La biopsie d’artère temporale (BAT) est un geste chirurgical permettant d’obtenir le diagnostic histologique de certitude d’artérite à cellules géantes (ACG). Un délai rapide de réalisation associé à ...une technique adaptée permet d’augmenter son utilité et sa rentabilité. La BAT est habituellement réalisée par les services d’ophtalmologie ou d’autres spécialités chirurgicales avec des opérateurs souvent peu expérimentés et avec des délais d’obtention parfois longs. Nous rapportons ici l’expérience de notre centre dans lequel les BAT sont réalisées par un interniste.
Un interniste a été formé par un ophtalmologiste au CHU de Limoges à la pratique des BAT pour des patients suspects d’ACG en 2020. Une période d’observation d’une dizaine de BAT a été réalisée, suivie d’une autre période de mise en pratique progressive et encadrée pour 10 BAT supplémentaires. Les BAT ont ensuite été réalisées en autonomie, avec l’aide d’un interne, dans un bloc opératoire ambulatoire.
La période d’apprentissage a duré 6 mois au total. Cinquante BAT ont été réalisées de façon autonome par l’interniste formé, sur un période d’un an au total. Le délai de réalisation est en moyenne de 24h suivant l’admission du patient dans notre service. Aucune complication n’a été rapportée per- ou postopératoire. La durée de réalisation du geste est passée d’une heure environ à 20 minutes pour les dernières BAT réalisées. La longueur moyenne de l’artère temporale prélevée était de 1,9cm 1,2–5,0.
Parmi les 50 BAT, 29 (58 %) étaient positives pour une artérite (28 ACG et un cas de vascularite à ANCA). Parmi les 21 BAT négatives, un diagnostic final d’ACG a été retenu pour 5 patients sur les données évolutives et/ou l’imagerie aortique. Au final, 28/33 (85 %) BAT étaient positives en cas de diagnostic final d’ACG.
Notre expérience montre que les BAT peuvent être réalisées par un interniste. Une formation et un encadrement initial sont nécessaires afin d’acquérir les compétences pour réaliser ce geste sans risque. Nous constatons plusieurs avantages : rapidité d’obtention du geste, sécurité, contrôle de la taille de biopsie désirée, et bon rendement diagnostique.
L’artérite à cellules géantes (ACG) se caractérise souvent par des manifestations des voies respiratoires supérieures et orofaciales (VRSOF), toutes liées à l’atteinte des branches de la carotide ...externe. Dans cette étude, nous avons cherché à décrire la fréquence de divers symptômes des VRSOF lors de l’apparition de l’ACG, ainsi que les principales caractéristiques des patients présentant ces symptômes.
Tous les patients nouvellement diagnostiqués pour une ACG dans le service de médecine interne d’un centre hospitalier universitaire français entre 1976 et avril 2022 ont été inclus. Dix symptômes VRSOF ont été recueillis de manière prospective et systématique pour chaque patient : claudication des mâchoires, douleur à l’ouverture buccale, douleur maxillaire, oedème facial, douleur pharyngée, dysphagie, douleur linguale, enrouement, toux sèche, otalgie. Nous avons déterminé à l’aide d’une analyse multivariée quelles caractéristiques de l’ACG, y compris les symptômes VRSOF étaient associées à la positivité de la biopsie d’artère temporale (BAT).
Au moins un symptôme VRSOF était présent chez 68,6 % des 599 patients (3 symptômes ou plus dans 30 % des cas). La claudication de la mâchoire, la douleur maxillaire et la douleur à l’ouverture de la bouche étaient les symptômes les plus fréquents. Une toux sèche était rapportée dans 17 % des cas. Les patients atteints d’ACG présentant des symptômes VRSOF présentaient davantage d’anomalies à la palpation de l’artère temporale et de complications ophtalmologiques ischémiques, mais moins de vascularite des gros vaisseaux démontrée à l’imagerie. Une artère temporale anormale à l’examen clinique (OR : 4,16 ; IC : 2,75–6,37, p<0,001) et la présence d’une claudication de la mâchoire augmentaient (OR : 2,18 ; IC : 1,35–3,65, p=0,002) la probabilité d’un résultat positif à la BAT alors que la présence d’un enrouement (OR : 0,47 ; IC : 0,26–0,87, p=0,02) et d’une otalgie (OR : 0,54 ; IC : 0,31–0,95, p=0,03) la diminuait. La présentation isolée de l’atteinte VRSOF (sans céphalées ni signes visuels) représentait 4,8 % de l’ensemble de la cohorte.
