Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- Le plus beau jour de sa vie, elle le dit sans ambages, c'est le 14 juin 1981, le jour où le peuple suisse a accepté l'initiative ...pour l'égalité des droits entre hommes et femmes. Dans ce film, elle relate le long chemin qui l'a conduite à son engagement sans réserves pour la cause des femmes. Pour elle, le féminisme et la politique sont un même combat. Elle y joint le pacifisme, car il est lié aux femmes: elles ont un rôle de premier plan à jouer en faveur de la paix et de la survie de l'humanité. Le sens fondamental de son activité de militante? Etre un instrument de changement social... sans se prendre trop au sérieux. 00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jacqueline Berenstein-Wavre et tourné à Genève le 10 août 1993. L'interlocutrice est Silvia Ricci Lempen. 00:00:11 – 00:00:52 (Séquence 1) : Jacqueline Berenstein-Wavre évoque le plus beau jour de sa vie : le dimanche 14 juin 1981, jour où l'initiative populaire "pour l'égalité des droits entre hommes et femmes" a été acceptée. Elle prévoyait l'égalité des droits dans la famille, l'éducation et le travail et l'égalité de salaires entre hommes et femmes pour un travail à valeur égale. 00:00:53 – 00:02:36 (Séquence 2) : Jacqueline Berenstein-Wavre relate son engagement pour l'égalité des droits. Le droit de vote pour les femmes a été acquis le 7 février 1971. Elle souhaitait aller plus loin et faire valoir l'égalité des droits. En 1975, lors de l'année internationale de la femme, Jacqueline Berenstein-Wavre a pu proposer au congrès international à Berne, regroupant des milliers de femmes vivant en Suisse, le principe d'une initiative du droit à l'égalité. C'est en 1981 que l'initiative a été soumise au peuple. 00:02:37 – 00:04:37 (Séquence 3) : Jacqueline Berenstein-Wavre était présidente de l'Alliance de sociétés féminines suisses, une grande organisation de femmes regroupant plus de 400000 membres de différentes associations. Pour pouvoir récolter des signatures par le biais du réseau associatif, il était nécessaire que les membres acceptent l'initiative de l'égalité des droits lors de l'assemblée générale de 1975 se déroulant à Genève. Elle rappelle le discours qu'elle a tenu la veille du vote, lors de la célébration du 75e anniversaire de l'Alliance à l'Hôtel intercontinental, et qui commençait ainsi: "J'espère que vous aurez autant de courage, de hardiesse, d'esprit d'initiative qu'ont eu nos fondatrices". Puisque l'initiative n'a pas reçu le soutien de l'Alliance ni celui de l'Association suisse pour les droits de la femme, il a été difficile de récolter des signatures. 00:04:39 – 00:07:52 (Séquence 4) : Jacqueline Berenstein-Wavre explique son engagement pour la cause des femmes par son besoin et sa volonté de s'occuper des autres. Elle souhaite que chacun puisse se réaliser. Par son expérience, elle s'est rendu compte que les femmes avaient souvent le plus besoin d'aide. Son stage de trois mois chez Elna, à l'usine de machines à coudre à Genève, a été l'un des déclencheurs de son engagement dans la lutte pour les droits des femmes. Elle avait compris que pour pouvoir se réaliser, les femmes avaient besoin de liberté, d'égalité et de formation professionnelle. Jacqueline Berenstein-Wavre s'est toujours engagée dans des associations féminines. 00:07:54 – 00:09:26 (Séquence 5) : Jacqueline Berenstein-Wavre a milité dans des associations féminines et politiques. Elle souhaitait devenir un instrument pour l'amélioration de la condition. Comme elle estimait que son engagement dans les associations féminines n'était pas suffisant, elle a adhéré en 1956 au parti socialiste, qui défendait notamment l'égalité et la dignité de chacun et des conditions de vie convenables. 00:09:28 – 00:12:12 (Séquence 6) : Jacqueline Berenstein-Wavre est originaire d'une famille bourgeoise neuchâteloise qui n’était pas riche mais originale, à l’image de son père ou de sa grand-mère. Son père, né en 1882, était un ingénieur diplômé de l'Ecole polytechnique de Zurich, EPFZ. Il est allé travailler en Alsace, à Pechelbronn, en tant que directeur de raffinerie. Il travaillait aussi le bois. Sa grand-mère allemande aimait les insectes et était assistante à l'université de Munich où travaillait son père entomologiste. Son nom a été donné à une libellule qu'elle a découverte lors de son voyage de noces à Naples. 00:12:15 – 00:13:18 (Séquence 7) : Jacqueline Berenstein-Wavre a suivi des études d'assistante sociale puis des études universitaires. Son oncle Rolin Wavre a été nommé à 26 ans professeur de mathématiques à l'université de Genève. Elle le décrit comme un original. Il vivait chez les parents de Jacqueline pendant les vacances scolaires. La soeur aînée de Jacqueline Berenstein-Wavre a été la première personne de la famille à obtenir une licence universitaire. 00:13:22 – 00:13:49 (Séquence 8) : La mère de Jacqueline Berenstein-Wavre avait un discours original pour l'époque, car elle disait à ses filles qu'elles devaient trouver leur voie : "l'essentiel dans la vie, c'est de faire des choses qui vous intéressent et vous, les filles, ayez un métier comme les garçons, vous vous mariez ou vous ne vous mariez pas, ça n'a pas d'importance". Jacqueline Berenstein-Wavre se souvient d'avoir eu des tantes célibataires qui menaient une vie intéressante. 00:13:53 – 00:15:49 (Séquence 9) : Après ses études universitaires, Jacqueline Berenstein-Wavre a occupé le poste d'assistante sociale à l'école d'infirmières protestante Florence Nighttingale de Bordeaux. Elle logeait dans une chambre nommée Connecticut qui jouxtait celle de la directrice, dans un édifice donné par les infirmières américaines aux infirmières françaises. Elle se souvient que la directrice avait fait une remarque sur le désordre de sa chambre. Jacqueline Berenstein-Wavre étudiait avec ses élèves "Le deuxième sexe" de Simone de Beauvoir qui venait de paraître. 00:15:54 – 00:16:46 (Séquence 10) : Jacqueline Berenstein-Wavre a continué l'enseignement à Genève. Elle précise qu'elle a toujours été dans l'enseignement, même de manière indirecte. Elle a passé quatre années à mettre en place une formation pour les vendeuses d'un grand magasin genevois : le Grand-Passage. Elle avait choisi de former des gens dans le but de les aider à être plus heureux et qu'ils puissent exercer au mieux leur métier. Elle est ensuite entrée dans l'enseignement en tant que spécialiste des techniques de la vente. 00:16:51 – 00:18:16 (Séquence 11) : L'interlocutrice dresse le portrait de Jacqueline Berenstein-Wavre du milieu des années 1950. Jacqueline enseigne alors à l'école de commerce de Genève, elle est pleine de vie, enthousiaste, indépendante et célibataire. Jacqueline et une amie ont créé, en 1952, un groupe d'amitié. Elles étaient convaincues que la convivialité, l'amitié et le rire étaient des éléments importants pour se sentir bien. A cette époque, elle était enseignante et elle gagnait sa vie. Elle partait en vacances et était déjà abonnée au journal "Femmes suisses". 00:18:21 – 00:18:58 (Séquence 12) : L'abonnement de Jacqueline Berenstein-Wavre au journal "Femmes suisses" marque les débuts de son engagement pour l'égalité. La première association féminine à laquelle on lui a demandé d'adhérer était L'Association des femmes universitaires, une association féministe de Genève qui regroupait l'intelligentsia des femmes genevoises. 00:19:03 – 00:20:08 (Séquence 13) : Les femmes qui portaient la lutte pour les droits des femmes étaient, selon Jacqueline Berenstein-Wavre, principalement des femmes bourgeoises, ouvertes, mais conservatrices. Elles ont axé leur combat sur l'acquisition des droits politiques, mais n'ont pas pris part à la lutte pour l'avortement mené par le MLF, Mouvement de libération des femmes en 1968-1970. Jacqueline Berenstein-Wavre souhaitait entreprendre des actions novatrices dans le combat des droits des femmes. 00:20:14 – 00:23:12 (Séquence 14) : Jacqueline Berenstein-Wavre a fait ses études en France. Elle est reconnaissante envers l'Association des femmes universitaires qui lui a permis de s'intégrer à la vie genevoise. Elle y a rencontré Wiblé-Gaillard, la rédactrice de "Femmes suisses", qui lui a demandé de s'occuper d’abord de la mise en page puis de la rédaction du journal "Femmes suisses". Parallèlelement à la rédaction, Jacqueline Berenstein-Wavre continuait son travail d'enseignante. Lors de sa nomination à la rédaction du journal, on lui a fait une farce : elle a reçu trois télégrammes signés Emilie Gourd, Josephine Butler et Florence Nightingale. Jacqueline Berenstein-Wavre est restée dans le comité de rédaction du mensuel. 00:23:19 – 00:24:00 (Séquence 15) : Alors que le féminisme suisse se voulait neutre, Jacqueline Berenstein-Wavre souligne que Wiblé-Gaillard souhaitait ouvrir le mouvement à d'autres personnes. Jacqueline Berenstein-Wavre s'est beaucoup investie dans la cause féministe, qui a surtout pris forme vers 1968-1970 grâce au Mouvement de libération des femmes, le MLF. 00:24:08 – 00:25:56 (Séquence 16) : En 1952, alors que Jacqueline Berenstein-Wavre avait 30 ans, elle a participé pour la première fois à un comité pour une consultation des femmes. Le Grand Conseil avait décidé d'organiser un sondage sur le droit de vote des femmes. Jacqueline Berenstein-Wavre était alors secrétaire du comité. Elle raconte une anecdote sur la liste de présence qu'elle avait préparée et dont la première signature, celle de la présidente Hélène Gautier-Pictet de Rochemont, prenait toute la ligne. En 1953, les femmes se sont prononcées favorables au suffrage féminin, mais en 1964 les hommes ont refusé le suffrage aux femmes lors des votations populaires. La lutte pour le droit de vote des femmes a été difficile. 00:26:04 – 00:27:07 (Séquence 17) : Jacqueline Berenstein-Wavre a présenté la première conférence pour le suffrage féminin dans un bistrot à Carouge. Les hommes avaient toutes sortes d'arguments contre ce
Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- Sur son vélomoteur d'abord, au volant d'une Coccinelle ensuite, Sœoeur Edith Moser a sillonné pendant vingt-six ans la région de ...L'Isle, au pied du Jura, dans le canton de Vaud. Sage-femme, devenue diaconesse de Saint-Loup, elle a passé son existence au chevet des jeunes mamans, des malades, des personnes âgées. Sa mère aurait souhaité qu'elle épouse un pasteur, mais elle a suivi sa vocation, après avoir entendu un appel intérieur. Aujourd'hui à la retraite, elle visite encore chaque semaine des malades de "ses" huit villages. 00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Edith Moser, Diaconesse de Saint-Loup, sage-femme et infirmière, et tourné à l'Isle le 7 septembre 1992. L'inetrlocuteur est Jean Mayerat. 00:00:11 – 00:01:32 (Séquence 1) : L'interlocuteur évoque les figures des diaconesses de Saint-Loup, une institution située à Pompaples. Edith Moser précise que les soeurs fêtent cette année le 150ème anniversaire de leur fondation. L'institution n'a pas été fondée à Saint-Loup même, mais à Echallens, par le pasteur Louis Germond, sur le modèle d'une maison de diaconesses fondée par le pasteur Théodore Fliedner en 1836 à Kaiserswerth. L'idée était d'offrir des soins aux pauvres de l'Eglise et aux femmes. 00:01:32 – 00:02:08 (Séquence 2) : Edith Moser se rappelle des quatre premières diaconesses : Louise-Julie, Augustine, Jeannette et Marianne, qui n'avaient pas de formation médicale. Les écoles d'infirmières n'existaient pas encore à l'époque et les rares maisons qui existaient étaient plus des mouroirs pour les pauvres que des hôpitaux. 