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Celotno besedilo
  • Jean Mayerat

    02/1991
    Video Recording

    Après un mauvais départ dans la vie qui le mène en prison, il va démarrer à Paris comme éditeur de BD pour adultes, grâce à de solides amitiés et à un caractère bien trempé. En Suisse romande, la percée est plus difficile, mais il est soutenu par des hommes comme Pierre Duvoisin, alors syndic d'Yverdon, qui l'a écouté et aidé. Passionné par le livre, généreux dans ses anathèmes comme dans ses reconnaissances, Rolf Kesselring anime ce Plans-Fixes de sa parole vibrante. 00:00:00 – 00:00:12 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-fixes consacré à Rolf Kesselring, tourné à Romanel-sur-Morges le 22 février 1991. L’interlocuteur est Bertil Galland. 00:00:12 – 00:03:54 (Séquence 1) : Rolf Kesselring évoque sa mère qu'il considère comme un tout : à la fois la plus généreuse et la plus mesquine, la plus raconteuse d'histoires et la plus muette. Il dit d'elle qu'elle ne lui a rien livré mais lui a tout donné. Ils ont eu des rapports passionnels et orageux, à tel point qu'il a choqué des amis en disant qu'il n'était allé sur sa tombe à Yverdon que pour vérifier que la dalle n'avait pas bougé. Sa vie a consisté en des hôtels et des bistrots qu'elle dirigeait à La Comballaz et à Aigle où il a vécu une bonne partie de son enfance heureuse au sein d'une atmosphère de bistrot et de livres extraordinaires. Ses parents se sont séparés très vite car la mère de Kesselring était tombée amoureuse du propriétaire du Café du Marché à Aigle. Cet endroit s'ancrait dans la tradition avec des affiches, notamment peintes par Rouge, qu'il a beaucoup vu dans son enfance. Le peintre le fascinait avec son chapeau à la bergamasque, avec quelques fleurs des Alpes piquées dans le ruban et même une fois un lézard vivant. Il était déjà presque aveugle et s'occupait d'abeilles dans la montagne. Rolf Kesselring était fasciné par le personnage et son art, qu'il trouvait très beau. 00:03:55 – 00:04:55 (Séquence 2) : Rolf Kesselring commente son lien quasiment viscéral avec la région d'Aigle. Il est né à Martigny et considère la plaine du Rhône comme l'univers marquant de son enfance. 00:04:56 – 00:07:05 (Séquence 3) : Rolf Kesselring évoque son expérience des sociétés secrètes et du mystère organisé, d'abord à travers la figure du grand-père, en fait l'amant de sa mère, un homme plus âgé qui vivait avec eux à Aigle après la séparation de ses parents. Il lui a recommandé de ne jamais faire l'armée et de lire des classiques ; et, enfin, de ne jamais faire partie des francs-maçons dont il était membre. Il l'a cependant emmené à la Loge, au Temple et fait le rituel de l'initiation, une expérience qu'il a décrite dans un de ses livres. 00:07:06 – 00:07:36 (Séquence 4) : Rolf Kesselring évoque la figure du grand-père qui l'a beaucoup influencé. Il était politicien à Aigle et un notable mais profondément antimilitariste. 00:07:38 – 00:10:14 (Séquence 5) : Rolf Kesselring évoque son goût pour la lecture : les classiques et les "mauvais" livres que son grand-père – Robert Luginbühl – lui faisait lire, les uns en récompense des autres. Rolf Kesselring a beaucoup apprécié cet homme qui lui manque beaucoup et qui lui a beaucoup appris. Il a été l'homme dans l'univers de Kesselring et lui a appris à lire, notamment entre les lignes et en lui faisant expérimenter ce qu'il lisait, comme la chaleur de fin d'après-midi, par exemple. Il lui a également donné l'amour des reliures et lui a appris l'histoire de l'imprimerie et le fait que Gutenberg n'a pas inventé l'imprimerie, mais le caractère mobile. 00:10:16 – 00:13:42 (Séquence 6) : Rolf Kesselring explique qu'il souhaitait devenir marin sans doute à cause de ses lectures de Jules Verne et Pierre Loti. Sa mère, Andrée Berthe, aurait préféré qu'il fasse un métier apportant la stabilité et l'honorabilité, comme gendarme, ce qu'il a rejeté. Elle lui a alors suggéré de devenir régent, une position très enviable en raison du salaire et des vacances, sans compter une charge de travail minime et une bonne retraite. Rolf Kesselring, n'étant pas très bon élève, est donc entré à contrecœur à l'Ecole normale. Auparavant, il a tenté et échoué à l'examen de la marine marchande à Bâle. Il a également réussi les examens de la marine au long cours au Havre et ceux de l'Ecole de commerce. Il souhaitait également entrer aux Beaux-Arts mais n'osait pas le dire. Au final, sa mère a décidé pour lui et, avec un de ses professeurs, l'a convaincu de passer le concours d'entrée à l'Ecole normale qu'il a réussi alors qu'il était plus cancre qu'assidu. 00:13:44 – 00:16:29 (Séquence 7) : Rolf Kesselring évoque un professeur de l'Ecole normale – Subilia – qui l'a marqué et qui s'identifiait beaucoup à Malraux, avec sa mèche et ses cravates écossaises. Il était rigoureux et sévère. Cependant le jour où Rolf Kesselring a appris que son grand-père était mourant, il a décidé de ne pas se présenter aux examens trimestriels, de mathématiques en particulier, et Subilia lui a alors dit qu'il savait tenir une plume et qu'au moins cette porte lui resterait ouverte. Rolf Kesselring ne s'est pas présenté à l'examen, il s'est fait renvoyer de l'Ecole et est monté à Troistorrents, accompagner la mort de son grand-père. Ce dernier lui a alors fait un bilan de sa vie. Au final, cet homme lui aurait beaucoup appris sur la vie et les femmes, notamment. 