Sans l'amour de la musique et l'enthousiasme qui l'animent, André Charlet n'exercerait pas son exceptionnel rayonnement. Il dirige la Chorale du Brassus depuis bientôt quarante ans, le Chœoeur Pro ...Arte, le Choeœur de la Radio romande, le Chœoeur Liedertafel à Bâle, et il enseigne au Conservatoire de Zurich. Il donne des concerts, organise les Schubertiades. Sous l'habit de ville, toujours classique et correct, on ne soupçonnerait jamais tant de passion, une vie si impétueuse. Il passera sa vie "à assembler des voix", pour créer cette musique qui a le pouvoir de nous faire devenir autres que ce que nous sommes, par la vertu de l'instrument le plus simple, la voix humaine. 00:00:00 – 00:00:23 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à André Charlet, musicien, et tourné à l'hôtel de la Lande au Brassus le 6 octobre 1987. L'interlocuteur est Christian Sulser. 00:00:23 – 00:03:51 (Séquence 1) : L'interviewer explique qu'André Charlet est directeur du chœur du Brassus, du chœur Pro Arte de Lausanne, du chœur de la Radio Suisse romande, de la Liedertafel de Bâle, et qu'il enseigne au conservatoire de Zurich. Charlet raconte sa première rencontre avec Ansermet, en dehors de ses activités musicales. C'était dans le café où ils se trouvent maintenant, en février 1955. Il était venu assister à une répétition du chœur du Brassus, auquel il avait demandé de préparer l' "Oedipe rexus" de Stravinski. Eric Tappy, le ténor, et Etienne Bettens y participaient. Avant la soirée, Ansermet se présente dans le café et s'assied à côté de Charlet. Ce dernier découvre alors qu'il était "de chez eux". 00:03:52 – 00:05:37 (Séquence 2) : André Charlet raconte sa première rencontre avec Ansermet, lors d'une répétition du chœur du Brassus. Après le concert, ils ont pris la route ensemble. En arrivant à Mont-la-Ville, le village d'Ansermet, il fait arrêter la voiture et invite Charlet à faire quelques pas dans la neige pour observer le village. Ansemret lui tient des propos qui l'ont marqué profondément. Il s'interrogeait sur le sens de la musique, sur la destination de celle-ci. Il lui dit qu'elle devrait être créée et pensée pour les gens simples des villages, des fanfares et des chœurs. C'était pour Charlet une leçon d'enracinement dans son pays. Il mesurait l'importance de ses racines. 00:05:38 – 00:07:54 (Séquence 3) : André Charlet parle de son enfance à Morges, dans un milieu musical extraordinaire. Il raconte une anecdote liée à sa naissance: son père projetait déjà sur lui sa carrière musicale. Lui-même était maître de chant, il était surnommé Mozart. Sa mère était institutrice. Eric Tappy, Charle Apothéloz, Jean Apothéloz, le peintre et musicien, sont ses cousins. Il explique que les réunions de famille se passaient en chantant. Il pense que le chant en famille réunit les différents âges et qu'il est important et formateur. 00:07:55 – 00:09:12 (Séquence 4) : André Charlet parle de son enfance et de son rapport avec la musique. Il se souvient des débuts de la radio, des premières émissions sporadiques qu'ils écoutaient avec adoration. Il se souvient de "Je chante, je chante soir et matin" de Trenet. Son père le soumettait souvent à des exercices pour former son oreille musicale. L'activité musicale de son père, directeur de choeur, le chant en famille, la musique à la radio ont créé en lui un "humus", un "terreau". Chez lui, la musique était plus importante que l'alphabet. 00:09:14 – 00:10:16 (Séquence 5) : André Charlet parle de son enfance et de son rapport avec la musique. Il explique que les premières manifestations musicales et religieuses, où le chant était très présent, sont à l'origine des Schubertiades, des manifestations musicales qu'il a organisées par la suite. A Morges, pendant la deuxième guerre mondiale, sont arrivés des musiciens de Pologne et d'ailleurs, des réfugiés qui se rendaient chez Paderewski. Ce dernier a représenté pour Charlet le début des grandes révélations. Il se souvient enfant d'être allé en cachette avec des copains écouter Paderewski jouer du piano sur sa terrasse. 00:10:18 – 00:12:06 (Séquence 6) : André Charlet parle de son enfance et de son rapport avec la musique. Son enfance a été pour lui un moment extraordinaire, surtout grâce au contexte de l'époque et à la présence, à Morges, d'Ignaz Paderewski, l'ancien Premier ministre polonais. Il venait acheter le pain dans la boulangerie de son oncle. À Morges, il y avait aussi beaucoup de concerts, de musiciens comme Tchenkevich, Touchinsky, Paderewski, Lola Benda et John Sebastien Benda, qui était son contemporain. C'était donc une vie de musique. Pourtant il admet qu'à l'époque il aimait surtout le football et les filles. Sa génération était romantique, l'époque contribuait à cela, à cause de la guerre et du désir de sauver des gens. Il se souvient qu'à l'école il leur était conseillé d'apprendre par cœur le plus possible de littérature, Molière, Chateaubriand, Racine, ceci en envisageant l'éventualité de la solitude. C'était en référence directe aux camps de concentration, dont ils commençaient à découvrir l'existence. Aussi, il se souvient de sa maîtresse de piano, Madame André, extrêmement exigeante. Elle a toute son admiration. 