fr Nous proposons de relire la fameuse notice de Tite-Live sur l’introduction du théâtre à Rome en nous demandant s’il nous apprend véritablement ce que furent les origines de cette pratique, et, le ...cas échéant, ce qu’il nous propose de différent ou de complémentaire. Cette question sera traitée grâce à l’examen de la structure du passage et de sa situation dans l’économie de l’histoire livienne; grâce à la lecture des étapes parcourues par l’historien; grâce à l’analyse des questions soulevées par l’apparition des ludi scaenici et par le rôle de Livius Andronicus.
Dossier : Comment agit-on par la parole dans un cadre ritualisé ? Les pratiques des mondes anciens étudiées sont l'occasion de repenser notre monde contemporain. À travers des processus de ...ritualisation, de « solennisation » et de formalisation, ce volume étudie la manière dont des actes de langage particuliers ont acquis la capacité de lier des personnes dans des unions durables (le mariage, l’alliance, l’adoption ou le contrat) ; de transmettre la connaissance du passé avec certitude et fidélité (le témoignage juridique) ; ou de garantir des actions à venir dans une totale confiance (le gage, la promesse et le vœu). Varia : Histoire et anthropologie religieuse (sphères d'action et modes d'épiphanie divine, oracles et politique, les agalmata, le daimôn du stoïcisme impérial). Questions d'anthropologie (comparatisme Grèce/Chine : la raison pratique ; le geste de Phryné ; les vases à prédelle ; la « féminité » des arbres : Varron, Ovide).
Face à l’œuvre fragmentaire de Lucilius, la recherche s’appuie souvent sur le témoignage d’Horace pour caractériser le primus inuentor. En étudiant les citations de Lucilius chez Varron et Cicéron, ...nous avons un double objectif : déterminer dans quelle mesure la représentation qu’Horace donne de Lucilius est tributaire de la première réception de son œuvre ; plus largement, étudier l’impact du processus de citation sur la construction d’une figure littéraire, la sélection de certains passages, la réorientation de leur sens et l’insistance sur un aspect de l’œuvre. L’étude du contexte des citations de Lucilius chez Cicéron permet de conclure que le satiriste est avant tout pour l’Arpinate le chantre de la libertas uerborum. Une telle caractérisation se retrouvera chez Horace et plusieurs chercheurs l’associent au contexte de la fin de République. Notre thèse montre cependant qu’Horace, lorsqu’il évoque le franc-parler de son prédécesseur, est en grande partie tributaire d’une construction déjà engagée à l’époque républicaine. Les citations de Cicéron font aussi de Lucilius un poeta doctus et urbanus. Reprenant les conclusions des différents travaux sur l’urbanitas, notre travail éclaire la manière dont cette représentation parvient à s’accorder chez Cicéron avec celle d’un Lucilius liber. Il s’interroge également sur les raisons pour lesquelles la doctrina de Lucilius, mise en lumière par les citations de Cicéron, n’a pas été retenue par l’immédiate postérité. Partant enfin de l’association faite par Horace entre le genre satirique et le sermo, notre étude s’intéresse aux liens établis à l’époque républicaine entre la figure de Lucilius et différents types de sermo (cotidianus, comicus, Platonis et Bioneus). Horace n’est pas directement tributaire de Cicéron et Varron, mais leurs citations, en créant un réseau d’associations, ont favorisé une telle représentation du genre.
Given the fragmentary nature of Lucilius’ works, scholars often rely on Horace’s testimony to describe the primus inuentor. In studying Lucilius’ quotes in Varro’s and Cicero’s writings, we hope to achieve a twofold objective. First, we aim to determine to what extent Lucilius’ depiction by Horace owes to the reception of the former’s œuvre. Then, more broadly, we will analyse the influence of the quotation process on the establishment of a literary figure, the selection of some passages, the change in meaning and the emphasis on a specific features of Lucilius’ work. Quotes of Lucilius by Cicero show that the satirist was in the Arpinate’s opinion above all a figurehead of libertas uerborum. Horace gives a similar portrayal of Lucilius, which academics associate with the context of the end of the Republic. Nevertheless, our thesis argues that, when stressing Lucilius’ outspokenness, Horace adopts a process dating back to the Republican era. Moreover, Cicero makes of Lucilius a poeta doctus et perurbanus. Drawing upon works on the urbanitas, our thesis gives an insight into the way that picture attunes with that of Lucilius liber in Cicero’s works. We also address the issue of omission: why is Lucilius’ doctrina, put into limelight by Cicero, overlooked by immediate posterity? Building on the bond between satirical genre and sermo according to Horace, our thesis dwells eventually on the relationship between Lucilius’ figure during the Republican age and several variations of sermo (cotidianus, comicus, Platonis and Bioneus). Horace is not dependent on Cicero and Varro per say but their quotations act as a system of cross-references, enabling in the end such a view on the genre.
