Peu de travaux se sont consacrés à l’étude des manifestations cliniques de l’embolie pulmonaire (EP) chez la personne âgée. L’objectif de ce travail était de déterminer les caractéristiques cliniques ...de l’EP chez les patients âgés de plus de 75ans.
Il s’agit d’une étude rétrospective qui concerne les patients hospitalisés dans le service de médecine interne du CHU de Besançon pour EP entre janvier 2005 et décembre 2010. Les manifestations cliniques de l’EP des patients âgés de 75 ans et plus ont été comparées à celles des patients de moins de 75 ans. Les données suivantes ont été recueillies : les antécédents médicaux, les facteurs de risque de maladie thromboembolique veineuse (MTEV), les symptômes cliniques et la recherche d’une étiologie à l’EP.
Les données de 64 patients (56 % de femmes), avec un âge médian de 82 ans (espace interquartile : 13,5), ont été analysées. Il n’y avait pas de différence statistiquement significative pour les facteurs de risque de MTEV. La syncope était plus fréquente chez les sujets âgés (33 % versus 7 %, p=0,04) alors que la douleur thoracique prédominait chez les sujets jeunes (36,5 % versus 7 %, p=0,005). Un antécédent de broncho-pneumopathie obstructive était plus fréquent chez les sujets âgés. Le diagnostic d’EP était moins souvent évoqué chez les sujets âgés (47 % versus 72 %, p=0,035). Les étiologies de l’EP n’étaient pas différentes entre les deux groupes.
Notre travail souligne la fréquence de la syncope comme mode de présentation de l’EP chez la personne âgée, alors que la douleur thoracique est rare. Nous confirmons la difficulté du diagnostic d’EP dans cette population.
To date only a few studies regarding pulmonary embolism (PE) in elderly have been published. The aim of this study was to determine the clinical features of PE in elderly patients (≥75years).
All patients hospitalized for PE in our internal medicine department from January 2005 to December 2010 were included in the study. The aim was to compare the features of PE in elderly patients (≥75years) to those of patients younger than 75years. The following data were recorded: past medical history, risk factors for venous thrombo-embolism (VTE), clinical features, and PE etiologies.
The population was composed of 64 patients (women 56%) with a median age of 82years (IQR: 13.5). There was no statistical difference for risk factors of VTE. Syncope was more frequent in elderly patients (33% versus 7%, P=0.04) whereas thoracic pain predominated in younger patients (36,5% versus 7%, P=0.005). Chronic obstructive pulmonary disease was more frequent in the past medical history of elderly patients. The diagnostic of PE was less suspected in elderly patients (47% versus 72%, P=0.035). The etiologies were similar between the two groups.
Our study highlights the frequency of syncope as the presenting feature of PE in elderly, whereas thoracic pain is uncommon. We confirmed the difficulty to diagnose PE in elderly population.
Le but de ce travail était de comparer l’application du référentiel local (rédigé par la commission des médecins anti-infectieux de l’établissement) et national (recommandations de la Société de ...pathologie infectieuse de langue française SPILF de 2006 sur la prise en charge des infections respiratoires basses) dans la prise en charge des pneumopathies aiguës communautaires (PAC) non documentées dans un service de médecine interne où un référent en antibiothérapie est désigné et dans un service d’urgences d’adultes sans référent en antibiothérapie.
Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique portant sur des patients admis pour une PAC non sévère et non documentée dans le service de médecine interne du CHU de Besançon via le service d’urgences adultes.
Cent dossiers (58 femmes et 42 hommes) ont été examinés. L’âge moyen était de 79±11 ans. Les prescriptions du service d’urgences adultes étaient conformes aux recommandations locales ou de la SPILF dans 62 % des cas alors qu’elles étaient conformes aux recommandations dans 94 % des cas dans le service de médecine interne (p<0,05). L’absence de traitement initial au service des urgences adultes n’a pas eu d’influence en termes de morbi-mortalité.
Dans cette étude, les recommandations des sociétés savantes sont significativement plus souvent appliquées dans un service où un référent est désigné pour cette action.
The objective of this study was to assess the application of local and national recommendations in the management of community-acquired pneumonia in an internal medicine department with an antibiotic referent physician and in an emergency department.
This was a retrospective single-center study including patients admitted with community-acquired pneumonia in the internal medicine department of the University Hospital of Besançon after an initial admission in the emergency department.