00:02:09 – 00:03:26 (Séquence 3) : L'interlocuteur explique que le groupe de soeurs fondé par le pasteur Germond se déplace, 10 ans après sa création, à Saint-Loup. Edith Moser précise qu'en fait la communauté se sentait à l'étroit et c'est un médecin genevois qui lui a fait don des bains de Pompaples. Depuis lors, les soeurs ont pris le nom d'Institution des diaconesses de Saint-Loup. 00:03:27 – 00:05:24 (Séquence 4) : Edith Moser évoque les années 1925-1928, quand elle était jeune fille à Montreux, et énonce une anecdote pour illustrer cette époque. Dans le village de Court, un couple - Georges et Georgette - s'aimaient. Georgette avait perdu sa mère à huit ans et en avait une de remplacement, très sévère. Cette dernière, apprenant les fréquentations de Georgette, lui interdit de traverser le pont de la Birse pour rejoindre son amant. Or un jour, Georgette a cru être enceinte car Georges l'avait embrassée. En ce temps-ci, la sexualité était un réel tabou. Les deux amoureux se sont néanmoins mariés en 1910 et ont eu chaque année une petite fille, dont Edith Moser est la quatrième. En tout, elles furent six et la famille a même cru à des jumelles pour la dernière-née. 00:05:26 – 00:07:07 (Séquence 5) : Edith Moser explique que sa famille vivait à Montreux et qu'elle-même et ses sœurs fréquentaient le Collège de Montreux. Elle aimait beaucoup l'école à cette époque. Or, en 1927, c'est la catastrophe : son père, qui était fondé de pouvoir à la Banque populaire suisse, est nommé à la direction de la banque de Delémont. Toute la famille déménage alors, à son plus grand regret. Depuis lors, Edith Moser n'a plus du tout aimé l'école car les nouveaux professeurs n'étaient pas à la hauteur de ceux de Montreux. Le climat et l'ambiance étaient beaucoup plus rudes et austères. 00:07:09 – 00:08:04 (Séquence 6) : Edith Moser raconte être tombée malade alors qu'elle était adolescente. Une de ses amies avait en effet une tuberculose pulmonaire. Edith Moser la visitait souvent pendant les deux années qui ont conduit son amie à son décès. La vaccination n'était pas encore pratiquée. Elle a donc contracté une pleurésie, qui a duré plusieurs mois, avant que, convalescente, elle ne parte chez sa tante à Ouchy. Là, elle a rencontré une diaconesse, sœur visitante, dont elle admirait la vocation, tout en voulant pour elle-même, un mari et des enfants. 00:08:06 – 00:08:20 (Séquence 7) : Plus jeune, Edith Moser souhaitait devenir ébéniste, même s'il n'était pas coutume à cette époque de faire un métier manuel pour une jeune fille. 00:08:22 – 00:09:16 (Séquence 8) : Edith Moser explique qu'une fois son école terminée, le médecin lui a interdit de faire un apprentissage. Elle est donc restée à la maison, secondant sa mère au ménage, jusqu'en 1935, moment où elle a souhaité partir en Allemagne pour parfaire son allemand. Mais les conditions politiques étaient si mauvaises que ses parents le lui ont déconseillé. Elle est donc partie à Zurich chez sa sœur aînée. Ses parents lui ont alors écrit une lettre où ils lui proposaient de faire l'école de sage-femme à Lausanne ou à Berne. Edith Moser a choisi Lausanne pour retrouver sa tante et le pays de son enfance. 00:09:19 – 00:11:43 (Séquence 9) : Edith Moser a commencé son apprentissage de sage-femme à 21 ans et en détaille les conditions. Les apprenties commençaient tout de suite dans les services de malades et changeaient de stage tous les 15 jours. Lors du passage au service des accouchées, les élèves de seconde année informaient celles de première. Elles avaient également des cours, plusieurs fois par semaine, donnés par le Professeur Rochat, les médecins-chefs et la sœur directrice. A l'époque, les chambres d'accouchées comprenaient huit lits, au pied desquels se trouvaient les lits des enfants. L'ambiance de la salle d'accouchement était tout autre, mis à part quand l'enfant était né. A ce sujet, Edith Moser se rappelle d'une maman qui a souffert pendant trois jours avant que son bébé ne naisse. Elle se sentait vraiment impuissante. 00:11:47 – 00:13:14 (Séquence 10) : Edith Moser explique qu'à son époque on ne connaissait pas les techniques de l'accouchement sans douleur. Les césariennes se pratiquaient déjà chaque fois qu'un accouchement n'arrivait pas à son aboutissement normal. Elle-même trouvait merveilleux de voir le docteur cueillir l'enfant à sa naissance alors que la maman dormait paisiblement. Si parfois ses compagnes s'évanouissaient, elle tenait bien le coup. 00:13:18 – 00:16:26 (Séquence 11) : L'interlocuteur explique qu'un peu avant les années 1940, les sœurs diaconesses de Saint-Loup étaient très présentes dans les hôpitaux. Par exemple, les 12 premières sœurs envoyées à l'Hôpital cantonal ont été envoyées à la demande de ce dernier. Ensuite, il y en a eu dans tous les hôpitaux de la Suisse romande et Edith Moser s'est trouvée dans une maternité où plusieurs sœurs étaient cheffes de service. Parfois, elles parlaient de leur maison mère : elle a donc eu envie de connaître Saint-Loup. Peu de temps après, elle s'est rendue à la fête annuelle de la communauté avec une amie. A un moment du culte, elle entend la phrase "Toi, deviens diaconesse", qu'elle ne peut oublier. A l'époque, Edith Moser était encore apprentie sage-femme et passait alors en pensée ses journées à Saint-Loup. Rétrospectivement, elle voit en cette phrase l'appel de Dieu. A cette époque, elle a beaucoup prié, avant de réaliser qu'elle ne serait pas heureuse tant qu'elle ne répondrait pas à l'appel de Dieu. 00:16:31 – 00:17:28 (Séquence 12) : Edith Moser évoque la réaction de sa famille devant son choix de devenir diaconesse. Sa mère a été un peu déçue car elle espérait qu'elle épouserait un pasteur, mais son père a choisi de la laisser faire ce qu'elle voulait. Cependant, une de ses sœurs s'est violemment opposée tant elle pensait qu'elle devait procréer et non s'occuper de personnes mourantes. Edith Moser a fait la sourde oreille, car elle se réjouissait d'entrer à Saint-Loup. 00:17:34 – 00:19:15 (Séquence 13) : Edith Moser explique avoir terminé son apprentissage à la maternité et reçu son diplôme de sage-femme au printemps 1939. Sa résolution est alors prise et elle entre à Saint-Loup, au sein d'une grande volée de novices. Elle est conduite à Butini, dans la maison qui abrite les sœurs. Le matin, les novices déjeunent avec la sœur directrice, qui leur donne le culte, autour d'assiettes de porridge et de café au lait. Elles sont vêtues d'une robe de travail grise ou bleue. 00:19:21 – 00:20:27 (Séquence 14) : Edith Moser raconte la journée type des novices diaconesses de Saint Loup. Après le déjeuner, chacune était envoyée à son poste respectif, où elle faisait un stage de quelques mois. Elle-même s'est trouvée chez les enfants, qu'elle a eu beaucoup de plaisir à soigner. A midi, les novices retrouvaient le reste de la communauté à la maison mère, pour le repas et un temps libre jusqu'à deux heures. Le travail reprenait ensuite jusqu'à six heures, moment du culte, suivi du repas, avant de travailler à nouveau jusqu'à huit heures. Pendant ce temps, les novices préparaient les malades à la nuit et priaient avec eux. 00:20:34 – 00:21:09 (Séquence 15) : Edith Moser explique qu'en sus de sa formation de sage-femme, elle a suivi des cours pour être infirmière. Elle avait également des cours bibliques le matin, juste après le déjeuner, et un cours en hiver de six mois, donné par les médecins de Saint Loup. Tout ceci a précédé sa prise de costume. 00:21:16 – 00:22:29 (Séquence 16) : Edith Moser évoque les figures des médecins et professeurs de Saint-Loup, notamment le Docteur Eugène Urech, qui était si souriant que ses malades étaient à moitié guéris quand il sortait de leurs chambres. Il était également très encourageant pour les novices. Edith Moser cite également le médecin chef Bach, et le Docteur Rochat, spécialiste de la tuberculose 00:22:37 – 00:23:31 (Séquence 17) : Edith Moser raconte sa prise de costume à Saint-Loup, au terme de ses cours et examens. Il s'agit donc de revêtir le costume et le bonnet de la diaconesse, qui sont les signes visibles de leur appel et attachement au Christ. Cependant, la consécration n'a lieu que sept ans plus tard, une fois qu'un comité a examiné et entériné le postulat de la personne concernée. 00:23:40 – 00:24:03 (Séquence 18) : Edith M
Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- Fils d'un ouvrier horloger victime de la crise des années trente, il est au collège condisciple d'Yves Velan et de Jean-Pierre ...Schlunegger et l'élève d'André Bonnard qui lui fait découvrir... Prévert ! Fidèle à ses origines, il entre au Parti ouvrier et populaire (POP) pour le quitter en 1960, étiqueté "anarchiste libertaire". Amoureux du style et de ses contraintes, Cherpillod admire Ramuz comme créateur de langage et place l'Histoire au cœoeur de son travail d'écrivain. 00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Gaston Cherpillod, écrivain, et tourné au Lieu le 12 février 1992. L'interlocuteur est Bertil Galland. 00:00:11 – 00:01:32 (Séquence 1) : L'interviewer présente Gaston Cherpillod, un homme à deux visages : enfant du peuple et distingué produit de la Faculté des lettres, avec des études de français, latin, grec et philosophie. Gaston Cherpillod explique que son père était un OS, un ouvrier spécialisé dans la taille de la pierre fine, dans l'horlogerie. Suite à la première grande crise du capitalisme vers 1925, il a dû accepter n'importe quel travail, d'abord dans son village, ensuite à Chexbres, puis dans le chef lieu. Avec sa famille, il a habité dans les quartiers populaires de Lausanne, comme Montmeillant ou encore la Cheneau-de-Bourg, un quartier mixte entre travailleur et "lumpen" où l'on trouvait prostituées et maquereaux. 00:01:33 – 00:03:10 (Séquence 2) : Gaston Cherpillod explique qu'à l'école primaire un instituteur, Alexis Chevalley, l'a poussé à poursuivre ses études au collège. Chevallet était un homme de lettres qui a publié des poèmes. Il avait jugé qu'il ne pouvait pas évoluer dans l'école du peuple et il a conseillé à son père de l'envoyer dans l'école des cadres. Étant donné que les instituteurs étaient vénérés dans le peuple, son père suivit son conseil. Il aurait eu de bonnes raisons de refuser car il lui fallait payer l'inscription annuelle et les fournitures scolaires. Cela impliquait que Gaston commencerait à travailler plus tard, alors que son père était tantôt travailleur et tantôt chômeur. 00:03:12 – 00:03:54 (Séquence 3) : Gaston Cherpillod dit avoir connu sur les bancs d'école du gymnase de Lausanne deux futurs écrivains: Velan et Schlunegger. Jean Schlunegger est, selon Gaston Cherpillod, un des bons poètes de Suisse romande, connu au-delà des frontières bien que dans un cercle restreint. Ceci est une fatalité pour le poète contemporain. 00:03:56 – 00:05:06 (Séquence 4) : L'interviewer demande à Gaston Cherpillod si, au gymnase, il réalisait qu'il allait devenir poète. Il répond qu'il voulait absolument assurer son salut par ses œuvres, ainsi que ses condisciples. Velan avait décidé qu'il deviendrait un prosateur et romancier. Schlunegger avait élu la muse lyrique comme déesse. A 18 ans déjà, Gaston Cherpillod était fanatisé par le langage esthétique, mais il a eu beaucoup de peine à manier l'outil verbal, ce qui était lié à son milieu. Aussi, il avait un rapport peu satisfaisant avec sa mère qui s'est transposé dans un rapport ambigu avec sa langue maternelle. Il était en effet un très bon élève en latin, grec et allemand, mais pas en français. 00:05:09 – 00:05:26 (Séquence 5) : L'interviewer demande à Gaston Cherpillod s'il écrivait à l'époque. Il répond qu'il écrivait des poèmes démarqués des parnassiens, puis des symbolistes, bien qu'à ses 20 ans il ait fréquenté des poètes modernes comme les surréalistes. 00:05:30 – 00:06:46 (Séquence 6) : L'interviewer rappelle que Gaston Cherpillod a eu un choc lorsque, à l'université, son professeur de grec, André Bonnard, a lu des poèmes de Prévert. Il raconte qu'ils étaient à l'étage d'un bistrot qui s'appelait "La Pinte vaudoise", au bas de la rue de l'Université près du Palais Rumine, où André Bonnard avait entraîné ses élèves pour son heure de cours. Il a décidé de leur parler non pas d'un poète grec mais d'un poète contemporain qui partageait avec les Grecs un certain nombre de valeurs. Il leur a lu "Le Diner de têtes" qui l'a bouleversé. Il doutait depuis un moment de ses œuvres. Après avoir écouté Prévert, il a décidé de détruire ses poésies. Il dit que, quand il n'est pas idolâtre, il est iconoclaste. 00:06:50 – 00:09:23 (Séquence 7) : L'interviewer rappelle que Gaston Cherpillod avait trois grandes valeurs à l'époque, la poésie, l'amour profane et le désir de changer le monde. Ce dernier était en relation à la condition de son père. À ses 19 ans, Gaston Cherpillod avait l'impression qu'en dehors de ces trois "divinités", il n'y avait rien. En tant que fils de pauvre, il avait décidé que l'argent, une carrière ne comptait pas pour lui. Il était fils de la plèbe mais il avait un tempérament d'aristocrate. L'interviewer résume en disant qu'en lui il y avait la poésie, l'amour et la révolution. Il dit être resté fidèle à ses trois divinités pendant toute sa vie. Il souffre lorsqu'une d'entre elles s'éloigne. Il a 70 ans, l'amour appartient plus à son passé, la mystique révolutionnaire à l'époque actuelle le laisse insatisfait, il lui reste l'écriture. Il ne considère pourtant pas les deux autres valeurs comme moins importantes. 