A la suite de cette reconnaissance, l'OIIQ a mis en place un ensemble de mesures visant à favoriser la sécurité culturelle et la lutte contre le racisme systémique dans la profession infirmière, par ...exemple, la création d'un groupe d'experts pour l'élaboration d'un énoncé de position (OIIQ, 2021b), des interventions médiatiques, des demandes d'avis et, plus récemment la collaboration avec une infirmière Huronne-Wendat pour son regard sur l'examen professionnel de l'OIIQ concernant la sécurisation culturelle (Picard-Binet, 2022). Parmi les mesures à mettre en œuvre afin de combattre le racisme systémique et les iniquités de santé envers les PNI dans les soins et les services de santé, la formation de tous les intervenants, incluant les décideurs des organisations de santé, le personnel de soutien et les divers professionnels de la santé, pour une offre de soins culturellement sécuritaires, pertinents et équitables est une action essentielle bien reconnue (Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, 2020; Blanchet Garneau et al., 2021; Blanchet Garneau et al., 2019; Browne et al., 2016; Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics (CERP), 2019; Conseil des Atikamekw de Manawan et Conseil de la Nation Atikamekw, 2020; Curtis et al., 2019; Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2021; Richardson et Carryer, 2005). Afin d'implanter des changements durables dans la prestation de soins orientée vers l'équité et la justice sociale, les formations offertes aux professionnels de la santé et des services sociaux doivent être en mesure de démanteler activement le racisme, la discrimination, les stéréotypes et les relations de pouvoir inéquitables (Blanchet Garneau et al., 2019; Browne et al., 2016; Horrill et al., 2018; Nader et al., 2017; Smylie et al., 2018; Wilson et al., 2022). En somme, cet article de discussion a pour objectifs de : 1) décrire le processus collaboratif menant à la publication de l'avis qui a inclus quatre étapes itératives, soit une revue narrative de la littérature, un court sondage en ligne, des sessions de discussion et des consultations; 2) discuter des principaux constats et des pistes de réflexion quant au développement des compétences de sécurisation culturelle dans la formation infirmière initiale.
Cadre de la recherche : Cet article porte sur l’intégration du qimmiq (chien) dans les familles inuites de l’Arctique central canadien avant que celles-ci ne se sédentarisent au milieu du XXe siècle. ...Objectifs : Le présent article vise à décrire l’intégration du qimmiq dans les familles inuites ainsi que les processus utilisés pour le garder à l’écart, et à comprendre l’apparente contradiction entre son importance et le traitement parfois très dur qui lui est réservé. Méthodologie : L’article s’appuie sur une quinzaine d’années de recherche au sujet des chiens des Inuits et se fonde sur des sources primaires et secondaires, sur des dizaines de témoignages inuits publiés dans divers ouvrages ainsi que sur trois recherche de terrain effectuées à Iqaluit, au Nunavut, respectivement en 2004, 2016 et 2017. Résultats : Nous proposons ici une description de la famille inuite traditionnelle ainsi que des rapports de proximité entre les Inuits et leurs qimmiit avant la sédentarisation (importance économique, place occupée dans la société, traitements, etc.) ainsi qu’une exploration des stratégies de mise à l’écart des chiens mises en œuvre par les Inuits. Nous identifions aussi une série de comportements à l’égard des chiens que plusieurs Occidentaux jugent négligents ou cruels, et donc contradictoires avec l’importance qu’occupe le chien dans la société inuite. Conclusion : Cet article permettra de constater que le qimmiq est un animal très bien intégré à la société inuite, mais qu’il n’est ni un animal de compagnie ni un animal de travail au sens où on l’entend habituellement dans la société occidentale. L’analyse permet de montrer que malgré les apparences, il n’y a pas de contradiction entre le rapport des Inuits à leurs chiens et le traitement qu’ils leur ont fait subir traditionnellement. Contribution : Ce texte répond selon nous à une lacune dans la littérature, dans la mesure où si plusieurs publications existent sur les caractéristiques physiologiques du qimmiq et sur l’histoire de l’abattage survenu au moment de la sédentarisation, aucune ne s’attarde à la dichotomie entre l’importance du qimmiq pour les Inuits et le traitement parfois rude qui lui est réservé.
Les familles autochtones ont vécu des transformations et des ruptures profondes à la suite des effets néfastes du colonialisme, des relocalisations forcées et des écoles résidentielles. Malgré de ...nombreuses initiatives et d’importants progrès, les séquelles perdurent dans les communautés.En nous appuyant sur une recherche participative effectuée au Nunavik, nous examinons comment la famille, la communauté, la langue inuktitut et la culture inuit ainsi que la question de l’identité et la vision de l’avenir sont évoquées dans les propos des élèves et de leurs enseignants inuit. L’étendue de cette recherche, menée sur trois ans, nous a permis d’assurer une présence continue dans l’école et dans la communauté, instaurant ainsi une relation de confiance, en plus de donner le temps nécessaire aux jeunes et aux enseignants de participer et de contribuer à leur rythme et selon leurs préférences.Les élèves interrogés expriment leur sentiment de vivre à la croisée de deux mondes (inuit et non inuit). Ils tentent de trouver un équilibre tout en revendiquant leur langue et leur culture, et partagent les mêmes craintes que les adultes sur l’avenir de leur communauté. De plus, leur incapacité à bien maîtriser l’inuktitut les empêche de développer des liens significatifs avec les aînés. Les enseignants comme les élèves souhaitent retrouver l’implication plus soutenue des familles et de la communauté.