00:16:32 – 00:17:57 (Séquence 8) : Bertil Galland explique que Rolf Kesselring a quitté l'Ecole normale pour devenir apprenti décorateur, avant de rencontrer, à 16 ans, une jeune fille de plus de 20 ans. Il est alors entré dans une sorte de marginalité qui conduira à son enfermement. A l'époque, il est passé d'Yverdon où sa mère avait un bistrot, à Lausanne où il s’est trouvé tout d’un coup à la Chambre pénale des mineurs. Il voyait son père comme un vague fantôme, gentil, constamment absent, même s'il lui achetait souvent des chaussures. 00:18:00 – 00:20:52 (Séquence 9) : Rolf Kesselring raconte la réconciliation de ses parents, au moment où il avait des ennuis. En fait, il avait 17 ans quand il a rencontré une fille de 21 ans et il est allé vivre chez elle. Les autorités ont été alertées et il a été emmené en salle d'arrêt puis mis en cellule pendant trois semaines. Il ne savait pas vraiment pourquoi il était là, n'ayant commis que les petits délits typiques des jeunes de son époque, comme voler une motte de beurre ou trois petits Skira chez Payot. Mais les autorités ne savaient pas cela : on lui a fait passer un contrôle d'identité et un autre d'anthropométrie, ce qui l'a beaucoup impressionné. Trois semaines plus tard, Paul-Eugène Rochat, directeur de la Maison d’éducation de Vennes, l'a emmené en observation après que décision eu été prise entre le juge d'instruction et ses parents. Il était considéré comme un cas social et un jeune non conforme à la norme. Or le cas social est peu à peu devenu pénal car, notamment pour faire comme les autres, Rolf Kesselring a raconté des histoires rocambolesques. 00:20:55 – 00:21:25 (Séquence 10) : Rolf Kesselring parle de son livre "La quatrième classe", dont le titre fait référence au transport des prisonniers en Suisse vers les pénitenciers. Il s'agit en fait d'un fourgon postal, tout en métal et bois dur, glissant et petit. C'est donc par dérision, au moment où la troisième classe a été supprimée par les chemins de fer fédéraux en Suisse, que les gens ont donné ce nom au transfert des prisonniers. 00:21:29 – 00:24:42 (Séquence 11) : Rolf Kesselring revient sur son séjour à la Maison d'éducation de Vennes où il y a été mis pour des raisons sociales et non pénales. Cependant, au bout de trois mois d'observation sociale, deux agents de la PJ de Lausanne l'ont emmené et mis au cachot. On a fini par lui faire avouer quelques menus larcins et à partir de là il a eu un dossier pénal. Il a été jugé en Chambre des mineurs, a pris une peine indéfinie et est retourné à la Maison d'éducation. Il a ensuite fugué plusieurs fois jusqu'à être "recueilli" par un ami qui l'a mis "au travail" rapidement, sur la base de ses prétendus talents de rocambole. Ce fut son premier vrai délit. 00:24:47 – 00:26:27 (Séquence 12) : Rolf Kesselring évoque son séjour en prison comme un grand jour gris qui a duré une dizaine d'années, en parlant du Bois-Mermet à Lausanne où il était au milieu d'assassins et de criminels qui l'effrayaient car il était encore très jeune. Il a été sauvé par ses carnets de notes qu'il gardait toujours avec lui. Il a toujours écrit et pris des notes, suivant ainsi les conseils du grand-père Luginbühl. Il a réécrit ainsi des auteurs comme Boris Vian dans les marges des ouvrages. 00:26:33 – 00:27:46 (Séquence 13) : Rolf Kesselring est sorti de prison vers 25 ou 27 ans. A l'époque, il avait un ami journaliste, rencontré pendant sa période carcérale. Il a également profité de son enfermement pour écrire des nouvelles et les publier par l'entremise de gardiens sympathiques, dans des revues comme "Futuro" à Rome ou "Plexus" et "Mercury" en France. Isabelle Aguet de "L'Illustré" s'était prise d'amitié pour lui et elle le publiait dans le journal. Sa paie lui permettait de cantiner pendant son incarcération. 00:27:52 – 00:29:12 (Séquence 14) : Rolf Kesselring évoque un ami journaliste, présent quand il est sorti de prison : c'est lui qui l'a introduit au monde de la presse romande. A cette époque, Rolf Kesselring faisait le matin de la peinture en bâtiment avec un ami, pour vivre. Il était également éditeur l’après-midi à Yverdon car c'est là que se trouvait l'imprimeur Cornaz qui a publié un de ses écrits. Ce livre "Martiens d'avril" a été réédité chez Favre et Rolf Kesselring s'est battu pour le vendre car il souhaitait être lu. 00:29:18 – 00:31:13 (Séquence 15) : Rolf Kesselring raconte comment un de ses amis, Denis Niklaus, impresario de Michel Bühler, et lui se sont occupés des premières tournées de Gilles Vigneault en Suisse. A cette époque, Rolf Kesselring n'avait, à son catalogue d'éditeur, qu'un de ses propres ouvrages, un de ceux de Richard Aeschlimann, "Sang Titre" et