00:09:28 – 00:10:50 (Séquence 8) : L'interviewer dit à Gaston Cherpillod que, grâce à la police fédérale, il a pu réaliser qu'il avait adhéré plus tôt au POP. Il répond qu'il ne l'avait pas oublié, la mémoire est pour lui son pilier d'assurance littéraire. Il a adhéré au POP en 1948. Il n'a pas mentionné cet épisode dans "Le Chêne brûlé", car c'était une adhésion formelle. De plus, il était horrifié du sérieux qui se dégageait des assemblées militantes. Il a préféré mentionner la date de sa véritable adhésion en 1953. La police suisse n'a pas raté sa première demande d'adhésion, ce qui prouve que ces mouvements sont régulièrement infiltrés d'espions à la solde de la classe dominante. 00:10:56 – 00:12:24 (Séquence 9) : Gaston Cherpillod explique qu'au sein du POP il avait une activité légale, bien qu'il aspirât à la prise de pouvoir par la violence. Il collectait des signatures pour des initiatives. Son quartier était son fief électoral. Il a été élu au Conseil communal à la fin de 1953. Il se souvient avoir sillonné son quartier pour une initiative pour l'assurance invalidité. Aussi, il devait rédiger des comptes-rendus internes ou des comptes-rendus du Conseil communal pour la "Voix ouvrière". Il y avait les réunions et les assemblées. Il a été nommé secrétaire vaudois, lausannois et national du Mouvement suisse de la paix. 00:12:30 – 00:13:56 (Séquence 10) : Gaston Cherpillod dit avoir eu des relations conflictuelles avec Muret, chef historique du Parti Ouvrier et Populaire, POP. Muret était un intellectuel issu de la classe dominante, alors que lui venait de la basse plèbe. Lorsque Muret et d'autres essayaient de lui expliquer ce que le peuple sentait, ça l'énervait et il le manifestait. Il devint alors "persona non grata". Lorsqu'il a dû quitter le canton, à cause de son militantisme et de la guerre froide, l'instruction publique l'avait "remercié". Il est revenu ensuite après une année et le parti l'a considéré comme élément douteux, anarchisant. Il ne se reconnaissait pas dans les analyses qu'ils faisaient de la situation sociale suisse. Elles correspondaient à la situation des années 1930. 00:14:02 – 00:15:51 (Séquence 11) : L'interviewer rappelle que pendant cette période Gaston Cherpillod a écrit. Il a adapté "La paix" d'Aristophane, il a écrit des poèmes "Sur fond de gueules", "Plain Siècle". Il explique que c'était une poésie sous aragonesque. Aragon était un grand poète avant de sombrer dans la rimaillerie. Il avait des disciples et des épigones, dont lui. Il a écrit des chansonnettes staliniennes entre 1953 et 1958. Il a écrit des chansons pour Belles Lettres. Les chansons du temps de ses études avaient une bonne adéquation entre forme et fond. Elles avaient un ton qu'il a retrouvé ensuite, celui de la dérision voire l'autodérision. Les poésies staliniennes ont la "langue de bois". Il ne peut pas les renier, mais il fait semblant de ne pas les avoir écrites, elles ne figurent pas dans ses oeuvres complètes. 00:15:58 – 00:16:49 (Séquence 12) : L'interviewer rappelle que Gaston Cherpillod a rompu avec le parti en 1960. Il explique qu'il était considéré comme un anarchiste bien qu'il n'avait jamais adhéré à cette idéologie. Plus tard, dans la lecture de textes anarchistes, il a trouvé un idéalisme creux auquel il oppose la plénitude de l'analyse concrète de Marx. Il a fini par assumer non pas l'idéologie, mais un tempérament de libertaire. 00:16:57 – 00:17:54 (Séquence 13) : Gaston Cherpillod explique que jeune déjà, il se savait bâtard, fils d'une classe par naissance et d'une autre par éducation. Il n'était pas à l'aise ni dans l'une ni dans l'autre. Il se souvient avoir été pris un jour de nostalgie en voyant les faubourgs de Milan, des centaines d'immeubles d'ouvriers. Il s'était dit que sa place était là. 00:18:02 – 00:18:58 (Séquence 14) : Gaston Cherpillod explique qu'André Bonnard est le fils du moment historique et du mieux d'une longue tradition bourgeoise. Bien qu'il se soit déclaré athée, il ne pouvait pas s'empêcher de brûler pour une cause. Il a remplacé Dieu par Karl Marx et d'autres prophètes. Bonnard a été littéralement aspiré par l'idéologie de cette époque. 00:19:06 – 00:19:57 (Séquence 15) : L'interviewer rappelle que Gaston Cherpillod, pendant sa période au POP, n'a pas reçu beaucoup de remplacements. Il a été interdit d'enseignement. Il explique avoir commencé à pratiquer la pêche au moment où il est entré au POP, en 1953. Il l'a beaucoup pratiquée lorsqu'il a été maître au chômage et avant de devenir un acharné de la plume. 00:20:06 – 00:21:36 (Séquence 16) : L'interviewer rappelle que Gaston Cherpillod a écrit un livre contre Ramuz, "Ramuz ou l'alchimiste". Il a commis un crime. Il explique que ce n'était pas contre Ramuz lui-même, qu'il respectait et à qui il recon
Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- Les créations collectives engagées du Théâtre Populaire Romand lui ont permis d'exprimer l'injustice sociale dont elle-même et ses ...parents ont été les victimes dans son enfance. Ses chansons disent la vie d'hommes et de femmes ordinaires, leurs comportements face à la sexualité et à la violence. Ce film est une splendide leçon de sincérité, de dignité et de tendresse. 00:00:00 – 00:00:12 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Yvette Théraulaz, comédienne-chanteuse, et tourné à Lausanne le 29 août 1991. L'interlocutrice est Madeleine Caboche. 00:00:12 – 00:01:29 (Séquence 1) : L'interlocutrice explique qu’à la demande d'Yvette Théraulaz l'entretien se déroulera sur scène. Cette dernière se justifie par le fait qu'il s'agit d'un lieu vide, où on "donne" des représentations de théâtre, un art de l'éphémère et du mensonge avoué, donc de la vérité. 00:01:29 – 00:04:01 (Séquence 2) : L'interlocutrice demande à Yvette Théraulaz qui lui a donné le goût du théâtre. Théraulaz répond que tout a commencé par une Volkswagen et un piano. Ses parents avaient économisé de l'argent pour s'offrir une voiture mais ont préféré acheter un piano à leur fille, sur les conseils de Michel Corboz. Yvette Théraulaz a ensuite pris des cours à l'Institut de Ribaupierre, où le professeur Depardieu l'a faite participer au chœur d'un théâtre pour enfants à Lausanne. C'est là qu'elle a réalisé qu'elle aimerait être sur scène. Elle a donc auditionné et obtenu un petit rôle dans "Aladin et la lampe magique", grâce à un mime de Corboz en train de diriger un orchestre, qui a beaucoup fait rire la salle. 00:04:02 – 00:05:38 (Séquence 3) : Yvette Théraulaz évoque son milieu social : son père était fromager-beurrier à la Coop et sa famille a immigré du canton de Fribourg à celui de Vaud pour des questions financières. Son père est issu d'une famille de 13 enfants et sa mère, d'une de 14 enfants. D'une certaine manière, on peut dire que les Théraulaz étaient les premiers immigrés italiens à Lausanne, car ils étaient considérés comme des voleurs de pain vaudois. Son père et sa mère étaient maltraités car catholiques et fribourgeois. Sans être épouvantable, il y avait un certain racisme, qui a marqué son enfance. 00:05:39 – 00:07:24 (Séquence 4) : Yvette Théraulaz évoque son enfance pauvre, qu'elle a réellement appréhendée à l'école des sœurs. Etant dans un canton protestant, ses parents l'ont effectivement envoyée dans une école catholique, où les parents payaient en fonction du salaire. De là vient une certaine rage chez Yvette Théraulaz, car ses parents étaient pauvres : petite, elle s'est vue discriminée car même si elle était bonne en récitation, on ne la mettait pas en avant lors de ce type d'exercice, car elle était moins bien habillée que d'autres enfants pourtant plus médiocres. Pour pallier un peu à cela, sa mère lui a appris tous les cantiques et toutes les prières et en a informé les sœurs : celles-ci n'ont jamais donné à la jeune Yvette l'occasion de briller en les récitant. 00:07:26 – 00:09:35 (Séquence 5) : Yvette Théraulaz évoque son éducation chez les sœurs, qui lui parlaient du Diable comme quelqu'un de très présent. Elle faisait des cauchemars à partir des images grandeur nature du Diable avec les flammes, la pique et les sabots, qu'on lui montrait. Elle a été en fait très marquée par ses cours de catéchisme quotidiens : il y avait une culture constante de la culpabilité et l'idée que Dieu punissait. Rétrospectivement, elle se demande pourquoi elle n'a jamais pu entrer en dialogue avec le prêtre confesseur alors qu’elle le voyait chaque samedi. Ce qui aurait pu être une initiation formidable à la spiritualité n'était en fait qu'un échange d'aveux et de punitions. Yvette Théraulaz enfant choisissait alors le prêtre qui avait la moins mauvaise haleine et c'était tout. 00:09:38 – 00:10:10 (Séquence 6) : Yvette Théraulaz explique que le théâtre et la chanson lui ont permis de mieux gérer les traumatismes de l'enfance et d’utiliser tout ce matériau. Elle n'a plus de rage, mais se dit marquée par ce départ de vie. 00:10:13 – 00:10:49 (Séquence 7) : Yvette Théraulaz raconte son enfance très ambiguë : elle souhaitait devenir sœur et s'infligeait des pénitences, mais, en même temps, elle se sentait poussée par une force maligne, qui la poussait à blasphémer et à mal se conduire. 00:10:52 – 00:12:16 (Séquence 8) : Yvette Théraulaz évoque son entrée, à 14 ans, à l'école d'art dramatique, où elle est rapidement surnommée Zazie, soit une personne peu sage et impertinente, sans doute car elle était directe et la plus jeune élève. Après son certificat d'études, elle est partie à Paris et est devenue l'élève de Tania Balachova. Elle vivait dans une chambre de bonne chez Jean Blanc, un chansonnier. Ce monsieur était comme son grand-père et leur relation amicale a été très forte. 00:12:20 – 00:13:26 (Séquence 9) : Yvette Théraulaz parle de ses cours avec Tania Balachova et la discrimination dont elle souffrait en tant que Suissesse : parfois, elle n'était pas au courant quand il y avait une audition. Elle est restée un an, puis Jean Blanc a commencé à lui écrire des chansons. C'était en 1962-1963, l'époque des yéyés, et ensemble, ils ont fait le tour des maisons de disques. La question qu'on leur posait invariablement était de savoir si elle couchait. Ayant 16 ans et sortant de chez les sœurs, elle comprenait peu ce qu'on lui demandait. 00:13:31 – 00:16:31 (Séquence 10) : Yvette Théraulaz raconte son expérience avec le Théâtre populaire romand, créé par Charles Joris en 1958. C'est pour elle une rencontre avec la politique et un moyen de se battre contre l'injustice, notamment celle dont elle a pu souffrir par le passé. Elle se sentait en effet pauvre et victime de son milieu d'origine pauvre. Elle a donc découvert un théâtre au service de la cité, pour tout le monde. L'activité du TPR comprenait du théâtre de rue pour enfants et des créations collectives. Il y avait également certains spectacles sur le pouvoir, qui était critiqué, à travers une réflexion profonde sur les mécanismes du pouvoir et de la société. Yvette Théraulaz se souvient d'avoir beaucoup travaillé, notamment lors d'entraînements permanents de danse, d'escrime, ou de judo. Ils jouaient partout et faisaient des tournées dans des villages reculés de France et de Suisse, dans le but d'apporter le théâtre à des gens qui n'en avaient jamais vu. Ils ont joué également "Le soleil et la mort" de Bernard Liegme à Besançon pendant les grèves : ils clamaient sur scène et dans la salle "le fascisme ne passera pas". A l'époque, Yvette Théraulaz ne se voyait pas comme individu et actrice, mais comme membre d'un groupe et d'un tout. 00:16:36 – 00:17:10 (Séquence 11) : Yvette Théraulaz évoque le T'ACT avec André Steiger, qui lui a appris le métier de comédienne. Elle regrette que ce groupe se soit arrêté, faute de moyens financiers, car ce n'était pas une troupe, mais un groupe, permettant de travailler de son côté si on le souhaitait. 