UP - logo
E-viri
Celotno besedilo
  • Willy Rohrbach

    06/2000
    Video Recording

    De mère russe et de père né à Moscou, il naît à Genève où il étudie l'histoire de l'art. Le cinéma le fascine, il est tombé amoureux de Bette Davis et collectionne ses photos dont il tapisse sa chambre. Il s'engage à gauche, sous l'impulsion d'André Kaminski, Polonais communiste, historien, angliciste et violoniste. Cet engagement lui coûtera une carrière officielle, mais lui vaudra l'indépendance. Après un épisode canadien où il fait de la figuration dans un film d'Otto Preminger, c'est la rencontre avec l'œoeuvre de Hodler, dont il devient le spécialiste et qu'il évoque ici avec chaleur et tendresse. Sa situation d'historien indépendant lui a valu, au début, des années difficiles, mais peu à peu les commandes d'expositions sont arrivées du monde entier et lui ont permis de passer le cap. Aujourd'hui, homme heureux, père comblé, Jura Bruschweiler illumine l'écran de son humour. 00:00:00 – 00:00:13 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jura Brüschweiler, historien d'art, et tourné à Chêne-Bourg, Genève, le 27 juin 2000. L'interlocuteur est Alphonse Layaz. 00:00:13 – 00:00:58 (Séquence 1) : Jura Brüschweiler montre un petit tableau à Alphonse Layaz, peintre et journaliste. Il lui demande ce qu'il pense de ce portait de Hodler et Layaz répond qu'il le trouve superbe, car bien que très jeune sur cette image, on voit déjà le caractère de Hodler : la tendresse et la folie, une certaine manière de cadrer et des valeurs. 00:00:58 – 00:01:09 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jura Brüschweiler, historien d'art, et tourné à Chêne-Bourg, Genève, le 27 juin 2000. L'interlocuteur est Alphonse Layaz. 00:01:10 – 00:02:45 (Séquence 3) : Jura Brüschweiler commente son nom et son prénom : il s'appelle en réalité Youri, dont le diminutif, Youra, a été conservé dans son orthographe allemande. Ce prénom lui vient de sa mère russe. Le nom Brüschweiler lui vient de son grand-père paternel, pasteur suisse, vivant à Moscou jusqu'en 1917. Le père de Jura est né à Moscou et sa soeur était une bonne amie de la future mère de Jura. Toute la famille s'est établie à Genève en 1917 et, en 1927, Jura et sa soeur jumelle sont nés. 00:02:46 – 00:03:41 (Séquence 4) : Jura Brüschweiler commente les lieux géographiques importants de son enfance : Moscou qu'il n'a pas connu, Genève, Zurich et, dans le canton de Thurgovie, Zihlschlacht. Il y a emmené ses quatre enfants pour leur faire découvrir ce lieu d'origine familiale que lui même n'avait jamais connu. Ils ont réalisé que le nom Brüschweiler était partout dans le village et que la famille vient bien de là-bas. 00:03:43 – 00:04:14 (Séquence 5) : Jura Brüschweiler parle de son grand-père, pasteur à Moscou, rentré en Suisse pour devenir pasteur au château de Kyburg, près de Winterthour. Après le divorce de ses parents, Jura et sa soeur ont passé deux ans là-bas et y ont commencé l'école primaire. 00:04:17 – 00:05:38 (Séquence 6) : Jura Brüschweiler parle de ses études d'histoire de l'art et de son intérêt pour le cinéma. Quand il avait 12 ans, Jacques Feyder et sa femme, l'actrice Françoise Rosay, donnaient un cours de cinéma, au conservatoire de Genève. Passionné, Jura Brüschweiler a suivi ce cours et allait en cachette avec un ami à la Comédie. Il a ainsi pu voir quelques acteurs extraordinaires, comme Oury, qui lui ont donné le goût du théâtre. 00:05:41 – 00:06:22 (Séquence 7) : Jura Brüschweiler parle du cinéma qui a été le thème de son diplôme d'histoire de l'art qui traitait des films sur l'art. Jura Brüschweiler cite à ce propos Resnais dont les premiers films ont porté sur Van Gogh et Picasso. A l'époque, il était lui-même assistant du directeur du Musée d'art et d'histoire et il organisait des séances de films sur l'art. Plus tard, il a vu le film sur Picasso fait par Clouzot. 00:06:25 – 00:08:03 (Séquence 8) : Jura Brüschweiler parle de sa rencontre avec un couple de voisins quand il était adolescent. L'homme était polonais et se nommait André Kaminski : né en Suisse, il était multilingue et assez génial. Il était enseignant, historien et artiste puisqu'il jouait du violon. Il était surtout extrêmement pédagogue et a beaucoup influencé Jura Brüschweiler pour sa maturité et ses lectures. Jura Brüschweiler lisait en effet tout Romain Rolland et Thomas Mann. André Kaminski était très amoureux de sa femme, qui était modèle pour le peintre Maurice Barraud. Ils formaient un exemple de couple heureux qui a beaucoup marqué Jura Brüschweiler et qui pourrait être comparé au "Concerto pour deux violons" de Bach. 00:08:07 – 00:10:15 (Séquence 9) : Jura Brüschweiler parle de son amour adolescent pour Bette Davis, une actrice hollywoodienne. Il l'avait vue jouer dans "Elisabeth et Essex", un film de Curtiz. Rétrospectivement, il pense que c'est cette passion qui a déclenché son goût du cinéma. Il y avait à l'époque un cinéma, le Rialto, près de la gare de Genève, qui proposait des cinq à sept, où on présentait des classiques. Il a vu 37 films de Bette Davis, dont certains plusieurs fois, et collectionnait tout ce qu'il pouvait trouver sur elle. Sa chambre était tapissée de photos et d'affiches. Il lui envoyait des télégrammes et vendait ses livres de collège pour les payer. 