Dans l’imagerie populaire, un anniversaire est un moment symbolique de commémoration qui peut être festif ou triste selon qu’il rappelle un événement heureux ou malheureux. Il est souvent réduit à un ...simple moment de fête sans plus. Il joue en ce sens un rôle folklorique qui, sur le plan politique, peut vite se muer en mythe galvanisant des symboles du pouvoir. C’est pourquoi à cette occasion la référence est faite à des lieux, des personnalités, des symboles qui, en eux-mêmes, portent une signification politique sacrée qui accroche et qui catalyse une mémoire collective poussée vers l’unanimité et au-delà, vers l’unité…Ce rôle folklorique est doublé d’une fonction idéologique indéniable qui consiste à encenser le pouvoir en place, le faire passer pour un continuum, un chaînon continuateur de l’œuvre des pères fondateurs de la société (nationale en l’occurrence) ou pères de l’indépendance, pour engranger quelques motifs de légitimité. Du point de vue du marketing politique, le recours au mythe et à la philosophie des "pères fondateurs" est l’un des arguments qui se vendent le mieux dans la politique contemporaine. Car il est assimilé à l’expression du patriotisme.
Les idéologies politiques africaines : mythe du pouvoir ou instance du développement ?
Réflexion épistémologique sur le nationalisme congolais à la lumière de la théorie rawlsienne de la justice.
...Panafricanisme, négritude, consciencisme, socialisme et nationalisme ont eu en gros sur le sol africain, une double mission :-délivrer les pays du joug colonial
sortir ces pays du sous-développement par un travail d'une
- double construction : celle des Etats réellement indépendants et celle des nations viables et justes.
Si les années 50 et 60 ont vu ces idéologies détruire le système colonial et faire accéder les pays africains à la souveraineté internationale, on ne peut pourtant pas s'empêcher de constater leur difficulté à vaincre le sous-développement. Et à ce propos, nul doute que l'afro pessimisme constitue le lot quotidien des médias qui ne parlent de l'Afrique qu'en terme de crise, faite de guerres, de famine, de maladies et de pauvreté en tous genres. Daniel Bourmaud, dans son livre intitulé « La politique en Afrique » en dresse un tableau signalétique qui en précise les contours. En effet, dit-il : « L'Afrique offre à l'observateur le visage banal de la contradiction. D'un côté prévaut la vision d'un continent fascinant par ses hommes, ses peuples et ses paysages. De l'autre se précipitent et s'entrechoquent les images d'un chaos sans fin. La politique emprunterait plutôt à ce second registre .... Les modes de domination successifs ont souvent forgé des Etats paradoxaux, à la fois forts dans leur capacité à préserver la suprématie des dirigeants et faibles dans leur aptitude à produire des institutions publiques efficaces .... La problématique démocratisation au sud du Sahara se situe dans une perspective longue, où se mêlent la pesanteur des héritages et la quête d'un destin maîtrisé ». Cette situation contraste avec l'effervescence des années d'indépendance consacrant la liberté retrouvée. Et pourtant des visionnaires ont, peut-être à contre-courant de l'histoire, averti contre une évolution non maîtrisée de la révolution en cours. Ainsi lorsque René Dumont déclare au bout de quelques années que « L'Afrique noire est mal partie », non seulement personne ne l'écoute mais cela apparaît surtout comme un affront contre les idéologies du moment et comme un déni du droit à l'autodétermination et la souveraineté des peuples d'Afrique. En ce qui concerne le Congo, l'avocat belge Paul Salkin s'était déjà 1910 de ce que le 21è siècle allait réserver à l'Afrique centrale. Par ailleurs le général JANSSENS est connu pour sa formule restée célèbre au Congo : « Avant l'indépendance= après l'indépendance ». Comme pour dire que l'indépendance acquise supposée être synonyme de liberté n'était qu'une illusion dont on n'allait pas tarder à se rendre compte. Le plan Van Bilsen n'envisageait l'indépendance du Congo que 30 ans plus tard ! Ce qui suscita des réactions en sens divers. Point n'est besoin de constater que l'histoire donne raison à tous ces prophètes malgré eux.
Mais comment expliquer cet échec ?
D'aucuns stigmatisent la différence des cultures entre l'Afrique et l'Occident estimant que la culture africaine est incapable de s'adapter à une réalité venue d'ailleurs. D'autres fustigent l'impréparation de l'élite congolaise à assumer l'indépendance nouvellement acquise. L'incapacité à assumer la nouvelle donne politique faite d'exigences nouvelles ; celles d'érection d'une communauté des citoyens libres et égaux en droits, un Etat souverain, une nation viable et juste. Ce qui exige la prise en compte de la nation comme une allégeance prioritaire par rapport à toutes les autres appartenances.
Pour notre part, nous nous interrogeons sur la capacité des idéologies politiques, notamment le nationalisme dans le cas du Congo, à faire un travail de fondation que nécessite ce nouvel environnement politique. Ce besoin de relecture de son histoire pour élire les valeurs fondatrices de la norme directrice de la nouvelle nation en construction se fait sentir de façon récurrente à chaque tentative de résolution de la crise congolaise : conférence nationale, dialogue inter congolais, ne sont que les manifestations de ce besoin inhérent à tout travail de fondation, inhérent à tout nouveau départ.
Certes, les raisons d'une telle crise sont nombreuses et complexes à la fois. Outre les dissensions multiethniques internes, il faut compter avec l'antagonisme récurrent entre les intérêts internes d'un Etat en construction et ceux des puissances internationales décidées à avoir la mainmise sur l'orientation politique et idéologique du pays.
