Les pensées de Gilbert Simondon et de Jacques Derrida n’ont jamais été étudiées de manière conjointe, alors même que les deux auteurs partagent un contexte historique, un milieu théorique ainsi qu’un ...ensemble de problématiques communes qui animent leurs réflexions dans le champ philosophique des années 1960. Ce livre propose de remédier à ce manque en confrontant les pensées des deux auteurs autour de trois grandes questions : celle de la métaphysique et des rapports entre philosophie et sciences, celle de l’humain et des rapports entre vie et conscience, et celle de la technique et des rapports entre mémoire et archives. Autant d’interrogations qui ressurgissent aujourd’hui, face aux menaces de l’Anthropocène et du transhumanisme. L’articulation des pensées de Simondon et de Derrida constitue ainsi une ressource fondamentale pour dépasser les oppositions entre animalité et humanité, nature et culture ou nature et technique. Elle permet de repenser les rapports entre vie, technique et esprit hors des schémas dualistes, ainsi que d’appréhender les enjeux anthropologiques des mutations technologiques contemporaines.
This paper aims to connect Stiegler’s reflections on theoretical computer science with his practical propositions for the design of digital technologies. Indeed, Stiegler’s theory of exosomatization ...implies a new conception of artificial intelligence, which is not based on an analogical paradigm (which compares organisms and machines, as in cybernetics, or which compares thought and computing, as in cognitivism) but on an organological paradigm, which studies the co-evolution of living organisms (individuals), artificial organs (tools), and social organizations (institutions). Such a perspective does not compare human capacities to machine performances but studies the way in which the evolution of material and technical supports affects and transforms psychological, cognitive or noetic faculties (intuition, memory, understanding, imagination, sensibility, reason, etc.), as well as the constitution of different kinds of knowledge. This new theoretical paradigm implies a new ‘design’ for digital technologies, which considers their social role and their impact on psychological, cognitive or noetic faculties.
Ce glossaire a pour objectif d’introduire aux principaux concepts mobilisés par Bernard Stiegler et le collectif Internation dans l’ouvrage intitulé Bifurquer, paru en juin 2020 aux éditions ...Les liens qui libèrent. Cet ouvrage, rédigé par un ensemble de chercheurs de différentes disciplines sous la direction du philosophe Bernard Stiegler, s’appuie sur un certain nombre de notions philosophiques et scientifiques souvent peu familières aux lecteurs auxquels il s’adresse. Les définitions proposées ci-dessous, qui ont servi de base de travail pour l’écriture du livre, tentent d’en faciliter la compréhension. La présentation générale de l’ouvrage tente d’articuler entre elles les différentes notions, d’expliciter les problématiques et d’introduire à la lecture du livre : il s’agit de rendre les thèses défendues plus accessibles et, surtout, de permettre leur appropriation, leur discussion et leur mise en débat.La rédaction des définitions s’appuie sur les récents ouvrages de Bernard Stiegler (en particulier les ouvrages publiés à partir de 2015), ainsi que sur de nombreuses autres références, mentionnées dans les notes et dans la bibliographie.La plupart des entrées se composent de deux parties : une définition courte (5-10 lignes) qui ne fait appel à aucune référence théorique ni à aucune connaissance préalable ; un complément plus approfondi (10-15 lignes) qui tente de resituer la notion historiquement et de souligner sa pertinence dans le contexte actuel.
*Traducción del francés al español de Luis Alfonso Paláu-Castaño «El punto de partida de las tesis defendidas en el libro consiste en sostener que el Antropoceno corresponde a un aumento masivo de ...las tasas de entropía, a los niveles físico (cambio climático, disipación de la energía y agotamiento de los recursos), biológico (destrucción de los ecosistemas y pérdida de biodiversidad), pero también psicosocial (la era post-verdad y la data economy pueden ser comprendidas como factores de aumento de la entropía informacional, a través de la destrucción de los diferentes tipos de saberes). En este contexto, el colectivo sostiene que se requiere una nueva forma de economía que busque valorizar la producción de anti-entropía en estos tres niveles, sacándole partido a las tecnologías digitales. La obra busca explicitar las hipótesis teóricas subyacentes a estos análisis y ofrecer métodos que permitan experimentar de manera concreta y localizada las hipótesis así presentadas.»
In this article I will try to suggest a transdisciplinary framework in order to analyse the contemporary ecological polycrisis which is usually described as the Entropocene era. According to French ...philosopher Barnard Stiegler, the Anthropocence can be understoodas an Entropocene, because the current ecological crisis consists in a process of massive increase of entropy in all its forms : thermodynamic entropy (that is, dissipation of physical or chemical energy), biological entropy (as the destruction of biodiversity), and psycho-social entropy (as the reduction of knowledge to data and calculations, through digital disruptive technologies). In order to analyze this situation, we need a transversal conception of entropy : from Bergson’s philosophy of life to Stiegler’s philosophy of technics, going through Schrodinger’s physics, Wiener’s cybernetics, Lotka’s biology and Levi-Strauss’s anthropology, I will try to build a conceptual history of entropies and to explore its economic and political consequences, in order to open new paths beyond the Entropocene era.
