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Celotno besedilo
  • Jean Mayerat

    03/1987
    Video Recording

    Provider: - Institution: - Data provided by Europeana Collections- La vie d'antan était dure, mais variée et aventureuse pour les enfants du Val d'Anniviers. La population nomadisait au gré des saisons et des travaux. Et comme le lui disait un de ses proches: "Tu te souviens, Rémy, autrefois, le tiers monde, c'était nous !" Alors l'alpinisme, avant le tourisme, pour ceux que n'effrayaient pas l'imprévu, les dangers et la grandeur de la montagne, fut le moyen, pendant la courte saison d'été, de gagner un peu plus que ne le permettait la précaire économie des paysans de montagne. Durant de nombreuses années, à la tête de cordées formées de fidèles clients, Rémy Theytaz exercera ce métier de guide avec talent et autorité. 00:00:00 – 00:00:19 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-fixes consacré à Rémy Theytaz, guide de montage, et tourné à Ayer le 30 mars 1987. 00:00:19 – 00:02:07 (Séquence 1) : Rémy Theytaz parle de ses premières expériences comme guide, qui sont toujours assez émouvantes. Il se souvient que lors de sa deuxième année de guide, il a été sollicité par une dame hollandaise pour faire la Dent Blanche par l’arête des quatre ânes, une arête longue et difficile, qu’il ne connaissait pas du tout. Rémy Theytaz était soucieux pendant la nuit et au matin, vers une heure, lorsqu’ils sont partis pour la course. Il a dit un petit mot d’encouragement à sa cliente avant de partir pour le sommet mais lorsque le gardien de la cabane, Jean Vianin, lui a demandé ce qu’il avait dit, il ne s’en souvenait plus. 00:02:07 – 00:03:39 (Séquence 2) : Rémy Theytaz est né à Ayer, le plus beau village du val d’Anniviers, en 1910. Son interlocuteur distingue trois périodes dans la vie de Rémy Theytaz. La première est celle de son enfance et de son adolescence où il vit au rythme des traditions du village et de la transhumance. La deuxième est celle où il exerce sa profession de guide. Enfin, la troisième est celle de conseiller, président de la commune, dirigeant de la société de développement de Zinal, député nommé président du Grand Conseil. 00:03:39 – 00:05:30 (Séquence 3) : On demande à Rémy Theytaz de raconter à quoi ressemblait la vie d’un Anniviard autrefois. L’année commençait le premier novembre, car l’école reprenait à ce moment-là. Il y avait une classe à Ayer et une à Mission, jusqu’au 15 décembre où elles se réunissaient à Zinal, comme toute la population et le bétail. A Zinal, comme le dit une chanson d’un vicaire de Vissoie sur le déménagement de Zinal : "Les Anglais y vont l’été, nous y allons au froid du temps. Eux y vont pour se promener, nous y allons pour nous reposer". L’hiver à Zinal était surtout marqué par les veillées. Les gens se retrouvaient le soir et se racontaient des histoires. 00:05:30 – 00:07:31 (Séquence 4) : On demande à Rémy Theytaz d’expliquer pourquoi les Anniviards "remuaient", menaient une vie de nomades. Rémy Theytaz voit trois facteurs pour expliquer cela : la topographie qui fournissait peu de terrains agricoles, une population assez importante et surtout le fait que la seule activité était l’élevage du bétail. Les Anniviards vivaient en autosuffisance. Tous avaient quelques vignes et quelques prés à Sierre. Leur vie se partageait donc entre Sierre, le village et les mayens, comme Zinal, où ils allaient pendant l’hiver car ils y avaient stocké du fourrage. 00:07:32 – 00:09:15 (Séquence 5) : Rémy Theytaz raconte que les Anniviards restaient à Zinal jusqu’à la fin du mois de janvier puis retournaient dans leur village, tout comme l’école, pour quelques travaux, comme battre le blé de l’année précédente, et pour se préparer à "remuer" à Sierre. Fin février, début mars, toute la famille déménageait à Sierre avec l’école et le bétail. Ils y vivaient dans une sorte de taudis à côté d’une grange écurie où ils accumulaient le foin qu’ils pouvaient récolter. La saison de Sierre se passait à cultiver les vignes, à ce moment-là plantées en versannes à cause du phylloxera. Ils remontaient au village fin mars début avril et commençaient à préparer les gros travaux de la saison d’été. 00:09:17 – 00:12:28 (Séquence 6) : Rémy Theytaz se souvient que, dans la vie des Anniviards d’autrefois, le moment où ils pouvaient faire paître le bétail dehors et ne plus le nourrir avec le fourrage accumulé, était un grand moment. C’est aux alentours du 20 mai que l’on pouvait faire pâturer le bétail. Les Anniviards montaient ensuite le bétail à Zinal et se préparaient à l’inalpe qui avait lieu autour du 20 juin. L’inalpe consiste à mettre le bétail à l’alpage. Les alpages étaient en consortage, comme une sorte de société par actions. Pendant les trois mois d’été, le bétail était à l’alpage sous la garde d’employés qui vivaient en haut avec lui. A ce moment-là, les Anniviards avaient le temps de récolter le fourrage pour l’année suivante, d’abord à Sierre au mois de juin, puis au village en juillet, puis à Zinal au mois d’août. Les mois de juillet et août étaient aussi ceux de la saison touristique, les hôtels ouvraient et les Anniviards rencontraient des gens de l’extérieur. Au mois de septembre, le bétail redescendait de l’alpage, il pâturait la deuxième herbe à Zinal, puis au village. Au mois d’octobre, la population se partageait en deux, certains descendaient à Sierre pour les vendanges, les autres restaient à Zinal ou au village avec le bétail. Les vendanges terminées, la famille se retrouvait au village pour quelques jours. Les plus chanceux, ceux qui avaient quelques prairies à Sierre, pouvaient encore y faire pâturer le bétail. Cela leur faisait du fourrage gagné. 