Les symptômes VRSOF représentent à la fois des indices cliniques majeurs pour le diagnostic de l’ACG, puisqu’ils sont présents dans deux tiers des cas, et un facteur de risque de perte visuelle permanente. Plusieurs symptômes VRSOF tels que la claudication de la mâchoire, l’enrouement et l’otalgie influencent la probabilité d’une BAT positive. Les atteintes isolées orofaciales et/ou des voies aériennes supérieures rendent le diagnostic d’ACG potentiellement difficile.
La granulomatose éosinophilique avec polyangéite (GEPA), anciennement maladie de Churg et Strauss, est une vascularite des petits vaisseaux, dont les principales atteintes sont un asthme d’apparition ...tardive, une polypose naso-sinusienne, une éosinophilie sanguine et des granulomes extravasculaires éosinophiliques. Les atteintes ophtalmologiques sont rares. Nous rapportons le premier cas d’une GEPA révélée par une neuropathie optique ischémique antérieure aiguë (NOIAA) associée à une occlusion de l’artère cilio-rétinienne (OACR).
Un patient âgé de 77 ans avec antécédents d’hypertension artérielle, dégénérescence maculaire liée à l’âge, asthme tardif et polypose nasale, s’est présenté aux urgences pour une baisse d’acuité visuelle brutale de l’œil droit.
L’examen clinique retrouvait une induration des artères temporales sans autre anomalie orientant vers une artérite à cellules géantes (ACG). Le bilan biologique montrait un syndrome inflammatoire biologique avec une CRP à 36mg/L, un fibrinogène augmenté à 4,87g/L et une hyperéosinophilie à 2,51G/L.
L’examen ophtalmologique mettait en évidence un œdème rétinien ischémique maculaire sur occlusion de l’artère cilio-rétinienne associé à un œdème papillaire. L’angiographie mettait en évidence une papillite avec un retard choroïdien inférieur. L’angioscanner aortique et des troncs supra-aortiques était sans particularité. Le TEP-TDM ne montrait pas de fixation pathologique. La parasitologie des selles et la sérologie toxocarose étaient négatives.
Le dosage des ANCA est revenu positif, de spécificité anti-MPO. La biopsie d’artère temporale mettait en évidence un aspect de vascularite nécrosante fibrinoïde des petits vaisseaux avec infiltration de polynucléaires éosinophiles et une artère temporale présentant des signes d’athérosclérose sans vascularite. Le diagnostic de GEPA était alors retenu pour ce patient. Une corticothérapie à 1mg/kg/j a été débutée permettant d’améliorer l’état général, la régression du syndrome inflammatoire et de l’hyperéosinophilie. Devant l’atteinte oculaire isolée et l’absence de signes de gravité autre, il a été décidé de ne pas introduire d’épargne cortisonique. L’évolution était bonne avec une stabilité de l’atteinte ophtalmologique. Le patient n’a pas présenté de rechute avec un recul de 3 mois.
Il s’agit du premier cas décrit de NOIAA associée à une OACR révélant une GEPA. Cette association est en revanche classique dans l’ACG, considérée comme pathognomonique de cette vascularite des gros vaisseaux.
