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  • Willy Rohrbach

    08/1998
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    La chance: un maître mot dans la vie de Pierre Bataillard. Dès l'enfance, il ne sait rien faire d'autre que dessiner... A l'Ecole des Beaux-Arts à Lausanne, il bénéficie de l'enseignement de professeurs prestigieux: Casimir Reymond, Poncet, Chinet, Bischoff ! En 1947, grâce à une bourse de la Confédération, il part pour Paris où il rencontre César et Boris Vian. De retour à Lausanne, il ouvre un atelier d'art graphique aux Escaliers du Marché. Rapidement, il est sollicité (la chance encore) pour participer à la commémoration du centenaire du CICR (1963). Puis c'est l'Exposition nationale de 1964, le Japon en 1970. En Suisse, il est le créateur de sept musées, dont le Musée du cheval à La Sarraz, le Musée de la vigne et du vin à Aigle, le Musée du blé et du pain à Echallens. Parallèlement à son activité de graphiste muséographe, il peint. Aujourd'hui, à l'heure de la retraite, la peinture l'accompagne tous les jours. 00:00:00 – 00:00:24 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Pierre Bataillard, peintre et graphiste, et tourné à Poliez-Pittet le 26 août 1998. L'interlocuteur est Daniel Fazan. 00:00:24 – 00:01:19 (Séquence 1) : Pierre Bataillard est né à Morges en 1927 d'un père vaudois géomètre et d'une mère italienne pleine de fantaisie. Jusqu'à la fin du collège, il a fait ses études à Morges. Peu porté sur le lac Léman, il s'est très vite fixé dans le Gros-de-Vaud à Poliez-Pittet où il a retapé une grande ferme de 1797. Il vit, peint et travaille là depuis de nombreuses années. 00:01:20 – 00:01:30 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Pierre Bataillard, peintre et graphiste, et tourné à Poliez-Pittet le 26 août 1998. L'interlocuteur est Daniel Fazan. 00:01:32 – 00:04:50 (Séquence 3) : Pierre Bataillard parle de sa formation. Il explique que ses années de collège ont été difficiles. Un professeur avait rassuré son père en lui annonçant que son fils dessinerait car il ne savait rien faire d'autre. Dès lors, il s'est renseigné sur le programme de l’Ecole des Beaux-Arts qui ne l'a pas convaincu et a décidé d'inscrire son fils au Technicum de Bienne, à la Kunstgewerbeschule. Il explique qu'il n'aimait pas beaucoup Bienne et qu'après une année, il est entré à l'Ecole des Beaux-Arts de Lausanne. Là, il fait d'illustres rencontres, telles que les professeurs Casimir Raymond, sculpteur et directeur de l’Ecole, Poncet, Chinet, Bischoff, ou encore Jean-Jacques Mennet, qui l'ont émerveillé et certainement influencé. Il explique que ce qui l'a le plus marqué c’est l'Ecole : ses bâtiments à la Cité-Derrière et au Musée Arlaud et son ambiance faite de liberté et de travail. Aujourd'hui, quand il passe devant le bâtiment des Beaux-Arts, il se dit qu'il doit manquer quelque chose aux étudiants actuels. Il était travailleur. Il dit ne pas avoir eu des qualités spontanées, des dons qui lui permettaient de ne rien faire. 00:04:53 – 00:06:58 (Séquence 4) : Pierre Bataillard parle de sa formation. Il fait l'Ecole de recrues, qui ne lui a pas du tout plu, puis il part pour Paris en 1947 pour faire l'Ecole du Louvre. Il explique qu'à l'époque le terme de graphiste n'existait pas et que son école formait en cinq ans des artistes décorateurs avec un diplôme fédéral. En dernière année, il a dû réaliser une pièce de maîtrise. Il a choisi la mosaïque et précise en avoir toujours fait. Ensuite, il a obtenu des bourses fédérales qui lui ont permis de partir pour Paris. Là, il passe d'émerveillements en rencontres. Il explique avoir côtoyé à Saint-Germain-des-Prés des gens alors peu connus, tels que César ou Boris Vian. 00:07:01 – 00:09:09 (Séquence 5) : Pierre Bataillard suit à l'Ecole du Louvre de Paris une formation en histoire de l'art et muséographie. De retour en Suisse, il décide de travailler seul. A Lausanne, il s'installe aux Escaliers du Marché dans un minuscule atelier. Il fait preuve de polyvalence en travaillant tous les matériaux dans tous les domaines. Il cherche à appliquer tout ce qu'il a appris. A partir de petits boulots, il a petit à petit réussi à développer son activité. 00:09:12 – 00:10:15 (Séquence 6) : Pierre Bataillard a toujours peint. Il a fait preuve de continuité et de persévérance dans son travail, comme enseigné par ses grands maîtres. En devant se battre tout seul, il a tout développé en parallèle, sans jamais délaisser la peinture et le dessin qui étaient au centre de sa formation. 00:10:19 – 00:11:25 (Séquence 7) : La carrière de Pierre Bataillard a été faite d'expositions, de rencontres et de hasards extraordinaires. Des bricolages du début, il a eu des mandats plus intéressants, un collaborateur, puis deux, avant d'être en charge de la Commémoration du Centenaire du CICR à Genève, exposition globale de 17000 m2 dans tout le Palais des Expositions. Cet événement a été réalisé avec sept à huit ateliers alémaniques et romands et ce fut une expérience exceptionnelle en termes d'organisation et coordination d'un chantier. 