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Celotno besedilo
  • Jean Mayerat

    01/1989
    Video Recording

    Elle grandit à Genève, aux côtés d'un père totalement absorbé par la musique, chez qui elle rencontre Ravel, de Falla, Stravinski, Ramuz. Devenue infirmière, elle se convertit au catholicisme, puis se marie et vit à Paris, où elle découvre la misère des banlieues. Après un divorce et deux remariages, elle vit à Zurich et dans le Midi de la France. Quelques années plus tard, elle revient à Rolle avec son fils et noue des relations très étroites avec son père, l'accompagnant dans ses tournées de concerts, développant avec lui un échange intellectuel très riche. Puis elle part pour l'Inde, se fait bouddhiste, et rentre en Suisse pour s'établir au Centre bouddhiste du Mont-–Pèlerin, avant de se fixer à Rolle. 00:00:00 – 00:00:26 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Anne Ansermet et tourné à Rolle le 27 janvier 1989. L'interlocuteur est Bertil Galland. 00:00:26 – 00:02:14 (Séquence 1) : Anne Ansermet évoque sa maison d'enfance : La Pervenche à Tavel sur Clarens qui était un refuge pour les artistes. C'est là qu'en 1914, ont été fondés les "Cahiers vaudois", alors qu'elle avait sept ans. Son père y a accueilli Stravinski, Duparc et Ravel. Stravinski avait loué une maison voisine et était allé visiter Ernest Ansermet après l'avoir entendu diriger un orchestre. 00:02:15 – 00:02:53 (Séquence 2) : Anne Ansermet évoque Stravinski qu'elle aimait bien : il était petit avec des lunettes, des sourcils constamment froncés, un accent très prononcé et de grosses lèvres. Il aimait bien les enfants et le vin blanc . 00:02:54 – 00:03:58 (Séquence 3) : Anne Ansermet parle de son père et la fois où ils ont vu Stravinski (et non pas Ravel) et Falla jouer une partition à quatre mains sur le piano droit de la maison. Elle explique en effet que si sa famille était très hospitalière, elle n'avait que peu de moyens. 00:04:00 – 00:05:00 (Séquence 4) : Anne Ansermet parle de sa mère et de la création des "Cahiers vaudois" sur son initiative. Elle organisait des rencontres avec Gilliard, Budry, Grivel, Henri Roorda et Ramuz. Ce dernier habitait Paris et venait rarement, mais quand il était là, le ton changeait. 00:05:02 – 00:05:48 (Séquence 5) : Anne Ansermet parle de Ramuz qu'elle a connu vers 1914 quand il avait 36 ans. Elle le décrit comme un homme très gentil avec les enfants et caustique avec les adultes. Il l'aimait bien car elle essayait d'écrire une suite à un roman qu'elle avait aimé ; et lui montrait son cahier. 00:05:51 – 00:06:51 (Séquence 6) : Anne Ansermet parle des créateurs des "Cahiers vaudois" et du genre et des personnages qu'ils se créaient. Elle explique que Ramuz avait toujours un air faussement cynique et beaucoup d'humour. Auberjonois tordait la bouche de côté comme les autres, notamment Gilliard. Elle rappelle qu'ils étaient jeunes, très enthousiastes et aussi un peu amers, notamment par rapport au climat politique à l'encontre de l'art. 00:06:55 – 00:09:24 (Séquence 7) : Anne Ansermet parle de sa grand-tante Julie et de son éducation religieuse. Sa tante était très stricte et vivait dans un appartement dont les fenêtres étaient des vitraux représentant les quatre réformateurs. Elle lui racontait la Bible mais pas les Evangiles et l'a dégoûtée du protestantisme. Ansermet se souvient que lorsque sa tante lui a raconté l'histoire de la Mer rouge, l'enfant qu'elle était avait pris le parti des Egyptiens et avait reçu une gifle mémorable. Son parcours en quête d'une autre spiritualité a commencé ainsi. 00:09:29 – 00:10:19 (Séquence 8) : Anne Ansermet raconte comment la guerre a fait perdre son travail au Casino de Montreux à son père. Sa famille a donc déménagé pour aller à Lausanne, dans un appartement à la rue Etraz, appartenant au flûtiste Giroud. Ils y ont rencontré Diaghilev et les danseurs des Ballets russes grâce à Stravinski. Ils ont tous vécu dans l'appartement alors que le couple Ansermet avait à peine de quoi vivre. 00:10:25 – 00:11:47 (Séquence 9) : Anne Ansermet parle de son père, qui après avoir été engagé par les Ballets russes, s'est mis à voyager autour du monde. Elle explique que c'était de fait un père absent mais un bon père quand même. Il la gâtait en revenant de voyage, était affectueux et la grondait peu. Mais tout tournait autour de sa vie, comme si Anne n'en avait pas une elle-même. 00:11:53 – 00:13:40 (Séquence 10) : Anne Ansermet évoque ses relations avec son père qui ont été très riches intellectuellement. Elle a baigné dans les questions philosophiques avec lui et dans l'occultisme avec sa mère et Gilliard. On ne parlait pas de choses matérielles à la maison et l'argent n'y avait pas de valeur. Dès son enfance, Anne Ansermet s'est donc intéressée à toutes ces questions. Elle a commencé à participer aux débats de son père quand ils sont partis pour l'Amérique du Sud, durant six mois. Ils allaient souvent chez Victoria Ocampo et y avaient des conversations philosophiques. 