Deux voies en parallèle s'accomplissent dans le parcours de vie de Léonard Gianadda. La premièreest la construction, héritée de l'histoire familiale, la secondeprend naissance lors d'un voyage en ...Italie en 1950 avec sa mère et ses frères. Il visite Rome, Florence, Naples, c'est l'éblouissement par l'art. La Fondation Pierre Gianadda créée en 1978 sera la concrétisation de ces deux voies. Pour insuffler un essor constant à la Fondation, il faut un esprit d'entreprise. L. Gianadda tisse un réseau mondial avec les plus grands musées, entretient des contacts étroits avec les collectionneurs, ce qui va lui permettre d'organiser de prestigieuses expositions. Dans son plaisir à transmettre au plus grand nombre ce qu'il aime, la musique tient une place privilégiée: il invite les plus grands noms à donner des concerts dans les lieux mêmes de cette Fondation qui, condamnée au succès, accueille tous les jours, depuis trente ans, sept cents visiteurs. 00:00:00 – 00:00:09 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Léonard Gianadda et à la Fondation Pierre Gianadda tourné à Martigny le 28 janvier 2008. L'interlocuteur est Jean-Henry Papilloud. 00:00:09 – 00:01:24 (Séquence 1) : L’interlocuteur explique que nous nous trouvons chez Léonard Gianadda. Devant lui, une table couverte de journaux, revues, photographies, qui relèvent de l'actualité culturelle. En 1978, la Fondation Pierre Gianadda ouvrait ses portes, elle fête aujourd'hui trente ans de succès, de découvertes et de rayonnement culturel. Il parle de son président fondateur Léonard Gianadda. Elève au collège de l'Abbaye de Saint-Maurice, son maître principal le chanoine Allimann écrivait déjà à ses parents : "Votre fils est le premier de la classe. Il peut et doit faire de sa vie quelque chose de grand". 00:01:25 – 00:01:33 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Léonard Gianadda et à la Fondation Pierre Gianadda tourné à Martigny le 28 janvier 2008. L'interlocuteur est Jean-Henry Papilloud. 00:01:34 – 00:01:54 (Séquence 3) : Léonard Gianadda explique qu'à 12 ans, au sortir de la guerre en 1947, il ne rêvait ni de gloire ni de célébrité. Il découvrait ses premières oranges et bananes, il allait à la maraude des cerises et ne pensait à rien d'autre. 00:01:56 – 00:03:26 (Séquence 4) : Léonard Gianadda est né dans un milieu d'entrepreneurs. En 1886, son grand-père est venu à pied d'Italie, de son Piémont natal, en tant que réfugié économique. Il a passé le col du Simplon car le tunnel n’a été percé qu’en 1906. Il avait 13 ans, ne parlait pas français et savait à peine lire et écrire. Il a d'abord rejoint un cousin à Lausanne avant de s'établir à Martigny. Léonard Gianadda l'a bien connu car il était son parrain et il est décédé à ses 20 ans. Il avait une grande admiration pour lui. Son grand-père a commencé comme "botsche", c'est-à-dire qu'il portait les charges pour les maçons. Sa santé l'a poussé à devenir maçon puis entrepreneur. 00:03:29 – 00:05:04 (Séquence 5) : Léonard Gianadda explique que son milieu familial n'était pas très ouvert à la culture. Il ne s'imaginait pas ou ne rêvait pas de la fondation telle qu'elle est devenue. Le succès est selon lui fragile et tient à peu de choses, à la santé, aux moyens. Il explique qu'il n'a pas été évident de créer cette fondation alors qu'il avait 40 ans. Beaucoup de ceux qui auraient les moyens de le faire ne le font pas même dans leur testament. Il pense que le miracle c'est la durée. Faire des événements ponctuels qui ont du succès est aisé mais durer pendant 30 ans est beaucoup plus difficile. 