Dans ce contexte d'une crise devenue chronique et qui semble avoir épuisé toutes les tentatives des solutions, débouchant sur un afro pessimisme généralisé, démobilisant les bonnes volontés les plus assidues, on a tendance à jeter l'éponge. Mais a-t-on vraiment le droit d'abandonner ? Y- a- t- il une crise qui soit insoluble, avec tous les moyens dont dispose l'humanité aujourd'hui sur le plan de l'arsenal théorique et technologique ? De là à céder dans des jérémiades infantilisantes, il n'y a qu'un pas. L'intérêt de cette thèse, c'est de montrer a contrario que la crise congolaise n'est pas insoluble. Il suffit pour cela de faire le choix rationnel d'outils conceptuels d'analyse qui vaillent la peine. C'est pourquoi nous nous référons, pour notre part, à la théorie rawlsienne de la justice pour la questionner et l'utiliser comme outil d'analyse heuristique sur l'idéologie congolaise du nationalisme. Question de savoir à travers elle si les idéologies politiques de ce continent constituent un mythe du pouvoir c'est- à- dire un facteur de construction d'un pouvoir autocratique donnant l'illusion de construire une nation ; un ensemble d'idées mystificateurs au service d'un pouvoir totalitaire, ou à l'inverse, constituent-elles l'instance du développement, entendue comme un facteur de construction d'une nation viable ? Mais très vite une question nous hante : celle de savoir si ce nationalisme peut fonctionner selon le modèle de John Rawls en s'articulant sur les principes premiers de justice , en mettant en évidence les principes de liberté et d'égalité les plus satisfaisant pour tous, en créant les conditions d'un accord sur la façon d'organiser les institutions politiques et sociales fondamentales de manière qu'elles respectent la liberté et l'égalité des citoyens, considérées comme des personnes morales ; un accord satisfaisant sur les idées de liberté et d'égalité implicites dans la culture publique de démocraties et condition nécessaire de réalisation d'une société qui assure le bien-être de ses citoyens.
Mais le constat actuel montre que le Congo n'est pas une société bien ordonnée dans le sens rawlsien du terme. On n'a pas l'impression d'avoir une conception publique de la justice qui soit le fondement d'une démocratie moderne. La conscience nationale est en conflit permanent avec la conscience ethnique et tribale. Ce qui nous plonge dans une tension réelle entre deux visions du monde différentes pour ne pas dire opposées. Du coup, certains estiment qu'il serait trop osé d'inviter la théorie de Rawls à la problématique africaine de la nation ou de l'Etat car la théorie de Rawls concernerait une société bien déterminée, celle de la culture de l'Occident moderne. Comme pour rejeter l'universalité de celle-ci. Toute la critique communautarienne va dans ce sens. La thèse de Justine Lacroix va aussi dans ce sens.
Aussi ne voit-on pas comment une théorie qui au départ suscite autant de débats sur son applicabilité, sur le plan de la méthode en Occident même, pourrait être d'une quelconque utilité dans une culture qui lui est totalement étrangère ? Autrement dit, que peut-il y avoir de commun entre le concept rawlsien de nation et le concept congolais de celle-ci ? Comment ce concept rawlsien de la nation peut-il servir de modèle et de voie d'intégration politique pour la construction au Congo d'un Etat-nation viable ?
Cette question fondamentale de la thèse implique un débat complexe qui invite les thèmes de l'opposition entre rationalité moderne et tradition africaine, entre mécanisme de gestion politique moderne et les pesanteurs de l'héritage ancien. Comment concilier solidarité citoyenne et solidarité ethnique ou tribale. Avec l'échec des théories développementistes, faut-il continuer à développer l'idée d'une opposition structurelle indispensable entre le passé et le présent au point de penser que l'Afrique s'opposerait à tout changement comme le suggère Axelle Kabou dans son livre si évocateur intitulé : « Et si l'Afrique refusait le développement ? » ?
Pour notre part, nous croyons que la théorie rawlsienne, en dépit du débat qu'elle suscite autour de la position originelle, des principes de la justice, de la procéduralité, de la stabilité, mérite notre sollicitation concernant la problématique africaine de la construction nationale. La fondation d'une société viable passe par la justice politique et sociale surtout dans un environnement des luttes intestines d'origine tribale et ethnique juxtaposées aux effets pervers de la mondialisation.
Mais pourquoi Rawls ? On sait que sa théorie est froide alors que la culture africaine est encline à des pratiques traditionnelles peu réceptives à sa conception de la justice plaçant l'individu au cœur de tout projet politique tandis qu'en Afrique, c'est la communauté ( ethnique, tribale ) qui prend la place de celui-ci. Il y a là une tension inévacuable d'un simple revers de la main et qu'il faut bien prendre en compte pour toute analyse de ce type.
Mais comme le constate Philippe Van Parijs, nous pensons que l'œuvre de Rawls est au départ du renouveau de la philosophie politique dans la mesure où il constitue désormais le repère devenu incontournable pour réfléchir sur l'exigence du souci de rendre toute société et le monde moins injustes. Aussi, même s'il reste vrai que nous ne trouverons que nous ne trouverons pas de réponse clé en main à nos innombra
Les idéologies politiques africaines :mythe du pouvoir ou instance du développement ?Réflexion épistémologique sur le nationalisme congolais à la lumière de la théorie rawlsienne de la ...justice.Panafricanisme, négritude, consciencisme, socialisme et nationalisme ont eu en gros sur le sol africain, une double mission :-délivrer les pays du joug colonialsortir ces pays du sous-développement par un travail d’une -\
Doctorat en Philosophie
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