One hundred patients (58 women and 42 men) were included. The mean age was 79±11 years. The prescriptions done in the emergency department were in accordance with local recommendations or Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) recommendations in 62% of cases. The prescriptions followed the recommendations in 94% of cases in internal medicine department (P<0.05). The lack of initial antibiotic treatment had no influence on morbidity and mortality.
The guidelines for infectious diseases treatment were significantly more often applied in a department where a referent physician was designated for this.
L’uvéite est une affection dont le bilan étiologique n’est pas codifié. La présentation clinique est également très hétérogène, avec parfois une atteinte neurologique, symptomatique ou non. ...L’objectif de cette étude était d’évaluer l’intérêt de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale dans la prise en charge de cette maladie.
Soixante et onze patients, 26 hommes et 45 femmes, ont été inclus entre le 1er janvier 2000 et le 31 mai 2008. Ils ont été répartis en deux groupes « IRM contributive » et « IRM non contributive » selon l’apport de cet examen à l’élaboration du diagnostic étiologique. L’analyse a porté sur les caractéristiques cliniques de l’uvéite, les paramètres biologiques inflammatoires, immunitaires et infectieux, et les caractéristiques de l’imagerie cérébrale.
Trente-huit diagnostics (53,5 %) ont été établis. L’IRM cérébrale a permis d’orienter le diagnostic vers 5 scléroses en plaques et une maladie de Behçet.
L’IRM cérébrale peut être utile en seconde intention dans le bilan étiologique d’une uvéite, en particulier en cas de suspicion de sclérose en plaque et de maladie de Behçet.
Uveitis is a disorder for which etiologic assessment procedures are still not codified. Clinical presentation is heterogenous, with poor correlation between symptoms and neurological involvement. The aim of our study was to assess the contribution of cerebral magnetic resonance imaging (MRI) in the management of uveitis.
Seventy-one patients, 26 men and 45 women, were included between January 1st, 2000 and March 31st, 2008, in two groups “contributory MRI” and “not contributory MRI” according to diagnostic contribution of MRI. Clinical characteristics of uveitis, inflammatory, immunological and infectious biological features, and cerebral MRI were analyzed.
A diagnostics was established in 38 (53.5%) patients. Five patients with multiple sclerosis and one case of Behçet's disease were diagnosed using cerebral MRI.
This study points out cerebral MRI contribution as a second-line examination for the etiological diagnosis of uveitis especially in case of suspicion of multiple sclerosis or Behçet's disease.
La présence d’anticorps anti-SSA est classiquement associée à une forme plus fréquemment systémique de la maladie de Gougerot-Sjögren (MGS) 1–3. Le but de cette étude était de comparer le phénotype ...clinicobiologique des patients avec MGS associée à des anticorps anti-SSA à celui des patients avec un diagnostic de MGS reposant sur la biopsie de glandes salivaires accessoires (absence d’anti-SSA). Les objectifs secondaires étaient la comparaison selon l’âge, le sexe et une évaluation de la qualité de vie des 2 groupes de patients.
Il s’agissait d’une étude rétrospective monocentrique portant sur les patients suivis en médecine interne pour une maladie de Gougerot-Sjögren primaire, répondant aux critères de l’ACR-EULAR 2016 et inclus entre janvier 2000 et janvier 2022. Nous avons comparé les patients selon la présence des anti-SSA ainsi que selon le sexe, et l’âge supérieur ou inférieur à 50 ans au diagnostic. De plus, une étude sur la qualité de vie a été conduite via le questionnaire SF36.