00:05:07 – 00:06:12 (Séquence 6) : Léonard Gianadda parle du succès de la Fondation Pierre Gianadda. Le nombre de visiteurs est le résultat de son travail. Il explique que le 1,5 % de subventions communales, cantonales et fédérales qu'il touche pour l'animation culturelle – expositions, concerts et ce qu'il appelle les joies annexes – ne suffirait pas au maintien de la Fondation et de ses activités. Il est donc condamné au succès. Il passe aujourd'hui le cap des 7,5 millions de visiteurs, soit une moyenne de 702 visiteurs par jour pendant 30 ans. Beau succès pour une ville qui comptait à l'époque 10000 habitants et pour une fondation qui a longtemps été en dehors des axes, autoroutiers notamment. 00:06:16 – 00:07:39 (Séquence 7) : Léonard Gianadda est convaincu qu'une telle fondation n'aurait eu aucune chance à Zurich, New York ou Paris. Etablie dans un endroit où il n'y avait rien, elle a pu se développer. Le boum du marché de l'art a contribué aussi à son succès. La concurrence était encore inexistante. La Fondation de l'Hermitage, la Fondation Beyeler et la Fondation Rosengart, ce qu'a fait Thyssen à Lugano, tous ces lieux n'existaient pas. Il pense avoir été un modèle. 00:07:43 – 00:08:38 (Séquence 8) : Léonard Gianadda explique qu'il est content et flatté d'être chevalier puis officier de la Légion d'honneur, mais qu'il se sent surtout honoré d'être membre de la Commission des acquisitions du Musée Rodin et du Musée d'Orsay. La commission de ce dernier ne compte que dix membres et il est le seul étranger. En tant qu'ingénieur de formation, cette reconnaissance le touche particulièrement. 00:08:42 – 00:09:27 (Séquence 9) : Léonard Gianadda explique que la reconnaissance est surtout venue d'ailleurs. Il précise qu'il a dû acheter la bourgeoisie de la commune de Martigny, et cher, et qu'en 30 ans il n'a jamais eu le prix de la ville de Martigny. Par contre, il a été fait citoyen d'honneur de la commune d’Etroubles et de son village d'origine de Curino dans le Piémont. Ceci l'émeut pour la mémoire de ses parents et grands-parents. 00:09:31 – 00:10:14 (Séquence 10) : Léonard Gianadda parle de son origine italienne. Il la revendique. Avoir vécu la guerre en Suisse comme Italien d'origine n'a pas été facile. Les Italiens étaient les seuls étrangers en Suisse. Il se souvient avoir été traité de "magut" et de "spaghetti" pendant toute son enfance. 00:10:19 – 00:11:26 (Séquence 11) : Léonard Gianadda, à l'invite de l’interlocuteur, fait la liste de ses activités sous forme de bilan. Il évoque l'après et explique essayer de boucler ses projets. Il redoute les successeurs qui voudront trop marquer leur territoire. En ce qui concerne le Musée de l'Automobile, il prépare une publication et considère la collection terminée. Il décrit ce musée comme un accident de parcours car il ne s'intéresse pas aux automobiles. Il ne se passionne pas non plus pour les chiens, bien qu'il ait créé le Musée du Saint-Bernard à Martigny. 00:11:31 – 00:13:37 (Séquence 12) : Léonard Gianadda, à l'invite de l’interlocuteur, fait la liste de ses activités sous forme de bilan. En ce qui concerne la section archéologie, la présentation des pièces avait 30 ans. Il explique avoir dû faire son chemin avec les progrès de la muséographie, sans suivre les musées cantonaux qui voulaient peindre les vitrines de toutes les couleurs. Il insiste sur la spécificité de son Musée gallo-romain qui ne présente que des pièces trouvées à Martigny. Il explique qu'il n'y en a pas beaucoup en Europe mais quelques-uns en Amérique du Sud et en Grèce. Il raconte une anecdote survenue lors d'une visite guidée du musée où il a relevé que leurs ancêtres étaient les mêmes de chaque côté des Alpes. Il prépare également une publication importante sur ce musée. 