00:17:16 – 00:18:31 (Séquence 12) : Yvette Théraulaz évoque la figue d'André Steiger, qui lui a appris à lire un texte, à jouer avec le théâtre lui-même, à faire passer un texte et à être sans linéarité. Il lui a en effet montré comment introduire le doute et la rupture, ainsi que le montage. Cela l'a d'ailleurs aidée pour monter ses tours de chant : créer des personnages en cherchant à provoquer le choc, avec différents sens. 00:18:38 – 00:19:55 (Séquence 13) : Yvette Théraulaz évoque Charles Apothéloz et son aventure politique, quand en 1968, elle s'est retrouvée fichée à Lausanne. Elle avait en effet créé avec Apothéloz le Centre d'art dramatique de Vidy, en plein dans les événements. Ils voulaient monter "Vietnam discours" de Peter Weiss, "La clinique du Docteur Hélvétius" de Viala, mais ont été censurés. Ils ont donc monté un spectacle de rue, "L'ordre et le désordre", qu'ils ont joué à la Palud. Il y a eu alors des clichés et enquête de la police, mais rien de bien grave. A l'époque, Yvette Théraulaz était jeune et n'a pas tout à fait réalisé ce qu'Apothéloz était, même s'ils ont fait ensemble une belle chose. Elle s'en est rendue compte en lisant son livre "Cris et Ecrits". Elle le décrit comme un homme un peu fatigué, car il avait beaucoup lutté et fait beaucoup de démarches pour créer un théâtre en Suisse romande. Elle a fait de belles expériences avec lui, de théâtre pour enfants et de théâtre contemporain. 00:20:02 – 00:21:17 (Séquence 14) : Yvette Théraulaz évoque le Théâtre de poche à Genève et Martine Paschoud, avec qui elle a travaillé et qu'elle a soutenue au moment où Paschoud a pris la direction du théâtre. Elle avait déjà joué avec elle un répertoire plutôt contemporain, comme Duras ou Baxter. Elles ont fait beaucoup d'expériences ensemble, mais ces trois dernières années, Yvette Théraulaz a surtout joué à l'étranger, notamment à Bruxelles, en Belgique et en France. Elle a travaillé pour Jean-Louis Hourdin à Marseille, dans un spectacle de création collective dans les cités-ghettos du nord, presque 30 ans après celle du Théâtre romand. Ce fut pour elle une expérience limite mais très belle et très forte. Yvette Théraulaz a également travaillé avec Joël Jouanneau, pour sa première pièce : "Nuit d'orage sur Gaza". Plus récemment, elle a fait "Les enfants Tanner" de Robert Walser. 00:21:24 – 00:22:07 (Séquence 15) : Yvette Théraulaz évoque ses relations avec les metteurs en scène, notamment étrangers. Quand elle a rencontré Jouanneau par exemple, elle avait près de 40 ans, une longue carrière derrière elle, face à cet inconnu au regard neuf posé sur elle. Cela a été une grande ouverture pour elle. Pour lui, c'était sa première mise en scène de théâtre professionnel et sa première pièce : il était tout neuf, plein de vie et de naïveté. Il attendait tout et était ouvert et disponible, comme elle. 00:22:15 – 00:23:28 (Séquence 16) : Yvette Théraulaz évoque "Nuit d'ora
Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- D'emblée, l'écrivain se place dans la lignée de Ramuz, en particulier quand il s'agit de définir son appartenance à une région, en ...l'occurrence le Jura Sud, lieu à partir duquel se développe sa création. Il faut partir de son lieu d'origine pour comprendre l'universel, l'amour et la mort. L'écriture est pour lui besoin de l'autre, désir de la rencontre, difficulté de cette rencontre, attente. Malgré le sentiment de n'avoir pas pu faire tout ce dont il avait rêvé, la conclusion de l'écrivain est empreinte de sérénité: il faut accepter que le temps commence à être passé. 00:00:00 – 00:00:26 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean-Pierre Monnier, écrivain, et tourné à Epautheyres le 27 août 1991. L’interlocuteur est René Zahnd. 00:00:26 – 00:01:34 (Séquence 1) : Jean-Pierre Monnier parle du lieu de ses origines, lieu où il est né et "d'où il est parti". Ce lieu lui appartient depuis des générations. C'est un village du Jura bernois. Il explique qu'il y a passé une enfance heureuse. 00:01:35 – 00:02:50 (Séquence 2) : Jean-Pierre Monnier parle de la découverte du monde et de l'importance de la réalité de sa région natale, le Jura bernois. La "Découverte du monde", titre aussi d'un livre de Ramuz, a une signification profonde pour lui. Aussi, le lieu de ses origines est caractérisé par des saisons contrastées : des printemps presque inexistants, des étés assez chauds, des automnes admirables et de longs hivers. Jean-Pierre Monnier pense que le pays nous forme. L'œil qu'on porte sur le pays qui nous entoure nous conditionne et participe à la formation de notre être. Dans une démarche de création, que ce soit en peinture, en littérature ou en musique, c'est à partir de ces réalités que l'on doit travailler. Ces réalités sont inscrites en chacun de nous, profondément marquées parce qu’éprouvées pour la première fois. 00:02:51 – 00:04:15 (Séquence 3) : Jean-Pierre Monnier parle de l'hiver jurassien. C'est un temps qui demeure encore secret, malgré les nombreuses voitures qui circulent maintenant et qui ont remplacé les chasses neiges tirés par des chevaux. L'hiver était une période permettant de se retrouver soi-même, peut-être de se replier un peu trop sur soi-même. Le temps de la réflexion était encouragé par les neiges, et par les rigueurs de la saison. Il souligne que c’est une époque rendue merveilleuse aussi par Noël. 00:04:16 – 00:05:37 (Séquence 4) : Jean-Pierre Monnier parle de l'hiver jurassien et de ce qu'il considère comme l'enseignement de l'hiver et de la neige. La neige qui tombe et couvre tout est comme une leçon pour celui qui crée. Lorsque les mots n'ont plus tout à fait la même signification, lorsqu'ils tremblent et s'éloignent, ils sont eux aussi recouverts. Pour le créateur s'impose alors un travail, pour "désenjoliver" les sentiments et le langage de ces mots. L'hiver nous convie à ce désensevelissement annuel. Les neiges de février, surtout, ont une signification très particulière, parce qu'elles annoncent le printemps imminent, l'annonce d'un renouveau, de la nouvelle année dont on ignore encore tout. 00:05:39 – 00:06:27 (Séquence 5) : Jean-Pierre Monnier trace un parallèle entre la page blanche de l'écrivain, la toile blanche du peintre et la neige sur le Jura. Devant une page blanche ou une toile, tout est possible. Les possibilités diminuent au gré du travail qui avance. Les possibilités se limitent alors à ce qui doit donner sens à la page ou à la toile. 00:06:29 – 00:08:01 (Séquence 6) : Jean-Pierre Monnier parle de l'héritage de ses ancêtres, une sorte de conscience collective, de mémoire immémoriale. Il définit cet héritage comme étant une conformité naturelle avec un milieu intimement proche. L'ascendance a une grande importance pour lui, elle le conduit à l'inconscient collectif et à mieux comprendre ce que Jung appelait la "mémoire ancestrale". Elle laisse des éléments dont on ne se libère pas facilement et qu'il faut chercher à mieux comprendre. Il affirme que le milieu qui nous est donné est une fatalité. 00:08:04 – 00:08:54 (Séquence 7) : Jean-Pierre Monnier parle du Jura. Souvent critiqué, surtout par les habitants du bord du lac, le Jura est un pays austère mais très attachant. Il pense que cette vision est partagée par les habitants du Pays d'Enhaut et de la Vallée de Joux, qui ne sont pas tout à fait le Jura, mais qui sont à peu près à la même altitude. De même pour le Jura neuchâtelois. Il rappelle que le Jura est une région qui va de Genève à Schaffhouse et qu'il y a aussi un Jura français très vaste. C’est une région qui forge une mentalité, une façon de sentir, une manière d'être. 00:08:57 – 00:10:35 (Séquence 8) : Jean-Pierre Monnier explique comment la lecture est entrée dans sa vie. Il rappelle que ses ancêtres étaient des paysans et des horlogers. A une époque sans télévision, la lecture est entrée dans sa vie à cause des longs hivers et aussi peut-être parce que le Jura bernois est un pays protestant. Il cite un historien français, probablement Guizot, qui avait remarqué que, dans les pays protestants, la lecture était plus répandue. Ce phénomène est lié à la nécessité d'apprendre à lire la Bible. Les pays protestants sont donc des pays de lecture et de réflexion. Il pense qu'aujourd'hui tout a changé : les voitures ont rapproché les gens, raccourci les distances et d'une certaine manière gommé les saisons. 00:10:38 – 00:12:03 (Séquence 9) : Jean-Pierre Monnier parle de ses lectures, de sa découverte progressive de la littérature. Le premier livre lu, vers huit ou neuf ans, fut "Pinocchio" de Collodi. Les lectures de la Comtesse de Ségur, Jules Verne, Victor Hugo viennent ensuite vers 13-14 ans. Comme il souhaitait devenir poète, il lut les poésies du cru, Renfer entre autres. La découverte de Ramuz, à 15 ou 16 ans, fut très importante, grâce à "La Guilde du livre" et au bulletin de la Guilde, auquel ses parents étaient abonnés. Dans ces bulletins mensuels, il pouvait lire d'excellents articles. Il découvre ainsi Gustave Roud, pour la première fois, et ses proses admirables réunies dans "Les aires de la solitude". 00:12:07 – 00:14:25 (Séquence 10) : Jean-Pierre Monnier parle de ses lectures, de sa découverte progressive de la littérature. Il explique l'importance de Ramuz. Grâce à ce dernier, il comprend que la littérature jurassienne était très anecdotique. Une littérature de clocher qui, selon lui, accumule les clichés, la combe agreste et le sapin centenaire, et dont il s'est assez vite éloigné. Il comprend, à travers Ramuz, qu'il était possible d'être d'un pays, et de tout ailleurs aussi. Il cite Ramuz en affirmant qu'en art il n'y a que deux choses intéressantes, l'amour et la mort, et qu'on aime et meurt partout. Ces mots de Ramuz rejoignent d'autres mots de Dostoïevski qui disait que chacun des autres est un autre soi-même. L'essentiel, dans l'enseignement de Ramuz, est de revenir à ses lieux d'origine dès que le besoin se fait sentir. Ramuz lui a ouvert un espace de création. Ce qu'il retient de Ramuz est aussi la stylisation d'une vision. 00:14:29 – 00:15:57 (Séquence 11) : Jean-Pierre Monnier parle de la rencontre avec Crisinel. Etudiant en Lettres, il commence à écrire dans un journal étudiant catholique, l'organe de la JEC "Joie", qui était tiré sur du papier couché malgré la guerre. Crisinel lut son article sur Henry Spiess, où il était cité avec Gustave Roud, Pierre-Louis Matthey et Gilbert Trolliet. Crisinel lui écrivit pour le remercier et ce fut le commencement, en 1942-1943, d'une merveilleuse amitié. 00:16:01 – 00:17:37 (Séquence 12) : Jean-Pierre Monnier parle de sa relation avec Crisinel. Il a été très important pour lui. Tout d'abord par son œuvre, qu'il considère majeure pour la première moitié du siècle, par sa densité et sa sobriété, par sa vérité et sa nécessité. Le besoin de poésie chez Crisinel, après un silence de près de 20 ans, renseigne sur la nécessité d'écrire. Ensemble, ils ont gardé un contact épistolaire jusqu'aux dernières semaines de la vie de Crisinel. Il l'a honoré d'une série de réflexions très personnelles sur son œuvre, exprimées nulle part ailleurs. Lorsque dix ou vingt ans après sa mort, "La revue de Belles-Lettres" lui en fait la demande, il publie ces lettres, sauf quelques-unes qu'il a gardées. Ces lettres renseignent admirablement sur la jeunesse de l'œuvre de Crisinel. 00:17:42 – 00:19:11 (Séquence 13) : Jean-Pierre Monnier parle de son expérience à Paris. Nommé professeur à l'école de commerce à Neuchâtel, il accepte le poste à condition de recevoir quelques années plus tard un congé de plusieurs mois. Il séjourne huit à neuf mois à Paris. Il aimait marcher dans la ville. Il habitait Boulogne sur Seine, pas loin de chez Renault. C'est à ce moment qu'il commence à écrire son premier récit. 00:19:16 – 00:20:31 (Séquence 14) : Jean-Pierre Monnier parle de son contact avec Pierre de Lescure. Il avait lu une admirable nouvelle de lui dans "Lettres", la revue genevoise dont Starobinski s'occupait avec Marcel Raymond et Pierre Courthion. Il découvre la nouvelle de Lescure et il est émerveillé par la qualité littéraire de ce texte. Apprenant qu'il vivait en Engadine, il lui écrivit. Ce fut le début d'une correspondance. Ils se sont rencontrés en 1949 ou 1950. Pierre de Lescure devient son premier éditeur. Il avait créé une revue à Saint-Paul-de-Vence, qui a ensuite déménagé à Paris. Là, il projette une collection romanesque, chez Gallimard d'abord, puis chez Plon. Dans cette dernière maison d'édition sont apparus ses trois premiers livres. 00:20:37 – 00:22:55 (Séquence 15) : Jean-Pierre Monnier parle de deux concepts, l'imagination et l'invention. L'interviewer cite une phrase de Monnier publiée dans la réédition de son premier livre "L'amour difficile" chez Bernard Campiche : "Comme autrefois, je pense toujours que c'est la forme qui appelle le fond, qu'elle le suscite, qu'elle le provoque, et que c'est à l'image qu'il faut obéir, à la
Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- Il part en tournée avec Pierre Dudan dans les années trente, il accompagne, à la fin des années quarante, de nombreux chanteurs, ...Gréco, Fernandel, Bourvil, il est le compère de Jack Rollan à la Radio suisse romande, il travaille avec Victor Desarzens et André Charlet. Son Catalogue compte plus de huitante œoeuvres, symphonies, concertos, opéras, oratorios. Ses maîtres sont Ravel, Stravinski, Franck, puis Mahler et Richard Strauss. 00:00:00 – 00:00:24 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Julien-François Zbinden, compositeur, et tourné à Lausanne le 26 août 1991. L'interlocuteur est Albin Jacquier. 00:00:24 – 00:01:27 (Séquence 1) : Julien-François Zbinden raconte ses origines. Il est né à Rolle le 11 novembre 1917. Ses parents habitaient Place de la Gare où se dressaient trois immeubles locatifs appelés "Mon travail", "Mon souvenir" et "Le Titanic". Il explique que le destin a voulu qu'il naisse à "Mon travail". 00:01:28 – 00:02:32 (Séquence 2) : Julien-François Zbinden raconte comment il est venu à la musique. Son père était un très bon flûtiste amateur. Sa première image musicale est un duo de son père avec un ami. A l'âge de sept ans, ses parents l'inscrivent à des leçons de piano. Il dit avoir eu des maîtresses de piano très sévères, à l'exception d'un professeur, qui a été encore plus sévère qu'elles. 00:02:34 – 00:04:24 (Séquence 3) : Après la séparation de ses parents, Julien-François Zbinden est allé vivre à Lausanne avec sa mère et ses trois frères et sœurs. On lui recommande d'aller prendre des cours de piano chez Ernest Décosterd, un professeur très réputé. A l'audition, alors qu'il jouait une petite romance de salon, "Perce-neige", Décosterd l'arrêta et dit à sa femme et son fils que le jeune Zbinden avait du talent. Il a suivi des leçons chez lui pendant cinq ans. Elles étaient très dures, mais il a appris à jouer du piano. C'était un professeur très sévère, qui n'hésitait pas à le frapper sur les cuisses avec l'accordoir. 00:04:26 – 00:05:02 (Séquence 4) : A 14 ans, Julien-François Zbinden voulait faire de la musique. Son père n'était pas du même avis et lui conseilla de s'inscrire à l'Ecole normale. En enseignant, lui expliquait son père, il allait avoir de bonnes vacances pour pratiquer la musique. 00:05:05 – 00:06:25 (Séquence 5) : Peu avant de commencer l'Ecole normale, Julien-François Zbinden découvre le jazz à travers Louis Amstrong à la radio d'abord et sur des disques ensuite. Il rappelle que le jazz est arrivé tard en Europe. Et pour lui, cela a été une sorte d'illumination intérieure. Il rencontre Pierre Dudan, qui n'était pas encore un chansonnier connu. C’était un musicien extraordinaire qui jouait de tout. Ensemble, ils ont partagé une passion pour le jazz. C’était une période magique pour Julien-François Zbinden. 00:06:28 – 00:07:24 (Séquence 6) : Malgré sa passion pour la musique, l'école prenait beaucoup de place dans la vie de Julien-François Zbinden. Il y suit des cours de musique avec Charles Mayor et Henri Gerber, le père du luthier Pierre Gerber. Il tente de lui apprendre le violon, sans succès. En vertu des qualités de pianiste du jeune Zbinden, Gerber le libère de cet enseignement. Par la suite, dans son activité de compositeur, il a regretté de ne pas avoir plus perfectionné le violon, ce qui lui aurait facilité l'écriture des partitions pour les cordes. 00:07:27 – 00:08:25 (Séquence 7) : Julien-François Zbinden parle de ses lectures d'adolescent. André Gide était un monument de sa jeunesse. Le climat de la jeunesse était alors fantastique, sans aucun vandalisme, sans volonté de nuire, ils nourrissaient néanmoins un sentiment de révolte, et l'idée d'être mieux que la génération précédente. 00:08:29 – 00:09:45 (Séquence 8) : Après l'Ecole normale, Julien-François Zbinden ne trouvait pas de travail comme enseignant et était fermement décidé à devenir musicien professionnel. Il avait, à son actif, une certaine expérience. Avec Pierre Dudan et un orchestre, il donnait des concerts dans des bals de village et dans des pensionnats. Il se sentait prêt à entrer dans un circuit supérieur, dans des variétés, des dancings de jazz. Il voyage alors dans toute la Suisse : Arosa, Ascona, Lugano, Zurich. A Zurich avec Jo Grandjean, en 1939, il rencontre celle qui sera sa femme. 00:09:49 – 00:10:22 (Séquence 9) : Julien-François Zbinden parle de son expérience pendant la deuxième guerre mondiale. Il est convoqué par l'armée trois mois après son mariage. Confiné en Suisse, il continue de voyager pour donner des concerts. C'était une vie difficile mais très passionnante. Une vie dont il ne regrette rien, parce qu'elle lui a énormément appris. 00:10:27 – 00:11:24 (Séquence 10) : Julien-François Zbinden parle de ses rencontres et de sa carrière de pianiste jazz. Il a fait partie de nombreux orchestres : Jo Grandjean, James Boucher, Bob Huber, Rucksthul. Il a participé au Baur au Lac à Zurich et le Lausanne Palace. Il a joué dans des dancings, des hôtels et des bars. Il a eu son propre orchestre avec un ami. Il a fini par jouer en duo avec le batteur et chanteur Roland Schweizer . Ceci lui a permis d'apprécier l'ensemble du répertoire jazz de ce milieu varié qui va de la "boîte de nuit" aux hôtels huppés. 00:11:29 – 00:12:34 (Séquence 11) : Dans les variétés, Julien-François Zbinden a accompagné toute une série de vedettes qu'il a par la suite et en partie retrouvées à la radio. Pendant cette période de pianiste jazz, il n'a jamais cessé d'étudier les disciplines musicales. Il lui est arrivé par exemple, en rentrant du Mac Mahon à Genève à trois heures du matin, d'étudier le traité d'harmonie d’Alexandre Déderia. Les études de musique, en plus de son activité, étaient irrégulières. Il a continué de garder un goût pour la musique classique et surtout il n'a jamais cessé de la composer depuis ses 18 ans. 00:12:40 – 00:15:27 (Séquence 12) : Julien-François Zbinden parle de sa rencontre avec Marie Panthès, pianiste très célèbre, à l'égal d'Alfred Cortot. Elle venait parfois jouer dans les salons de son père. Il prit des cours avec elle. Elle avait un grand don pour l'enseignement du piano. Mais elle enseignait surtout la musique. Une pianiste exceptionnelle, avec des hauts et des bas, et un tempérament qui changeait à chaque concert. Il cite Marie Panthès: au moment de quitter l'Europe pour se faire soigner aux Etats-Unis, à la question de savoir si elle emporterait Liszt, Beethoven et Bach avec elle, elle répondit que oui, mais que serait certainement Chopin qui l'emporterait. 00:15:34 – 00:17:07 (Séquence 13) : Julien-François Zbinden parle de ses rencontres à travers son métier de musicien. Marie Panthès, chez qui il prend des leçons pendant deux ans, lui a présenté René Gerber. Il lui a montré sa première composition, intitulée "La suite brève". Par la suite, Marie Panthès a été la première interprète de son œuvre en public. Sa rencontre avec René Gerber a été une deuxième révélation dans sa vie. Elle intervient à un moment où il était découragé et tiraillé entre son besoin d'écrire de la musique et son métier exercé dans des endroits qu'il commençait à ne plus trop supporter. René Gerber l'a encouragé à travailler la composition, il l’a pris comme élève. 00:17:14 – 00:18:04 (Séquence 14) : Julien-François Zbinden parle de ses cours avec René Gerber. Avec lui, il apprend l'orchestration et surtout le contrepoint. Ses leçons sont un enrichissement musical important. Le plus passionnant reste la critique de René Gerber de ses œuvres. Il allait chez lui à chaque occasion, parfois en vélo avec sa femme, de Bienne à Peseux, où il habitait. 00:18:12 – 00:19:48 (Séquence 15) : Julien-François Zbinden raconte comment il est arrivé à la radio. Très jeune, à 18 ans, il avait joué plusieurs fois à la radio avec Edouard Moser. Avec son duo et avec les orchestres de jazz, il avait aussi participé à des émissions avant 1947. Il reçoit, un jour, une lettre de Moser qui l'invite à travailler à la radio. C'était un tournant difficile, dans son autre travail, il gagnait le double, mais c'était l'occasion de sortir du monde des variétés, des dancings, qu'il ne supportait plus, surtout avec l'âge qui avançait. Prêt à faire un sacrifice, il accepte l'offre. Le 16 décembre 1947, il commence à travailler à Radio-Lausanne comme pianiste à tout faire. Il a joué même avec Desarzens, dans des parties pas trop difficiles. Il accompagnait surtout les spectacles de variétés. 00:19:57 – 00:20:48 (Séquence 16) : Julien-François Zbinden parle de son travail de pianiste à Radio-Lausanne, un travail intéressant et acrobatique, surtout avec les chanteurs qui avaient du matériel très mauvais. Aussi ils ne répétaient jamais les morceaux de la même manière. Il a accompagné des chanteurs comme Gréco, Fernandel. 00:20:57 – 00:22:03 (Séquence 17) : A Radio-Lausanne, Julien-François Zbinden a collaboré après Fernandel, avec Bourvil, Eddie Constantine, Josephine Baker, Pauline Carton. Des personnalités avec lesquelles il a eu des moments de très grande joie. Il cite en particulier Jack Rollan, un ami. Avec lui, il a fait un nombre considérable d'émissions, comme "Le Bonjour" réalisé dans des conditions périlleuses. L'émission débutait souvent sans les textes complets, qui arrivaient au fur et à mesure. Une autre émission, qu'ils ont faite ensemble, était "Jane et Jack". 00:22:13 – 00:23:24 (Séquence 18) : Julien-François Zbinden parle de son travail à Radio-Lausanne. Après avoir joué dans les variétés comme pianiste, il est passé à la programmation et dans le domaine de la musique classique. Il considère ses années aux variétés comme un moment heureux. Le passage à la musique classique a été une suite logique qui était liée à son travail de composition et à son âge. Ce passage a été graduel, il a fallu d'abord s'initier à la régie musicale. Cette dernière a été du "pain béni" car, selon lui, il n'y a pas de meilleure école d'orchestration que
Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- Après une formation d'ingénieur- géomètre, Charles Rittmeyer fait des études de théologie et formule sa propre lecture des ...Evangiles. Il prône un rapport étroit entre le chrétien et l'enseignement de Jésus, dénaturé à ses yeux par les interprétations des Eglises. Très vite isolé et privé de paroisse, il se retrouve au coeœur d'un groupe de fidèles qui partagent ses convictions et lui donnent les moyens de poursuivre son activité. 00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Charles Rittmeyer et tourné à la Tour-de-Peilz le 27 février 1991. L'interlocuteur est Raymond Olivary. 00:00:11 – 00:01:15 (Séquence 1) : L'interviewer dit avoir connu Charles Rittmeyer à Nyon chez les éclaireurs en 1941. Il avait entendu parler des projets de Rittmeyer qui visaient à réformer la société. Charles Rittmeyer était un ingénieur géomètre qui était venu à la théologie. Il lui demande comment il a fait cette évolution. Il répond que c'est une question qu'on lui a posée souvent, car ça paraît curieux qu'un scientifique, un mathématicien vienne à la théologie. Il y est venu pour voir plus clair. Les raisons de ce choix sont profondes et remontent dans le temps. Ça n'a pas été une décision du moment. 00:01:16 – 00:01:54 (Séquence 2) : Plutôt que de tracer une sorte de curriculum vitae, Charles Rittmeyer aimerait remonter dans le temps et donner les principaux événements qui l'ont amené à bifurquer. Des événements face auxquels, selon lui, n'importe qui aurait réagi comme lui. C'est faux de le considérer comme un individu à part. 00:01:55 – 00:03:05 (Séquence 3) : Charles Rittmeyer dit être né à l'hôpital Saint-Loup dans le Jura en 1918. C'était encore la guerre, son père était médecin à l'hôpital. Il faisait un stage de chirurgie avec le docteur Henri Curchod. Suite à la guerre, il y a eu la grippe. Son père a été appelé de Saint-Loup à Sainte-Croix, un haut village avec un climat rude. Les routes n'étaient pas ouvertes comme aujourd'hui. Son père s'est voué à son travail au point d'en miner sa santé. Il est mort six ans après à l'âge de 34 ans. Il avait lui-même sept ans. 00:03:07 – 00:04:25 (Séquence 4) : Charles Rittmeyer dit être l'aîné de quatre enfants. Il avait trois soeurs, ce qui a joué un grand rôle. Il avait sept ans à la mort de son père, sa soeur cadette n'avait même pas un an. Il a été encouragé à prendre la vie au sérieux, à aider sa mère et à remplacer son père. Son père venait de s'installer, ils avaient donc des dettes et rien de côté. Des années plus tard, il a découvert que des amis de son père avaient réuni la somme de 10000 francs pour leur formation professionnelle. En ce sens, il était destiné à travailler bien, sérieusement et à aller au bout de ses questions. 