00:12:09 – 00:13:43 (Séquence 7) : André Charlet parle de son adolescence et de son rapport avec la musique. Il a été chassé du collège de Morges, pour cause d'insuffisance et d'inconduite. Sa carrière rêvée de médecin a été ainsi abandonnée. Son père le dirige alors vers l'école normale de Lausanne. Il y rencontre Hermann Lang, le "dieu de la famille", chef de chœur qui avait organisé des concerts importants. Dans son enseignement, il le découvre pédant. Il n'avait pas compris alors que c'était le reflet d'une exigence qui visait à la perfection. En mai 1945, il dit avoir pleuré comme un enfant en chantant un choral. Ce fut la révélation de sa destinée. Sa carrière a commencé alors à se construire petit à petit, par la direction de ses copains de l'école normale, par la création de nouveaux chœurs, en devenant le bras droit d'Hermann Lang et ainsi de suite. 00:13:47 – 00:14:53 (Séquence 8) : André Charlet parle de son adolescence, de ses débuts. En dernière année à l'école normale de Lausanne, il fait la connaissance d'Albert Girardet. C'était en camp de ski à Bretaye, où Girardet était animateur. Au moment de chanter, ses amis l'invitent à diriger les chants. C'est ainsi que Girardet décide de lui proposer la direction d'un chœur pour l'église nationale vaudoise. Eric Tappy a fait partie de ce chœur, avec Etienne Bettens et d'autres encore. 00:14:58 – 00:16:15 (Séquence 9) : André Charlet parle des rencontres importantes de sa vie et de leur influences. Il explique l'importance, pendant les années de formation, des maîtres à penser. Il cite pour ce qui le concerne Samuel Baud-Bovy, le grand helléniste qui ne savait pas bien diriger mais qui enseignait très bien la direction, Ansermet, Aloys Fornerod. La rencontre avec ce genre de personnages forge, à son avis, la personnalité. Il souligne l'importance, pour les jeunes, du stade de l'imitation, une attitude qu'il dit toujours présente en lui. 00:16:20 – 00:18:29 (Séquence 10) : André Charlet parle de la chorale du Brassus, pour laquelle il a un attachement particulier. Il la dirige depuis 35 ans. Il dit avoir beaucoup de satisfaction dans toutes ses activités musicales. Cependant, avec ce chœur en particulier, il y a un quelque chose d'indicible et d'inexplicable. C'est lié à la rencontre entre des amis hommes. C'est peut-être un héritage ancestral, le service militaire, en tout cas c'est un rapport dans lequel n'intervient aucune forme de séduction. Un moment de rapports solides, d'une franchise extraordinaire. Le chœur présente aussi des voix intéressantes. Elles sont très caractéristiques et liées au climat de la région. Les chanteurs qui viennent d'en-bas acclimatent, adaptent leurs voies. Ce chœur représente donc pour lui un phénomène social et un phénomène vocal. 00:18:35 – 00:19:18 (Séquence 11) : André Charlet parle de la chorale du Brassus et de son répertoire. L'interviewer distingue deux types de répertoires qui cohabitent dans ce chœur: un d'altitude, de musique classique, et un autre de chants plus populaires. Charlet réfute cette distinction. Il explique que toute musique de bonne inspiration, même populaire, est une bonne musique. Il dit avancer de la même manière avec d'autres choeurs, comme celui de Pro Arte, où la musique noblement populaire fait partie du répertoire. La musique populaire, folklorique, dans la mesure où elle est une représentation d'une manière de vivre, l'intéresse au même titre que les grandes partitions. 00:19:25 – 00:20:38 (Séquence 12) : André Charlet parle de la musique populaire. Une musique qu'il admire autant que la musique classique. Le problème avec cette musique est de la faire accepter par les musiciens. Il considère comme de faux musiciens ceux qui n'acceptent aucune musique en dehors des grands, de Bach par exemple. La musique populaire sait chanter la réalité qui l'entoure, l'amour, elle sait traduire des sentiments de reconnaissance pour le passé et ses figures. Elle nous transmet des vertus fondamentales. Si elle présente des maladresses, elle doit être replacée dans son temps. À côté du grand répertoire, il ne faut pas négliger la musique populaire qui est de grande qualité émotionnelle. 00:20:46 – 00:23:46 (Séquence 13) : André Charlet parle de ses expériences à l'étranger. Elles ne sont pas nombreuses, car il est plutôt casanier. Il dit être extrêmement attaché à la Suisse romande, à ses vertus profondes, chantées par Ramuz. Elles ont été la nourriture de sa jeunesse. Il s'est rendu à Vienne, à Paris et aux Etats Unis. Il est allé à Vienne en 1953 par nécessité. C'était une ville très marquée par la guerre. L'enseignement renaissait, ainsi qu'une musique fabuleuse, dont il s'est complètement imprégné. Il cite l'exemple de l'enregistrement de Furtwängler de "Fidelio", auquel il a assisté. Tous
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