00:13:42 – 00:14:40 (Séquence 13) : Léonard Gianadda, à l'invite de l’interlocuteur, fait la liste de ses activités en forme de bilan. Le Parc de sculptures lui est très cher. Il explique que la Fondation Pierre Gianadda n'a pas de collection de peintures faute de moyens. Mais elle a une collection de sculptures. Sur les terrains qu'il a d’abord légués puis acquis par la suite, pour arriver à près de 30000 m2 autour du musée, il propose un véritable parcours de la sculpture du XXe siècle avec 40 à 50 sculptures. Une publication se prépare à ce sujet. 00:14:45 – 00:15:42 (Séquence 14) : Léonard Gianadda explique qu'en ce qui concerne la musique, il ne pense pas être indispensable pour que les saisons musicales perdurent. Elles sont devenues à ses yeux aussi importantes que les expositions. Il évoque encore ce qu'il appelle les "joies annexes" telles que l'exposition Léonard de Vinci acquise par la suite, ou la collection Franck temporairement en dépôt, ou encore les collections reçues en cadeau comme les photographies "Luigi le berger" de Marcel Imsand ou les 238 photographies de Cartier-Bresson dont les deux tiers sont dédicacés par l'artiste. A l'heure des bilans, il essaie donc de mettre tout au point, de boucler les choses par des publications. Ainsi l'archéologue cantonal va faire un ouvrage qui s'intitulera "Martigny la Romaine". 00:15:48 – 00:17:32 (Séquence 15) : Léonard Gianadda parle des trouvailles archéologiques qu'il a faites comme bâtisseur. Ingénieur de formation, il a construit plus de 1000 appartements à Martigny. Sur ses chantiers, des découvertes importantes ont été faites. Sur les sept lieux archéologiques à visiter à Martigny, à savoir l'amphithéâtre, près du motel, sous la patinoire municipale, le temple gallo-romain de la fondation, les thermes romains dans les jardins de la fondation, la villa Minerva et le Mitrium, il a découvert les quatre derniers et fait le nécessaire pour les conserver, en payant même de sa poche. Il a toujours accueilli les archéologues à bras ouverts sur ses chantiers et il n'a pas hésité à changer ses plans. Il est fier que ces lieux soient aujourd'hui visitables et fassent partie du parcours de Martigny la Romaine. 00:17:39 – 00:19:04 (Séquence 16) : Léonard Gianadda explique que les grands bronzes romains présentés à la Fondation sont les plus grands et les plus beaux découverts en Suisse. Ils ont été trouvés il y a 110 ans à 200 mètres de la Fondation. Ils étaient exposés au Musée cantonal de Sion. Après l'ouverture de la Fondation, il a négocié, non sans difficultés, leur retour à Martigny. Le conseiller d'Etat de l'époque avait juré que ces bronzes n
De mère russe et de père né à Moscou, il naît à Genève où il étudie l'histoire de l'art. Le cinéma le fascine, il est tombé amoureux de Bette Davis et collectionne ses photos dont il tapisse sa ...chambre. Il s'engage à gauche, sous l'impulsion d'André Kaminski, Polonais communiste, historien, angliciste et violoniste. Cet engagement lui coûtera une carrière officielle, mais lui vaudra l'indépendance. Après un épisode canadien où il fait de la figuration dans un film d'Otto Preminger, c'est la rencontre avec l'œoeuvre de Hodler, dont il devient le spécialiste et qu'il évoque ici avec chaleur et tendresse. Sa situation d'historien indépendant lui a valu, au début, des années difficiles, mais peu à peu les commandes d'expositions sont arrivées du monde entier et lui ont permis de passer le cap. Aujourd'hui, homme heureux, père comblé, Jura Bruschweiler illumine l'écran de son humour. 00:00:00 – 00:00:13 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jura Brüschweiler, historien d'art, et tourné à Chêne-Bourg, Genève, le 27 juin 2000. L'interlocuteur est Alphonse Layaz. 00:00:13 – 00:00:58 (Séquence 1) : Jura Brüschweiler montre un petit tableau à Alphonse Layaz, peintre et journaliste. Il lui demande ce qu'il pense de ce portait de Hodler et Layaz répond qu'il le trouve superbe, car bien que très jeune sur cette image, on voit déjà le caractère de Hodler : la tendresse et la folie, une certaine manière de cadrer et des valeurs. 