00:12:30 – 00:14:03 (Séquence 7) : Rémy Theytaz parle de l’inalpe qui a été longtemps un grand moment pour la population du val d’Anniviers. Sur le chemin avaient lieu les combats de reines. La particularité de la race d’Hérens, qui est aussi celle que l’on trouve dans le val d’Anniviers, est de vouloir combattre. Lorsque les vaches se retrouvaient, elle se livraient librement à des combats en plein air et la vache la plus forte était nommée reine. On demande à Rémy Theytaz s’il est vrai que certains propriétaires réglaient leurs querelles politiques par vache interposée. Rémy Theytaz ne pense pas, il est certain que le propriétaire d’une reine était fier, mais cela n’avait aucune incidence politique. 00:14:06 – 00:15:36 (Séquence 8) : Rémy Theytaz parle de la fête de Prémices qui avaient lieu le dernier dimanche d’août. Les alpages devaient fournir à la paroisse de la cure de Vissoie un certain contingent de fromage, le fromage fait avec l’équivalent de deux ou quatre traites au début de la saison. Ces fromages étaient apportés à la cure de Vissoie, ils étaient bénis, puis le curé offrait une raclette. Le curé remisait ensuite les fromages reçus et il avait ainsi une certaine réserve. La désalpe était aussi une grande fête dans la vie anniviarde. 00:15:39 – 00:17:26 (Séquence 9) : Rémy Theytaz parle de ce que l’on faisait du raisin récolté lors des vendanges. Chacun avait une sorte de cave où il entreposait le raisin pressé qu’il faisait fermenter. Après la décantation, on mettait dans un tonneau spécial la meilleure partie pour la garder, ce vin servait lorsque l’on recevait. Avec le reste, les bourbes et le marc, on ajoutait de l’eau et du sucre et l’on faisait une sorte de vin artificiel, de la piquette. Ce vin était celui des ouvriers. 00:17:29 – 00:20:28 (Séquence 10) : Rémy Theytaz parle du remuage des Anniviards, qui vont dehors à Sierre puis rentrent, vont dedans en Anniviers. Il rapporte que certains philologues pensent qu’Anniviers viendrait du latin et voudrait dire les chemins de l’année. On lui demande si cette sorte de nomadisme influence la mentalité, la manière d’être des Anniviards et leur plaisir de la rencontre sur les chemins tout au long de l’année avec les gens de Sierre, avec ceux des autres villages de la vallée, avec les touristes. Rémy Theytaz pense que cela est possible. La vie anniviarde au temps de son enfance était merveilleuse car l’on changeait à chaque instant, de maison, de coin. Ces changements étaient toujours réjouissants, toujours très gais. La vie était aussi difficile car les familles étaient nombreuses, les routes n’existaient pas, à part celle de Sierre à Ayer, les chemins étaient raides et il fallait porter toutes les récoltes sur le dos. On mangeait presque tous les jours la même chose, principalement du pain de seigle. Rémy Theytaz se souvient d’une réflexion que lui a faite la femme du guide Gustave Clivaz : "Est-ce que tu te rends compte Rémy que le tiers-monde il y a 50 ans c’était nous". 00:20:32 – 00:22:50 (Séquence 11) : Rémy Theytaz parle du métier de guide et du rapport à la montagne. Lorsqu’il a commencé le métier, il était encore perçu comme un métier privilégié, car il était le seul moyen de gagner de l’argent. En effet, il n’y avait rien d’autre que l’agriculture. Les guides pouvaient donc rapporter de l’argent. Rémy a donc commencé ce métier pour des raisons économiques et a été très vite pris par l’amour de la montagne. La saison commençait l’été à Zinal pour le val d’Anniviers, ou à Arolla pour le val d’Hérens, à Fionnay ou à Champex pour les Drances. Les guides se tenaient à disposition des touristes qui arrivaient dans ces villages. Pour obtenir plus facilement du travail, les guides avaient intérêt à être attachés à un hôtel leur fournissant des clients, surtout au début, avant de se créer une clientèle fidèle. 00:22:54 – 00:24:31 (Séquence 12) : On demande à Rémy Theytaz si la mort en montagne de son père, lui aussi guide, a joué un rôle dans sa vocation. Rémy pense que ce sont plutôt des raisons économiques qui l’ont poussé à ce choix. Son père s’est tué en montagne en tombant dans une crevasse en 1911, Rémy, né en 1910, n’avait alors même pas une année. Lorsqu’il a décidé de faire le cours de guide, la mère de Rémy était chavirée en repensant à la façon dont elle avait perdu son mari. Rémy a passé outre et suivi le cours. Il a souvent songé à l’accident de son père dans sa ca