In this article I will try to suggest a transdisciplinary framework in order to analyse the contemporary ecological polycrisis which is usually described as the Entropocene era. According to French ...philosopher Bernard Stiegler, the Anthropocence can be understoodas an Entropocene, because the current ecological crisis consists in a process of massive increase of entropy in all its forms : thermodynamic entropy (that is, dissipation of physical or chemical energy), biological entropy (as the destruction of biodiversity), and psycho-social entropy (as the reduction of knowledge to data and calculations, through digital disruptive technologies). In order to analyze this situation, we need a transversal conception of entropy : from Bergson’s philosophy of life to Stiegler’s philosophy of technics, going through Schrodinger’s physics, Wiener’s cybernetics, Lotka’s biology and Levi-Strauss’s anthropology, I will try to build a conceptual history of entropies and to explore its economic and political consequences, in order to open new paths beyond the Entropocene era.In this article I will try to suggest a transdisciplinary conception of entropy in order to analyse the contemporary ecological polycrisis which is usually described as the Anthropocene era. According to French philosopher Bernard Stiegler, the Anthropocence can be understood as an Entropocene, becausethe current ecological crisis consists of a process of massive increases of entropy in all its forms: thermodynamic entropy (that is, dissipation of physical or chemical energy), biological entropy (as the destruction of biodiversity), and psycho-social entropy (as the reduction of knowledge to data and calculations, through digital disruptive technologies). In order to analyse this situation, we need a transversal conception of entropy: from Bergson’s philosophy of life to Stiegler’s philosophy of technics, through Schrodinger’s physics, Wiener’s cybernetics, Lotka’s biology and Levi-Strauss’s anthropology, I will try to build a conceptual history of entropies from a Stieglerian point of view and to explore its economic and political consequences in Stiegler’s thought, in order to open new paths beyond the Entropocene era.
Cet article a pour objectif d’appréhender les enjeux philosophiques sous-jacents au développement disruptif des « intelligences artificielles génératives », qui se déploient depuis quelques mois de ...manière fulgurante et promettent de reconfigurer en profondeur le milieu numérique, c’est-à-dire le milieu à la fois technique et symbolique. Pour ce faire, l’article procède en deux temps. Il s’agit tout d’abord de dépasser les analogies entre humain et machine ou cerveau et ordinateur, qui sont au fondement des paradigmes cognitivistes et computationnalistes, réduisant les esprits à des opérations de calcul statistique ou de traitement de données numériques. Après avoir déconstruit les notions d’« intelligence artificielle » ou d’« apprentissage automatique », nous proposerons de considérer les technologies contemporaines comme la nouvelle phase d’un processus d’automatisation numérique, qui implique l’extériorisation de fonctions et de capacités psychiques et cognitives, déléguées à ce que nous proposerons d’appeler des « automates computationnels interactifs ». Nous questionnerons les enjeux sociaux et politiques de ces nouvelles machines d’écriture algorithmiques, bien souvent déployées à grande échelle par des acteurs hégémoniques. Nous montrerons que la mythologie de l’IA masque une exploitation industrielle des ressources symboliques, qui ouvre les risques d’une prolétarisation des activités de pensée, d’une élimination des singularités idiomatiques et d’une défiance généralisée.
Est-il vraiment devenu possible aujourd’hui d’étayer l’analogie entre des mécanismes (électroniques ou algorithmiques) et les attributs de l’intelligence, de l’apprentissage ou de la pensée ? Depuis ...l’apparition de l’informatique dans les années 1950, jusqu’aux dispositifs numériques qui ont aujourd’hui pénétré toutes les sphères de l’existence (ordinateurs personnels, messageries électroniques, smartphones, applications, réseaux sociaux, objets connectés, intelligences artificielles générati...
L’organisation contemporaine du savoir est telle que la notion d’humanité y joue une position relativement ambiguë. D’un côté, le développement des sciences de l’homme depuis le milieu du XIXe ...siècle, fait de l’humanité un domaine épistémologique de premier ordre. D’un autre côté, les notions de « nature humaine », d’« humanité » voire d’« humanisme » font régulièrement l’objet d’attaques frontales : en témoignent les différentes formes de morale ou de politique « antihumaniste », le constat philosophique de la « mort de l’homme » ou l’annonce d’une ère historique « post- ou trans-humaniste ». Or, ces différentes acceptions de la notion d’humanité ne se superposent pas. Le groupe de recherche « L’humain impensé » cherche à clarifier la nature des débats contemporains autour de cette notion. Les différentes contributions présentées dans cet ouvrage participent à cet effort, en interrogeant l’humain aux prismes des questions de la philosophie, du langage, de l’art, et de la technologie.