00:00:58 – 00:01:09 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jura Brüschweiler, historien d'art, et tourné à Chêne-Bourg, Genève, le 27 juin 2000. L'interlocuteur est Alphonse Layaz. 00:01:10 – 00:02:45 (Séquence 3) : Jura Brüschweiler commente son nom et son prénom : il s'appelle en réalité Youri, dont le diminutif, Youra, a été conservé dans son orthographe allemande. Ce prénom lui vient de sa mère russe. Le nom Brüschweiler lui vient de son grand-père paternel, pasteur suisse, vivant à Moscou jusqu'en 1917. Le père de Jura est né à Moscou et sa soeur était une bonne amie de la future mère de Jura. Toute la famille s'est établie à Genève en 1917 et, en 1927, Jura et sa soeur jumelle sont nés. 00:02:46 – 00:03:41 (Séquence 4) : Jura Brüschweiler commente les lieux géographiques importants de son enfance : Moscou qu'il n'a pas connu, Genève, Zurich et, dans le canton de Thurgovie, Zihlschlacht. Il y a emmené ses quatre enfants pour leur faire découvrir ce lieu d'origine familiale que lui même n'avait jamais connu. Ils ont réalisé que le nom Brüschweiler était partout dans le village et que la famille vient bien de là-bas. 00:03:43 – 00:04:14 (Séquence 5) : Jura Brüschweiler parle de son grand-père, pasteur à Moscou, rentré en Suisse pour devenir pasteur au château de Kyburg, près de Winterthour. Après le divorce de ses parents, Jura et sa soeur ont passé deux ans là-bas et y ont commencé l'école primaire. 00:04:17 – 00:05:38 (Séquence 6) : Jura Brüschweiler parle de ses études d'histoire de l'art et de son intérêt pour le cinéma. Quand il avait 12 ans, Jacques Feyder et sa femme, l'actrice Françoise Rosay, donnaient un cours de cinéma, au conservatoire de Genève. Passionné, Jura Brüschweiler a suivi ce cours et allait en cachette avec un ami à la Comédie. Il a ainsi pu voir quelques acteurs extraordinaires, comme Oury, qui lui ont donné le goût du théâtre. 00:05:41 – 00:06:22 (Séquence 7) : Jura Brüschweiler parle du cinéma qui a été le thème de son diplôme d'histoire de l'art qui traitait des films sur l'art. Jura Brüschweiler cite à ce propos Resnais dont les premiers films ont porté sur Van Gogh et Picasso. A l'époque, il était lui-même assistant du directeur du Musée d'art et d'histoire et il organisait des séances de films sur l'art. Plus tard, il a vu le film sur Picasso fait par Clouzot. 00:06:25 – 00:08:03 (Séquence 8) : Jura Brüschweiler parle de sa rencontre avec un couple de voisins quand il était adolescent. L'homme était polonais et se nommait André Kaminski : né en Suisse, il était multilingue et assez génial. Il était enseignant, historien et artiste puisqu'il jouait du violon. Il était surtout extrêmement pédagogue et a beaucoup influencé Jura Brüschweiler pour sa maturité et ses lectures. Jura Brüschweiler lisait en effet tout Romain Rolland et Thomas Mann. André Kaminski était très amoureux de sa femme, qui était modèle pour le peintre Maurice Barraud. Ils formaient un exemple de couple heureux qui a beaucoup marqué Jura Brüschweiler et qui pourrait être comparé au "Concerto pour deux violons" de Bach. 00:08:07 – 00:10:15 (Séquence 9) : Jura Brüschweiler parle de son amour adolescent pour Bette Davis, une actrice hollywoodienne. Il l'avait vue jouer dans "Elisabeth et Essex", un film de Curtiz. Rétrospectivement, il pense que c'est cette passion qui a déclenché son goût du cinéma. Il y avait à l'époque un cinéma, le Rialto, près de la gare de Genève, qui proposait des cinq à sept, où on présentait des classiques. Il a vu 37 films de Bette Davis, dont certains plusieurs fois, et collectionnait tout ce qu'il pouvait trouver sur elle. Sa chambre était tapissée de photos et d'affiches. Il lui envoyait des télégrammes et vendait ses livres de collège pour les payer. 