00:04:27 – 00:05:51 (Séquence 5) : Charles Rittmeyer explique que son père était comme un ami, il était la personne qu'il interrogeait. Quand il est mort, c'est une partie de lui qui s'en est allé. Il est resté seul. Il y avait néanmoins un élément positif dans cela: puisque la personne qui répondait à ses questions n'était plus là, il a dû observer la réalité pour la comprendre. Cette situation l'a obligé à approfondir ces questions. Aussi, il a été porté à mettre en valeur ses propres possibilités, ce qui manque à la majorité des gens. On pense à leur place, et ils deviennent des croyants. Il était dans l'impossibilité de devenir un croyant. 00:05:54 – 00:06:32 (Séquence 6) : Charles Rittmeyer dit que sa formation professionnelle a suivi son cours. Il a été placé avec ses soeurs chez des connaissances et des amis. Sa mère devait travailler pour les élever. Sa mère a fait un apprentissage culinaire à l'hôtel Central à Lausanne. Ensuite, elle a ouvert une école ménagère à Coppet près de Nyon, qui lui a permis de réunir ses enfants. C'est dans cette région qu'il a fait sa scolarité, au collège classique de Nyon, chez son grand-père qui était pasteur de l'Eglise libre. 00:06:36 – 00:07:23 (Séquence 7) : Charles Rittmeyer explique que la formation classique ne l'amenait pas à son but. Il avait toujours aimé la montagne. Il avait vécu à Sainte-Croix, à mille mètres, où la vue plonge sur toute la plaine de l'Orbe. Il s'est destiné à la cartographie. Au collège de Nyon, il avait suivi un concours de géographie, il avait fait des cartes qui avaient été bien jugées. Pour réaliser son désir, il a dû faire un diplôme d'ingénieur géomètre à l'Ecole Polytechnique de Lausanne. Il devait entrer au service topographique fédéral. 00:07:27 – 00:08:06 (Séquence 8) : Charles Rittmeyer explique qu'après son diplôme, pour devenir ingénieur géomètre, il devait faire un stage. La situation du travail était mauvaise. Dans le canton de Vaud, il n'y avait pas de places de stage avant l'année suivante. Il avait épuisé le fonds de son père, ses sœurs devaient en profiter aussi. Il a alors décidé de se rendre à Zurich, à l'Ecole polytechnique féderale, l'EPFZ, pour parfaire son diplôme pendant l'année d'attente. 00:08:10 – 00:08:49 (Séquence 9) : Charles Rittmeyer explique que c'est à Zurich qu'il a pris la grande décision. À son deuxième semestre, la guerre a éclaté. La guerre lui avait montré un peuple voisin, très chrétien, les Allemands, qui écrasaient des innocents sous les bombes. Une vision d'enfer, lunaire. De graves questions se sont posées. 00:08:53 – 00:09:31 (Séquence 10) : Charles Rittmeyer dit qu'à l'éclatement de la guerre, il avait 22 ans. Dans ce contexte, un jeune ne comprend pas ce qui se passe. Il voulait comprendre. Il cherchait des réponses auprès de diverses personnes, des pasteurs, des prêtres. Les réponses étaient totalement insatisfaisantes, il y avait des lacunes dans le christianisme qui étaient évidentes. Le christianisme n'était pas à la hauteur de sa tâche, il n'était pas en mesure de conduire à l'éclosion humaine. 00:09:36 – 00:10:21 (Séquence 11) : Charles Rittmeyer explique qu'il n'était pas le seul à se poser des questions. Il avait réalisé que ses amis, les anciens éclaireurs, n'allaient pas au christianisme pour trouver des explications. Plus tard, il a fait une thèse sur un biologiste et physicien français, Le Comte de Luis. Dans un de ces livres, il a trouvé une phrase que le biologiste citait de la revue américaine "Fortune": "Dans notre désarroi, nous nous tournons vers les églises, mais nous n'y entendons que l'écho de nos propres voix". 00:10:26 – 00:10:47 (Séquence 12) : Charles Rittmeyer explique qu' enfant et adolescent, dans les camps d'éclaireurs où il avait remplacé l'aumônier lors de la méditation du dimanche, il avait remarqué qu'il y avait dans les évangiles des déclarations extrêmement valables, dans la bouche de Jésus. On ne les écoutait pas déjà à l'époque. 00:10:52 – 00:12:02 (Séquence 13) : Charles Rittmeyer dit que les éclaireurs ont joué un très grand rôle. Ils l'ont amené à découvrir la nature, et à l'aimer davantage. Ils ont fait de nombreuses courses dans les Alpes. Avec les anciens éclaireurs, il s'était aventuré à faire l'ascension de l'un des Mischabel, le Rimpfischhorn, à 4200 mètres d'altitude. C'était le lendemain de son examen propédeutique et il était déjà fatigué. Après 14 heures de varappe et de glacier, il était complètement épuisé. Une semaine après, une glande du cou signalait la présence d'une maladie qui l'a amené à Leysin. Elle a eu de profondes conséquences, dans le cadre de sa recherche aussi. 00:12:07 – 00:13:05 (Séquence 14) : Charles Rittmeyer explique qu'il a dû aller à Leysin, car il n'y avait pas moyen de soigner sa glande. Il a été envoyé à Chandolin, un village auquel il est resté très attaché. Les soins, abandonnés aujourd'hui, étaient basés sur les aérations, les cures au soleil. Il n'était pas avec les malades pulmonaires. Grâce à sa glande, il a été vacciné contre la tuberculose. Ensuite, il a donné des leçons de mathématiques dans les divers sanatoriums. Ceci pour gagner de l'argent et aussi pour aider les malades. 00:13:11 – 00:15:02 (Séquence 15) : Charles Rittmeyer dit qu'il était au sanatorium universitaire, il bénéficiait de l'assurance de l'université de Lausanne. Il a été vaguement remis sur pied et il est retourné à Zurich. Là, sa glande a recommencé à s'ouvrir, il est retourné à Leysin. Le second séjour l'a profondément ébranlé. Parmi les personnes qu'il avait connues six mois plus tôt, beaucoup étaient mortes. Elles étaient enterrées de nuit. Pour que les autres sanatoria ne voient pas passer le corbillard. Un choc puissant et ébranlant comme l'avait été la guerre. Il se posait des questions: "Qu'est-ce que la vie humaine? Vaut-il la peine de vivre?". Avec sa formation de mathématicien, il était convaincu que les réponses n'existaient pas encore. 00:15:09 – 00:16:09 (Séquence 16) : L'interviewer demande à Charles Rittmeyer si le fait d'être un mathématicien l'a influencé dans sa recherche. Il répond que oui. Il avait perdu son père, qui était son ami, une deuxième partie de lui-même. Il a dû mettre en valeur ses propres possibilités, et trouver la vraie partie de lui-même. Ensuite, sa formation de mathématicien ne lui a plus permis de penser comme son entourage, de papillonner. Une question était un problème et devait avoir une solution. Il fallait la chercher. Une manière rigoureuse de conduire sa pensée. Il faut aller au bout, de manière désintéressée. On est objectif, après avoir étudié les maths. 00:16:16 – 00:17:46 (Séquence 17) : Charles Rittmeyer explique que son enseignement est venu de cette insatisfaction, de l'incertitude et du sentiment qu'il fallait chercher ailleurs. L'ailleurs était une recherche personnelle en théologie. C'est dans son second séjour à Leysin qu'il a pris cette décision. À Leysin, il bénéficiait seulement de l'assurance maladie de l'Ecole Polytechnique fédérale de Zurich. Il s'est rendu chez le doyen de la Faculté de théologie de Genève, qui habitait Coppet, le Professeur Auguste Lemaitre, un homme probe et sérieux. Il lui a expliqué son désarr
Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- Une carrière caractérisée par beaucoup de patience, de souplesse, de fermeté et de compréhension. Défenseur des intérêts suisses à ...Paris après la guerre, intéressé par les questions européennes, il collabore entre autres avec Dag Hammarskjöld pour l'application du plan Marshall. Dès 1957, il procède à une analyse de la situation horlogère dans l'Arc jurassien, préconisant, pour éviter la crise menaçante, la décartellisation, l'achat d'équipements neufs, l'adoption de techniques nouvelles, sans effet malheureusement. A 83 ans, Gérard Bauer désire vivre encore "le roman de sa vie". Belle leçon de vitalité! 00:00:00 – 00:00:23 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Gérard Bauer, ancien diplomate, tourné à Hauterive, Neuchâtel, le 23 janvier 1991. L'interlocuteur est Claude-Pierre Chambet. 00:00:23 – 00:01:19 (Séquence 1) : L'interlocuteur fait l'état de service de Gérard Bauer : 62 postes, charges et autres positions. Il lui demande donc ce qu'il n'a pas fait, dans cette vie commencée un jour de juin 1907. Bauer répond qu'il regrette ne pas avoir plus voyagé ou mieux connu certains pays : sa soif de connaître les différences, les changements et les mutations est très grande. 00:01:19 – 00:02:16 (Séquence 2) : L'interlocuteur explique que Gérard Bauer est né en juin 1907 à Neuchâtel. Son père était médecin-chef de l'hôpital des Cadolles. Sa jeunesse a été très heureuse, même pendant la première guerre mondiale qui a passionné son frère historien et lui-même. Ils avaient dans leur chambre les plans des fronts dont ils suivaient l'évolution au quotidien. 00:02:16 – 00:03:26 (Séquence 3) : L'interlocuteur évoque le parcours de Gérard Bauer : fils et petit-fils de médecin, il fait pourtant des études de droit à Neuchâtel. Bauer réplique qu'il aurait fait un médecin médiocre. Il a d'ailleurs complété son cursus par des études de sciences politiques à l'école libre de Paris, à l'Institut des hautes études internationales à Genève et à l'académie de La Haye. Il se déplace donc beaucoup et fait appel à des amis pour lui prendre les notes de cours. 00:03:26 – 00:03:39 (Séquence 4) : Gérard Bauer évoque son amour des moyens de communication, comme le chemin de fer, qui remonte à sa jeunesse passée à relier ses différents lieux d'études. La ligne Paris-Dijon-Neuchâtel n'a plus de secrets pour lui depuis cette époque. 00:03:39 – 00:04:27 (Séquence 5) : Gérard Bauer évoque son parcours : une fois son brevet d'avocat en poche, son premier poste est à Zurich où il est stagiaire à l'Office suisse d'expansion commerciale. Son patron lui demande alors de faire une étude de l'incidence des répercussions du nazisme sur les pays d'Europe centrale. Ses conclusions ont établi que la main mise économique du nazisme conduirait à une main mise politique. 00:04:28 – 00:06:15 (Séquence 6) : Gérard Bauer raconte qu'après avoir passé par l'OSEC, il a été désigné comme secrétaire romand du Vorort, soit la chambre de commerce internationale pendant deux ou trois ans où il a travaillé à la préparation de la Suisse à l'économie de guerre. Il a ensuite fait un stage à Berne comme chef adjoint du service juridique lors de la dévaluation. Puis il a été élu comme conseiller communal à Neuchâtel. 00:06:16 – 00:08:18 (Séquence 7) : Gérard Bauer raconte sa nomination comme conseiller communal à Neuchâtel. Il a beaucoup œuvré pour le renouveau du canton, notamment avec René Brechet , rédacteur à la "Feuille d'Avis de Neuchâtel". Ils ont par exemple recommandé la création d'un institut neuchâtelois et cherché à attirer des industries nouvelles sur place pour éviter que la ville ne soit qu'un lieu d'études. 00:08:20 – 00:10:07 (Séquence 8) : Gérard Bauer évoque la guerre, pendant laquelle il a servi. Son régiment neuchâtelois l'a fait beaucoup voyager en Suisse. Il a également beaucoup lu et travaillé pendant ses soirées de libre pour se préparer à la reconstruction européenne d'après la guerre car il était convaincu qu'elle aurait lieu. Il a donc construit l'Europe en pensée et se constitue beaucoup de contacts parmi les réfugiés ou par correspondance, notamment avec le futur secrétaire général des Nations Unies, Dag Hammarskjöld, qu'il retrouvera quelques années plus tard. 00:10:10 – 00:12:59 (Séquence 9) : Gérard Bauer évoque sa carrière comme conseiller communal de Neuchâtel et celle au Grand conseil, qu'il quitte en 1945. Monsieur Petitpierre, conseiller fédéral et neuchâtelois l'appelle à Berne au département de politique fédérale. Ceci lance sa carrière diplomatique internationale car il devient conseiller économique auprès de la Légation suisse à Paris. Il s'agissait de reconstruire les relations économiques, tout en résolvant des problèmes d'ordre plus psychologique et politique. Bauer a dû gérer les nationalisations de l'eau, de l'électricité et de l'assurance accidents. Il a beaucoup appris des relations entre la France et la Suisse. 