifiques, associations ou grand public. L’objectif de ce numéro est de leur fournir matière à une réflexion la plus ouverte possible sur un sujet encore en évolution rapide et objet de débats parfois passionnés. Sont ensuite introduits les 18 articles qui abordent, sans viser à l’exhaustivité, diverses facettes de la libre évolution : philosophique, historique, scientifique, technique, politique, culturelle, dans un cadre principalement métropolitain avec quelques éclairages d’autres pays européens. L’émergence, récente à l’échelle du temps des forêts, de la prise en compte de la biodiversité dans la gestion rend ces connaissances nécessaires à l’honnête homme forestier.
Les activités d’élevage sont depuis des décennies fortement remises en cause pour leurs effets sur l’environnement et la concurrence qu’elles exercent sur l’accès à la terre, de grandes surfaces ...étant dans le monde dédiées à l’alimentation animale (maïs, soja). L’auteur montre les ambivalences des problématiques d’élevage en discutant trois questions. L’élevage représente-t-il un handicap pour nourrir le monde ? L’élevage contribue-t-il à l’érosion de la biodiversité ? L’élevage nuit-il à la santé ? En relativisant et contextualisant ces trois assertions, l’auteur désigne les méfaits de l’élevage industriel et plaide pour une démarche d’agro-écologie associant élevage et cultures. Mais il exprime ses craintes quant à la poursuite de la tendance actuelle.
L’ignorance peut être autre chose que la pure absence de savoir ou que le simple fait d’être privé de connaissances possédées par d’autres : elle peut être surmontée, elle peut aussi être produite. ...Quels sont les variétés et les modes de l’ignorance, et pourquoi est-il essentiel d’en tenir compte dans les débats environnementaux et sanitaires ? Lorsqu’elle est « produite », comme l’estiment certains, comment l’est-elle ? L’ouvrage répond à ces questions et, au-delà de l’opposition tranchée entre l’ignorance conçue comme front de la science et l’ignorance stratégique, il explore une véritable « zone grise » qui constitue une partie de ce paysage : conflits d’intérêt, débats sur les sources de financement de la recherche, crise de la réplication des expérimentations. Quand et comment peut-on sortir de cette « zone grise » où tout devient indiscernable pour qualifier plus nettement les phénomènes en jeu ? Si nos enquêtes comme nos actions peuvent réussir ou échouer, échouer de manière épisodique ou persistante, sous l’action d’un tiers ou non, dans quels cas est-il raisonnable de relier ces échecs à des intentions ?
Ce numéro de la Revue forestière française, faute de connaissances scientifiques partout bien établies, n’aborde que marginalement certaines questions : il en est ainsi en particulier des ...contributions respectives des forêts gérées et des forêts en libre évolution comportant bois sénescents et bois mort, dans le stockage du carbone, et de la résilience présumée plus forte des forêts en libre évolution. En dépit de ces lacunes, ce numéro permet d’éclairer d’une part les enjeux d’une politique européenne de préservation des « primary and old-growth forests » et d’autre part de l’ensauvagement des campagnes du fait de la déprise agricole et forestière. Il montre enfin à quel point le débat technique et scientifique examiné est articulé à des points de vue culturels et éthiques concernant le rapport au sauvage, les relations entre l’humanité et la nature, et les vertus du lâcher-prise. Il illustre le bouillonnement actuel de réflexions et d’initiatives, avec leurs forces et leurs lacunes, ainsi que les défis à relever.
Notre conception dualiste de la nature n’est ni universelle ni universalisable. Cependant, posant l’extériorité de ce qui est humain et de ce qui est naturel, ce dualisme s’est décliné en un certain ...nombre d’oppositions : nature/culture ; naturel/artificiel. On pourrait a priori considérer qu’il en est de même de l’opposition entre le sauvage et le domestique. Or, entre le sauvage et le domestique, il y a un entre-deux de milieux (ce que les Romains dénommaient le saltus ), qu’il s’agisse des espaces pastoraux ou des peuplements forestiers qui ne sont plus exploités, ou encore, des friches industrielles et urbaines. C’est ce que l’on qualifie en France de « nature férale », résultat d’ensauvagements multiples. L’auteur plaide pour la libre évolution de ces milieux comme stratégie alternative de protection de la nature.
Notre conception dualiste de la nature n’est ni universelle ni universalisable. Cependant, posant l’extériorité de ce qui est humain et de ce qui est naturel, ce dualisme s’est décliné en un certain ...nombre d’oppositions : nature/culture ; naturel/artificiel. On pourrait a priori considérer qu’il en est de même de l’opposition entre le sauvage et le domestique. Or, entre le sauvage et le domestique, il y a un entre-deux de milieux (ce que les Romains dénommaient le saltus ), qu’il s’agisse des espaces pastoraux ou des peuplements forestiers qui ne sont plus exploités, ou encore, des friches industrielles et urbaines. C’est ce que l’on qualifie en France de « nature férale », résultat d’ensauvagements multiples. L’auteur plaide pour la libre évolution de ces milieux comme stratégie alternative de protection de la nature.
Les transitions écologiques à Cerisy Larrère, Catherine; Larrère, Raphaël; Bouleau, Nicolas
Natures sciences sociétés (Montrouge),
07/2016, Volume:
24, Issue:
3
Journal Article
Peer reviewed
Open access
Cet article est une présentation critique des débats qui ont traversé le colloque qui s’est tenu au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle du 30 juin au 10 juillet 2015. Il s’intitulait ...« Quelles transitions écologiques ? ». Un système qui suppose une croissance illimitée ne peut s’accommoder d’une Terre aux ressources limitées. Il convient donc d’imaginer une société sans croissance, surtout si l’on prend en compte la nécessité de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Tel fut le consensus de départ. Mais comment interpréter l’évolution en cours ? S’agit-il d’une crise, d’une transition ou d’un processus catastrophique ? Prendre la mesure des menaces que les dynamiques économiques, technologiques, sociales et démographiques font peser sur l’habitabilité de la planète suppose-t-il un nouveau grand récit catastrophiste donnant sens à l’histoire ? Faut-il au contraire songer que nous sommes confrontés à une pluralité d’histoires possibles entre lesquelles il nous reste la liberté de choisir ? Ainsi la discussion ne porta pas uniquement sur les menaces écologiques, mais sur les enjeux politiques et sociaux : justice, égalité, démocratie.