00:11:29 – 00:12:43 (Séquence 8) : Pierre Bataillard explique que la préparation des expositions s'apprend sur le tas. De l'Exposition du CICR à Genève en 1963, il enchaîne avec des études pour des sections de l'Exposition nationale de 1964 : médecine et santé, avec le Professeur et chirurgien Decker, sport et éducation physique, et enfin une des sections du secteur terre et forêt consacrée aux fruits et aux légumes. Ceci implique des responsabilités considérables et le développement de son atelier qui compte alors une douzaine de personnes. 00:12:47 – 00:14:29 (Séquence 9) : Pierre Bataillard parle des défis, des risques qu'il a courus. Il pense que les risques font vivre, poussent à aller toujours plus loin. Dans les années 60, le graphisme suisse est à son apogée. Il rayonne partout grâce à des gens comme Donald Brun et Herbert Leupin. Ainsi, les organisateurs de l'Exposition universelle de Montréal sont venus à l'Expo 64 pour chercher des graphistes et designers. Pierre Bataillard est mandaté pour s'occuper du Pavillon du Gouvernement du Québec. Là, il fait l'expérience extraordinaire d'un travail à l'américaine. 00:14:33 – 00:17:15 (Séquence 10) : Pierre Bataillard parle du pavillon qu'il a dû projeter au Japon, à l'Exposition d'Osaka en 1970. Mandaté par le comité Nobel, il conçoit le Pavillon de la Paix. Il devait être l'armature de l'exposition qui avait pour thème le développement dans l'harmonie. Sans budget, ses études proposent des projets sans restrictions. Il a présenté ses maquettes au Japon, à l'Empereur actuel, fils d'Hirohito. Par la suite, ils ont trouvé le financement par deux chaînes de télévision. Le projet s'est effondré car ses deux patrons qui étaient le Pasteur Martin Luther King et le Révérend Père Pire, tous deux prix Nobel de la paix et désignés par le comité Nobel, sont morts. Dès lors, l'exposition a récupéré et dénaturé son projet. Cette expérience lui a appris que les grands projets nécessitent des personnes qui sont des moteurs. 00:17:20 – 00:19:05 (Séquence 11) : Pierre Bataillard parle de son atelier. Il évoque les succès mais aussi les projets qui n'aboutissent pas. Il ne les appelle pas des échecs. L'atelier comptait 15 à 20 personnes, il était un lieu d'émulation. Il pense avoir été un patron horrible pour certains, et un bon patron pour d'autres. Il estime avoir eu la chance d'avoir trois collaborateurs qui l'ont secondé pendant toute sa carrière et avec qui ça a été parfait : l'un a commencé son apprentissage chez lui et a repris l'atelier après son départ en 1990, les deux autres sont restés 25 à 30 ans. 00:19:10 – 00:20:15 (Séquence 12) : Si l'interlocuteur parle de son optimisme, de sa manière de se projeter dans l'avenir avec plaisir, Pierre Bataillard évoque sa nature pessimiste, sauf dans ce qu'il entreprend. Il aimait les défis que lui imposaient les expositions, et avoue regretter parfois de ne plus avoir à se lancer dans de grands projets. Il précise qu'il n'a pas été un peintre qui faisait du graphisme, mais bien un graphiste de vocation. 00:20:20 – 00:21:32 (Séquence 13) : Pierre Bataillard parle de sa polyvalence. Il a été un touche-à-tout, un anti-spécialiste, il s'occupait de l'entier de ses projets. Ceci ne serait plus possible aujourd'hui que tout est compartimenté et qu'il y a des spécialistes partout. L'atelier a touché les domaines de la graphique d'information, de la graphique publicitaire, de l'emballage, des étiquettes, des logos-types, des affiches, des livres, des couvertures, des illustrations, des prospectus, des journaux. 00:21:38 – 00:22:08 (Séquence 14) : Pierre Bataillard parle des personnages au grand nez qui apparaissent dans son travail comme un leitmotiv. Il en est l'auteur, mais deux de ses collaborateurs se les sont aussi appropriés. Il explique les voir dans d'autres travaux et y lire son influence. 00:22:14 – 00:23:27 (Séquence 15) : Pierre Bataillard a eu pour spécialité la muséographie : sept musées romands portent la marque Bataillard, et sont représentatifs de ce qu'il a appris sur le tas. Il n'aime pas le titre muséographe, qui est trop académique. Il précise que le titre de graphiste ne suffit pas. La personne qui conçoit et réalise un musée est selon lui très proche d'un metteur en scène : il touche à l'architecture d'intérieur, l'éclairage, les matériaux et revêtements, l'iconographie, la mise en valeur des vitrines, le son. Il coordonne le tout. 00:23:34 – 00:26:28 (Séquence 16) : Pierre Bataillard explique avoir pris chaque musée comme entité différente. Dans les années 1970 - 1980, les musées ont pour enjeu de se renouveler, de se moderniser. Les grandes expositions thématiques et didactiques, qui ont du succès à ce moment-là, rejoignent les musées en quelque sorte. Après l'Exposition de Montréal, il est mandaté avec deux autres ateliers de Lausanne par le Musée international de l'horlogerie à La Chaux-de-Fonds. C'était un grand projet, avec des délais courts, mais tout le matériel était préexistant et il s'agissait de faire une mise en scène globale. Pour le