00:13:02 – 00:14:36 (Séquence 10) : Gérard Bauer évoque le dénuement de l'administration française dans les années 1945 à 1948, au point que les Suisses leur prêtaient leurs machines à écrire pour pouvoir recevoir les licences d'importation. Ils ont même parfois envoyé leurs secrétaires dactylos pour décharger l'administration française. Malgré ces épisodes parfois dramatiques, les partenaires français étaient très accommodants et amicaux. Toutes les relations se déroulaient dans un climat de confiance malgré toutes les divergences d'opinion. 00:14:40 – 00:17:25 (Séquence 11) : Gérard Bauer évoque son évolution progressive vers les questions européennes, sur la demande du Conseil fédéral. En 1948, il est délégué à l'Organisation européenne des coopérations économiques : c'est là que commence sa carrière diplomatique et internationale. A l'époque, il y avait le Plan Marshall et les Américains ont été très généreux pour rétablir l'économie de l'Europe. Bauer lui-même a retrouvé Marshall en Suède et a travaillé la main dans la main avec lui dans le but d'établir le fameux programme. Il a d'ailleurs du retravailler la partie de la conception de l'entraide européenne entre vainqueurs et vaincus car seule la partie de demande d'aide américaine avait été convenablement motivée et argumentée. Il ne s'agissait pas en effet de n'être que dépendants des Américains mais également de reconstruire les relations européennes : d'où l'origine de la première Organisation permanente de coopération européenne. Bauer en est d'ailleurs devenu vice-président du comité exécutif en 1956. 00:17:29 – 00:19:25 (Séquence 12) : Gérard Bauer évoque la création de la communauté acier et charbon en 1951 et sa propre nomination par le Conseil fédéral comme délégué au Luxembourg. Il était voisin de Jean Monnet. Or la Suisse ne voulait pas participer à la communauté, Bauer a fait la navette entre Paris, le Luxembourg et le Conseil d'Europe à Strasbourg. Il était également président d'une commission mixte regroupant l'OCDE et le conseil de l'Europe. C'est là que le plan de libération des échanges a été progressivement mis au point, de même que le rétablissement de la transférabilité puis la convertibilité des monnaies. Ce fut la base du marché unique puis de la Communauté européenne. A cette époque, Bauer habitait Paris et a fait de nombreux déplacements en train. 00:19:30 – 00:20:40 (Séquence 13) : Gérard Bauer évoque son amour du chemin de fer qu'il développe en étant délégué à la Conférence diplomatique créant la conférence européenne des transports. La question s'est posée alors de savoir si elle siégerait à Bruxelles ou dans un cadre plus large. Les pools agricole et aérien y ont été discutés avant d'échouer. A cette époque, en 1956, a eu lieu la première crise pétrolière et c'est l'équipe de Bauer qui a été chargée par les Américains du ravitaillement en pétrole de l'Europe entière. 00:20:46 – 00:21:34 (Séquence 14) : Gérard Bauer évoque la nécessité d'évaluer la situation européenne en 1956 lors de la première crise pétrolière : l'Europe était vulnérable et notamment dépendante des ressources pétrolières du Moyen-Orient. Il a donc écrit un rapport au gouvernement pour qu'il tienne compte de cette situation et établisse des relations économiques équilibrées avec le Moyen-Orient. Ce rapport est passé à la trappe car on pensait maîtriser le jeu de l'offre et de la demande. L'aspect politique a été négligé, menant aux crises que l'on connaît. 00:21:40 – 00:24:27 (Séquence 15) : Gérard Bauer évoque ses trajets en train, notamment Neuchâtel-Paris, qui lui permettaient de rencontrer des cheminots et autres personnalités ferroviaires. Il a toujours admiré la SNCF, son esprit d'équipe, sa discipline et surtout Louis Armand, son directeur, un ancien résistant. Quand il faisait la route dans le réseau en voie de reconstruction, ils étaient toujours obligés de s'arrêter à Dijon où lui connaissait le chef de gare. De minuit à une heure du matin, il lui expliquait comment fonctionnait le réseau. Bauer évoque également la montée de la rampe de Dole à Vallorbe ou à Pontarlier, une des plus difficiles, surtout à une époque où le charbon était rare et de mauvaise qualité. Les chauffeurs devaient charger la chaudière pendant toute la nuit. A l'arrivée à Pontarlier, les passagers prenaient le petit déjeuner, avec un cognac, partagé avec les techniciens. De même, quand Bauer et Armand ont essayé les locomotives modernes de la ligne Orléans-Paris, ils avaient l'habitude de boire un "vin de cocher" avec les cheminots et les techniciens comme avec les cadres. C’est alors que des journalistes suisses ne trouvaient qu’un mot "la France va périr dans le communisme" bien qu’il n’y voyait lui qu’un esprit de fraternité et d’équipe. 00:24:33 – 00:28:35 (Séquence 16) : Gérard Bauer parle de sa carrière horlogère qui débute en 1958 quand il est nommé président de la Fédération de l'industrie horlogère suisse. Auparavant le département de l'Economie publique, dirigé par le conseiller fédé
Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- D'abord passionné d'histoire, il ne s'engage en politique qu'à trente ans. Il entre au parti radical, est élu syndic de Lausanne. Il ...est l'une des figures marquantes de l'Exposition nationale de 1964, car toute la politique communale se groupe autour de cet événement: domaine routier, épuration des eaux, aménagement des rives du lac. Puis Georges-–André Chevallaz est élu au Conseil fédéral. L'Europe? La Suisse y a un rôle à jouer, qui pourrait être celui de la résistance à une centralisation technocratique et bureaucratique. Elle ne doit pas perdre son autonomie et ses structures décentralisées qui sont fondamentales. 00:00:00 – 00:00:10 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Georges-André Chevallaz et tourné à Epalinges le 15 décembre 1989. L'interlocuteur est Bertil Galland. 00:00:10 – 00:01:35 (Séquence 1) : Georges-André Chevallaz est lausannois, il a été pendant 16 ans syndic de Lausanne. Il garde un attachement pour le Pays d'Enhaut où il a passé une grande partie de ses vacances d'enfance. Il a été à l'école primaire à Château-d'Œx. Il est attaché à cette région aussi par un lien familial : ses grands-parents étaient de petits paysans de montagne qui travaillaient dur pour gagner leur vie. 00:01:35 – 00:03:01 (Séquence 2) : Georges-André Chevallaz juge avoir des traits de caractère de sa famille montagnarde et des Damounais. Il luttait cependant contre la tendance négative de la famille. Sa mère cultivait l'inquiétude et était défaitiste. Son père était lausannois et adhérait à la théorie pédagogique de l'éducation des enfants. Il semblait cependant jouer un rôle second dans l'éducation. 00:03:02 – 00:03:54 (Séquence 3) : Georges-André Chevallaz reconnaît aimer la tradition, qui serait due à son attachement au Pays-d'Enhaut. Il se décrit comme un non conformiste et conservateur pour certains points fondamentaux. Il est attaché à ses convictions. 00:03:55 – 00:04:35 (Séquence 4) : Georges-André Chevallaz est interrogé sur son plaisir du commandement. Il raconte ses jeux d'enfants, dont celui de la bande de commandos regroupant sept ou huit enfants de tous les âges. Il précise avoir gardé davantage de souvenirs de ses amis de Château-d'Œx que ceux de Lausanne. A cause de son goût d'indépendance, il aimait être le chef de ce petit groupe d'amis. 00:04:37 – 00:06:09 (Séquence 5) : Dès le collège, Georges-André Chevallaz s'est passionné pour l'histoire et pour les institutions politiques des Grecs et des Latins. Il se rappelle avoir écrit à 10 ans un début de constitution d'une province de la lune. 00:06:11 – 00:07:21 (Séquence 6) : Georges-André Chevallaz a suivi des études de latin et de grec au collège à Lausanne. Il souligne qu'il a eu des mauvais, mais aussi de très bons professeurs d'histoire, comme le chimiste Claude Secrétan. Il a suivi les cours d'histoire du professeur Charles Gilliard au gymnase puis à l'université. 00:07:24 – 00:08:34 (Séquence 7) : Georges-André Chevallaz est convié à parler de Charles Gilliard. Il précise qu'il était surnommé "le sec", car il avait une sécheresse d'expression : il refusait tout lyrisme dans son enseignement et cherchait à se tenir au fait. Avant les thèses de Braudel, il a créé une école sur l'histoire quotidienne. Georges-André Chevallaz a été convié par ce professeur à s'intéresser à l'histoire du blé dans le pays de Vaud, ce qui a été son sujet de thèse. George-André Chevallaz précise qu'il était indépendant et n'a pas cherché à être sous la protection de Charles Gilliard. 00:08:37 – 00:09:33 (Séquence 8) : L'interlocuteur souligne que Georges-André Chevallaz n'aime pas aller vers les puissants tant financièrement que politiquement ou socialement. Georges-André Chevallaz précise qu'il ne veut pas se sentir prisonnier. Il souhaite rester indépendant par fierté mais aussi par timidité due à son côté montagnard. 00:09:37 – 00:11:49 (Séquence 9) : Au Gymnase, Georges-André Chevallaz a eu comme professeur de français Edmond Gilliard. Il pense avoir beaucoup appris de cet homme, mais il le trouvait aussi parfois ennuyeux. Il décrit Edmond Gilliard comme une personnalité en marge de la société, en révolte contre tout ce qui était établi. Georges-André Chevallaz et d'autres étudiants n'aimaient pas les idées politiques d'Edmond Gilliard, mais ils appréciaient le professeur, le personnage. Il invitait chaque étudiant chez lui pour discuter des dissertations qu'il accompagnait d'une étude graphologique. Il avait dit à Georges-André Chevallaz qu'il serait un président dans l'action politique. 00:11:53 – 00:13:04 (Séquence 10) : Georges-André Chevallaz a eu comme professeur de grec André Bonnard qu'il a apprécié. Il accueillait aussi les étudiants chez lui pour disserter. Dans son enseignement, l'aspect politique n'apparaissait pas. Il a suscité l'intérêt de Georges-André Chevallaz pour la Grèce antique. Pour lui, du point de vue de la pensée, de la dramatique, tout est dit dans les tragédies d'Eschyle, Sophocle et Euripide. 00:13:08 – 00:14:33 (Séquence 11) : On demande à Georges-André Chevallaz quelles ont été ses réactions lorsqu'André Bonnard a pris une position politique en soutenant l'Union soviétique. Il a pensé que c'était un égarement de poète comme Gide l'avait eu. Il pense que chez ceux qui avaient pris position, il y avait une certaine fierté à ne pas lâcher ce qu'on avait défendu. Lorsqu’André Bonnard a eu un procès, Georges-André Chevallaz lui a écrit pour l'encourager. Cette lettre est parue dans "Voix ouvrière". 00:14:38 – 00:14:52 (Séquence 12) : A la fin de ses études, Georges-André Chevallaz a commencé à effectuer des remplacements au Collège classique, à Château-d'Oex et à l'Ecole de commerce où il a été nommé en 1942. 00:14:57 – 00:17:36 (Séquence 13) : Georges-André Chevallaz a été bellettrien. Il n'avait pas d'opinion politique. Il est devenu radical à l'âge de trente ans. En entrant à Belles-Lettres, il a suivi ses camarades de classe et son voisin. Il a côtoyé celui qui allait devenir plus tard le préfet Bolens, qui était issu d'une famille à tradition politique et cousin de Gabriel Despland. A Belles-Lettres, les membres s'intéressaient à toute l'activité politique dans le pays et en France. Ils n'avaient aucun engagement politique. Ils sont allés en France au moment de l'élection du Front populaire et ont suivi les assemblées, divers offices et une conférence électorale de Virgile Barel. 00:17:42 – 00:19:23 (Séquence 14) : Georges-André Chevallaz a abordé la politique d'abord comme un observateur. Il se souvient que lorsqu'il était président de Belles-Lettres, il a reçu Elsa Triolet et Aragon qui a lu des poèmes. Ce dernier n’a pas été bien accueilli. Il souligne que les membres de Belles-Lettres avaient des points de vue politiques divers : en passant d'André Muret à Monfrini. 00:19:29 – 00:20:32 (Séquence 15) : Avant la guerre, Georges-André Chevallaz avait effectué son service d'avancement jusqu'au grade de lieutenant. Au début de la guerre, il a été mobilisé comme chef d'une section de canon d'infanterie liée au bataillon de carabinier. Il est allé jusqu'au grade de major. Il a fait plus de 1000 jours de service actif. Cette période représente une rupture dans sa vie. 00:20:39 – 00:21:39 (Séquence 16) : Georges-André Chevallaz n'a pas atteint le grade de colonel. Il éprouvait une certaine lassitude. Il évoque un incident avec le commandant de la première infanterie envers lequel il a montré une certaine impertinence. En 1957, l’engagement politique a pris plus de place dans sa vie : il devait entrer dans la municipalité. Il ne souhaitait pas assumer le commandement d'un bataillon en même temps que le mandat de syndic de Lausanne. Il a choisi de quitter son poste de commandement. 