L’atteinte visuelle est rare au cours de la GEPA et regroupe les atteintes orbitaires inflammatoires et les neuropathies ischémiques optiques. Une atteinte visuelle ne fait pas partie du score de gravité initiale des GEPA. Du fait de son évolution potentiellement grave, elle pourrait être reconsidérée comme un facteur de sévérité et justifier l’introduction d’un immunosuppresseur ou une biothérapie.
Le diagnostic de certitude d’artérite à cellules géantes (ACG) repose sur une preuve histologique obtenue par étude du tissu artériel. La biopsie d’artère temporale (BAT) est le geste privilégié en ...cas de suspicion d’ACG. Sa sensibilité est variable, dépendante de divers facteurs : présentation clinique, résultats doppler de l’artère temporale, technique chirurgicale. L’objectif de ce travail était de mettre en évidence les éléments clinicobiologiques, Doppler et chirurgicaux les plus prédictifs d’une BAT positive en cas de suspicion d’ACG.
Les patients avec un diagnostic final d’ACG selon les critères ACR étaient issus d’une cohorte monocentrique. Le recueil des données cliniques, biologiques, évolutives était effectué de façon prospective selon un cahier standardisé. Seuls les patients avec un examen clinique détaillé, et ayant eu une biopsie d’artère temporale ont été inclus.
Sur une période allant de 1976 à 2022, 419 patients ACG ont été inclus (62 % de femmes, âge moyen de 75±8 ans). Les signes cliniques rapportés étaient : céphalées (84 %), symptômes bucco-pharyngés (71 %), palpation de l’artère temporale anormale (70 %) induration 53 %, absence/diminution de battement 51 %, douleur 23 %, nodules 12 %, inflammation cutanée 9 %, hyperesthésie du cuir chevelu (49 %), claudication à la mastication (CM) (36 %), signes visuels (36 %) amaurose fugace 25 %, permanente 17 %, bilatérale 5 %, pseudo-polyarthrite rhizomélique (PPR) (28 %), aortite à l’imagerie (11 %). Les taux moyens des marqueurs biologiques étaient VS 85±28mm, CRP 96±62mg/L, fibrinogène 6,9±1,7g/L, plaquettes 438±158G/L. Lorsqu’elle était réalisée, l’échographie Doppler temporale montrait un signe du halo dans 48 % des cas. La BAT était positive pour 75 % des patients avec une longueur moyenne de 25±15mm.
Les patients avec une BAT positive étaient significativement plus âgés (p=0,0151), avaient plus souvent une palpation de l’artère temporale anormale (p<0,0001), de CM (p<0,0001), des taux de plaquettes et CRP plus élevés (p<0,01), un Doppler temporal plus souvent positif (p=0,0001), une BAT plus longue (p=0,0023), et moins souvent une PPR associée (p=0,0014).
En analyse multivariée les critères associés à une BAT positive étaient : taille de BAT supérieure à 20mm (OR=3,7, IC95 %=1,9–7,4, p=0,0001), la présence d’une CM (OR=3,4, IC95 %=1,6–7,6, p=0,0019), un Doppler temporal positif (OR=3,4, IC95 %=1,7–7,3, p=0,0008), une induration de l’artère temporale à la palpation (OR=1,8, IC95 %=0,9–3,7, p=0,0782), l’absence de PPR (présence : OR=0,5, IC95 %=0,3–1,0, p=0,0019). Les performances du modèle sont : sensibilité 93 %, spécificité 31 %, valeur prédictive positive 80 %, négative 61 %.
Certaines caractéristiques initiales (induration de l’artère temporale, claudication masticatoire et absence de PPR) sont prédictives du résultat positif de la BAT en cas de suspicion d’ACG. Le résultat du doppler temporal ainsi que la taille du fragment biopsié ont également une importance prédictive.
L’artérite à cellules géantes (ACG) est une vascularite des vaisseaux de gros et moyen calibre, avec une prédilection pour les artères carotides externes. L’urgence vient du risque de cécité ...définitive dans 10 à 20 % des cas, avec un risque élevé d’atteinte bilatérale dans 4 à 54 % des cas, souvent asynchrone. Notre étude a pour but d’identifier les éventuels critères prédictifs d’ischémie visuelle permanente (IVP) bilatérale au cours de l’ACG.