Notre cohorte comportait 197 patients, 183 femmes (92,9 %) et 14 hommes (7,1 %). Soixante-dix-huit patients (39,6 %) avaient moins de 50 ans au diagnostic. Les anticorps anti-SSA étaient présents chez 124 patients (62,9 %). Les patients porteurs d’anti-SSA étaient plus jeunes lors du diagnostic (58,37 vs 62,87 ans ; p=0,023), étaient plus souvent des femmes (96 % vs 87,7 %, p=0,042), avaient significativement plus d’anticorps antinucléaires (99,2 % vs 1,4, p<0,001), d’hypergammaglobulinémie polyclonale (42,4 % vs 20,8 %, p=0,005) et de gammapathie monoclonale (7,6 % vs 5,6 %, p=0,005). Seuls les patients porteurs d’anticorps anti-SSA possédaient une positivité du facteur rhumatoïde (10,5 %), une leucopénie (8,9 %), ou une cryoglobulinémie (5,6 %). Ils présentaient plus souvent une parotidomégalie (10,5 % vs 0, p=0,002). Les femmes possédaient plus d’anticorps antinucléaires (64,8 % vs 35,7 %, p=0,043) et d’anticorps anti-SSA (65 % vs 35,7 %, p=0,042), de même que les patients diagnostiqués avant 50 ans (respectivement 76,9 % et 50 %, p<0,001). Les patients les plus jeunes avaient également plus de thrombopénie (6,4 % vs 0, p=0,012). Enfin, le taux de lymphome était évalué à 1,5 % sur la cohorte et 1,6 % sur l’ensemble des patients SSA+. La qualité de vie, évaluée par le score SF-36 était plus altérée chez les patients sans anti-SSA (le taux de remplissage du questionnaire SF36 était de 26,9 %).
Les patients porteurs d’anticorps anti-SSA+ étaient donc plus jeunes au diagnostic, présentaient significativement plus de leucopénie, d’hypergammaglobulinémie polyclonale, de gammapathie monoclonale, d’anticorps antinucléaires, de facteurs rhumatoïdes, de cryoglobulinémie positive et de parotidomégalie. Le taux de lymphome était inférieur aux données habituelles de la littérature. Nos résultats rapportaient une qualité de vie plus altérée chez les patients sans anticorps anti-SSA, ce qui ne semblait pas intuitif et pourrait conduire à une prise en charge psychologique plus fréquente de cette catégorie de patients.
Cette étude met en évidence des modifications biologiques (anticorps antinucléaires, hypergammaglobulinémie polyclonale, gammapathie monoclonale, cryoglobulinémie, facteur rhumatoïde, leucopénie) ainsi qu’une plus forte prévalence de parotidomégalie associées à la présence d’anti-SSA chez les patients atteints de maladie de Gougerot-Sjögren, en accord avec la littérature. Bien que la présence d’anticorps anti-SSA soit considérée comme un critère de sévérité de la maladie, cela ne semble pas avoir d’impact sur la qualité de vie des patients de notre cohorte qui paraît plus altérée en l’absence d’auto-anticorps anti-SSA.
Several studies have shown that eosinopenia less than 0.04g/L is a marker of bacterial infection in the presence of unexplained inflammatory syndrome. The aim of our study was to test this hypothesis ...and to propose a predictive score for bacterial infection (score CIBLE, C reactive protein, bacterial infections, levels of leucocytes and eosinophils).
This was a single-center observational study of patients admitted to an internal medicine department in the year 2015 and presenting with an inflammatory biological syndrome. Patients were divided into 2 groups: bacterial infections (group 1) and nonbacterial inflammatory diseases (group 2).
One hundred and ninety patients were included: 92 men (48.4 %) and 98 women (51.6 %). Mean age was 73.5±18.2 years 19-104. Group 1 consisted of 124 patients (65.2 %) and group 2 of 66 patients (34.8 %). ROC analysis confirmed a cut-off level for eosinophils count at 0.04g/L as discriminant to predict bacterial infection. In a multivariate analysis, the eosinophil/neutrophil ratio, a history of COPD, the C reactive protein concentration, patient age and initial temperature were the most significant variables. They were used to build the CIBLE score. For a score higher than or equal to 87, the probability of a bacterial infection is at least 70 %.
The CIBLE score appears to be a relevant and inexpensive tool to establish a probability for bacterial infection.
Eosinopenia in 2018 Gil, H; Bouldoires, B; Bailly, B ...
La revue de medecine interne
40, Issue:
3
Journal Article
Peer reviewed
Since 1893, eosinopenia is a biological test to help a diagnosis of bacterial infection. Several publications have confirmed this hypothesis, particularly in the intensive care, pneumology and ...pediatric units. The value of this marker has been identified in vascular cerebral diseases and coronary bypass. Its contribution seems as relevant as procalcitonin, without extra cost. The diagnostic performance of this test was reinforced by a composite score (CIBLE score) that may improve its value in daily routine. Finally, monitoring eosinopenia appears to be a reliable mortality marker.
