ABSTRACT IN FRENCH: Avant de pouvoir obtenir un permis de séjour et de travail en France, les sans-papiers algériens que nous avons suivis dans la Drôme entre 2001 et 2004 cumulent plusieurs ...activités dans des secteurs diversifiés, parmi lesquels l'agriculture joue un rôle pivot. L'emploi agricole est pour eux une étape indispensable dans une trajectoire qui vise une stabilisation juridique et économique. Cette activité, saisonnière mais néanmoins régulière, constitue une porte d'entrée dans l'emploi, une base arrière et un refuge où ils n'entendent toutefois pas « faire carrière ». Les parcours de ces sans-papiers s'inscrivent dans le cadre du développement de l'informalisation du travail en France et permettent de prendre la mesure des effets de cette informalisation sur les rapports sociaux, dans le travail et hors du travail. // ABSTRACT IN ENGLISH: Before being able to obtain residence and work permits in France, the Algerian workers studied in Drôme Department between 2001 and 2004 held several jobs in various sectors, including the pivotal one of agriculture. For them, an agricultural job was indispensable for attaining a stable legal and economic status. These jobs, seasonal but regular, provided an entrance for them into the world of employment, and served as a home base and a sanctuary even though they did not intend to spend their 'careers' there. These undocumented immigrants' itineraries unfolded as 'informal work' developed in France. They can be used to gauge the effects of this development on social relations both in and outside work. Reprinted by permission of Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales
Résumé
Les « sans papiers » algériens rencontrés en France dans les années 2000 posent à l’ethnologue une « énigme ». Cet article vise à rendre compte de la construction d’une ethnographie ...multisituée dans le cas des migrations algériennes irrégulières et de ce qu’elle donne à comprendre sur le sens de ces migrations. La continuité historique de la migration comme « fille du colonialisme », la conjoncture géopolitique algérienne et les politiques d’immigration de la France constituent le cadre et le contexte d’une migration qualifiée d’irrégulière. Coincés dans la contradiction entre une politique sécuritaire et un traitement humanitaire au cas par cas, ces migrants oscillent entre la figure du clandestin, de la victime et du fraudeur. Mais nous analysons aussi comment les figures du migrant économique, familial ou victime peuvent s’enchevêtrer et se doubler d’un sujet acteur d’un projet migratoire en quête de reconnaissance et de réussite sociale ici et là-bas.
Mais que veulent les Gilets jaunes (GJ) ? Placée au service d’une multitude de causes, leur mobilisation n’a pas manqué de susciter la perplexité. À titre d’exemple, les 48 revendications des GJ de ...Lyon centre concernaient ainsi la justice fiscale, sociale, climatique et environnementale, la défense des services publics, des retraites, la dénonciation des violences policières, etc., sans toujours dégager de priorités. C’est pourquoi, pour saisir ce qu’exprime ce mouvement, nous proposons de l...
La « reconnaissance » est à l’ordre du jour de débats tant scientifiques que politiques. Depuis quelques années, la philosophie politique, sous l’impulsion notamment de C. Taylor, M. Walzer, A. ...Honneth, N. Fraser, fait une place importante à ce concept pour penser la manière dont les sociétés contemporaines « tiennent ensemble », alors qu’elles sont marquées par la pluralité des identités, la montée en puissance de l’individu et de la subjectivité. C’est à l’analyse concrète de processus de reconnaissance que s’intéressent les études sociologiques et anthropologiques proposées dans cet ouvrage. Elles mettent « à l’épreuve » les approches philosophiques de la reconnaissance au regard d’expériences situées et dans des contextes identifiés (immigration, mouvements alternatifs, exclusion sociale, relations aux institutions, droits civiques, action humanitaire). Elles questionnent également le sens de « la reconnaissance » dans des contextes nationaux variés. Au total, l’ouvrage propose moins une théorie de la reconnaissance qu’une méthode d’exploration de la reconnaissance comme figure morale et politique des sociétés contemporaines.