Il s’agissait d’une étude observationnelle rétrospective monocentrique. Les données démographiques, cliniques, biologiques, et évolutives sont issues de la cohorte prospective historique de patients atteints d’ACG d’un service de médecine interne français entre 2005 et 2022. Un complément d’information a été fait de façon rétrospective à partir du dossier clinique et ophtalmologique de chaque patient. L’atteinte visuelle permanente était définie par l’association d’une baisse d’acuité visuelle avec une anomalie objectivée par un ophtalmologue soit au fond d’œil, à l’analyse du champ visuel, à la tomographie par cohérence optique papillaire ou à l’angiographie.
Parmi les 368 patients inclus, 17 (5 %) ont présenté une IVP bilatérale, 11 d’emblée avant le traitement et 6 avec une IVP unilatérale qui a bilatéralisé en début de traitement. Ils avaient tous une neuropathie optique ischémique antérieure aiguë (NOIAA).
En comparant la cohorte entière avec les patients atteints d’IVP bilatérale, ces derniers étaient significativement plus âgés (79 vs 74 ans, p<0,01), présentaient moins d’amaigrissement (0 % vs 37 %, p<0,01), davantage de douleurs maxillaires (65 % vs 39 %, p=0,04), de dysphagie (35 % vs 14 %, p=0,03), et d’anomalie palpatoire de l’artère temporale (94 % vs 61 %, p<0,01). Aucun de ces 17 patients ne présentaient d’aortite au diagnostic (0 % vs 21 %, p=0,03). Aucun traitement d’épargne cortisonique n’a été débuté au début de l’atteinte visuelle et leur utilisation par la suite n’est pas significativement différente entre ces patients et le reste de la cohorte (29 % dans le groupe IVP bilatérale vs 20 %, p=0,36).
Le délai de prise en charge entre les patients avec IVP ayant bilatéralisé sous traitement (n=6) et ceux ayant une IVP restant unilatérale (n=50) n’était pas significativement différent (6,1 vs 8,5 jours, p=0,84). Le délai moyen de bilatéralisation sous traitement était de 3,3 jours après le début du traitement. Les patients ayant bilatéralisé sous traitement, en comparaison avec ceux ayant une IVP restant unilatérale, présentaient une CRP plus élevée (122 vs 72mg/L, p=0,04) et étaient plus souvent diabétiques au diagnostic (50 % vs 10 % ; p=0,03). Le délai entre l’introduction de la corticothérapie et la première atteinte visuelle était non significativement différent entre les deux groupes (4,2 vs 8,5 jours ; p=0,94).
Tous les patients ayant bilatéralisé sous traitement étaient traités par bolus de méthylprednisolone lors de la première atteinte visuelle : 3 patients ont bilatéralisé malgré des bolus de 500mg par jour (un patient à j1, deux patients à j2) et 3 patients avec des bolus de 300mg par jour (respectivement à j2, j5 et j8). Aucun patient ayant bilatéralisé ne s’est améliorés sur l’atteinte visuelle de manière subjective.
L’IVP bilatérale est une des complications les plus redoutées de l’ACG, source d’un handicap fonctionnelle majeure pour les patients. Le traitement par bolus de glucocorticoïdes n’a pas empêché la bilatéralisation pour 6 patients dans notre étude. De nouvelles thérapies sont nécessaires afin de prévenir cette complication gravissime notamment pour les patients ayant une atteinte visuelle unilatérale au cours de l’ACG.
L’artérite à cellules géantes (ACG) est une vascularite des gros vaisseaux dont il existe des formes post-vaccinales faisant essentiellement suite à la vaccination anti-grippale. Nous présentons ici ...le premier cas décrit d’artérite à cellules géantes post-vaccination anti-pneumococcique.