00:21:46 – 00:23:48 (Séquence 17) : Dans sa vie professionnelle, Georges-André Chevallaz a enseigné plusieurs années à l'Ecole de commerce. Il précise y avoir enseigné avec plaisir, car tant les jeunes étudiants que le corps professoral étaient ouverts. Dans le cadre de son enseignement, il a été amené à rédiger un manuel d'histoire. Le contenu du livre était ce qu'il enseignait à ses classes. Le canton de Genève a souhaité avoir la série de manuels d'histoire. Georges-André Chevallaz précise devoir reconstituer une partie de son livre à la lumière des événements qui se sont déroulés jusqu'en 1989. 00:23:56 – 00:24:30 (Séquence 18) : On demande à Georges-André Chevallaz comment il a réagi suite aux événements de 1989. Il pense que c'est une période aussi importante que les césures des révolutions de 1789 ou 1848. Il cite des paroles de Valéry : "l'ordre pèse toujours l'individu, le désordre lui fait toujours apprécier la police ou la mort". 00:24:38 – 00:27:19 (Séquence 19) : Georges-André Chevallaz est interrogé sur les raisons pour lesquelles il est entré au parti radical. Il vient d'une famille aux couleurs politiques variées. Il cite les diverses appartenances des membres de sa famille. Il est entré chez les radicaux, à la suite de son service militaire, car il estimait que c’était le parti le plus équilibré. Il raconte qu'à son entrée au parti dans les années 1940, il se sentait gêné, mais il a ensuite trouvé sa place. 00:27:28 – 00:28:22 (Séquence 20) : Quand Georges-André Chevallaz est entré au parti politique, il se sentait proche des dirigeants radicaux vaudois tels que Pierre Oguey, devenu par la suite conseiller d'Etat. Il y avait un climat familial. Il avait moins d'affinités avec les personnes de l'entourage de Peitrequin, mais il estimait cependant beaucoup ce dernier. Il ignore à quel moment Bolens est entré au parti radical. 00:28:31 – 00:31:47 (Séquence 21) : Georges-André Chevallaz parle de la formation au conseil communal d'un petit groupe de conseillers qui avait une certaine influence et qui était considéré comme l'éminence grise. En 1957, ce groupe, dont Roger Givel et Wurlod faisaient partie, souhaitait changer la composition de la municipalité de Lausa
Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- Historien de formation, Jean-Rodolphe de Salis reste un analyste fasciné par l'évolution de la société humaine. Ce professeur à ...l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, cet historien philosophe, cet écrivain ami de Thomas Mann, de Pierre–-Jean Jouve, de Friedrich Dürrenmatt et de Max Frisch peut se targuer d'être un témoin de son temps. Non content d'avoir assisté aux grands bouleversements de ce siècle, il a largement contribué à les mettre en perspective. 00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean Rodolphe de Salis et tourné au Château de Brunegg le 10 juin 1990. L'interlocuteur est Pierre Ducrey. 00:00:11 – 00:01:50 (Séquence 1) : Jean Rodolphe de Salis est un homme de lettres, un historien, un chroniqueur et un professeur. Il est né à Berne et il a suivi l'école dans cette ville. Sa mère était argovienne. Son père venait des Grisons. Le château de Brunegg en Argovie où se déroule l'entretien appartenait à l'origine à la famille de sa mère. Enfant, il venait y passer les vacances d'été et d'automne. Depuis la mort de sa mère, il habite le château du printemps à l'automne. La demeure est devenue son lieu de travail. Au XIIIe siècle, ce lieu était une des fondations habsbourgeoises et faisait partie du comté des Habsbourg jusqu'au moment où les Bernois prirent l'Argovie en 1415. 00:01:51 – 00:03:10 (Séquence 2) : Jean Rodolphe de Salis a grandi à Berne. Son père était médecin. Il avait son cabinet dans la maison qui se situait en vieille ville. A Berne, il y avait une atmosphère conservatrice, fermée. Dans cette ville, il a eu des camarades de classe, des amis et y a vécu pendant la première guerre mondiale. Il a obtenu son diplôme de fin d'études, le bachot, en 1920. Il a ensuite commencé ses études universitaires à Montpellier. Il est retourné régulièrement à Berne voir sa mère et son frère. Il a passé sa vie d'adulte à Zurich. 00:03:11 – 00:04:02 (Séquence 3) : Jean Rodolphe de Salis a étudié d'abord une année à Montpellier, c'était son premier contact avec la France, puis a suivi une année à Berne avant d'aller suivre une année d’études à Berlin. L'atmosphère de cette grande ville était pour lui une sorte de représentation du monde et elle était en opposition à celle du monde fermé de Berne. Jean Rodolphe de Salis a cependant eu dès son enfance des contacts avec le monde international, car des enfants de diplomates étrangers fréquentaient les mêmes classes que lui. 00:04:04 – 00:05:03 (Séquence 4) : La famille de Jean Rodolphe Salis avait des origines européennes : sa mère avait des parentés en France ; la famille de Salis avait une filiation en Allemagne, en Angleterre et en Autriche. Pendant la première guerre mondiale, des membres de la famille ont combattu dans l'un et l'autre camps des belligérants. Sa conscience en a été marquée. 00:05:05 – 00:05:46 (Séquence 5) : En 1920, à 18 ans, Jean Rodolphe de Salis a commencé des études universitaires hors de la Suisse. Il s’est ensuite intéressé aux enseignements dispensés par l'Université de Berne notamment ceux de Gonzague de Reynold. A 20 ans, il est allé à Berlin. 00:05:48 – 00:07:23 (Séquence 6) : A 20 ans, Jean Rodolphe de Salis est arrivé à Berlin. Il a été choqué d'arriver dans cette grande ville. Vers 1922-1923, la ville était politiquement instable. A l'Université, il a suivi des cours de grands maîtres, tels que le philologue Wilamowitz-Moellendorff qui enseignait l'histoire de l'antiquité ou le professeur d'histoire moderne Friedrich Meineck. Ce dernier a beaucoup influencé Jean Rodolphe de Salis. Il lui a suggéré de faire une thèse sur Sismondi, car il travaillait sur l'Italie médiévale et Sismondi était l'historien des républiques médiévales. 00:07:26 – 00:09:29 (Séquence 7) : Jean Rodolphe de Salis est de nationalité suisse, mais il se sent aussi franco-allemand, car ces pays ont eu une influence sur son développement intellectuel, littéraire et scientifique. L'Italie l'a influencé également: il se sentait italien par le biais de son sujet de thèse, par son admiration de l'oeuvre de Jacob Burckhardt, historien de la renaissance italienne, et aussi par ses lointaines origines italiennes. Une partie de sa famille est originaire du Val Bregaglia, une vallée du canton des Grisons. Il a de nombreux ancêtres lombards, vénitiens et grisons. Jean Rodolphe de Salis a de par sa mère des origines argoviennes et aussi alsaciennes. Dès son enfance à Berne, il pratiquait le bilinguisme en parlant français avec la grand-mère. 00:09:32 – 00:10:27 (Séquence 8) : L'interlocuteur demande à Jean Rodolphe de Salis ce que signifie pour lui la communauté économique européenne. Il la considère comme une technocratie et il n’estime pas avoir l'âme d'un technocrate. Il se définit comme un Européen d'autrefois : il se sent chez lui autant à Berlin, à Paris, à Vienne qu'à Londres ou à Rome. Il s'est rendu également dans les pays nordiques, alors qu'il était étudiant, notamment à Oslo en Norvège pour un congrès international d'histoire. Le thème de la conférence était "Sismondi, historien des Républiques italiennes du Moyen Age". 00:10:30 – 00:11:08 (Séquence 9) : Jean Rodolphe de Salis s'est rendu à Paris en 1926 pour y effectuer sa thèse de doctorat. Il a fait sa licence à Berne. Comme Jean-Rodolphe de Salis était bilingue, qu’il avait passé une année à Montpellier et qu’à Berne on parlait beaucoup cette langue, il n'a eu aucune peine à rédiger sa thèse en français. 00:11:12 – 00:12:43 (Séquence 10) : A Paris, Jean Rodolphe de Salis préparait sa thèse. Pour ses recherches, il se rendait à la Bibliothèque nationale de France. Il suivait également des cours à la Sorbonne et au Collège de France. Parallèlement à cette activité scientifique, Jean Rodolphe de Salis est devenu journaliste dès 1928, car il avait besoin de gagner sa vie. Il était correspondant du journal le "Bund" à Berne. Il écrivait des chroniques sur la vie culturelle, notamment sur le théâtre de Louis Jouvet et Jacques Copeau. Comme Jean Rodolphe de Salis était féru de littérature, il s'est intéressé aussi à la vie littéraire de Paris. Il avait fait des études de littérature française chez Gonzague de Reynold. Il entretenait une amitié avec Monique Briod devenue Monique Saint-Hélier, une femme écrivaine qui a eu une influence sur sa formation intellectuelle et littéraire. 00:12:48 – 00:13:39 (Séquence 11) : En 1926 et 1927, Jean Rodolphe de Salis n'était pas un chroniqueur politique, car pendant les deux premières années à Paris, il écrivait des chroniques pour des journaux de Bâle, de Berne et de Zurich sur divers thèmes culturels, comme les concerts. Il a par exemple vu le "Sacre du Printemps" dirigé par Stravinsky. Il a écrit aussi sur le théâtre et a produit des comptes rendus de livre notamment sur Giraudoux ou Jean Cocteau. 00:13:44 – 00:14:44 (Séquence 12) : Jean Rodolphe de Salis est interrogé sur ses chroniques politiques. Quand il était à Berlin, il s'est intéressé à la politique. Il a assisté à une séance au Reichstag avant qu’il ne soit détruit par l'incendie sous la chancellerie d'Hitler. Lorsque Jean Rodolphe de Salis est devenu le correspondant attitré de la presse étrangère en France, il pouvait entrer partout : à la Chambre des députés, au Palais-Bourbon, devenu l'Assemblée nationale, et au Sénat. 00:14:49 – 00:15:30 (Séquence 13) : Jean Rodolphe de Salis a publié ses chroniques de guerre. Ce travail a inspiré en Suisse romande les chroniques en français de René Payot. Ils se sont connus et entretenus sur leur travail. A partir de 1940, Jean Rodolphe de Salis était chargé de tenir une chronique à la radio suisse alémanique sur les événements politiques et militaires mondiaux. Il souligne qu'il a toujours pratiqué les deux langues : à la radio, il parlait en allemand alors que son enseignement à l'Ecole polytechnique fédérale, EPFZ, était en français. 00:15:36 – 00:18:17 (Séquence 14) : Avec ses chroniques radiophoniques hebdomadaires, Jean Rodolphe de Salis s’est lancé dans le domaine de l'information. Il avait organisé une sorte d'information en continu, à côté des cours qu’il donnait à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, EPFZ. Après la guerre, il a appris que ses chroniques en allemand étaient écoutées clandestinement par des Allemands, des Alsaciens, des Autrichiens, des Tchèques et aussi des Français. Ses émissions étaient les seules en Europe à ne pas être dominées par Gobbels et le Troisième Reich. À la fin de la guerre, il était considéré comme la voix de la liberté et fut invité en Alsace, à Prague, à Vienne occupée par les quatre nations victorieuses, pour donner des conférences. Il a alors vu l'Europe d'après-guerre et notamment les destructions en Allemagne, car il avait suivi l'armée française, sur invitation du Général de Lattre de Tassigny. 00:18:23 – 00:19:51 (Séquence 15) : L'interlocuteur interroge Jean Rodolphe de Salis sur ses talents de communicateur et chroniqueur et fait référence à une interview de la télévision alémanique qui l'a invité le 3 juin 1990 comme témoin de son temps. Jean Rodolphe de Salis exprime une réserve à répondre à cette question, mais pense que chacun a un certain don. Il pense avoir eu un certain rayonnement. Un chroniqueur doit savoir analyser une situation. Il donne l'exemple d'une de ses expériences de journaliste à Paris où il a dû analyser les crises du gouvernement, fréquentes sous la troisième République. Il a rencontré par exemple les chefs du gouvernement dont Edouard Herriot qu'il a connu personnellement, il a vu le chef de l'opposition Léon Blum et a connu les débuts de Pierre Mendès France en 1932. 00:19:58 – 00:22:07 (Séquence 16) : L'interlocuteur résume la carrière de Jean Rodolphe de Salis avec les deux mots : la curiosité et l'amour de l'être humain. Jean Rodolphe de Salis n'a pas fait de la politique, mais l'a commentée et analysée. Il pense qu'il n'est pas un journaliste, mais davantage un analyste et un commentat