00:10:19 – 00:12:59 (Séquence 10) : Jura Brüschweiler parle de son engagement politique quand il était jeune. Un de ses modèles, Kaminski, était communiste et l'a initié à la lutte des classes. Et comme Jura Brüschweiler était fils de bourgeois, Kaminski lui a conseillé d’aller "faire l’expérience du prolétariat" : il a travaillé tout un hiver comme manœuvre à la gare de marchandises de Zurich. Les conditions étaient très dures et il a été maltraité par un contremaître. Il était tellement fatigué qu’il ne faisait plus d’autres activités, sauf une fois où il est allé voir un film avec Rita Hayworth, "Cover Girl". Grâce à ce film, il a compris comment et pourquoi le public ordinaire a besoin de rêve et de s'échapper de la réalité. Au niveau politique, l'influence de Kaminski a été bénéfique pour Jura Brüschweiler, même si, par la suite, son engagement lui a joué de tours : il n'a par exemple jamais été nommé fonctionnaire par la Ville de Genève au musée. De même, il a été refusé à un poste à la télévision. Tout cela lui a néanmoins permis d'être indépendant. 00:13:04 – 00:17:18 (Séquence 11) : Jura Brüschweiler parle de son expérience avec le réalisateur Otto Preminger au Canada. Jura Brüschweiler avait une amie américaine dont les parents avaient appris qu'il était de gauche : elle est repartie chez elle et il n'a pas réussi à obtenir un visa pour la rejoindre, car c'était le début de la guerre froide. Mais Jura Brüschweiler a pu recevoir un visa pour le Canada, où il a retrouvé un oncle qui avait abandonné la soeur de son père et qui avait disparu. Il l'a retrouvé grâce à l'annuaire, au Ritz Carlton Hotel de Montréal. Comme il cherchait du travail, son oncle l'a averti de l'arrivée imminente de Preminger et son équipe, composée de Charles Boyer, Françoise Rosay et Linda Darnell. Jura Brüschweiler a été engagé par Preminger comme son assistant en faisant d'abord ses preuves comme figurant. Il gagnait 75 dollars à la semaine avec cet emploi. 00:17:24 – 00:19:46 (Séquence 12) : Jura Brüschweiler parle de sa passion pour Ferdinand Hodler ce qui, pour l'interlocuteur Alphonse Layaz est très étrange si on considère son parcours : engagé politiquement et voyageant au Canada, puis revenant en Suisse. Or, on ne peut pas vraiment faire plus nationaliste comme artiste que Hodler. Jura Brüschweiler explique qu'il a été présenté un jour à un invité d'une comtesse autrichienne qui l'a pris pour un professeur, puis un docteur, avant de lui demander ce qu'il était. Il a alors répondu qu'il était Suisse. Il voulait simplement dire qu'il n'avait pas de titre institutionnel mais qu'il était indépendant. Cette indépendance a fait qu'au moment où il travaillait au Musée d'art et d'histoire, il a rencontré Hodler. 00:19:52 – 00:21:10 (Séquence 13) : Jura Brüschweiler explique pourquoi et comment il en est venu à travailler sur Hodler. Dans sa famille, il régnait une certaine nostalgie de Moscou et à Noël on écoutait la musique de Russes blancs et on évoquait des souvenirs du pays : la datcha du grand-père, les leçons de piano de Rachmaninov à sa femme, la grand-mère de Jura Brüschweiler. Tout cela le pesait car s'il sentait très bien en Suisse, mais il savait que son père s'y sentait à l'étroit. Peut-être par réaction à ce contexte, Jura Brüschweiler a connu une phase gauchisante, avant de choisir comme sujet d'étude le peintre le plus suisse possible. 