Although Varro’s De lingua latina is never mentioned in Macrobius’ Saturnalia, it is possible to compare some passages of their respective works. Those comparisons highlight some “resurgences” of ...Varro’s text into that of Macrobius, which in turn are evidence of the difficult transmission of the De lingua latina.
Bien que le De lingua latina de Varron ne soit jamais cité dans les Saturnales de Macrobe, il est possible de mettre en parallèle quelques passages des leurs oeuvres respectives. Ces rapprochements mettent en évidence des « résurgences » du texte de Varron dans celui de Macrobe, résurgences qui témoignent à leur tour de la difficile transmission du De lingua latina.
Sensal Catherine. Le De lingua latina de Varron dans les Saturnales de Macrobe. In: Approches du livre III des Saturnales de Macrobe. Histoire de la religion - Encyclopédisme - Esthétique. Besançon : Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, 2021. pp. 131-141. (Collection « ISTA », 1512)
Focusing on the religion of Vergil, book III of the Saturnalia is very important for the Roman religion. Macrobius quoted two formulas of the Etrusca disciplina, from an Ostentarium Tuscum and an ...Ostentarium arborarium, translated in Latin by Tarquitius Priscus and he quoted the formulas of the Roman ritual of euocatio-deuotio, from Serenus Sammonicus and Lucius Furius Philus. Macrobius mentions many authors, scholars, grammarians, who would have remained unknown, as Octavius Hersennius about the Salians of Hercules. We also find in this book the third etymology of the word religio, from latin relinquere.
Le livre III des Saturnales de Macrobe est du plus haut intérêt pour les historiens de la religion romaine. On y trouve quatre formules exceptionnelles : Macrobe a cité d’après Tarquitius Priscus des extraits de l’ Ostentarium Tuscum et de l’Ostentarium arborarium concernant les prodiges du monde animal et végétal selon l’Etrusca disciplina. On doit aussi à Macrobe la connaissance des formules de l’euocatio et de la deuotio, telles qu’ elles ont été prononcées par Scipion Émilien lors de la chute de Carthage. Le nombre des auteurs auxquels Macrobe a recours sur le sacrifice, la prière, les temples relève d’une grande érudition et certains auteurs ne sont connus que par l’auteur des Saturnales, même Octavius Hersennius à propos des Saliens d’Hercule. Enfin, concernant le mot religio, qui n’a pas d’étymologie définie, on connaît deux explications, par legere et ligare, mais les historiens des religions oublient une troisième explication fournie par Macrobe (et Aulu-Gelle) qui renvoie au verbe relinquere, étymologie populaire qui éclaire la pensée des Romains sur les dieux.