00:13:47 – 00:15:41 (Séquence 11) : Anne Ansermet parle de son père et des fondements de la musique, ainsi que de sa vision de la spiritualité. Il essayait en effet d'avoir un horizon plus ouvert. L'interviewer demande alors à Anne Ansermet si son père était prude. Elle répond que son père ne réalisait pas vraiment qu'il avait une fille vivante et grandissante. Cela l'a un peu choqué de découvrir une jeune fille qui tenait un journal, aimait et pensait. Ses parents ont en effet découvert dans ce journal son admiration pour François Olivier et son père l'a disputée très fort. Elle explique que son père était très jupitérien dans ses colères. 00:15:49 – 00:17:53 (Séquence 12) : Anne Ansermet évoque sa vie de Genève : deux ans après que son père prenne la tête de l'Orchestre Romand, sa famille a déménagé à Genève en 1918. C'était au moment de la grippe espagnole et la ville lui a paru sinistre, car il y avait des convois funéraires dans les rues. Son père est tombé malade. On l'a mise dans une école pour les jeunes filles de bonnes famille, où elle a beaucoup souffert de la différence sociale. Elle s'est donc liée avec des fillettes plus simples. Elle fait le lien avec ce paternalisme et cette condescendance sociale avec le comité de l'orchestre romand pour lequel travaillait son père qui avait aussi cette attitude. Cela a posé les prémisses de son engagement social. 00:18:01 – 00:19:27 (Séquence 13) : Anne Ansermet raconte comment elle a été obligée de suivre le catéchisme protestant avant de se convertir. Elle explique qu'à cette époque, Genève connaissait une vague de conversion au catholicisme avec Bloy, très social qu'elle préférait et Maritain le néo-thomiste. Les peintres se convertissaient avec le premier et les intellectuels et musiciens avec le deuxième. Elle précise que son père ne s'est jamais converti. 00:19:36 – 00:20:32 (Séquence 14) : Anne Ansermet parle de son éducation religieuse qui était thomiste à la maison grâce à l'ami de ses parents Adrien Bovy. Il leur a fait rencontrer l'abbé Journet, qu'elle décrit en détail. Il avait de longues discussions avec son père. 00:20:41 – 00:21:18 (Séquence 15) : Anne Ansermet évoque sa quête d'absolu depuis l'enfance. Elle l'a cherché dans le protestantisme puis dans le catholicisme notamment avec l'Abbé Journet, avant de réaliser qu'il n'était pas vraiment dans un dieu. Entre-temps, elle a été baptisée à Fribourg par Monseigneur Besson. 00:21:28 – 00:21:39 (Séquence 16) : Anne Ansermet parle de ses études d'infirmière à Fribourg suite à son échec à l'examen de capacité au violon. 00:21:50 – 00:22:34 (Séquence 17) : Anne Ansermet parle de son premier mari Bénédict de Saussure qui faisait l'école des beaux-arts. Il a dû ensuite faire son service militaire en France, et ils ont déménagé à Paris. Elle a été introduite par son père chez Roland Manuel, qui lui a fait faire de la figuration de cinéma. 00:22:45 – 00:24:29 (Séquence 18) : Anne Ansermet parle de sa carrière au cinéma : elle était figurante, si bien qu'elle se rappelle peu dans quels films elle a tourné, ni avec qui. Elle se souvient avoir joué dans "14 juillet" avec Anabella et dans "Cette vieille canaille" avec Harry Baur. Elle explique que les figurants devaient être bien vêtus et qu'ils étaient payés pour avoir un budget costume. En outre, grâce à son ami Roland Manuel elle pouvait manger à la cantine des studios : elle y a croisé Jouvet, Michel Simon, Gaby Morlay, Victor Francen et Blier entre autres. 00:24:41 – 00:25:00 (Séquence 19) : Anne Ansermet parle de son succès dans le milieu du cinéma et de la photographie: Roland Manuel la poussait à faire carrière, mais la famille de son mari, la famille de Saussure, a refusé. Elle s'est donc réorientée. 00:25:12 – 00:26:38 (Séquence 20) : Anne Ansermet parle de sa réorientation professionnelle, après avoir été figurante. Par la famille de son mari, elle a pu entrer chez les Dames de France. Elle a travaillé comme infirmière à l'hôpital Saint-Antoine au début des vaccinations BCG : elle allait dans la banlieue dite rouge, un endroit extrêmement pauvre. C'est là qu'elle a rencontré l'Abbé Pierre et le pasteur Dominicé. Elle a donc expérimenté la différence de niveaux de vie entre les riches qui vivaient les années folles sans se soucier de rien et ces pauvres qui vivaient de manière plus misérable qu'à Calcutta. Elle a aussi rencontré d'autres femmes engagées dans le social et militantes de gauche, qui manifestaient avec elle pour avoir la sécurité sociale. 00:26:51 – 00:28:30 (Séquence 21) : Anne Ansermet parle de ses relations littéraires à Paris : Roland Manuel lui faisait rencontrer la fille de Jacques Rivière, Mauriac, Max Jacob, Cocteau et François Fosca, le frère de Robert de Traz. Elle a beaucoup interagi avec Fosca, un peintre et historien d'art, catholique converti. Grâce à lui, elle a rencontré Giraudoux et Paul Valéry. Elle est allée aussi à Solesmes quelquefois avec Roland Manuel et y a vu de plus près Mauriac. Elle se souvient qu'il était catholique mais tourmenté et cela l'a marquée et détachée de la religion. 00:28:43 – 00:29:56