Nous rapportons ici le cas d’une patiente de 71 ans qui présentait des céphalées occipitales intenses, d’irradiation holocrânienne, une hyperesthésie du cuir chevelu et une carotidodynie bilatérale, sans symptomatologie rhizomélique ou ophtalmologique, apparues de façon brutale à 15jours d’une vaccination par PNEUMOVAX. Une réaction au point d’injection était survenue dans les suites immédiates de cette vaccination, une résolution spontanée ayant été obtenue en 4jours. Son principal antécédent était un cancer colorectal en rémission clinique et métabolique après sigmoïdectomie, chimiothérapie adjuvante et métastasectomies hépatique et pulmonaire. À l’examen, les pouls temporaux étaient très peu perceptibles, sans caractère induré. Le reste de l’examen clinique, notamment neurologique et ophtalmologique, était sans anomalie. En regard, la biologie relevait une CRP à 50mg/L, un fibrinogène à 5,6g/L et un profil inflammatoire à l’électrophorèse des protéines. La numération formule sanguine et la VS étaient normales, la sérologie SAPL était négative ; l’écho-Doppler des troncs supra aortiques ne retrouvait pas d’hyperhémie pariétale, contrastant avec l’hypermétabolisme intense et bilatéral des artères sous-clavières axillaires, des carotides, de l’aorte abdominale et de la bifurcation iliaque sur le TEP-scanner. Le fond d’œil était sans anomalie. Finalement, la biopsie d’artère temporale droite confirmait l’aspect de panartérite inflammatoire giganto-cellulaire. Le diagnostic d’ACG non compliquée a ainsi été posé, justifiant une corticothérapie à 0,7mg/kg/jour, soit 50mg/jour. Une corticodépendance à 30mg/jour a requis l’adjonction de tocilizumab sous-cutané.
Il s’agit du premier cas d’ACG décrit dans les suites de la vaccination anti-pneumococcique. À ce jour, les vaccinations anti-grippale et anti-SARS-CoV2 sont les deux plus pourvoyeuses d’ACG induites 1,2. Les bases de pharmacovigilance (dont Vigibase) décrivent des cas de vascularites suite à la vaccination contre le Streptococcus pneumoniae, au premier desquelles la maladie de Kawasaki ; des cas de pseudo-polyarthrite rhizomélique (PPR) ont également été rapportés sur ces bases de données 3.
Parmi les cas de vascularites en lien avec la vaccination antipneumococcique, il s’agit ici du premier cas d’ACG décrit dans la littérature. La recherche d’une évolution des cas de PPR rapportés dans les bases de pharmacovigilance vers une ACG permettrait de lever une éventuelle sous-estimation des formes post-vaccination anti-pneumococcique.
Le syndrome de Sjögren primitif (SSp) peut se compliquer de neuropathie des petites fibres (NPF). Le profil évolutif de ce type de neuropathie est encore non élucidé, notamment sur une possible ...extension en neuropathie des grosses fibres (NGF). L’objectif était de déterminer la prévalence des NGF lors du suivi de NPF de patients SSp.
Il s’agissait d’une étude rétrospective monocentrique. Les critères d’inclusion étaient : un diagnostic de SSp selon les critères American–European Consensus Group de 2002, la présence de douleurs neuropathiques avec électro-neuro-myogramme (ENMG) initial normal. Tous les patients ont eu une biopsie cutanée avec quantification des fibres nerveuses intra-épidermiques. Les caractéristiques cliniques, biologiques et électriques étaient recueillies au diagnostic de NPF et au cours du suivi.