00:21:16 – 00:22:32 (Séquence 14) : Alphonse Layaz explique que, sur les traces de Hodler, Jura Brüschweiler va rencontrer des personnes très étranges. Jura Brüschweiler abonde et explique qu'à un moment, il devait écrire un article sur le dernier paysage de Hodler, qui était entré au musée de Genève par la Fondation Gottfried Keller. Il voulait pour cela voir d'où Hodler l'avait peint. Jura Brüschweiler savait qu'à cette époque, Hodler était très malade et a même appris par la suite que le peintre passait des nuits entières sur un fauteuil, faute de pouvoir s'allonger en raison d'un œdème pulmonaire. Il a peint une vingtaine de vues du Mont Blanc avec la Rade de Genève, depuis sa fenêtre. Jura Brüschweiler a donc pris rendez-vous avec sa veuve, Berthe Hodler, pour voir le site. 00:22:39 – 00:26:43 (Séquence 15) : Jura Brüschweiler raconte sa rencontre avec Berthe Hodler. Tout l'appartement était meublé par Joseph Hoffmann, un ami viennois de Hodler. La veuve Hodler a montré à Jura Brüschweiler un mur couvert de photographies de personnalités comme Laval, Bardèche et Brasillach, pour lui signifier son opinion politique. Jura Brüschweiler a cru bon de préciser qu'il n'était pas venu parler politique mais pour connaître d'où Hodler avait peint son dernier paysage. La veuve a alors refusé d'adresser la parole à Jura Brüschweiler, l'a traité de "youpin" et a tra
Par leur engagement dans la vie locale, ils ont marqué la ville du Nord vaudois. Imprimeur parce qu'il s'agissait de reprendre l'entreprise paternelle, Henri est très tôt passionné de théâtre et de ...musique contemporaine. Son épouse Jacqueline est infirmière et, comme lui, elle a besoin d'élargir son horizon et de mener une action sociale. Elle participe à la création d'une garderie d'enfants et d'une bibliothèque enfantine et consacre à Pestalozzi une exposition et un livre. Son mari, quant à lui, collabore à la constitution d'une coopérative d'habitation et lance le Ciné–club d'Yverdon. Un couple qui, à lui seul, représente une tranche importante de l'histoire yverdonnoise. 00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jacqueline et Henri Cornaz et tourné à Yverdon-les-Bains le 25 septembre 1990. 00:00:11 – 00:01:10 (Séquence 1) : Bertil Galland explique que Jacqueline Cornaz est un des deux personnages de l'histoire yverdonnoise qui va être contée ici. Elle dit être née à Yverdon dans une famille très attachée à sa ville. Ils étaient cinq enfants et s'appelaient Besson. Son père dirigeait une fabrique de pâtes alimentaires, créée par son grand-père, Jules Besson. Il était grand lecteur et faisait partie de la bibliothèque publique d'Yverdon : il a donc donné à ses enfants une ouverture à la lecture et à la ville. Il a également été membre du Conseil communal et de la Municipalité d'Yverdon si bien que les enfants ont toujours été intéressés par l'histoire de leur ville. 00:01:10 – 00:01:38 (Séquence 2) : Jacqueline Cornaz explique qu'elle lisait, enfant, des ouvrages pris à la bibliothèque enfantine de l'Eglise libre dont sa famille faisait partie. Chaque semaine, après l'école du dimanche, elle allait en faire provision et a notamment lu tout Jules Verne avec passion. 00:01:39 – 00:03:21 (Séquence 3) : Henri Cornaz explique avoir mal commencé sa vie : très malade à un an et demi, il perd ensuite sa mère à l'âge de huit ans. Il s'est senti seul, si bien que, très tôt, fiction et réalité se sont mêlées, notamment en visionnant un film racontant l'histoire d'un petit garçon perdant sa mère au même âge que lui. L'institutrice qui les avait emmenés voir le film, lui a d'ailleurs reproché de ne pas pleurer puisqu'il était touché de près par le film : il a longtemps culpabilisé sans rien oser dire, notamment à son père. Cornaz a donc vécu dans une bulle solitaire et situe sa perte de foi à cette époque : il priait plus volontiers sa mère au ciel que Dieu. 00:03:22 – 00:03:39 (Séquence 4) : Henri Cornaz évoque son père, un chrétien fondamentaliste et un abstinent convaincu, membre de la Croix-Bleue, ce qui est peut-être expliqué par l'alcoolisme de son propre père, qui s'est par la suite converti. 