Malgré le nom d’ « idéogrammes lyriques » donné par Apollinaire à ses calligrammes et les nombreux appels à l’écoute qui parsèment le recueil Calligrammes, les poèmes-dessins frappent surtout par la ...nouveauté de leur aspect visuel. Cette étude se penche sur la dimension sonore des calligrammes, mis en dialogue avec d’autres poèmes du recueil, afin de comprendre en quoi consiste le changement de perspective – intellectuel, linguistique, sensoriel – prôné par Apollinaire dans sa quête du nouveau.
Although Apollinaire called his calligrams “idéogrammes lyriques” (lyrical ideograms), and although many calls to listen are scattered throughout the collection Calligrammes, what really makes these poem-drawings so striking is the novelty of their visual aspect. This study examines the sonic dimension of the calligrams, considered in relation to other poems in the collection, in order to understand the change of perspective—intellectual, linguistic, sensory—advocated by Apollinaire in his quest for novelty.
Nombreux sont les albums incluant des sinogrammes. Dans le contexte de l’éveil aux langues et du pluriculturalisme, faire prendre conscience du principe d’écriture idéographique peut permettre de ...comprendre les différences entre alphabet et idéogrammes. Partant de l’idée que la nature de l’idéogramme est éminemment composite, le présent article montrera que ce type d’écriture peut être appréhendé comme une image autant qu’un signe scriptural et que son analyse relève dès lors de la sémiotique visuelle.
Si la peinture de Michaux provient d’une vieille colère contre « le verbal », elle n’a jamais tout à fait abandonné l’écriture. En essayant d’inventer ses propres « idéogrammes », Michaux, changeant ...la plume en pinceau, trouve la voie des signes par le geste calligraphique. D’abord exorcisant, le geste conduit le signe au trait pour enfin se purifier dans un mouvement élémentaire de tracé. Débarrassé peu à peu du langage, il n’est plus l’expression d’une antériorité : il fait le présent, par le rythme.
L’œuvre de Raoul Dufy a été exposée au musée d’Art Moderne de la ville de Paris et un magnifique livre lui a été consacré
1. « L’œil perçoit plus vite le ton d’un objet que son contour et en garde ...plus longtemps la sensation. … Couleur et forme sont par conséquent indépendantes. … Le peintre n’a donc pas à enfermer l’une dans les limites de l’autre »
2. C’est par l’assurance du trait de son dessin sur un fond lumineux et coloré que Dufy fixe l’essence fugitive de l’instant. Mais que veut-il réellement faire tenir ensemble ? Quel a été son cheminement ? Comment crée-t-il ? C’est ce que je vais essayer de saisir.
Raoul Dufy's works has been exhibited in the Paris Modern Art Museum and a magnificent book has been dedicated to him. “The eye discerns more quickly the tint of the object than its outline and it keeps longer the sensation… Consequently color and form are independant… The painter does not have to enclose the first one in the other”. Thanks to the firm stroke of his drawing, on a lumiminous and colored background, Dufy fixes the fugitive essence of the instant. What does he want to fix together? What was his way? How does he create? That is what I am going to try to find.
Le but de cette thèse est de mettre en lumière la relation complexe entre le « corps » du voyageur et celui de l‟écrivain, mais aussi le « corpus » de l‟oeuvre littéraire, dans la mesure où nous ...avons affaire à quelques écrivains voyageurs en Extrême-Orient des XIX-XXème siècles. Il s‟agit des oeuvres de Segalen, Claudel, Loti, Michaux et David-Néel. Leur réflexion se porte à la fois sur des idéogrammes orientaux et des religions « alternatives » de l‟Extrême-Orient (Tibet, Chine et Japon), notamment le taoïsme et le bouddhisme, et parallèlement sur des confrontations de l‟altérité du « corps ».Notre problématique de l‟espace littéraire propose trois axes principaux que la thèse divise en trois parties en analysant l‟espace textuel, l‟espace « transcendant », et ensuite l‟espace « intérieur ».L’intérêt de ce travail sur le « corps » dans le regard exotique se mesure à la faveur de la notion d‟espace littéraire qui s‟évalue dans un processus particulier propre à chacun de ces auteurs
The aim of this thesis is to bring light to the complex relationship between the “body” of the traveller and that of the writer, but also the “corpus” of literary work, in so far as we deal with several travel writers in the Far East from the 19th and 20th centuries. It consists of the works of Segalen, Claudel, Loti, Michaux and David-Néel. Their reflections relate at once to oriental ideograms and the “alternative” religions of the Far East (Tibet, China, Japan), notably Taoism and Buddhism, and, in parallel, to confrontations with the otherness of the “body”.For our problematic of literary space we propose three principal axes, which divide the thesis into three parts, analysing the textual space, the “transcendent” space and then the “interior” space.The interest of this work on the “body” under the exotic gaze is measured against the notion of literary space, which is evaluated in an individual process specific to each of the authors