Il est généralement admis que la Québec possède un territoire qui peut être qualifié d'arctique, d'ailleurs le gouvernement du Québec se targue, depuis plusieurs années déjà de vouloir développer ..."son nord" dans le respect des habitants du nord et pulus particulièrment des communautés autochtones. En effet, bien que le Québec à proprement parler n'entoure pas directement la région du pôle Nord ni ne comprend d'établissements situés au-delà du 66e parallèle, plusieurs considèrent tout de même que le Québec est constitué d'un territoire arctique qui couvre essentiellement la délimitation géographique appelée le Nunavik (voir la carte). Il convient ici de noter d'emblée que le terme Nunavik n'est pas à proprement parler une expression reconnue par la Commission de toponymie du Québec. Selon cette dernière, le nom correct de cette partie du territoire est la région Kativik. Le terme Nunavik est fait davantage référence à un concept politique de revendications territoriales et d'affirmation des droits des Inuit à la fois à l'égard du territoire du Québec, mais aussi de l'ensemble des îles qui ceinturent la province.
La jeunesse inuit est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis. Elle habite en effet des territoires intégrés à la mondialisation, néanmoins situés aux marges de l’écoumène et donc en prise avec ...l’isolement géographique et ses conséquences en termes de mobilités, d’accès à différents services de santé, d’éducation et même de biens de première nécessité. Les jeunes Inuit du Nunavik évoluent dans une société multiculturelle où les effets de la colonisation marquent encore le quotidien, se caractérisant par d’importants problèmes sociaux (violence, alcoolisme, suicide). Toutefois, malgré ce portrait inquiétant que renvoient les actualités et dont le Québec tente de relever le défi, les jeunes inuit montrent une « inuititude » émergente. Donner la parole à cette jeunesse du Nunavik est aujourd’hui fondamentale, dans la mesure où 52,8% de sa population a moins de 24 ans. À partir de l’analyse d’un travail vidéographique réalisé entre 2016 et 2019 au sein de trois écoles du Nunavik sur leur rapport à nuna (ᓄᓇ, le territoire en inuktitut), cet article interroge ce que signifie être jeune Nunavimmiut aujourd’hui. 37 adolescents de 13 à 18 ans présentent une vision de l’Arctique « de l’intérieur », par-delà les clichés. Leurs vidéos donnent à voir leur vécu selon leur cosmologie holiste, combinée au dualisme occidental hérité de la colonisation : la persistance d’une relation intrinsèquement fusionnelle avec leur territoire, résiliente dans ses aspirations contemporaines d’itinérance, de spiritualité, de bien-être et de transmission générationnelle.
Cet article présente une réflexion sur les systèmes actuels de production du logement au Nunavik, au nord du Québec, à la lumière des théories de la complexité et de la perspective de l’habiter. ...L’analyse de la littérature démontre différentes formes de complexité dans le système ; les processus actuels relatifs à la construction des logements au Nord sont toujours le reflet d’une perspective centrée sur le fait « de construire » et sur un modèle de rationalité technique, plutôt que sur une perspective considérant le fait « d’habiter » le Nord, intégrant les considérations sociales, culturelles et symboliques. L’article explore les caractéristiques propres à l’habiter inuit et les associe à la perspective de l’habiter d’Ingold (2000). À travers l’engagement dans l’action, la perspective de l’habiter se conjugue aux méthodes ouvertes proposées par les approches de la complexité, afin de proposer des pistes pour un logement nordique plus durable, mieux ancrées dans les réalités, les aspirations et les façons d’habiter des communautés inuit.
L’« habiter nomade », tel un canevas intellectuel et philosophique, préside à une expérience de participation et de recherche-création en architecture, qui visait à explorer de nouvelles approches à ...la programmation, la conception et la construction de Maisons des jeunes (et intergénérationnelles) dans les villages du Nunavik. De telles maisons ont été envisagées comme un lieu qui procurerait un sense of home, qui invoquerait l’identité Inuit. Afin d’examiner et d’illustrer comment l’architecture pourrait accompagner les jeunes Inuit dans la réappropriation et la mise en valeur de leur identité, tout en affirmant des traditions significatives, la recherche-création a été convoquée. Dans ce contexte, l’habiter (comme « idée de la maison ») est alors abordé comme une invitation faite à l’architecture, et aux architectes, d’offrir des moments, des lieux et des occasions qui permettront aux habitants d’être leurs propres créateurs de sens. L’ensemble de la réflexion et de la démarche participative portant sur une Maison pour les jeunes inuit est traduite en quelques projets d’architecture qui mettent en lumière diverses aspirations, opportunités et désirs d’« habiter » le Nunavik.