00:03:41 – 00:04:18 (Séquence 5) : Henri Cornaz explique que son père a repris en 1919 une petite imprimerie à Yverdon où il y avait cinq, six collaborateurs. Il est né à l'étage au-dessus et a baigné dans cette atmosphère : son destin était fixé. Il est donc devenu typographe. 00:04:21 – 00:05:24 (Séquence 6) : Jacqueline Cornaz raconte l'épidémie de polio en 1937, qu'elle a elle-même contractée. Elle a été paralysée quelques semaines, au point de souhaiter que si elle s'en sortait, elle se vouerait aux malades. Une fois guérie, à l'âge de 20 ans, elle a fait l'Ecole de la Source, ce qui lui a ouvert tout un horizon social dont elle n'avait pas conscience auparavant. 00:05:28 – 00:06:48 (Séquence 7) : Jacqueline Cornaz évoque ses racines françaises : sa mère l'était par son père qui venait du Poitou et a fait des études de théologie à Genève. C'était un homme très original et aimable, qui a eu cinq enfants. Bien que vivant en Suisse - Fully, Grandson et Yverdon - il a fait le voeu de rester toujours français, même si sa femme a refusé d'élever leurs enfants en France, un lieu de perdition. Les Cornaz, eux, ont toujours été très francophiles, notamment car la parenté de Jacqueline vivait en France et qu'elle y a fait de nombreux séjours de vacances. 00:06:52 – 00:08:53 (Séquence 8) : Henri Cornaz évoque ses années de collège et se souvient particulièrement que c'était une période de chômage. Ses professeurs du Collège d'Yverdon étaient remarquables, dont notamment Léon Michaud, qui lui a donné une certaine homogénéité de l'histoire, de la géographie et de la littérature. Cornaz cite également Armand Bovet, professeur de musique et directeur d'un petit orchestre où il jouait, ainsi qu'André Renaud, compagnon du professeur Charcot dans le Grand Nord, et Pierre Javet, qui, le premier, a parlé à ses élèves de la force atomique. Cornaz a donc bénéficié de beaucoup d'ouvertures pendant sa scolarité. On leur faisait également assister à des concerts de Jacqueline Blancard et Ansermet, avec l'Orchestre de la Suisse Romande romande et les deux frères Desarzens. Cornaz a été subjugué : le goût de la musique accompagnera toute sa vie. 00:08:57 – 00:09:48 (Séquence 9) : Henri Cornaz parle de sa découverte du théâtre lors des soirées du collège d'Yverdon, qui mettait en scène parfois un Molière ou un Racine. Un car a été affrété une fois pour aller voir Copeau à Orbe et une autre fois, Jouvet s'est déplacé pour donner "L'école des femmes". 00:09:53 – 00:11:47 (Séquence 10) : Henri Cornaz explique avoir commencé son apprentissage de compositeur typographe juste après le collège. Il avait honte de sa condition d'apprenti car ses amis étaient étudiants. Il a très vite essayé de compenser en lisant de manière boulimique les grands écrivains et le reste. Vers la fin de son apprentissage, il était très attentif à ce qui se passait dans le monde, notamment la montée du fascisme. En 1940, il était donc content d'entrer à l'école de recrues car il voulait pouvoir défendre son pays si les Allemands envahissaient la Suisse. Il a ensuite été mobilisé dans les couvertures frontières : il pouvait donc continuer à travailler l'hiver. 00:11:53 – 00:13:22 (Séquence 11) : Henri Cornaz raconte qu'à la fin 1942, il part à Zurich comme compositeur typographe dans une petite entreprise. Après quelques soucis de langue, il commence à s'adapter et s'inscrit à la Volkshochschule pour des cours de musique traditionnelle juive. Il découvre ensuite le Schauspielhaus, le Kunsthaus et la vie musicale locale. Il voit d'ailleurs Paul Sacher diriger un orchestre sur Bartok : il découvre alors la grande musique contemporaine et en est depuis lors un inconditionnel. Il entend également Hermann Scherchen et va voir les musées et expositions : il apprend donc à écouter et regarder. 