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Peer reviewed
  • Lupus induit par les inhibi...
    Charvet, E.; Cassius, C.; Eftekhari, P.; Jachiet, M.; Baudet, M.; Hervier, B.; Rouby, F.; Bagot, M.; Bouaziz, J.D.; Baroudjian, B.; Lebbe, C.; Tetu, P.; Zuelgaray, E.

    La revue de medecine interne, June 2021, 2021-06-00, Volume: 42
    Journal Article

    Les inhibiteurs de checkpoint immunitaire (ICI), tels que les anticorps anti-PD-1, PD-L1 et anti-CTLA-4, sont efficaces dans de nombreux cancers. Cependant, entre 70 et 90 % des patients présentent des effets indésirables (EI). Le lupus érythémateux immuno-induit (LEII) est un EI rare. L’objectif de notre étude était d’éstimer la prévalence des LEII dans une population traitée en oncodermatologie pour un mélanome métastatique et décrire les caractéristiques cliniques et biologiques des patients présentant un LEII. Nous avons interrogé rétrospectivement la base de données Melbase afin d’estimer la prévalence de LEII dans la population de mélanome traitée par ICI dans notre centre et la base nationale de pharmacovigilance (BNPV). Sur 330 patients traités par ICI pour un mélanome dans notre centre depuis 2013, 2 patients présentaient un LEII (0,6 %). Dans la BNPV, 11 LEII étaient enregistrés, dont 6 femmes. L’âge médian était de 65 ans 42-82, les cancers primitifs étaient des adénocarcinomes pulmonaires (5), des mélanomes (4), un cancer du sein et un cancer ovarien. Les traitements reçus étaient : nivolumab en monothérapie (4) ou associé à ipilimumab (1), pembrolizumab (3), atezolizumab (2) durvalumab (1). Le délai médian entre l’introduction des ICI et les premiers symptômes était de 3 mois 0,5-6. Huit patients sur 11 présentaient un lupus cutané isolé confirmé histologiquement, 6 étaient des femmes, 1 avait des lésions muqueuses, 5 avaient des anticorps anti-SSA. Les traitements utilisés étaient des dermocorticoïdes (8/8), du plaquenil (3/8), des corticoïdes oraux (2/8) permettant une évolution favorable. L’ICI était poursuivi ou repris chez 3 patients sans récidive. Trois patients sur 11 présentaient un lupus érythémateux systémique (LES) répondant aux critères EULAR/ACR 2019, 2 patients présentaient une atteinte articulaire avec des anticorps anti-ADN natifs, d’évolution favorable sous corticoïdes et plaquenil, un présentait des sérites et un syndrome d’Evans traité par corticoïdes et immunoglobulines intraveineuses. Chez ces 3 patients, l’immunothérapie a été interrompue sans reprise. Les lupus induits sont des EI rares dont les inducteurs les plus incriminés sont l’hydralazine et la procaïnamide. Les LEII sont peu rapportés et de diagnostic difficile de par l’absence de critères diagnostiques établis et la présentation clinique et biologique variée. Son incidence est estimée à 0,48 % dans l’étude de Michot et al. 1, proche de celle de notre expérience (0,6 %). L’atteinte cutanée isolée semble plus fréquente que la présentation systémique avec une prédominance de forme subaiguë et d’anti SSA. Les traitements classiques du lupus sont à proposer et l’arrêt de l’immunothérapie est à discuter selon la présentation clinique. Le LEII est un EI rare mais parfois sévère. Le diagnostic peut être difficile devant des signes cliniques et biologiques variés.