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  • Meurtres entre époux en pén...
    Charageat, Martine

    Annales de démographie historique, 04/2016, Letnik: 130, Številka: 2
    Journal Article

    Le meurtre de l’époux ou de l’épouse demeure peu courant dans les archives judiciaires du Moyen Âge finissant. Néanmoins, les cas d’uxoricide offrent les exemples les plus fréquents de cette catégorie de criminalité, à l’échelle du couple. À ce titre, les maris font concurrence aux juges pour régler l’indiscipline sociale engendrée par les amours illicites de leurs femmes. Ils bénéficient souvent de chartes de pardon accordées par les familles ou par le Roi, à condition que l’adultère invoqué soit fondé. Mais les monarques ibériques comprennent, à l’orée du xvi e siècle, que le droit de punir à mort au sein de la famille ne doit plus appartenir à tous les hommes (mari ou père), mais au seul Roi. Les meurtres entre époux deviennent alors un enjeu politique dès que les Rois Catholiques, d’abord en Castille, décident de les extraire de la sphère du privé pour s’en emparer avec un double objectif : faire reculer la vengeance ; favoriser l’intervention de la justice publique pour réguler les effets de l’adultère féminin. Enfin, l’objectif est ici de rapporter les formes du récit judiciaire de ces meurtres circonscrits à la cellule conjugale, et de comprendre pourquoi ils arrivent à la connaissance des juges laïcs aragonais, plus encore dans le cas de ces affaires de tentatives d’homicide ayant échoué et pourtant jugées, malgré l’absence de cadavre. Au-delà, on peut se demander ce qui permet à des femmes de convaincre un juge de citer leur mari à comparaître, en les dénonçant pour tentative d’homicide.