00:13:28 – 00:16:18 (Séquence 12) : Henri Cornaz évoque son séjour à Zurich, en compagnie notamment de Beno Besson, Yverdonnois de naissance et même cousin germain du père de Jacqueline Cornaz. Il voit sur place "Der gute Mensch von Sezuan" de Brecht, dont il raconte quelques passages marquants. Il s'enthousiasme pour les questions de théâtre et en débat avec ses amis yverdonnois comme Lambercy, le céramiste, et Besson lui-même : ils se retrouvent chez Madeleine, la soeur de Benno Besson. 00:16:24 – 00:17:59 (Séquence 13) : Jacqueline Cornaz explique qu'elle a fait ses études d'infirmière à La Source, à Lausanne. Une fois diplômée, elle est allée travailler à l'Hôpital de Cully, ce qui n'était pas facile, notamment en raison des services de nuit. C'était lors de l'hiver 1946-1947 et Paul Budry était un patient, gravement malade et assez aigri. Comme il s'ennuyait, il l'appelait toujours vers minuit, pour discuter. Très prise, elle lui a un jour suggéré de venir l'aider avec les poupons vers cinq heures du matin et de converser alors. 00:18:06 – 00:20:01 (Séquence 14) : Jacqueline Cornaz explique avoir rencontré son mari Henri par l'Eglise de la jeunesse libre. Ils se sont mariés et elle a dû quitter son métier d'infirmière car elle ne pouvait travailler à temps partiel. Ils ont rapidement eu trois filles et une fois qu'elles ont été grandes, Jacqueline Cornaz s'est recyclée et s'est remise à travailler. Elle n'est pas restée inactive pour autant, car elle avait besoin d'ouverture : elle a vite réalisé qu'il manquait une dimension sociale à Yverdon. Elle a donc été à la base, avec quelques autres, d'une Ecole de parents et de la garderie "Le Lapin bleu". Quelques années plus tard, ils ont créé une bibliothèque enfantine. Puis Henri Cornaz s'est occupé d'une coopérative d'habitation. Ce fut la réponse du couple au besoin d'ouverture qu'ils éprouvaient. 00:20:08 – 00:23:54 (Séquence 15) : Henri Cornaz parle de Zurich, une ville qui lui a beaucoup apporté, en termes de typographie et de vision du monde. Son ami Philippe Lambercy et lui avaient une vision ramuzienne du métier : le premier se voulait artisan, alors que le second s'interrogeait sur la possibilité de vivre l'entreprise de typographe, tout en pratiquant sa profession, avec les responsabilités que cela impliquait. Cornaz insiste cependant sur le fait qu'ils n'étaient pas de grands intellectuels avec de grandes idées. De même Besson était également très concret et ensemble, ils essayaient tous de penser de manière très concrète. A l'époque, se trouvait à Bâle, Mascarin, un céramiste et réfugié antifasciste, qui leur a beaucoup apporté car il leur demandait toujours comment ils comptaient réaliser leurs idées. Cornaz, lui, a suivi des cours à la Gewerbeschule de Zurich et également de dessin de lettres. Il a donc beaucoup appris sur la manière d'envisager la lettre, en tant qu'œuvre d'art plus que comme simple signe. Après cette année à Frauenfeld, il est rentré à Yverdon, pensant notamment reprendre l'entreprise familiale, tôt ou tard. Il est parti camper avec Benno Besson, avec qui il s'est plus ou moins disputé et à qui il a suggéré d'écrire une pièce. Besson a préféré adapter une pièce de Brecht, "Les Trois Soldats" et Cornaz s'est chargé de trouver des acteurs du POP, que Besson a dirigés pendant quatre mois. Ce fut la première mise en scène de Besson. 00:24:01 – 00:24:42 (Séquence 16) : Henri Corna
1. Auflage 2012, digitale Ausgabe vorliegend und eine Buchausgabe mit Fotografien
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