Trente-deux femmes ont été inclus, avec un âge moyen de 53±14 ans au diagnostic de SSp, avec une biopsie des glandes salivaires accessoires positives dans 81 % des cas (Chisholm≥3) et des anticorps anti-SSA positifs dans 32 % des cas. Le score ESSDAI moyen au diagnostic de SSp était de 4 2–7. À la biopsie cutanée, 23/32 patients (69 %) avaient une NPF confirmée par une diminution des FNIE. Le délai diagnostic entre SSp et NPF était en moyenne de 5 ans 2–10. À l’inclusion, il n’y avait pas différence significative sur les caractéristiques du SSp, les signes neurologiques et les données de l’ENMG entre les patients avec NPF et sans NPF. Les patients avec NPF se plaignaient plus de douleurs neuropathiques selon le score DN4 (p=0,04). Parmi les NPF, 13/23 patients (57 %) avaient une atteinte longueur-dépendante.
La durée moyenne de suivi des patients était de 11 ans. Au cours du suivi, une NGF apparaissait pour 5/32 patients (16 %), tous ayant une NPF initiale (5/23, 22 % des patients NPF), avec un délai moyen d’apparition de 2 ans. Les NGF étaient toutes purement sensitives. La neuropathie axonale était la plus représentée (n=4) par rapport à un seul cas rapporté d’atteinte démyélinisante.
L’analyse univariée entre les patients avec NPF pure et neuropathie mixte (NPF+NGF) montrait une différence significative sur les paramètres ENMG initiaux au diagnostic de NPF, avec une baisse d’amplitude motrice du nerf sciatique poplité externe (SPE) plus marquée pour les neuropathies mixtes (p<0,01), de même que sur les latences motrices des SPE (p<0,05) et des amplitudes sensitives surales (p<0,05). Il n’existait pas de différence concernant les données cliniques, biologiques et histologiques au moment du diagnostic de NPF. L’analyse multivariée n’a pas mis en évidence de facteur de risque d’évolution vers une NGF.
Il existe un intérêt d’un suivi rapproché par ENMG devant un risque d’atteinte des grosses fibres à court terme au cours de la NPF du SSp. Nos résultats méritent d’être précisés sur des études de plus grande ampleur avec des critères standardisés, afin de mieux caractériser les profils des patients avec NPF pure et neuropathie mixte pour en préciser le traitement adéquat, dans le but d’améliorer la qualité de vie.
L’artérite granulomateuse à cellules géantes (ACG) est la vascularite la plus fréquente après 50 ans. L’aortite, définie par un épaississement circonférentiel et homogène des parois de l’aorte, est ...observée chez 50 % des patients ayant une ACG. Devant son potentiel d’aggravation (anévrysmes et dissections), le dépistage de l’aortite est central au moment du diagnostic d’ACG, et au cours du suivi. Ce dépistage repose sur l’imagerie, notamment l’angioscanner et le TEP-scanner (TEP-TDM). Ce travail avait pour but d’évaluer le taux de positivité du TEP-TDM au diagnostic de l’ACG, et de mettre en évidence des facteurs prédictifs de positivité du TEP-TDM (au diagnostic et au cours de l’évolution). Nous avons également évalué l’impact du TEP-TDM dans la prise en charge thérapeutique, notamment en cas de suspicion de rechute ou de récidive.
Les patients ont été recrutés, pour 88 % d’entre eux, de manière prospective, au diagnostic d’ACG, de 1995 à 2021, dans un service de médecine interne français. L’ensemble des patients avaient une ACG confirmée selon les critères ACR, et ont bénéficié de la réalisation d’au moins un TEP-TDM au 18-FDG au diagnostic et/ou au cours de l’évolution. Les TEP-TDM ont été relus par un médecin nucléaire, qui a réalisé une évaluation visuelle de 0 à 3 comparativement au foie, au niveau de 9 régions d’intérêts en regard de l’aorte et de ses branches principales, dans le but d’établir un score TVS (de 0 à 27). Un TEP-TDM est considéré comme positif si une des régions présente une fixation≥2.