Guittard Charles. Le fait religieux dans le livre III des Saturnales : Macrobe historien de la religion romaine ?. In: Approches du livre III des Saturnales de Macrobe. Histoire de la religion - Encyclopédisme - Esthétique. Besançon : Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, 2021. pp. 35-58. (Collection « ISTA », 1512)
Cette thèse porte sur une étude des œuvres et des fragments de l’écrivain romain Varron et vise à examiner les intentions dans lesquelles et la façon dont cet érudit se rapportait au passé et à la ...mémoire collective romaine. Ses recherches sur le passé de Rome semblent motivées et poussées par un contexte de bouleversements socio-politiques et par la révolution culturelle qui eut lieu à la fin de la République (IIe-Ier siècles av. J.-C.). Dans ce moment-là le mos maiorum n’était plus unanimement accepté comme modèle à imiter. Nous avons mis en évidence le conséquent effort de l’auteur pour démontrer l’importance des valeurs civils et moraux, contenus dans le passé ancien de Rome et comparables, selon lui, aux principes éthiques développés par la réflexion philosophique grecque. Son étude du passé visait à rappeler ces valeurs, les boni mores, aux citoyens dont la crise morale avait un reflet dans la crise de la res publica.Comme Cicéron, il semble trouver les causes de cette décadence dans une crise de la mémoire et l’oublie des Romains, qui avec le temps (vetustas) avaient commencé à connaitre seulement superficiellement leur tradition, sans être plus capables d’en mettre en pratique les exempla. Par conséquent, Varron, en ayant examiné les mécanismes du temps et de la mémoire, concevait sa pratique « antiquaire » sur l’histoire et sur les institutions politiques et religieuses de Rome comme réponse à la crise (ruina) de son époque. Grâce à ses compétences étymologiques-antiquaires mais aussi philosophiques, l’érudit arriva à se présenter et à être présenté comme fin connaisseur, interprète et même porte-parole de l’antiquitas. En dépit de la conscience d’être considéré démodé par ses contemporaines, Varron s’efforçait de redéfinir la tradition afin qu’il puisse créer des lieux de mémoire qui auraient toujours rappelés les mores antiqui et l’identité romaine.
The thesis studies Varro’s works in connection with the contemporary crisis of tradition, the mos (maiorum), which at the end of the Roman Republic was not perceived anymore unanimously as a model to imitate. The purpose is to stress how the author attempted to give evidence of the importance of civil and moral values which were contained in Roman ancient past and which were allegedly equal to the ethics principles developed by Greek philosophy. Thus the past is studied by Varro in order to remind these values to his citizens, whose moral crisis reflects the crisis of the respublica. Like Cicero, he seems to hold responsible for this decadence a crisis of memory and the consequent oblivion: with the passing of time (vetustas) Romans have kept just a superficial notion of their traditions, without being able to follow their exempla in practice. Therefore, after considering the functioning of time and memory, Varro seems to conceive his own antiquarian erudition, applied to Roman history and to its civic and religious institutions, as a response to the ruin (ruina) of his age. The object of the thesis is thus to analyze this antiquarian attitude attested in almost every varronian work and its political meaning. Thanks to his ability to rediscover and prove many philosophical and religious truths through etymology, the author seems to proclaim him-self (and eventually to become) a spokesman and a witness of the antiquitas. Despite his awareness of being regarded by many of his contemporaries as antiquated and quaint, Varro strives to redefine tradition in order to create some lieux de mémoire that would always evoke the mores antiqui and roman identity
In book X of his De Lingua Latina, Varro conceived a mathematical model of Latin inflection. After taking into account the function of mathematics in Roman republican culture, we will show the ...relationship between this famous passage and the ancient mathematical literature. We will also study the indirect influence of the Varronian model – especially through the occurrences of the technical word formula
that defines it – on late Latin grammarians.
Au livre x du De lingua Latina,
Varron esquisse un modèle mathématique de flexion nominale du latin : nous nous proposons de mettre en évidence les rapports possibles entre ce célèbre passage et la littérature mathématique antique, après avoir évoqué la fonction que celle-ci remplissait dans la culture romaine de l’époque républicaine. Nous nous intéresserons également à la postérité du modèle varronien – et notamment au terme formula qui le désigne – dans les artes grammaticae d’époque tardive.
La communication se propose d’explorer les rapports qu’entretient Varron avec les cultes gréco-orientaux. Il s’ agit de montrer comment cette relation de Varron avec les religions de l’Égypte obéit à ...une dialectique de l’ attraction et de la répulsion : d’une part Varron, stigmatise volontiers les divinités alexandrines au nom de l’ orthodoxie religieuse dont il se veut le gardien vigilant et intransigeant comme le quindecimvir sacris faciundis qu’il a dû être, tout en admettant d’autre part leur parfaite respectabilité sur le plan philosophique, puisqu’ il n’hésite pas à élever Sérapis et Isis au rang de forces cosmiques. En creux se lit une ré exion qui appelle à la nuance sur la notion de marginalité en matière religieuse.
Yves Lehmann : Varro and Graeco-Orientalist Cults : A Study in Religious Sociology.
