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  • Psychédéliques, psychothéra...
    Artru, Etienne; Rabeyron, Thomas

    Evolution psychiatrique, September 2021, 2021-09-00, Volume: 86, Issue: 3
    Journal Article

    Cet article propose une revue de littérature concernant les psychédéliques dits classiques (LSD, psilocybine, DMT et mescaline) et, plus précisément, leur utilisation en psychothérapie dans le champ de la dépression, du point de vue des processus de symbolisation. Après quelques éléments introductifs portant sur la dépression, nous décrivons les principales caractéristiques des psychothérapies assistées par psychédélique et les résultats des essais cliniques modernes. Nous en présentons ensuite la phénoménologie et en proposons un éclairage théorique au croisement des neurosciences et de la psychanalyse, avant de conclure sur les perspectives ouvertes par cette thérapie. Les résultats déjà obtenus suggèrent qu’une seule dose, prise dans un environnement étayant, peut être suffisante pour produire des effets thérapeutiques significatifs et objectivables dès la prise de psychédéliques et au moins six mois après celle-ci. La réponse clinique dépend de l’intensité phénoménologique initiale de l’expérience et de la capacité du sujet à laisser advenir des reviviscences traumatiques. Elle dépend également de la présence et de l’intensité de vécus de nature mystique caractérisés par un sentiment de dissolution du moi et d’unité avec le monde. La thérapie assistée par psychédéliques semble favoriser l’émergence des processus primaires et la levée des mécanismes de défense. Les psychédéliques catalyseraient ainsi la relance des processus de symbolisation, favorisant notamment l’intégration de certains conflits psychiques ainsi que le remaniement de relations d’objets pathogènes. Sur le plan neurobiologique, ces processus seraient sous-tendus par une diminution de l’activité du réseau du mode par défaut – parfois considéré comme lié à certaines fonctions du Moi – associée à une dimension entropique du fonctionnement cérébral. Ces différents éléments participeront d’une diminution de la symptomatologie dépressive, en particulier des ruminations. Ces effets thérapeutiques nécessitent néanmoins un cadre clinique particulièrement contenant et un positionnement clinique plus engagé qu’à l’accoutumée afin d’accompagner dans les meilleures conditions ces potentiels effets de transformation psychique. Les études déjà menées sur cette thématique soulignent le caractère très prometteur des psychédéliques dans la prise en charge de la dépression et de ses formes résistantes. Ces substances semblent opérer comme un catalyseur des processus de symbolisation qui nécessite néanmoins, pour se déployer pleinement, un accompagnement psychothérapique plus global à la croisée de la psychiatrie, la psychologie clinique, des neurosciences et de la psychanalyse. This article proposes a literature review focused on the so-called “classic” psychedelics (LSD, psilocybin, DMT, and mescaline) and, more specifically, on their use in the psychotherapy of major depressive disorders and the way they affect symbolization processes. After some introductory remarks on psychedelics and depressive disorders, we describe some modern clinical trials, and then explore the peculiar phenomenology occurring in the psychedelic experience, as well as its therapeutic effects on depressive symptoms. The underlying mechanisms are discussed from a perspective at the crossroads of cognitive neurosciences and psychoanalysis. We conclude with some reflections on the crucial role of the setting. The results already obtained suggest that a single dose, taken in a supportive environment, may be sufficient to produce significant and immediate therapeutic effects, which are still present six months after the dose, although less so for some patients. Clinical response depends on the subjective aspects of the individual experience. More specifically, it seems correlated with the ability to “let go” and to allow autobiographical memories to emerge, along with the intense emotions they carry. It also relies on the presence and intensity of mystical-type experiences, characterized by feelings of “ego dissolution,” unity with everything, transcendence of space and time, and ineffability. Psychedelic-assisted therapy seems to promote the emergence of primary processes and the lifting of defense mechanisms. Psychedelics would thus catalyze the resumption of symbolization processes, favoring in particular the integration of unconscious conflicts as well as the remodeling of pathogenic object relationships. On the neurobiological level, these processes would be underpinned by a decrease in the activity of the default mode network – sometimes considered the primary biologic substrate of the Freudian ego –, associated with an increase in brain entropy and in neuroplasticity. These different elements entail a decrease in depressive symptomatology, particularly ruminations. Common factors identified as the cause of positive changes in classical psychotherapies appear naturally amplified in the psychedelic experience, which requires the containing function of a therapist and a supportive clinical setting to allow a resumption of symbolic processes. To ensure the perpetuation of the observed transformations, which often exceed the simple withdrawal of symptoms, an extended psychotherapeutic monitoring would be appropriate. The psychedelic substance acts as a catalyst, allowing an access to otherwise inaccessible unconscious materials, which can then be processed both spontaneously and within the therapeutic relationship. Considering the data discussed in this review, we emphasize the need for further research exploring the potential of this treatment, which also offers the hope of a renewed dialogue between psychiatry and psychology, neurosciences and psychoanalysis.