Confronter la pensée occidentale à la pensée chinoise est une démarche enrichissante à un moment où les cultures se croisent et peuvent même se sentir menacées. J'ai tenté, en partant de l'étude des ...écritures et de leurs origines de mieux cerner l'avènement de la pensée et son développement dans les deux cas. Il s'agissait de fixer un champ d'étude, j'ai donc songé à présenter le 'réel', le' monde', selon les deux approches et applications, d'un côté le 'logos\ la Raison et de l'autre les conceptions taoïstes, parfois mêlées de bouddhisme. Le 'procès' du monde dont la Chine était très tôt consciente ne lui permettait pas d'interpréter le réel tel que la Grèce et par voie de conséquence l'Occident le concevait, la seule chose qui ne change pas dans le monde étant précisément pour la Chine l'état 'd'impermanence'. Partant notamment du "yi jing" ou "Livre des Mutations", de la construction idéographique, la Chine a voulu représenter le monde tout entier, elle avait une vision différente de celle de I'Occident...Mais une question demeure posée: quelle est au fond l'origine de cette vision ? Est-ce celle de certains penseurs ? Est-ce la nature elle-même ? Est-ce l'écriture comme manifestation humaine? Ma recherche propose quelques jalons pour chaque civilisation, mais la question reste très ouverte
Comparing Western thought and Chinese thought can be quite enriching, at a time when cultures in general can gain contact, as weil as fee!thrcatencd somctimes. l have tried, starting from modes of writings, at their origins, to figure out the advcnt and development ofthought on both sides. The point was also to choose a field ofexpcriment... 1 have thought that 1 could present 'reality', the 'world', from Western and Chinese approaches, with the efiècts of 'logos' and 'Reason' on one side and Taoist and sometimes Buddhist influences on the other. The 'process' of the world that China was conscious of cou id not allow her to apprchend reality such as Greece, very carly, and later Western thought could conceive it. Indeed, the only thing that would not change in this world is the state of 'impermanence' for China. From the yi jing, the Book of Changes, and ideographie patterns and methods, China wanted to show the world, the whole world. That was a vision definitely different from that of the West... Still, one question remains : where does this vision come from ? From thinkers. from Nature itself ? From modes of writings as human responses ? The exposition that I developed offers a few landmarks on both sidcs, but the question is still an open one...
L'alphabet nous a habitués á concevoir l'écriture sur son modèle, c'est-á-dire comme un système d'unités á valeur fixe et abstraite correspondant chacune á un phonème. Or ce n'est pas ce type de ...signe que l'on rencontre dans les premières écritures apparues en Mésopotamie et en Egypte trois mille ans avant notre ère puis, un peu plus tard, en Chine. L'idéogramme sur lequel elles se fondent a pour spécificité de pouvoir prendre trois valeurs verbales différentes - de “logogramme”, de “phonogramme” ou de “déterminatif” (ou “clé”) - selon le contexte où il apparaît. La raison de cette labilité tient au fait que l'idéogramme, à la différence de la lettre grecque, est indissociable de son support, et que l'écrit n'y fait sens qu'à travers l'appréciation visuelle de son lecteur. L'invention de l'écriture est celle d'un système de communication métissé, où le rôle de l'image est dominant. L'hypothèse avancée ici est que l'apparition de l'art pariétal nous donne des informations essentielles sur cette genèse. Elle nous montre en effet que l'acte fondateur de l'image est celui par lequel les hommes ont décidé d'isoler une surface continue dans la nature et d'en privilégier l'apparence, et que l'hétérogénéité des figures qui y sont peintes ou gravées - tantôt réalistes, tantôt symboliques, tantôt rythmiques - se justifie parce que leur support leur sert de lien syntaxique.
From iconic space to writing. The alphabet has accustomed us to conceive of writing as based on its model, that is to say, on a system of units, each bearing a fixed and abstract value, corresponding to one phoneme. Yet this is not the type of sign which we come across in the first forms of writing, which appeared in Mesopotamia and in Egypt in 3000 B.C., and somewhat later in China. The ideogram, on which they are based, is unique, in that it can take three different verbal values - the “logogram”, the “phonogram” or the “determinative” (or “key”) - according to the context in which it occurs. The reason for this lability lies in the fact that the ideogram, unlike the Greek letter, is indissociable from the material on which it is inscribed. Furthermore, the written sign produces meaning only through visual assimilation by the reader. The invention of writing is that of a hybrid communication system, in which the role of the image prevails. The hypothesis put forward here is that the emergence of wall paintings provides us with essential information on this genesis. It shows, indeed, that the image is grounded on man's decision to pick a continuous surface in nature and to highlight its appearance. The heterogeneity of the shapes painted or carved in those places - be they realistic, symbolic or rhythmical - finds its justification in the fact that their medium gives them their syntaxic link.