00:10:19 – 00:12:59 (Séquence 10) : Jura Brüschweiler parle de son engagement politique quand il était jeune. Un de ses modèles, Kaminski, était communiste et l'a initié à la lutte des classes. Et comme Jura Brüschweiler était fils de bourgeois, Kaminski lui a conseillé d’aller "faire l’expérience du prolétariat" : il a travaillé tout un hiver comme manœuvre à la gare de marchandises de Zurich. Les conditions étaient très dures et il a été maltraité par un contremaître. Il était tellement fatigué qu’il ne faisait plus d’autres activités, sauf une fois où il est allé voir un film avec Rita Hayworth, "Cover Girl". Grâce à ce film, il a compris comment et pourquoi le public ordinaire a besoin de rêve et de s'échapper de la réalité. Au niveau politique, l'influence de Kaminski a été bénéfique pour Jura Brüschweiler, même si, par la suite, son engagement lui a joué de tours : il n'a par exemple jamais été nommé fonctionnaire par la Ville de Genève au musée. De même, il a été refusé à un poste à la télévision. Tout cela lui a néanmoins permis d'être indépendant. 00:13:04 – 00:17:18 (Séquence 11) : Jura Brüschweiler parle de son expérience avec le réalisateur Otto Preminger au Canada. Jura Brüschweiler avait une amie américaine dont les parents avaient appris qu'il était de gauche : elle est repartie chez elle et il n'a pas réussi à obtenir un visa pour la rejoindre, car c'était le début de la guerre froide. Mais Jura Brüschweiler a pu recevoir un visa pour le Canada, où il a retrouvé un oncle qui avait abandonné la soeur de son père et qui avait disparu. Il l'a retrouvé grâce à l'annuaire, au Ritz Carlton Hotel de Montréal. Comme il cherchait du travail, son oncle l'a averti de l'arrivée imminente de Preminger et son équipe, composée de Charles Boyer, Françoise Rosay et Linda Darnell. Jura Brüschweiler a été engagé par Preminger comme son assistant en faisant d'abord ses preuves comme figurant. Il gagnait 75 dollars à la semaine avec cet emploi. 00:17:24 – 00:19:46 (Séquence 12) : Jura Brüschweiler parle de sa passion pour Ferdinand Hodler ce qui, pour l'interlocuteur Alphonse Layaz est très étrange si on considère son parcours : engagé politiquement et voyageant au Canada, puis revenant en Suisse. Or, on ne peut pas vraiment faire plus nationaliste comme artiste que Hodler. Jura Brüschweiler explique qu'il a été présenté un jour à un invité d'une comtesse autrichienne qui l'a pris pour un professeur, puis un docteur, avant de lui demander ce qu'il était. Il a alors répondu qu'il était Suisse. Il voulait simplement dire qu'il n'avait pas de titre institutionnel mais qu'il était indépendant. Cette indépendance a fait qu'au moment où il travaillait au Musée d'art et d'histoire, il a rencontré Hodler. 00:19:52 – 00:21:10 (Séquence 13) : Jura Brüschweiler explique pourquoi et comment il en est venu à travailler sur Hodler. Dans sa famille, il régnait une certaine nostalgie de Moscou et à Noël on écoutait la musique de Russes blancs et on évoquait des souvenirs du pays : la datcha du grand-père, les leçons de piano de Rachmaninov à sa femme, la grand-mère de Jura Brüschweiler. Tout cela le pesait car s'il sentait très bien en Suisse, mais il savait que son père s'y sentait à l'étroit. Peut-être par réaction à ce contexte, Jura Brüschweiler a connu une phase gauchisante, avant de choisir comme sujet d'étude le peintre le plus suisse possible. 00:21:16 – 00:22:32 (Séquence 14) : Alphonse Layaz explique que, sur les traces de Hodler, Jura Brüschweiler va rencontrer des personnes très étranges. Jura Brüschweiler abonde et explique qu'à un moment, il devait écrire un article sur le dernier paysage de Hodler, qui était entré au musée de Genève par la Fondation Gottfried Keller. Il voulait pour cela voir d'où Hodler l'avait peint. Jura Brüschweiler savait qu'à cette époque, Hodler était très malade et a même appris par la suite que le peintre passait des nuits entières sur un fauteuil, faute de pouvoir s'allonger en raison d'un œdème pulmonaire. Il a peint une vingtaine de vues du Mont Blanc avec la Rade de Genève, depuis sa fenêtre. Jura Brüschweiler a donc pris rendez-vous avec sa veuve, Berthe Hodler, pour voir le site. 00:22:39 – 00:26:43 (Séquence 15) : Jura Brüschweiler raconte sa rencontre avec Berthe Hodler. Tout l'appartement était meublé par Joseph Hoffmann, un ami viennois de Hodler. La veuve Hodler a montré à Jura Brüschweiler un mur couvert de photographies de personnalités comme Laval, Bardèche et Brasillach, pour lui signifier son opinion politique. Jura Brüschweiler a cru bon de préciser qu'il n'était pas venu parler politique mais pour connaître d'où Hodler avait peint son dernier paysage. La veuve a alors refusé d'adresser la parole à Jura Brüschweiler, l'a traité de "youpin" et a tra