This paper aims to look at the way Varro considers Graeco-Orientalist cults. is relation could be described as a dialectic between attraction and rejection : on the one hand, Varro stigmatized Alexandrine deities in the name of the religious orthodoxy of which he viewed himself as the watchful and in exible guardian, like the quindecimvir sacris faciundis he must have been ; on the other hand, he admitted their perfect respectability on a philosophical level, because he does not hesitate to raise Serapis and Isis to the rank of cosmic forces. ere is an underlying re ection calling for prudence when discussing marginality in religious matters.
Lehmann Yves. Varron et les cultes gréco-orientaux : étude de sociologie religieuse. In: Religion sous contrôle. Pratiques et expériences religieuses de la marge ? Besançon : Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, 2016. pp. 19-28. (Collection « ISTA », 1365)
Dans la conception antique du langage, le signe linguistique doit rendre compte de la réalité qu’il dénote, au contraire de la conception moderne qui repose sur l’arbitraire du signe. L’étymologie ...consiste alors à donner l’origine des mots en mettant au jour leur motivation (unde et cur uerba rebus imposita sint « d’où et pourquoi les mots ont été appliqués aux choses »). La théorie étymologique des grammairiens latins ne nous est malheureusement parvenue que de manière très lacunaire ; les énoncés étymologiques, en revanche, lieu privilégié de l’expression linguistique du sujet parlant, sont pléthore. Afin d’étudier le sens de l’étymologie antique, longtemps considérée comme « fantaisiste », « fausse » ou « populaire », ce travail s’appuie sur un corpus de 1800 énoncés étymologiques, puisés chez Varron, Cicéron, Aulu-Gelle et Isidore de Séville. La première partie étudie les différentes structures formelles susceptibles d’accueillir les énoncés étymologiques. On y voit ainsi que, malgré la présence de balises métalinguistiques, l’amalgame constant entre l’usage et la mention révèle la fusion qu’opère le sujet parlant entre le signifiant, le signifié et le référent. La seconde partie étudie les facteurs expliquant que le rapprochement entre un lexème explicandum et son étymon semble souvent se faire d’après une ressemblance formelle assez vague : cette hyperlaxité phonétique résulte de l’extension abusive de certains phénomènes observés par le locuteur et théorisés dans un schéma selon lequel les phonèmes peuvent être ajoutés, supprimés, transformés ou déplacés dans le mot. Le mot est ainsi une entité susceptible de variations formelles sans changement du signifié véhiculé. La troisième partie, après avoir rappelé les définitions et les caractéristiques de l’étymologie antique, montre, en en étudiant les processus de dérivation, que cette dernière est avant tout une quête du sens, ce que confirme ensuite l’étude des lexèmes (ré)analysés comme étant constitués de plusieurs éléments sémantiques qui doivent décrire le référent extralinguistique qu’ils dénotent. L’étude se conclut sur l’idée que les énoncés étymologiques latins visent à retrouver l’éponymie d’un nom, une autre manière de « dire le vrai ».
In the ancient idea of language, the linguistic sign has something to do with the object denoted, whereas the modern idea is based on the arbitrariness of the sign. Then, etymology consists in giving the origin of words mainly as the reason why things are called that way (unde et cur uerba rebus imposita sint “whence and why words have been applied to things”). Unfortunately, etymological theory of Latin grammarians came to us with many blanks, but etymological utterances, which are the very place for the linguistic expression of the speaker, are overabundant. In order to study the meaning of ancient etymology, which has long been considered as “fanciful”, “false” or “folk”, this work is based on a corpus of 1,800 etymological utterances taken from Varro, Cicero, Aulus Gellius and Isidore of Seville. The first part looks into the different formal structures which can contain etymological utterances, and we find that in spite of metalinguistic marks, the constant amalgam between usage and mention reveals the confusion of the speaker between signifier, signified and object. The second part explains why the relation between an explicandum and its explicans seems most of the time established from a rather faint formal similarity. This phonetical hyperlaxity comes from the overextension of certain phenomena observed by the speaker and theorized in a pattern according to which phonemes can be added, suppressed, transformed or moved in a word: the word is an entity likely to present variations in its form with no change of the signified. The third part mentions definitions and specificities of ancient etymology, then, shows by the study of derivation processes that etymology is above all a search for signification, which is confirmed by the study of the words (re-)analyzed as formed with several semantical elements. This work comes to the conclusion that Latin etymological speech has a lot to do with eponymy, which is another way to “tell the truth”.