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  • Drinking the Koran: The Mea...
    El-Tom, Abdullahi Osman

    Africa (London. 1928), 01/1985, Letnik: 55, Številka: 4
    Journal Article

    Boire le Coran: la signification des strophes coraniques dans les 'effaçures' des Berti. Les Berti du Darfur septentrional (Soudan) possèdent leurs propres écoles coraniques dont le but est d'aider leurs élèves à apprendre par coeur l'ensemble du Coran. Les élèves de ces écoles qui réussissent à obtenir un diplôme deviennent des religieux professionnels, connus localement sous le nom de fakis. Ils doivent rendre certains services à la communauté ainsi qu'à des particuliers, moyennant paiement. Il existe une croyance selon laquelle le Coran possède un immense pouvoir qui peut profiter à l'individu si on acquiert le Coran selon la méthode appropriée. Le meilleur moyen est de l'assimiler intérieurement en l'apprenant par coeur, privilège dont jouissent uniquement les fakis. Il existe d'autres méthodes telles que le boire ou le porter sur soi sous forme d'amulettes. Cet article traite de l'acquisition du Coran en le buvant. Selon le but dans lequel le Coran est utilisé, un faki, grâce à l'utilisation d'une encre spéciale, copie certaines strophes coraniques sur un feuillet de bois, l'écriture est alors effacée par lavage et l'eau sainte qui en résulte (effaçure) est alors bue par le client. L'eau sainte est supposée avoir des propriétés bénéfiques diverses pour l'individu: elle peut protéger contre les maladies, garantir à son client le succès dans sa vie professionnelle, écarter les épidémies, etc. Pour de nombreuses raisons, les Berti ne sont pas en mesure de comprendre intégralement la 'signification' du Coran. La fossé entre la langue classique du Coran et leur dialecte est trop important et leurs écoles ne s'attachent pas à l'interprétation du Coran. Le manque de compréhension de la signification traditionnelle du Coran permet aux Berti d'imposer leur propre signification qui se rapporte beaucoup plus à leur propre réalité. C'est cette signification indigène qui permet aux Berti de déterminer leur choix des strophes coraniques à effacer, utilisées à des fins précises et diverses. Comme la pratique de boire le Coran se limite à la périphérie du monde islamique, auquel les Berti appartiennent, on peut supposer qu'elle a dû prendre naissance dans la culture traditionnelle indigène qui exerce encore son influence sur l'Islam des Berti.