L’effectif comportait 122 patients dont 88 femmes (72 %) avec un âge moyen de 70±8 ans, 13 patients étaient diabétiques (11 %). La biopsie d’artère temporale était positive pour 68 patients (61 %), et 56 (47 %) avait une aortite visualisée au diagnostic. Soixante-dix patients (57 %) avaient une présentation clinique à prédominance céphalique, 11 patients (9 %) étaient classés Large Vessel Vasculitis. Tous les patients étaient traités par corticoïdes (dose initiale moyenne 0,77±0,18mg/kg) et une épargne cortisonique a été mise en place chez 48 patients (40 %). Quatre-vingt-trois patients (69 %) ont présenté une rechute ou une récidive et 12 patients (10 %) sont décédés au cours du suivi.
Au total, 227 TEP-TDM ont été réalisés, parmi lesquels 122 étaient la première TEP-TDM pour un patient donné (62 au diagnostic, 60 au cours du suivi). Les 105 TEP-TDM restantes étaient au moins la deuxième pour un patient donné. Au sein des 62 TEP-TDM initiaux réalisés au diagnostic, 50 (80 %) ont objectivé un hypermétabolisme pariétal de l’aorte et/ou de ses branches. Dans le groupe des 122 premiers TEP-TDM, réalisés au diagnostic ou au cours du suivi, le nombre de TEP-TDM positifs s’élevait à 80 (65 %). En analyse multivariée, un premier TEP-TDM positif (au diagnostic ou lors du suivi) était associé au sexe féminin (p=0,031), l’absence de dyslipidémie (p=0,007), une hémoglobine≥12g/dL (p=0,078) et la réalisation du TEP-TDM au diagnostic d’ACG (p<0,001).
Parmi les 122 premiers TEP-TDM pour un patient donné, 62 (51 %) étaient réalisés pour aide au diagnostic, 51 (42 %) pour suspicion de rechute/récidive d’ACG, 3 pour bilan d’extension (3 %) et 5 pour pathologie intercurrente (4 %). En excluant les TEP-TDM initiaux réalisés dans un but d’aide diagnostique, 63/165 TEP-TDM (38 %) ont eu un impact thérapeutique. Parmi ces 63 TEP-TDM, 43 (68 %) ont entraîné une majoration seule des corticoïdes, et 20 (32 %) l’introduction d’une épargne cortisonique. En comparant les TEP-TDM ayant entraîné une modification thérapeutique par rapport à ceux n’en ayant pas entraîné, on observait une moyenne de score TVS plus élevé (15 vs 1 p<0,001), un nombre de régions d’intérêt hypermétaboliques plus important (4,8 vs 0,3 p<0,001), et une moyenne de SUV max plus élevée (3,3 vs 0,4 p<0,001).
Dans notre expérience, le TEP-TDM est un élément central du diagnostic et de la prise en charge thérapeutique de l’ACG. En effet, au diagnostic, sa positivité apporte un argument diagnostique supplémentaire majeur lorsque la biopsie d’artère temporale est négative. Au cours du suivi, le rendement diagnostic du TEP-TDM s’abaisse mais reste élevé. Par son aptitude à confirmer/infirmer une rechute macro-artérielle (notamment une aortite) infra-détectable cliniquement, cette procédure est hautement pourvoyeuse de modification thérapeutique majeure dans la prise en charge des patients.
Understanding quantum thermalization through entanglement build up in isolated quantum systems addresses fundamental questions on how unitary dynamics connects to statistical physics. Spin systems ...made of long-range interacting atoms offer an ideal experimental platform to investigate this question. Here, we study the spin dynamics and approach towards local thermal equilibrium of a macroscopic ensemble of S = 3 chromium atoms pinned in a three dimensional optical lattice and prepared in a pure coherent spin state, under the effect of magnetic dipole-dipole interactions. Our isolated system thermalizes under its own dynamics, reaching a steady state consistent with a thermal ensemble with a temperature dictated from the system's energy. The build up of quantum correlations during the dynamics is supported by comparison with an improved numerical quantum phase-space method. Our observations are consistent with a scenario of quantum thermalization linked to the growth of entanglement entropy.