La sarcoïdose est une maladie granulomateuse inflammatoire multisystémique dont l’origine exacte reste inconnue 1. Une hypercalcémie est mise en évidence chez environ 10 % des patients 2. ...L’ostéoporose et l’ostéopénie sont fréquentes dans la sarcoïdose en elle-même et indépendantes du traitement par corticothérapie 2. Devant l’absence de recommandations chez les patients atteints de sarcoïdose sous corticothérapie concernant la supplémentation vitaminocalcique, nous nous sommes interrogés sur les pratiques des médecins internistes français à ce sujet.
Nous avons mené une étude prospective, en se basant sur un questionnaire adressé aux médecins internistes. Il a été diffusé par mail et par la newsletter de la SNFMI le 1er mars 2022 avec clôture des réponses le 2 novembre 2022. Il comportait 14 questions, sur les caractéristiques, sur les pratiques concernant la supplémentation en vitamine D et/ou calcium selon différentes situations (calcémie, dosage en 25 OH vitamine D, présence de facteurs de risque d’ostéoporose).
Au total, nous avons obtenu 84 réponses, dont 9 ont été exclues car incomplètes.
Nous avons observé que 40 % des praticiens supplémentaient systématiquement leurs malades en cas de carence en vitamine D, alors qu’en cas de dosage de 25 OH vitamine D dans les objectifs (soit supérieur à 30 ng/ml), seuls 7 % supplémentaient leurs malades systématiquement au moment de débuter la corticothérapie et 23 % ne les supplémenteraient qu’en présence de facteurs de risque ostéoporotique.
En cas d’hypocalcémie avérée, 32 % des praticiens conseillent un apport alimentaire de 3 produits laitiers par jour, 21,3 % débutent une supplémentation à 1 g/j, 13,3 % ne supplémenteront pas dans tous les cas, et 5,4 % ne supplémentent que si facteurs de risque d’ostéoporose. En cas de normocalcémie (situation la plus fréquente en pratique), 62,6 % ne supplémentaient pas leurs malades en calcium dans tous les cas et 37,4 % ne supplémentaient que les patients présentant des facteurs de risques ostéoporotiques.
Nous avons également observé que les médecins qui suivaient le plus de malades (file active > 30), ont tendance à les supplémenter, 55 % supplémentaient en vitamine D que le malade soit carencé ou pas, avec une influence importante de la présence des facteurs de risque d’ostéoporose pour la supplémentation en l’absence de carence en vitamine D. Concernant la supplémentation en calcium en cas d’hypocalcémie, 22 % supplémentaient si présence de facteurs de risque d’ostéoporose, 33 % débutaient à 1 g/j systématiquement et 22 % conseillaient un apport alimentaire de 3 produits laitiers par jour.
Les praticiens qui suivaient moins de 10 malades, 63 % supplémentaient en cas de carence en vitamine D, alors que seuls 27 % supplémentaient les malades avec un dosage en vitamine D dans les normes. Dans ce groupe, en cas d’hypocalcémie, 22 % supplémentaient à 1 g/j, 25 % conseillaient un apport alimentaire de 3 produits laitiers par jour et 8,3 % supplémentaient les malades qui présentaient des facteurs de risque d’ostéoporose.
La supplémentation en calcium/vitamine D dans la sarcoïdose est une situation très complexe à laquelle il est difficile de répondre. Notre étude ne comptait pas suffisamment de réponses pour être extrapolable. L’étude de la prévalence de la fragilité osseuse chez les patients atteints de sarcoïdose a montré que 14,6 % des patients ont une ostéoporose avérée, et 40,15 % ont une ostéopénie à un site osseux 3.
Dans notre étude, les médecins avaient tendance à supplémenter les malades en vitamine D et en calcium lorsqu’ils étaient carencés. En cas de dosage en vitamine D dans les normes, les médecins qui suivaient le plus de malades, avaient plus tendance à les supplémenter en comparaison aux autres groupes. Il semble toutefois licite de supplémenter les patients s’ils présentent d’autres facteurs de risque d’ostéoporose, avec une surveillance étroite. D’autres études plus approfondies avec plus de données seraient intéressantes à réaliser pour émettre une conduite à tenir, en incluant éventuellement les bisphosphonates selon l’âge des patients.